J. LE GIGN ET LE RAID : DES STRUCTURES D'ÉLITE, MAIS REDONDANTES
Les forces de sécurité s'appuient aujourd'hui sur des unités d'intervention de très haut niveau et qui ont su faire, à maintes reprises, la démonstration de leur efficacité, de leur maîtrise technique et de leur sang froid. Votre rapporteur spécial tient ici à saluer le courage et la qualité de ces unités .
Pour autant, dans ce domaine également, le dualisme « policier » et ses conséquences méritent d'être réévalués au regard de la coexistence de deux piliers distincts : l'unité d'élite de la police nationale - Recherche Assistance Intervention Dissuasion (RAID) et le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). En effet, cette coexistence ne garantit pas une utilisation optimale des crédits budgétaires ouverts .
1. Le RAID, un regroupement de plusieurs unités opérationnelles
Composé de plus de 420 fonctionnaires sous commandement du chef du RAID , le dispositif d'intervention de la police nationale regroupe les 9 groupements d'interventions de la police nationale (GIPN) régionaux, la brigade de recherche et d'intervention (BRI), la brigade anti-commando (BAC) parisienne et la structure du RAID lui-même.
Rattaché au DGPN, ce dispositif s'articule autour de deux niveaux :
- le niveau primo-intervenant et régional, géré exclusivement par les GIPN et renforcé en cas de besoin par le RAID. Ce dispositif est réactif, économe et permet de gérer les crises mineures ;
- le niveau national, via le regroupement de toutes les unités en cas de crises majeures sous commandement du RAID.
2. Le GIGN, un dispositif articulé autour de quatre « forces »
Le GIGN , quant à lui, a connu une profonde réorganisation en septembre 2007 pour pouvoir faire face, en tout temps et en tous lieux, en France comme à l'étranger, à des situations ou des missions supposant l'engagement d'hommes, de moyens ou de techniques hautement spécialisés, dans la lutte contre le terrorisme et contre le grand banditisme.
Projetable, le GIGN peut agir seul ou être intégré à des dispositifs impliquant des interactions avec des formations ou des unités de la police nationale ou des armées, voire avec des unités de même type de pays étrangers.
Quatre « forces » (Intervention, Sécurité et protection, Observation et recherche, Appui opérationnel) susceptibles de s'appuyer ou de se renforcer mutuellement regroupent les savoir-faire existants.
Au total, le GIGN dispose d'un effectif de 378 militaires qui permet d'envisager la réalisation d'un large champ de missions.
3. La superposition des missions du RAID et du GIGN
D'ores et déjà, des progrès ont été accomplis dans le sens d'une meilleure mutualisation du RAID et du GIGN .
Ainsi, la récente mise en place d' une formation à l'intervention commune entre le RAID et les GIPN permet de renforcer la coopération des unités sur des crises de toutes natures.
Par ailleurs, sur instructions de la DGPN et de la DGGN, le RAID et le GIGN se rapprochent pour gérer les crises majeures et tenter de trouver des pistes de convergence sans remettre en cause le principe de la compétence territoriale respective. Ce rapprochement des deux unités vise notamment à favoriser la gestion des crises majeures, telles qu'une prise d'otage massive par exemple.
Il permet également de développer les échanges techniques , d'améliorer la cohérence des actions de formations réalisées au profit de groupes d'interventions étrangers, de mutualiser certains moyens de projection et de procéder à des actions de recherches et de développement communes en vue de l'acquisition de nouveaux matériels par le RAID et le GIGN.
Votre rapporteur spécial s'interroge cependant sur la nécessité de conserver ainsi deux forces d'intervention distinctes mais aux missions quasi identiques. L'optimisation des crédits budgétaires et des moyens humains consentis n'imposerait-elle pas un rapprochement plus complet du RAID et du GIGN ?