I. LES DONNÉES BUDGÉTAIRES ET FINANCIÈRES

Le budget du secteur public de la communication audiovisuelle pour 2002, tel qu'il est retracé dans le fascicule jaune « secteur public de la communication audiovisuelle », s'élève à 3241,53 M€ ( 21263,04 MF) contre 3141,07 M€ (20.604,07 MF) en 2001 , ce qui fait apparaître un taux de croissance de + 3,20 % par rapport à la précédente loi de finances initiale.

Cette progression globale de 100,46 M€ (658,97 MF) fait suite à la forte hausse de 180,36 M€ (1183,1 MF), prévue l'année dernière. Elle est la résultante :

• d'une hausse de 80,7 M€ (529,36 MF) des ressources publiques (+ 3,35 %), qui doivent se monter à 2488,56 M€ ;

• et une hausse de 19,72 M€ (+2,69 %), (129,38 MF), des ressources propres des organismes , qui doivent atteindre 752,97 M€, à comparer à la baisse de 38,92 M€ (255,3 MF), prévue au projet de loi de finances initiale pour 2001.
Le partage entre ressources publiques et ressources propres doit s'effectuer en 2002 sur la base d'un rapport 76,8 % / 23,2 %, contre 76,7 % / 23,3 % en 2001, 73,3 % / 26,7 %, en 2000 et 69,4 et 30,6 % en 1999.

Cette politique délibérée de réduction du poids des ressources propres va sans doute être moins voulue que subie avec la contraction annoncée du marché publicitaire .

A. L'EFFORT PUBLIC DANS LE SECTEUR AUDIOVISUEL

La croissance des dotations prévues au présent budget reste soutenue, prolongeant les engagements pris par l'État dans le cadre de la loi n°2000-719 du 1 er août 2000 sur la communication audiovisuelle.

1. Les crédits budgétaires

Les crédits budgétaires diminuent de + 1,63 % par rapport à la li de finances initiale . Ce chiffre recouvre deux évolutions inverses :

augmentation de 0,1 % au niveau de 69,67 M€ (457 MF) des dotations inscrites au budget du ministère des affaires étrangères (chapitre 42/14) ;

recul de 1,92 % des crédits inscrits aux services généraux du Premier Ministre (Chapitre 46-01), qui passent TTC de 413,78 M€ (2714,2 MF) à 409,97 M€ (2689,25 MF). Ce tassement de 3,8 M€, soit 25 MF, s'explique en raison de la diminution du nombre de comptes effectivement exonérés par rapport à ce qui avait été anticipé .

Source Tableaux récapitulatifs des ressources publiques des annexes « Secteur public de la communication audiovisuelle » aux projets de loi de finances

2. La redevance

Dans le projet de loi de finances déposé par le Gouvernement sur le bureau de l'Assemblée nationale, les recettes hors taxes de redevance augmentent de 83,68 M€ pour atteindre 2017,36 M€ (H.T). Cette augmentation de 3,33 % est à comparer à la croissance de 2,94 % constatée en 2000 .

Après être passée de 700 à 735 francs de 1997 à 1998 et à 744 francs en 1999, à 751 francs en 2000 et 2001, soit 114,49 €, la redevance pour l'usage d'un téléviseur couleur a été portée à 116,5 €, soit une augmentation de + 1,76 %.

On note que, contrairement à l'exercice 2001, il est prévu de distribuer une partie des excédents de collecte de l'année 2000 pour un montant de 13,72 M€ soit 90 MF.

Le ralentissement de l'expansion de l'assiette - on a enregistré au premier semestre 2001, 204 000 comptes couleur supplémentaires, contre 340 500 au premier semestre 2000 et 387 500 pour la même période de 1999 - pourrait, si la tendance se poursuit, se révéler préoccupant, même s'il faut sans doute y voir la conséquence des nouvelles mesures d'exonération .

On rappelle, également, que les coûts directs du service de la redevance, qui s'élèvent à 73,54 M€ (482,4 MF) comme pour les années 2000 et 2001, font désormais l'objet d'un versement direct au budget général et non d'un rattachement par voie de fonds de concours pour satisfaire à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, telle qu'elle résulte de sa décision n°94-351 du 29 décembre 1994.

Enfin, il faut noter que les crédits de remboursement de redevance inscrits sur le chapitre 46-01 sont versés tous les deux mois, ce qui a fait craindre à certains qu'ils puissent faire l'objet d'annulation avant leur virement sur le compte d'affectations spéciales.

