III. LA COMMISSION DES LOIS APPROUVE LE PROJET DE LOI HABILITANT LE GOUVERNEMENT À SIMPLIFIER LE DROIT ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
A. SOUTENIR L'EFFORT DE SIMPLIFICATION
Le
présent projet de loi
d'habilitation
est
d'une ambition et
d'une ampleur encore jamais égalées
.
En sollicitant du Parlement l'autorisation d'intervenir dans le domaine de la
loi, au moyen d'ordonnances prises sur le fondement de l'article 38 de la
Constitution, le Gouvernement entend systématiser l'entreprise de
simplification administrative déjà engagée, en
l'étendant à des domaines nouveaux particulièrement divers
et variés. C'est, désormais,
l'ensemble des procédures
administratives qui fait l'objet de l'attention des pouvoirs publics afin de
supprimer ou assouplir les démarches qui ne seraient pas strictement
nécessaires pour assurer l'application des lois.
Le chantier de la
simplification est donc l'occasion de procéder à l'abrogation de
textes de valeur législative qui apparaissent aujourd'hui
obsolètes et inadaptés, compte tenu de l'évolution de
notre société.
L'effort de simplification entrepris par le Gouvernement par le biais du
présent projet de loi d'habilitation se développe en trois
directions.
1. La simplification des relations entre l'administration et les usagers
Il s'agit de fonder les relations entre l'administration et les usagers sur le principe de confiance et de simplifier le plus de procédures administratives possibles.
a) Faciliter les démarches quotidiennes des usagers
Le coeur
de la démarche conduite par le Gouvernement est de simplifier la vie
quotidienne des usagers de l'administration. Pour ce faire, le présent
projet de loi prévoit de multiples habilitations.
Certaines habilitations données au Gouvernement lui
permettraient de prendre des mesures de portée
générale
.
Il s'agirait, en premier lieu, d'autoriser le Gouvernement à prendre des
mesures à caractère général visant à
modifier les règles de procédures administratives non
contentieuses
en vigueur (
article 1
er
).
Cette habilitation permettrait de réduire la fréquence des
démarches des usagers auprès des autorités administratives
et services publics, de simplifier les formulaires administratifs existants, de
substituer des déclarations sur l'honneur là où la
fourniture préalable de pièces justificatives est actuellement
exigée et d'organiser de manière plus systématique la
transmission des informations entre les administrations et services publics.
Votre commission des Lois vous soumet un
amendement visant à
clarifier le champ d'application
de cette disposition.
En première lecture,
l'Assemblée nationale
a
inséré un nouvel alinéa
à cet article visant
à permettre la substitution de régimes déclaratifs
à certains régimes d'autorisation administrative
préalable. Votre commission des Lois estime que cette habilitation est
beaucoup trop vaste et délicate, en pratique, à appliquer. Elle
souligne, par ailleurs, que dans sa version initiale, le présent projet
de loi comprenait une disposition plus précise à
l'article 17, s'appliquant aux seules entreprises, et qui a
été supprimée par l'Assemblée nationale. Votre
commission des Lois vous propose un amendement de suppression de ce nouvel
alinéa et le rétablissement de l'article 17
dans sa
formulation d'origine.
En outre, l'article premier habiliterait le Gouvernement à prendre des
mesures visant à
réduire les délais d'instruction
des demandes des usagers. Un délai d'instruction serait désormais
communiqué à l'usager.
Enfin, le Gouvernement serait habilité à
simplifier la
composition et le fonctionnement des commissions administratives à
caractère consultatif ainsi qu'à en réduire le nombre.
En première lecture, l'Assemblée nationale a supprimé une
réserve visant à interdire au Gouvernement de modifier les
commissions dont la consultation met en cause l'exercice des libertés
publiques ou le principe de libre administration. Votre commission estime que
l'intervention de commissions lorsque ces matières sont en cause
constitue une garantie. Elle vous propose un
amendement
tendant, d'une
part, à améliorer la rédaction de cette disposition et,
d'autre part, à préciser que la consultation d'une commission en
ces matières doit être préservé, ce qui
n'empêcherait nullement la rationalisation des compétences des
commissions intervenant actuellement en ces domaines.
Le Gouvernement serait ensuite autorisé à agir afin d'harmoniser
et de simplifier le
régime d'entrée en vigueur des lois,
ordonnances, décrets et actes administratifs ainsi que leurs
modalités de publicité
(
article 2
).
L'Assemblée nationale a, par ailleurs, en première lecture,
adopté un amendement visant à insérer une nouvelle
habilitation permettant au Gouvernement de prendre les
mesures favorisant
l'utilisation des nouvelles technologies dans le cadre du fonctionnement des
collectivités territoriales et des autorités administratives et
dans leurs relations avec le représentant de l'Etat
dans le
département (
article 22 bis
). Votre
commission des Lois
vous soumet un amendement rédactionnel à cet article.
D'autres habilitations permettront au Gouvernement de prendre des
mesures au champ d'application plus circonscrit.
Le Gouvernement serait ainsi habilité à prendre des mesures
visant à supprimer la
procédure d'affirmation de certains
procès verbaux
(
article 6
).
