II. UNE VOLONTÉ D'OUVERTURE

Conscient de la fragilité sécuritaire et économique du Tadjikistan, le Président tente d'ouvrir davantage son pays en direction de l'Europe et manifeste son souhait d'approfondir ses liens avec la France.

1. Un pays pris en étaux entre la Russie et la Chine

Le Tadjikistan a pour partenaires clés la Russie et la Chine, tant sur le plan économique que militaire.

D'un point de vue économique, les transferts de fonds en provenance des travailleurs émigrés en Russie contribuerait à la subsistance de près de 70% des foyers tadjiks avant la crise sanitaire.

La Russie demeure le principal partenaire commercial du Tadjikistan en 2019 (23,3%), suivie du Kazakhstan (21,2%) et de la Chine (14,6%).

Néanmoins, la dépendance économique du pays envers la Chine est importante puisqu'elle détenait, fin 2019, 43% de la dette publique externe tadjike via la Banque d'exportation et d'importation de Chine. Elle s'impose aussi comme le principal investisseur étranger dans le pays, étant à l'origine de 71% de flux d'investissement directs étrangers (IDE) en 2019, loin devant la Russie (9%). Enfin, elle est un acteur essentiel du secteur minier tadjik : 80% de l'or extrait au Tadjikistan l'est par des entreprises sino-tadjikes, notamment « Zarafchon » détenue à 70% par le groupe chinois Zijin Mining.

Cette double dépendance du Tadjikistan à l'égard de la Russie et de la Chine comporte également un volet sécuritaire.

Le Tadjikistan accueille la 201 ème division russe d'infanterie motorisé. Il s'agit de la plus importante base militaire russe à l'étranger, regroupant entre 6 000 et 7 000 soldats. Par ailleurs, le Tadjikistan est membre de l'Organisation de Traité de sécurité collective (OTSC), alliance militaire dirigée par la Russie. Dans ce cadre, le Tadjikistan développe avec la Russie une coopération militaire sur la formation d'officiers tadjiks, sur la participation à des exercices communs et sur la livraison gratuite d'équipements russes.

L'intérêt stratégique de la Chine pour le Tadjikistan s'est récemment renforcé, notamment suite à l'aggravation de la situation en Afghanistan, dont elle est également riveraine. Des coopérations militaires se développent entre les deux États, symbolisés par la visite d'État du Président chinois XI Jinping en juin 2019, sa deuxième visite d'État depuis 2014.

2. Le choix de la France

Le constat de cette double dépendance, économique et militaire, envers la Russie et la Chine, a poussé le Président Rahmon à ouvrir davantage son pays vers l'Occident , et en particulier vers la France, comme en témoigne sa première visite en France en novembre 2019, suivie rapidement d'une visite officielle en octobre 2021.

Cette dernière visite a permis d'adopter une feuille de route de développement et de coopération entre la France et le Tadjikistan, conformément aux engagement pris en 2019, avec un important volet économique et une attention particulière apportée au secteur touristique . En outre, les constructeurs aéronautiques (Airbus, ATR), les entreprises Total Eren et Auchan/Schiever sont déjà présents dans le pays et pourraient contribuer à renforcer nos liens économiques dans les prochaines années.

Le secteur touristique, mentionné largement dans la feuille de route adoptée en octobre, semble particulièrement prometteur. Un accroissement des flux touristiques, qui pourraient s'appuyer sur ce nouvel accord bilatéral, pourrait notamment intéresser nos entreprises spécialisées dans les infrastructures touristiques de montagne.

C'est dans ce contexte que le présent accord, dont la négociation est souhaitée par la Partie Tadjik depuis 2013, a été signé le 8 novembre 2019 à Paris, lors de la visite du Président tadjik.

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