B. L'ÉVOLUTION DES RESSOURCES COMMERCIALES

Les recettes du secteur public sont la résultante de facteurs multiples : nouvelles limitations introduites par la dernière loi audiovisuelle, concurrence accrue, également, des chaînes privées qui n'ont jamais été aussi dynamiques au niveau publicitaire, crise probable, enfin, du marché par suite du ralentissement de l'activité économique et de l'incertitude résultant des évènements tragiques du 11 septembre dernier.

En dépit du nouveau mode de mesure de l'audience, qui permet de prendre en compte la part des chaînes thématiques, ce qui diminue mécaniquement leur part d'audience, les chaînes hertziennes continuent de capter l'essentiel de la manne publicitaire.

En effet, les revenus publicitaires des chaînes thématiques restent marginaux, nettement en deçà du poids que celles-ci représentent dans l'audience. En 2000, alors que l'ensemble des chaînes de complément représentait environ 8 % de l'audience totale de la télévision, on évalue à environ 5 % le poids des investissements publicitaires sur ces chaînes.

Les quatre cinquièmes des recettes se sont concentrées sur moins de 20 chaînes et seules 11 chaînes ont reçu plus de 50 MF bruts en 2000.

1. Les recettes publicitaires des chaînes publiques en 2001 et perspectives pour 2002

Compte tenu des restrictions imposées à France 2 et à France 3 en matière publicitaire, il a été prévu dans le présent projet de loi de finances pour 2002 que les ressources propres du secteur public audiovisuel atteindront 752,97 M€ (4939 MF), soit un niveau supérieur de quelque 130 MF à celui annoncé en loi de finances initiale pour 2001.

Cette progression de + 2,7 % des ressources propres est à remettre dans le contexte de l'évolution des recettes de publicité et de parrainage . Les objectifs prévisionnels du groupe France télévision s'établissent en 2001 à 3756,2 MF contre 4037,4MF dans le projet de loi de finances pour 2000, ce qui représente un recul de 281 MF. La régression est encore plus nette par rapport aux objectifs 1999, qui avec 4587 MF se situaient à un niveau supérieur de 433 MF aux perspectives actuelles pour 2002.

Il y a là la conséquence des contraintes imposées à France 2 et France 3 en application de la loi du 1 er août 2000, que le gouvernement avait déjà anticipé en décidant d'abaisser à partir du 1 er janvier 2000 de 10 à 12 minutes de la durée moyenne des écrans publicitaires en heure glissante, durée qui a été diminuée à 8 minutes en 2001.

Au début de l'année, France Télévision estimait que le marché publicitaire de télévision pourrait croître d'environ 5 % en 2001, soit un rythme inférieur aux 6,1 % enregistrés en 2000.

De telles perspectives ont peu de chances de se réaliser, sachant que les annonceurs ont diminué de 2 % leurs investissements en campagnes publicitaires à la télévision au cours du premier trimestre 2001 par rapport à la même période de 2000, selon le dernier rapport de TNS Secodip. Celui-ci constatait, avant même les événements du 11 septembre, que le marché est - sauf pour la radio sur laquelle les investissements publicitaires se sont accrus de 16 % au cours de la même période - particulièrement mou après deux années de forte croissance, caractérisées par des progressions de 12 % en 1999 et de 10 % en 2000.

En 2000, des prévisions, particulièrement prudentes ont permis aux chaînes publiques de dépasser les objectifs qu'elles s'étaient fixés. Mais ceci est aussi dû à des performances commerciales honorables. Les résultats obtenus en 2000 par France Télévision Publicité restent dans ce contexte de réduction de 2 minutes par heure glissante avec un plafonnement à 4 minutes de chaque écran, satisfaisants, puisqu'alors que le potentiel diffusable a baissé de 18 % par rapport à 1999, le chiffre d'affaires ne régresse que de 4,7%.

Source France télévision chiffres hors fais de régie



Source Sécodip

S'agissant de données relatives à l'ensemble de la journée, le tableau ci-dessus montre qu'entre le premier semestre 2001 et le premier semestre 2000, la durée des spots a fléchi de près de 8 % sur France 2 et de 4 % sur France 3, tandis que le nombre d'écrans diminuent corrélativement de 3,8 % et 5,3 %. La régression des spots est encore plus nette en prenant pour base le premier semestre 1999 : depuis cette période, la durée de la publicité a diminué de 31% sur France 2 et 23% sur France 3 la diminution corrélative étant particulièrement nette pour le nombre de spots qui recule respectivement de 28 % et 21 %.

Le tableau ci-dessus démontre que les évolutions soulignées pour l'ensemble de la journée, sont encore plus nettes sur la tranche 19-22 heures : la durée des écrans diminue respectivement de 35 % et 39 % sur France 2 et France 3 depuis le premier semestre 1999 et de 7,6 % et 8,6 % depuis le premier semestre 2000.

