B. 15 % DES GROSSESSES SE SOLDENT PAR UNE INTERRUPTION PRÉCOCE ET SPONTANÉE
Bien qu'estimer leur prévalence, notamment dans leurs formes les plus précoces, soit malaisé, les interruptions spontanées de grossesse apparaissent fréquentes. D'après des travaux parus dans la revue scientifique The Lancet en 2021, 15 % des grossesses dans le monde aboutiraient à une interruption spontanée avant la 22e semaine d'aménorrhée. Selon la même étude, plus d'une femme sur dix y aurait été confrontée.
La probabilité de survenue d'une interruption spontanée de grossesse dépend d'une multitude de facteurs, qui peuvent être associés au père - âge dépassant 40 ans, dysfonctionnements spermatiques - ou à la mère - dérèglements hormonaux, malformations utérines, traumatisme physique, consommation de psychoactifs, âge dépassant 35 ans, diabète, surpoids...
Certains facteurs de risques tendant à se diffuser dans la population, une augmentation de la prévalence est à craindre dans les années à venir.
Les cas de récidive sont fréquents, notamment pour les interruptions spontanées dites précoces : après une première fausse couche, le risque est augmenté de moitié.
C. DES SÉQUELLES PSYCHOLOGIQUES PARFOIS LOURDES POUR LES VICTIMES
Si les conséquences physiques d'une interruption spontanée de grossesse - saignements, douleurs abdominales ou infections - sont le plus souvent bénignes, les répercussions psychologiques peuvent dans certains cas être dévastatrices, notamment lorsque les victimes s'étaient déjà projetées dans leur future parentalité ou en cas de récidive. À la souffrance du deuil s'ajoutent de fréquents sentiments de culpabilité ou de honte.
Un mois après l'interruption spontanée de leur grossesse, 24 % des femmes souffrent d'anxiété modérée à sévère, et 11 % d'une dépression, soit des taux deux à quatre fois plus élevés que ceux recensés chez les femmes arrivées au bout de leur grossesse.
Les séquelles psychologiques peuvent persister dans le temps, entraînant des effets parfois importants tant sur les relations sociales des victimes que sur la viabilité de grossesses ultérieures : 9 mois après l'interruption spontanée, 17 % des femmes souffrent encore d'anxiété, et 5 % de dépression.
Les partenaires ne sont pas épargnés : cherchant à soutenir leur compagne, beaucoup ne se sentent pas légitimes pour évoquer leur douleur. À la suite d'une interruption spontanée de grossesse, les symptômes anxieux et dépressifs s'établissent à des niveaux élevés chez les partenaires, quoiqu'inférieurs à ceux constatés chez leurs conjointes.