B. UN BESOIN DE FINANCEMENT D'ENVIRON 200 MILLIARDS D'EUROS EN 2015
1. Les déterminants du besoin de financement de l'État
Le besoin de financement de l'État est composé de plusieurs sous-ensembles : si son évolution est pour partie déterminée par celle du déficit budgétaire (à hauteur de 75,7 milliards d'euros en 2015), son niveau est largement lié aux besoins de refinancement de la dette tombée à échéance (environ 120 milliards d'euros selon les prévisions pour 2015).
Les rachats de dette en 2013 et 2014, menés par l'Agence France Trésor, ont permis de maîtriser le besoin de financement. La politique de rachat de dettes consiste en effet racheter des dettes qui ne sont pas encore arrivées à échéance afin de lisser les émissions de dette chaque année , en évitant que la masse importante d'emprunts contractés à partir de 2008 n'aboutisse à des amortissements très élevés à partir de 2014 et notamment en 2015 (la maturité moyenne de la dette est d'un peu plus de sept ans).
La gestion de la dette : une politique active de
rachat
Le rachat anticipé de dettes - c'est-à-dire leur refinancement par de nouveaux emprunts - avant qu'elles n'arrivent à échéance permet de lisser l'émission de dette et ainsi de lui assurer une meilleure liquidité , en évitant qu'un afflux trop important une année donnée ne puisse être absorbé par les marchés. Cette politique de rachat est également particulièrement opportune dans un contexte où la faiblesse des taux d'intérêt , qui pourrait ne pas se maintenir, permet à l'État de se refinancer de façon anticipée à bas coût. En 2013, les rachats de titres avant leur échéance par l'Agence France Trésor , chargée de gérer la dette de l'État, ont atteint un montant de 23,2 milliards d'euros, permettant de réduire de 13,2 milliards d'euros les amortissements de la dette arrivant à maturité en 2014 et de 10 milliards d'euros les amortissements de 2015. Les rachats de titres venant à échéance les années suivantes se sont poursuivis en 2014. En effet, sur les 7 premiers mois de l'année, le Trésor a effectué pour 19,8 milliards d'euros de rachats , dont 19,3 milliards d'euros sur des dettes arrivant à échéance en 2015 124 ( * ) . Sans les programmes de rachat, le différentiel entre les programmes d'émission 2014 et 2015 aurait ainsi été de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards d'euros, envoyant un signal potentiellement négatif aux investisseurs. |
2. Le refinancement des dettes arrivées à échéance : 120 milliards d'euros en 2015
Les dettes arrivées à échéance doivent être refinancées : en effet, pour rembourser les obligations arrivant à échéance une année donnée, l'État est conduit à réemprunter sur les marchés les fonds nécessaires. Le montant du refinancement devrait s'établir à 119,5 milliards d'euros en 2015, soit une hausse de 15,7 milliards d'euros .
Ce mécanisme fait fortement peser les déficits antérieurs sur le besoin de financement présent de l'État : plus de 60 % des 196,6 milliards d'euros que l'État devra financer en 2015 relève ainsi de l'amortissement de la dette tombant à échéance cette année-ci.
* 124 Natixis, note n° 129 du 1 er octobre 2014.