Le tableau ci-dessus indique que c'est France 2 qui, avec une perte de part de marché de 1,7 %, paie le prix le plus élevé par suite des nouvelles contraintes publicitaires.

2. La place du secteur public sur le marché publicitaire

La publicité télévisée, qui absorbait en 1987 moins de 25 % des recettes publicitaires des grands médias, en mobilise aujourd'hui plus de 30 %, en dépit des multiples contraintes réglementaires.

Source IREP

(1) y.c. petites annonces (2) y.c. chaînes thématiques (3) affichage sous toutes ses formes


La part du marché publicitaire de la télévision occupée par France Télévision en 2000, ne s'est montée qu'à 23,3 % contre 53 % pour TF1 et 21,1 % pour M6, alors qu'elle était de 31,30 % en 1997. Mais c'était avant la diminution de la durée de la publicité...

Le tableau ci-dessus montre que les chaînes privées ont, avec des taux de croissance en 2000 de 17,66 % pour TFI et de 23,51 % pour M6, su profiter à la fois de l'excellente conjoncture et de la diminution de la durée des écrans.

Toutefois, l'effet « Loft Story » ne semble pas avoir eu selon les analyses de France Télévision d'effet durable sur le marché publicitaire, comme le montre le tableau ci-après.



Le tableau permet de remarquer que France télévision a plus pâti de l'effet « Loft Story », puisque la part de marché - brut Secodip - a baissé pour passer en dessous de la barre des 18 %, ce qui est un point bas historique.

3. L'évolution de l'audience de France télévision

En principe, à règles du jeu constantes, les recettes publicitaires dépendent de l'audience. De ce point de vue, les données récentes relatives à l'audience de France Télévision, font apparaître un certain tassement, même si les derniers chiffres connus semblent marquer une amélioration.

France 2 est tombée de 20,6 % en janvier 2001 à 20 % de part de marché en août dernier. Mais il faut relever quelques signes encourageants avec les bonnes performances du journal du soir qui a atteint 24,6 % d'audience en septembre, suite au choix d'un nouveau présentateur du soir, alors qu'elle plafonnait à 22 % entre janvier et juin 2001. En revanche, France 3 aurait connu, semble-t-il, quelques déboires le jour du 11septembre, faute d'avoir suivi les évènements de New-York en direct.

C. LES RÉSULTATS FINANCIERS

Tandis que la situation des sociétés du groupe France télévision s'améliore sensiblement tout comme celle de RFI, en revanche on peut avoir quelques inquiétudes en ce qui concerne RFO.

Les dérapages en matière de coût des grilles que l'on a remarqués dans un certain nombre de sociétés, sont, à certains égards, la conséquence de la priorité accordée par le présent gouvernement aux programmes, qui avec presque 40 M€ absorbent 42,25 % des 93,4 M€ de mesures nouvelles prévues au titres du budget pour 2002 .

Ainsi, il faut souligner que de 1998 à 2001, les budgets de programmes de France télévision et d'Arte ont cru de 5 % en moyenne sur l'ensemble de la période.

1. Les sociétés du groupe France télévision

L'année 2000 a été marquée par le changement d'actionnaires des trois chaînes nationales, qui ont vu France télévision se substituer à l'État dans leur capital. La réorganisation du groupe a conduit les trois chaînes à transférer la quasi totalité de leurs participations à leur société mère, dans le cadre d'un arrêté du 29 décembre 2000.

Par rapport à 1999, le nouveau groupe peut faire état de bons résultats financiers : Avec 13,8 Mds de francs, le chiffre d'affaires du nouvel ensemble est en croissance de plus de 10 %, tandis que les résultats nets consolidés se sont montés à 255 MF, faisant apparaître une croissance de 219 %.

Ces bons résultats sont la résultante de l'amélioration de la situation des trois composantes d'un groupe dont les effectifs sont de 6.278 personnes .

a) France 2

Le résultat net comptable fait apparaître un bénéfice de + 61,3 MF à comparer aux quelque -249,9 MF de déficit de l'exercice 1999, qui a succédé aux faibles excédents de 3,7 et 58,5 MF enregistrés en 1998 et 1997. Ce résultat est d'autant plus remarquable qu'il intègre, en raison du changement du mode comptabilisation des amortissements dérogatoires, une charge de -181,3 MF.

Le résultat d'exploitation s'établit à 206,8 MF, niveau retraçant le relativement bon comportement du groupe en matière de recettes publicitaires.

