2. Il a été demandé trop de pièces d'euros à la Monnaie de Paris
Combien de pièces fallait-il fabriquer ? La question supposait d'estimer le nombre de pièces (de francs) en circulation, malgré les incertitudes pesant sur la déperdition liée au tourisme ou tout simplement le stock « oublié » par les Français. Elle supposait aussi d'anticiper la réaction des utilisateurs (attirance ou répulsion) face aux pièces inconnues d'euros.
Pour la mise en circulation de l'euro, le 1 er janvier 2002, la direction des Monnaies et médailles avait fabriqué 7,8 milliards de pièces, soit la quasi totalité des 8,1 milliards de pièces que la direction du Trésor et la Banque de France lui avaient demandées, le programme global devant s'élever à 11 milliards de pièces et s'étendre jusqu'en 2003. Mais l'analyse des masses en circulation dans les premiers mois de 2002 a conduit à une forte révision à la baisse de la commande au titre de 2002 : 1,1 milliard de pièces au lieu de 1,8.
In fine , 8,9 milliards de pièces d'euros ont été produites pour seulement 5,1 milliards de pièces injectées dans le circuit économique, soit un surplus de 3,8 milliards (près de 43 % de la production).
Même s'il s'avère que les Français utilisent moins de pièces d'euros qu'ils n'utilisaient de pièces de francs, les besoins ont été surestimés comme le confirme le retour à la Banque de France de seulement 6,5 milliards de pièces libellées en francs. On est loin des 11 milliards que l'on croyait en circulation.
Il faudra entre trois et cinq ans pour résorber cet excédent, avec les coûts de stockage et les problèmes de surveillance qui lui sont liés.
La production de 0,4 milliard de pièces en 2003 peut sembler paradoxale. Mais il s'agit de pièces dites « d'entretien », réparties sur les quatre plus petites coupures, destinées maintenir un fonctionnement minimum de l'outil industriel.
3. La durée de vie et le devenir des pièces varient selon les coupures
S'agissant de la durée de vie des pièces, on se souviendra qu'une pièce en francs durait plusieurs décennies. Les constatations faites quant à la tenue à l'oxydation permettent de penser qu'il en sera de même pour les pièces d'euros en alliage nordique (10, 20 et 50 centimes) et pour les pièces bicolores (1 et 2 euros). Il est en revanche à craindre que les pièces en acier cuivré (1, 2 et 5 centimes), très vite ternies, aient une durée de vie écourtée.
La déperdition, notamment liée au tourisme, écourte aussi la vie des pièces. Elle sera forcément moindre qu'avec les francs puisqu'elle disparaît au sein de la zone euro. Mais il est encore trop tôt pour l'apprécier précisément.
Le devenir des pièces est quant à lui lié aux réactions du public. Les petites coupures (1 et 2 centimes d'euro) ne peuvent que favoriser la modération des prix mais force est de reconnaître que, malgré leur valeur non négligeable, elles sont perçues comme encombrantes. A l'inverse, l'opportunité de créer de plus grosses coupures (5 ou même 10 euros) pourrait être étudiée. Même si aucune nouvelle frappe n'est à l'ordre du jour, les Monnaies européennes travaillent sur les caractéristiques techniques propres à augmenter la sécurité d'utilisation des pièces de haute valeur.