L'Assemblée nationale a, par ailleurs, adopté en première
lecture un amendement visant à insérer une nouvelle habilitation
pour permettre la
simplification des procédures administratives
applicables aux travaux d'aménagement
de l'Etat, des
collectivités territoriales et des établissements publics
(
article 6 bis
). Votre commission vous soumet deux
amendements
tendant à améliorer la rédaction de cet article et
à préciser le champ de l'habilitation.
L'Assemblée a, de même, adopté un amendement tendant
à créer une nouvelle habilitation destinée à
préciser le
statut des délégués du
médiateur de la République
(
article 6 ter
). Votre
commission des Lois vous soumet
deux
amendements
rédactionnels
à cet article.
Le présent projet de loi habiliterait, par ailleurs, le Gouvernement
à préciser les conditions
d'établissement de la
possession d'état de Français
afin de faciliter la preuve par
les Français nés hors de France de leur nationalité
(
article 7
).
Une simplification des
règles relatives aux associations syndicales
de propriétaires
régies en tout ou partie par les
dispositions de la loi du 21 juin 1865 serait également
prévue sur la base du présent projet de loi d'habilitation
(
article 8
).
L'habilitation conférée au Gouvernement par le présent
projet de loi permettrait d'alléger la procédure de validation
annuelle du
permis de chasser,
en créant par ailleurs un guichet
unique et en modifiant certaines règles en matière de licence de
chasse (
article 9
). Cette disposition fait l'objet d'un
examen par
délégation
par la commission des Affaires économiques.
Le présent projet de loi vise, par ailleurs, à permettre au
Gouvernement d'agir par ordonnance afin
d'alléger les
formalités requises quotidiennement aux usagers dans leurs relations
avec les organismes sociaux
. Ainsi, le Gouvernement serait autorisé
à intervenir dans le domaine de la loi pour permettre aux particuliers
employeurs de procéder à leurs déclarations par internet
et confier à un organisme unique la compétence pour recouvrer les
cotisations et contributions sociales impayées par ces derniers
(
article 10
). De même, le Gouvernement serait autorisé
à simplifier les démarches qui doivent être accomplies par
les usagers bénéficiaires de certaines prestations sociales
(
article 11
). Notamment, les usagers exerçant à la fois
une activité salariée et non salariée pourraient choisir
la caisse d'assurance maladie leur versant des prestations en nature, le mode
de calcul de certaines indemnités journalières serait
simplifié tout comme le régime des prestations constitutives du
minimum vieillesse. Ces deux dispositions font l'objet d'un
examen par
délégation
par la commission des Affaires sociales.
Le présent projet de loi prévoit également d'habiliter le
Gouvernement à prendre diverses
mesures de simplification en
matière fiscale
. Celles-ci visent notamment à simplifier les
modalités de déclaration, de paiement et de recouvrement de
l'impôt, à élargir et assouplir les modalités
d'option pour des régimes fiscaux spéciaux, à abroger
certaines dispositions obsolètes ou sans objet du code
général des impôts. L'Assemblée nationale a, en
première lecture, apporté plusieurs modifications à cette
disposition. Elle a notamment institué un nouvel alinéa visant
à permettre au Gouvernement d'adopter des mesures destinées
à faire respecter le principe de la présomption d'innocence en
matière fiscale (
article 5
). Cet article fait l'objet d'un
examen par délégation
par la commission des Finances
.
Le présent projet de loi comprend, enfin, certaines dispositions de
fond introduites par l'Assemblée nationale pour encadrer
l'élaboration des ordonnances
En première lecture,
l'Assemblée nationale a adopté
deux amendements visant à assurer le suivi de l'entreprise de
simplification
engagée par le présent projet de loi.
Un
conseil d'orientation de la simplification administrative
a
été institué, composé d'élus et de
personnalités qualifiées (
article 1
er
A
). Votre
commission des Lois estime que cet organe devrait faire place à
davantage de personnalités qualifiées.
Elle vous propose, en conséquence, un
amendement visant à
augmenter le nombre des personnalités qualifiées y
siégeant.
En outre, elle vous soumet un autre
amendement
tendant à supprimer l'habilitation expresse donnée au
Gouvernement d'agir par décret en vue de préciser les
modalités d'application du présent article, le Gouvernement
bénéficiant en cette matière, d'une habilitation
permanente.
D'autre part, l'Assemblée nationale a prévu la transmission au
Parlement d'un
rapport annuel du Gouvernement sur les progrès de la
simplification
au niveau législatif et réglementaire
(
article 30
).
b) Rénover le droit de la commande publique
Le droit
de la commande publique devrait évoluer du fait de l'habilitation
conférée au gouvernement par les articles 3 et 4 du projet de loi.
En effet, afin de mettre fin à la grande
insécurité
juridique subie par les commanditaires publics
, les dispositions
législatives applicables en matière de marchés publics
devraient notamment pouvoir être rendues compatibles avec
l'évolution du droit communautaire (
article 3
). Cette
habilitation pourrait également permettre de prendre en compte la
réforme en cours du droit communautaire des marchés publics.
