C. QUAND IRONS-NOUS CHERCHER LA CROISSANCE BLEUE ?
À l'heure où les grandes puissances font réellement le pari de la mer , construisent de vraies infrastructures, explorent les fonds marins, affirment leurs revendications territoriales, développent les biotechnologies bleues et la recherche marine, que faisons-nous ? De la simplification administrative ! La réponse n'est pas à la hauteur des enjeux. Faute de courage politique, on évite soigneusement les vrais sujets qui nous permettraient de rattraper notre retard.
On ne parle pas de l'organisation du temps de travail et des congés , alors qu'il faut en France trois équipages pour faire tourner un navire contre deux au Danemark. Quand nos concurrents pensent auto-manutention des navires et automatisation des ports , nous nous contentons de demander un rapport sur l'ENIM et de préserver l'héritage statutaire des dockers . C'est sans parler de l'effort financier consacré au monde maritime, moins d'un dixième de point de PIB : à ce niveau-là, il faut avoir l'honnêteté de ne pas parler de politique maritime !
Pour cette raison, votre rapporteur a proposé de changer l'intitulé de cette proposition de loi « portant diverses dispositions en matière maritime », mais l'amendement COM-43 n'a malheureusement pas été adopté par votre commission . Pourtant, il n'est pas convenable d'employer le terme d'« économie bleue » ou celui de « croissance bleue », qui sont fortement connotés dans l'esprit de nos concitoyens . Il ne faudrait pas donner l'impression, qu'avec ce simple réajustement , le travail a été fait ! Ce texte est utile, mais il faut chercher une toute autre ambition pour l'économie bleue .
Malheureusement, ce Gouvernement n'est pas prêt à le faire , les signaux sont clairs. Le Premier ministre vient de mandater six parlementaires en mission sur les axes portuaires de Dunkerque, du Havre et de Marseille. Ne pouvait-il pas le faire avant l'examen de ce texte, qui aurait permis d'en traduire rapidement les conclusions ? Au contraire, il a préféré séparer les deux calendriers , en faisant le choix de la procédure accélérée, afin d'être sûr de ne pas avoir à en assumer les choix budgétaires . Car mettre les pieds dans l'eau, c'est souvent dix fois plus cher que de rester à terre !
Ainsi, l'optimisme béat n'est vraiment plus de rigueur . Écoutons les peuples de la mer, ils la connaissent et la comprennent : ils ont su en partager intelligemment les fruits , de générations en générations. La France a toutes les cartes en main pour être une puissance maritime majeure. Il ne manque qu'un Richelieu ou un Colbert à la barre .