On peut toutefois noter les points suivants plus préoccupants :

les effectifs moyens permanents continuent d'augmenter : + 209 emplois depuis 1997 pour un effectif total fin 1999 de 1 541, 1 582 fin 2000, ce qui marque la poursuite de la tendance à l'alourdissement des charges de personnels par suite, notamment, de la réduction du temps de travail ;

• le coût de la grille reprend sa progression avec une croissance de + 9 %, notamment par suite de l'inflation des droits sportifs, ce qui ne laisse pas d'inquiéter si la tendance se confirmait.
b) France 3

En 2000, le résultat d'exploitation reste négatif avec - 36,3 MF contre -152,9 MF en 1999, amélioration relative qui tient à la bonne tenue des recettes publicitaires de la chaîne .

La situation financière fait apparaître un résultat positif avec un excédent de 23,8 MF
à comparer au 32,1 MF dégagés l'année précédente.

Comme pour France 2, on relève une nette croissance du coût de la grille, qui, avec 4,1 MdsF est en croissance de 4,9 %, par suite des frais de retransmissions sportives. Il faut noter que, dans les 193,5 MdsF d'augmentation globale, le coût des grilles régionales compte pour 134 MF à rapporter à un montant global de 1,8 MdsF. France 3 paye ainsi les conséquences des accords passées à la suite des mouvements sociaux de 1999, qui se sont traduits par de nouveaux objectifs de diffusion, ainsi que par l'augmentation des frais de personnels liés à la réduction du temps de travail, à l'accord sur les intermittents techniques et à la poursuite du rattrapage salarial vis à vis de France 2.

c) La cinquième

La chaîne, qui a dû restructurer ses services après l'abandon du processus de fusion avec Arte et solder les litiges l'opposant à ses prestataires pour la Banque de programme et de services, a vu ses comptes rester positifs : le résultat d'exploitation s'établit à + 26,7 MF en 2000 . Ces résultats méritent les commentaires suivants :

• Avec 441,3 MF, le coût de la grille est en nette progression de +4,8 % ;

Les dépenses de personnel paraissent maîtrisées , mais on remarque que ce résultat est obtenu malgré une augmentation de plus de 20 unités des effectifs qui passent de 173 à 194.
2. Les autres organismes de l'audiovisuel public

A l'exception de RFO et de la SFP que votre rapporteur spécial évoquera « pour mémoire », les organismes de l'audiovisuel public dégagent des résultats positifs.

a) L'Institut national de l'audiovisuel

Au delà du résultat comptable positif de 7,8 MF contre 5,2 MF l'année dernière , il faut noter que cet organisme qui est le seul organisme de l'audiovisuel public à avoir signé un contrat d'objectifs et de moyens, peut faire état d'évolutions positives :

• La maîtrise des charges d'exploitation stabilisées au niveau de 621,5 MF.

• La bonne tenue des ressources propres qui se situent à un niveau supérieur de 20MF à celui fixé dans le contrat d'objectifs et de moyens et à 2,7 MF au dessus de la performance réalisée en 1999.

• La poursuite de la régression des effectifs qui passent de 1064 à 1026 de 199 à 2000.
b) ARTE-France

Le résultat budgétaire est positif avec +2,6 MF en 2000 contre 2,1 MF en 1999. Il en est de même du résultat comptable qui s'établit à 6,1 MF contre 11,3 MF l'année précédente.

On note les points suivants :

• Le souhait d'Arte d'abandonner sa participation dans la chaîne musicale Mezzo et, corrélativement, de ne pas souscrire à la prochaine avance en compte courant, dont la chaîne thématique a besoin en raison de sa mauvaise santé financière ;

• La poursuite de la diminution des charges de personnel de 3,7MF en dépit de l'augmentation de 20 unités de l'effectif moyen pondéré de la chaîne, dû à des décalages d'embauches, dont les effets se feront sentir sur les comptes de 2001
c) Radio France

Le résultat comptable s'établit à +1,7 MF contre -39 MF en 1999 ; ce rétablissement tient, pour une part, à la diminution des dotations pour provisions , que la société avait dû constituer pour la poursuite de son plan de modernisation.

