2. De nouvelles incertitudes se font jour
En premier lieu, Internet est incontournable et légaliser une partie de l'offre de jeu et de paris en ligne est difficile mais possible.
En second lieu, la loi ne sera respectée et ne réussira que si l'offre illégale, qui persistera, est réellement sanctionnée et contenue .
Dès 2006, la commission des finances du Sénat avait parfaitement identifié les risques pour le système français de la pénétration d'Internet sur le marché des jeux. On a pu penser, en raison du retard pris par l'Etat pour tenir compte de cette nouvelle donne, qu'il avait en quelque sorte initialement négocié sous la contrainte de la Commission européenne, avant de se résoudre à préparer une loi conforme aux nécessités du moment mais surtout aux nécessités sanitaires et sociales de notre pays.
Dans ce qui sera le nouveau cadre de leurs activités, quelles perspectives sont possibles pour les opérateurs français historiques ?
La FDJ conserve son monopole des tirages de loteries et des jeux de grattage. Elle ne sera plus seule sur le marché français légal pour les paris sportifs mais dans la mesure où elle avait anticipé et investi dans ce type de jeux, elle y a déjà acquis une bonne expérience. Sa notoriété, la force de son réseau et ses capacités d'innovation et de communication commerciale devraient lui faire espérer mieux que le maintien de ses positions .
Rien ne lui interdit, par ailleurs, de se placer sur d'autres secteurs du marché des jeux et le bruit court avec insistance depuis quelques temps que la FDJ se lancerait dans le poker.
Le PMU connaît peut-être une situation moins confortable . Il ne sera plus seul sur le marché des paris hippiques en ligne et même si la loi exige que les paris sur les courses des sociétés-mères soient pris sous la forme mutuelle, ce succès obtenu de haute lutte face aux obsessions européennes ne le console guère pour l'instant de la perte de son monopole.
Toutefois, il conserve la force de son réseau de détaillants, la notoriété de son organisation et de la salubrité des courses, un savoir-faire qui a su franchir les frontières de l'Hexagone et des capacités considérables dans les domaines de l'innovation et de la communication.
Les casinos sont sans aucun doute les opérateurs qui peuvent s'interroger avec davantage d'inquiétude sur leur avenir . On a vu plus haut les facteurs qui ont fortement contribué fortement à la diminution de leur chiffre d'affaires. Le contrôle aux entrées, pour indispensable qu'il était, mais plus encore l'interdiction de fumer, ont porté un coup sévère aux casinos.
L'autorisation d'ouvrir des tables de poker aura eu un effet positif mais peut-être fragile face à la tentation de jouer chez soi ou sur Internet. Si la loi protège encore leur « monopole » sur les machines à sous et si elle n'ouvre en pratique le marché des jeux de cercle qu'au seul poker, l'inquiétude est grande qu'à l'avenir l'ouverture à la concurrence soit encore plus large.
Les chiffres sont là et pour la deuxième année consécutive (2008/2009), la quasi-totalité des casinos affichent une nette baisse de leur chiffre d'affaires. Cette évolution est devenue si préoccupante que le Gouvernement a accepté quelques menus aménagements de leur fiscalité. Il faudra donc que les casinos s'investissent et produisent de gros efforts pour reconquérir leur place sur le marché.
Concernant les cercles de jeux , il a été indiqué plus haut que l'étrangeté de leur situation, et son extrême fragilité face à une réforme indispensable mais très complexe, créent incontestablement une zone de danger pour eux. Il leur est indispensable de se grouper et d'élaborer une stratégie réaliste fondée sur une bonne connaissance de leur secteur, la collecte systématique de donnés sur leur activité (qu'ils ne savent même pas exposer) et un respect des règlements que certains d'entre eux ont bafoué lamentablement, au détriment d'une grande majorité de cercles de qualité.
Enfin, si l'on peut, d'une part, faire crédit aux dirigeants et à l'encadrement des opérateurs historiques d'une capacité de réaction (voire d'anticipation) et de dynamisme, il n'est pas sûr que l'on puisse compter sur autant de réalisme pour une large part des personnels et des partenaires des anciens monopoles...
A entendre tel ou tel président de société hippique de province, tel ou tel détaillant de jeux, on peut mesurer une inquiétude assez générale et un franc refus de la réforme .