PREMIÈRE PARTIE : UN PARTENARIAT DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ EN VOIE DE CONSOLIDATION
I. LE DOMAINE DE LA SANTÉ, UN AXE DE LA COOPÉRATION FRANCO-ALGÉRIENNE
Après une décennie de violences - la « décennie noire » (1992-1999) -, l'Algérie a fait son retour sur la scène internationale. Dès lors, ses relations économiques et commerciales avec la France se sont rapidement développées, et notre pays est devenu son deuxième fournisseur avec 10,2 % de part de marché en 2016 1 ( * ) . Parmi les principaux postes d'exportations françaises, qui représentaient 5,08 milliards d'euros au total, figuraient les préparations pharmaceutiques (deuxième poste d'exportation avec 11,5 %).
D'après les données de la Banque mondiale, les dépenses algériennes de santé sont passées de 3,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2005 à 7,2 % en 2014, ce qui témoigne d'un effort important et continu en la matière . Avec quelque 3,3 milliards d'euros (soit près de 8,5 % du PIB), le ministère algérien de la santé, de la population et de la réforme hospitalière disposait en 2017 du quatrième budget de la Nation , le seul à augmenter dans un contexte budgétaire particulièrement contraint. La loi de finances pour 2018 a confirmé cette tendance haussière.
Le président de la République algérienne démocratique et populaire, M. Abdelaziz Bouteflika, considère que « le droit des citoyens à la protection de la santé est un principe cardinal de la politique sociale de [son] pays » 2 ( * ) . Afin de développer ce secteur stratégique et prioritaire pour l'Algérie, des relations se sont nouées avec la France et plusieurs initiatives ont été lancées pour permettre aux acteurs français et algériens du domaine de la santé de se rencontrer et de conclure des partenariats.
À cet égard, l'ambassade de France en Algérie et le ministère algérien des affaires étrangères ont lancé un appel à projets de partenariat institutionnel intitulé « PROFAS C+ ». Ce programme de cofinancement s'inscrit dans le document cadre de partenariat signé entre les deux gouvernements en décembre 2012. Il vise à améliorer et renforcer les capacités des services publics algériens en encourageant les échanges de compétences et les transferts de savoir-faire entre administrations françaises et algériennes, notamment dans le domaine de la santé. À ce titre, le PROFAS C+ soutient des projets structurants de modernisation des activités et des organisations du secteur public .
En outre, une communauté d'intérêts dénommée « Synergies Santé Algérie » a été créée en décembre 2013 par Business France 3 ( * ) . Elle réunit des entreprises françaises du secteur, établies en Algérie ou désireuses de s'y installer, et leur permet notamment de développer des synergies et de bénéficier d'une meilleure visibilité auprès des acteurs algériens de la santé.
Business France participe également à l'organisation des « rencontres franco-algériennes de la santé » , dont la deuxième édition s'est tenue les 5 et 6 décembre 2016 à Paris, en présence de représentants institutionnels, de praticiens et d'industriels. Cette manifestation est l'occasion d'échanger sur des thématiques d'intérêt commun aux deux pays, de renforcer les coopérations existantes et de lancer de nouveaux projets .
Enfin, des entreprises et institutions françaises participent actuellement au développement de l'offre médicale souhaitée par les autorités algériennes à travers la construction de cinq nouveaux centres hospitaliers universitaires (CHU). Un consortium franco-autrichien a ainsi été retenu pour la construction et la mise en place d'un CHU de 500 lits à Constantine. Au sein de ce consortium, qui réunit le groupe de construction français Bouygues, l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la société d'ingénierie autrichienne Vamed, l'AP-HP est en charge de l'organisation médicale et contribue au développement des programmes de formation et de recherche. Un tel projet lui permet de s'inscrire dans une dynamique d'ouverture à l'international visant à exporter le savoir-faire hospitalier français .
Ainsi, la coopération dans le domaine de la santé, qui reposait traditionnellement sur les liens institutionnels et personnels tissés entre les CHU français et les facultés de médecine algériennes, s'organise aujourd'hui davantage autour de projets d'envergure et de relations industrielles et commerciales, principalement dans le secteur pharmaceutique.
* 1 Soit une baisse de 30 points de base par rapport à 2015 (source : direction générale du Trésor).
* 2 Communiqué du conseil des ministres du 4 octobre 2016.
* 3 Agence née le 1 er janvier 2015 de la fusion d'Ubifrance et de l'Agence française pour les investissements internationaux. Cette agence a le statut d'établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC).