D. LE LYCÉE PROFESSIONNEL, UNE RÉFORME EN BONNE VOIE
En 2023, 633 046 élèves sont scolarisés dans le second degré professionnel, soit des effectifs restés relativement stables au cours des années.
Évolution des effectifs des formations
professionnelles au lycée,
entre 1995 et 2023
Source : commission des finances d'après la DEPP
Toutefois, un quart des élèves de CAP (et 8 % de ceux en baccalauréat professionnel) ne sont ni employés ni en poursuite d'études six mois après leur diplôme. Afin de lutter contre ce constat, très alarmant, la voie professionnelle a fait l'objet à partir de 2023 d'une réforme d'ampleur afin de mieux adapter l'offre d'enseignement aux besoins de l'économie réelle, ce dont le rapporteur spécial se félicite.
Dès la rentrée 2022, 12 nouveaux diplômes avaient été mis en oeuvre, parmi lesquels des baccalauréats professionnels (modélisation et prototypage 3D, accompagnement soins et services à la personne, etc.), des mentions complémentaires (encadrement secteur sportif) ou encore l'unité facultative secteur sportif du baccalauréat professionnel. À la rentrée 2023, 80 nouvelles formations d'avenir, visant à accueillir 1 050 élèves, avaient été ouvertes.
À la rentrée scolaire 2024, ce sont près de 12 603 places qui ont été ouvertes dans les régions (en spécialités plurivalentes sanitaires et sociales, en agro-alimentaires etc.), soit l'équivalent de 436 ouvertures de classes de 18 élèves en moyenne et de 4 755 places supplémentaires dans les classes existantes. Des fermetures de classes ont par ailleurs été opérées. Cette évolution doit être poursuivie, sous peine de maintenir dans certains secteurs des formations archaïques pour un nombre d'élèves parfois extrêmement faible.
En outre, les enseignants en lycée professionnel peuvent, au-delà des possibilités ouvertes aux enseignants de la voie générale (remplacement de courte durée, appui à la prise en charge d'élèves à besoins particuliers, stages de réussite...), exercer des missions spécifiques dans le cadre du Pacte enseignant. En conséquence, les missions « classiques » sont rémunérées 1 250 euros bruts par an, celles spécifiques à la voie professionnelle le sont davantage, pour un montant pouvant aller jusqu'à 7 500 euros bruts par an par professeur (6 786 euros nets). À la rentrée 2023, 36 % des enseignants avaient adhéré au Pacte.
Si ces efforts spécifiques à la voie professionnelle doivent être valorisés, ils ne permettront pas de répondre à la carence récurrente de professeurs en lycée professionnels, en particulier dans certaines filières. Ainsi, en 2023 et 2024, il manquait respectivement 462 et 270 admis pour remplir le nombre de postes ouverts.
Si ce constat n'est pas propre à la voie professionnelle, l'augmentation des recrutements par le troisième concours, ouvert notamment aux contractuels déjà enseignants, n'a pas permis d'endiguer la crise. L'enseignement professionnel, et ses nombreuses spécialités, doit donc constituer un point d'attention spécifique dans l'analyse de la crise de recrutement des enseignants.
Depuis la rentrée 2023, tous les lycéens professionnels bénéficient d'une gratification pour les stages effectués en milieu professionnel dont le montant varie en fonction du niveau de formation de l'élève : 50 euros par semaine en première année de CAP ou en seconde de baccalauréat professionnel ; 75 euros en seconde année de CAP ou en première de baccalauréat professionnel et enfin 100 euros hebdomadaires en classe de terminale.
La réforme de la voie professionnelle constitue un enjeu central pour des enseignements encore trop peu valorisés, et la réforme de la carte des formations professionnelles doit être poursuivie, en partenariat avec les régions.