En revanche, le résultat d'exploitation reste déficitaire avec -30,5 MF contre -73,7 MF en 1999. Il faut souligner à cet égard que les dérapages en matière de dépenses de personnel, déjà remarqués, l'année dernière, continuent : ces dépenses ont augmenté de 119,1 MF, ce qui marque une accélération de leur croissance qui atteint +7,5 % contre + 4,4 % l'année précédente. Cette évolution, plutôt préoccupante, se retrouve lorsque l'on considère les effectifs, qui augmentent de 333 unités pour atteindre 3.571 personnes.

d) RFO Réseau France Outre-mer

La société a dégagé un déficit comptable de 41,58 MF très voisin de celui de 45,9 MF, constaté en 1999. On note les éléments suivants :

• Par rapport à l'exécution 1999, les charges de personnel progressent de 61 MF, faisant apparaître une croissance de +8,2 %, évolution qui reflète l'augmentation de 35 unités des effectifs entre 199 et 2000 ;

• L'augmentation de certains postes de charges, diffusion TDF et satellite, provisions pour congés payés,

• La dégradation de la situation financière qui, par suite de l'accumulation des déficits, se traduit par un solde de trésorerie qui passe de -21,7 MF à -112,6 MF .
e) RFI Radio France Internationale

L'excédent comptable se monte en 1999 à +36,5 MF en 2000 contre +0,3 MF en 1999 et un déficit de 8,4 MF en 1998, ce qui traduit l'amélioration continue de la situation de la société.

On peut noter que les moyens supplémentaires alloués dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 37,9 MF et par redéploiement interne au ministère des Affaires étrangères pour 4,5MF, ont été reportés sur l'exercice 2001 et affectés à des charges de personnels liées notamment à la réduction du temps de travail. Ces ressources ainsi dégagées, ont permis le financement de la première tranche de la licence de diffusion depuis Chypre des programmes de RMC-MO.

f) Société française de production

P.m., votre rapporteur ne peut pas ne pas évoquer, au moment où le rideau tombe, la triste histoire de la Société Française de production, qui apparaît rétrospectivement la victime de l'aveuglement des acteurs de cette tragédie humaine, commerciale et financière annoncée.

Illusion des concepteurs qui ont cru que ce mastodonte issu de l'ex-ORTF, pourrait s'adapter et ne serait pas victime des tentations d'indépendance, que celles-ci aient pris la forme de sous-traitance à des sociétés privées ou du rapatriement de certaines productions en interne ; illusion encore des personnels qui, fiers de leur savoir-faire, n'ont pas vu que le marché de la production audiovisuelle leur échappait ; aveuglement enfin des gouvernements qui ont injecté des sommes considérables dans une entreprise qui ne voulait ou ne pouvait pas s'adapter aux nouvelles formes de concurrence.

Après plusieurs tentatives avortées, le Gouvernement est enfin parvenu à privatiser ce qui reste d'une société qui après avoir compté plus de 3000 personnes à sa création et encore près de 1500 employés en 1991, en a à peine 580 aujourd'hui. Le 8 octobre dernier, la décision a été prise : le gouvernement a choisi d'attribuer pour 30 MF la Société française de production (SFP) à Euromédia, et à M.Vincent Bolloré, au détriment du projet de Roland Fiszel, PDG de l'entreprise.

Pour ce dernier, la SFP valait au moins 450 MF (68,60 M€) dans la mesure où elle détient un certain nombre d'actifs dont la valeur pourrait être non négligeable : les studios de Bry-sur-Marne (120 MF, 18,29 M€), les studios de Boulogne (80 MF, 12,20 M€), le site des Essarts-le-Roi (15 MF, 2,29 M€), le catalogue des productions audiovisuelles (15 MF, 2,29 M€), ou encore les matériels techniques - cars, régies mobiles, caméras - (60 MF, 9,15 M€), et une trésorerie nette de 160 MF (24,39 M€). La privatisation de cette société très déficitaire, s'accompagnera d'un plan social qui devrait coûter au minimum 48 M€ à l'État et 4,57 M€ à Euromédia.

En vingt-sept ans, la SFP a perdu 2 870 salariés, reçu plus de 4,5 milliards de francs (0,69 mds€) d'aides diverses , tandis qu'elle perd 10 MF de francs par mois. Ces évolutions sont retracées depuis 10 ans dans les tableaux ci-dessous.





Les deux repreneurs Le groupe Bolloré et Euromédia ont fondé une structure commune, SFP holding qui détiendra la société de production. SFP holding sera détenue à 70 % par Euromédia et 30 % par Vincent Bolloré. Celui-ci a pris également 20 % d'Euromédia.

S'agit-il d'une opération financière ou la reprise s'inscrit-elle dans le cadre d'un projet industriel ? M.Vincent Bolloré, a réussi au moyen d'un investissement limité de quelque 20 MF, à mettre un pied dans le secteur audiovisuel, après les fructueux échecs des opérations Bouygues et Pathé. Ce qui est certain, c'est que, sans doute dans la perspective de l'arrivée du numérique de terre, on voit arriver un nouveau joueur de poids dans le secteur de la communication.

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