De plus, pourraient être adaptées les dispositions
régissant les marchés des organismes de droit public non soumis
au code des marchés publics (
article 3
).
L'
article 4
pourrait permettre de
modifier le régime juridique
des contrats existants
et de créer de
nouveaux contrats dans le
domaine de la commande publique
permettant le développement du
partenariat public-privé
en France. Il prévoirait
notamment l'extension et l'adaptation à d'autres besoins et à
d'autres personnes des dispositions prévues à l'article 3 de la
loi n° 2002-1094 du 29 août 2002 d'orientation et de programmation
pour la sécurité intérieure.
Des contrats globaux
43(
*
)
pourront être conclus par des personnes publiques ou des personnes
privées chargées d'une mission de service public.
Ces nouveaux contrats devraient pouvoir permettre aux financements
privés de participer aux constructions immobilières publiques.
Ils devraient également engendrer un gain pour les personnes publiques,
tant en matière de coût qu'en matière de délai de
construction.
L'usage de ces nouvelles formes de contrat devrait être encadré
afin de garantir le respect des règles de passation des marchés
(publicité et mise en concurrence pour le choix du cocontractant), de
transparence et de contrôle (mode de rémunération du
cocontractant, qualité des prestations et respect des exigences de
service public), indispensable pour la réussite des projets menés.
Votre
commission des Lois approuve pleinement la création de nouveaux
contrats qui permettront de moderniser la commande publique et de faciliter la
réalisation d'infrastructures publiques
, notamment des
hôpitaux.
Toutefois, le régime du partenariat public-privé devra garantir
aux
petites et moyennes entreprises
, et notamment aux
artisans
,
la possibilité de
participer à ces nouveaux contrats
. Il
existe en effet un risque qu'ils se trouvent exclus du champ ouvert par ces
contrats en matière de commande publique.
De plus, l'
intervention des architectes
ne devra pas être remise
en cause dans le cadre des contrats globaux de conception-réalisation
d'équipements publics.
c) Rationaliser les procédures électorales
Le
chapitre III
du projet de loi réunit les dispositions habilitant
le Gouvernement à
simplifier les procédures
électorales, tant politiques que non politiques
.
Tout d'abord, les
conditions d'exercice du vote par procuration
devraient être
assouplies
(
article 12
). Il s'agirait de
remédier aux difficultés rencontrées par certains
électeurs de bonne foi pour obtenir de voter par procuration, notamment
lors des élections de 2002. A l'heure où l'abstentionnisme
atteint des taux importants, la complexité et le caractère
dissuasif des procédures actuelles doivent être combattus.
L'
article 13
vise ensuite à permettre
un assouplissement des
formalités à accomplir par les candidats et un allègement
des modalités d'organisation des élections politiques
. Il
prévoit notamment de simplifier les démarches devant être
accomplies par les partis et groupements politiques pour participer à la
campagne radiotélévisée des élections
législatives ou de modifier les modalités de convocation des
électeurs pour les élections municipales et législatives.
Concernant les élections non politiques, l'habilitation de
l'article
14
conduirait à la
simplification, l'harmonisation,
l'allègement, l'adaptation ou la modification de l'organisation et du
déroulement de certaines élections non politiques
:
élections aux chambres de commerce et d'industrie, aux chambres de
métiers, aux chambres d'agriculture, aux tribunaux de commerce, aux
tribunaux paritaires des baux ruraux, ainsi qu'aux élections
prud'homales et à la mutualité sociale agricole.
Certaines mesures pourraient être générales à ces
élections, d'autres seraient spécifiques à l'une ou
plusieurs d'entre elles.
L'importante
charge de travail
créée par l'organisation de
ces élections pour les
mairies et les préfectures
ainsi
que
l'abstention croissante
ont rendu
indispensable
l'aménagement des dispositions les régissant.
Votre commission vous propose
un amendement
qui permettra, d'une part,
de garantir, lors de la mise en oeuvre du vote électronique, le respect
des règles posées par la législation relative à
l'informatique, aux fichiers et aux libertés et, d'autre part, de faire
apparaître les élections des membres des tribunaux paritaires des
baux ruraux parmi les élections pour lesquelles seraient prévus
un allègement des formalités d'établissement des listes
électorales et la mise en oeuvre du vote électronique.
L'Assemblée nationale avait déjà, par l'adoption d'un
amendement déposé par M. Jean-Michel Fourgous, ajouté
les élections prud'homales dans la liste des élections non
politiques pouvant bénéficier de cette habilitation.
Elle vous soumet également
deux amendements
ayant pour objet,
l'un de faire entrer les élections des délégués
consulaires dans le champ de l'habilitation prévoyant d'adapter le mode
de scrutin et la durée des mandats, et l'autre de proroger le mandat des
délégués consulaires au même titre que celui des
membres des chambres de commerce et d'industrie et des tribunaux de commerce.
De plus, deux alinéas du présent article prévoyant une
habilitation identique concernant la modification de la composition du corps
électoral des tribunaux de commerce, votre commission vous soumet un
amendement de suppression
des termes redondants.