INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Le présent projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale le 10 avril dernier, a pour objet d'autoriser la ratification du traité relatif à la coopération transfrontalière en matière policière et douanière conclu à Blois le 7 juillet 1998 par les gouvernements français et espagnol.

Un retard très important a été pris dans la procédure de ratification de ce traité, avant que l'actuel gouvernement ne décide, en octobre 2002, de le soumettre à l'examen parlementaire, alors qu'il a déjà été approuvé par le Parlement espagnol en 2001.

D'inspiration analogue aux accords conclus par la France avec l'Italie, l'Allemagne et la Suisse dans la logique de la convention d'application de l'accord de Schengen, il vise à accompagner la suppression des contrôles aux frontières intérieures de l'espace Schengen par un renforcement de la coopération policière et douanière.

La France a signé un cinquième accord de ce type avec la Belgique en mai 2001, un texte de même nature étant en cours de négociation avec le Luxembourg.

Le traité franco-espagnol, comme tous les accords bilatéraux conclus ou négociés par la France, s'inspire d'un modèle de convention transfrontalière policière et douanière établi en 1996 dans le cadre du comité de coordination de la politique européenne de sécurité intérieure.

Votre rapporteur rappellera le lien entre le renforcement de la coopération transfrontalière et la mise en place de l'espace Schengen. Il présentera ensuite les modalités de cette coopération entre la France et l'Espagne, telles qu'elles résultent du traité soumis à l'examen du Sénat.

I. LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE EN MATIÈRE POLICIÈRE ET DOUANIÈRE : UN COROLLAIRE DE LA SUPPRESSION DES CONTRÔLES AUX FRONTIÈRES DANS L'ESPACE SCHENGEN

A. LES PRINCIPES POSÉS PAR L'ACCORD DE SCHENGEN

Signé en 1985, l'accord de Schengen a donné lieu à une convention d'application du 19 juin 1990 qui a entraîné la suppression des contrôles fixes aux frontières communes des Etats de l'espace Schengen (frontières intérieures) et le report des contrôles aux frontières entre ces Etats et les Etats tiers (frontières extérieures).

Toutefois, la suppression progressive des contrôles aux frontières intérieures a pour corollaire un renforcement de la coopération policière et judiciaire au sein de l'espace Schengen, afin de ne pas affaiblir la sécurité des Etats concernés. Dans cette perspective, le dispositif Schengen comporte deux types de dispositions :

- des règles communes aux Etats de l'espace Schengen de nature à faciliter la lutte contre la criminalité (observations transfrontalières, procédure de poursuite transfrontalière, base de données sur les personnes recherchées ou les étrangers devant faire l'objet d'un refus d'admission, dite « système d'information Schengen »),

- la conclusion entre Etats membres de l'espace Schengen ayant une frontière commune d' arrangements ou d' accords bilatéraux relatifs à leur coopération dans leurs régions frontalières.

Enfin, la surveillance exercée par un Etat aux frontières extérieures mettant en jeu la sécurité de l'ensemble de l'espace Schengen, il est également logique que soient conclus des accords spécifiques de coopération avec des Etats tiers.

En résumé, parce qu'ils élargissent à l'ensemble de l'espace Schengen les responsabilités auparavant exercées dans le souci exclusif de la sécurité nationale, le dispositif « Schengen » génère deux types d'accords bilatéraux :

- les premiers entre Etats appartenant à l'espace Schengen pour renforcer leur coopération aux frontières intérieures,

- les seconds avec des Etats tiers pour renforcer la sécurité aux frontières extérieures.

En pratique -le Sénat l'a d'ailleurs souligné à de multiples reprises- un décalage a été constaté entre le démantèlement rapide des infrastructures de contrôle aux frontières intérieures et la mise en place, beaucoup plus lente, de nouvelles procédures de coopération transfrontalière.

De tels accords ont finalement été conclus, les positions des Etats appartenant à l'espace Schengen s'étant rapprochées autour d'un double principe :

- la substitution au contrôle linéaire sur la frontière d'un contrôle en profondeur sur une bande intermédiaire de part et d'autre de la frontière,

- le renforcement de la concertation bilatérale, notamment dans le cadre de plans de surveillance communs.

Ont ainsi été conclus des accords de coopération transfrontalière instituant des commissariats communs dotés de compétences accrues par rapport aux structures existantes et précisant les modalités de coopération directe entre les services compétents des Etats limitrophes. Ils s'inspirent d'un modèle de convention transfrontalière policière et douanière établi en 1996 dans le cadre du comité de coordination de la politique européenne de sécurité intérieure.

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