CHAPITRE II :
UN EFFORT DE SINCÉRITÉ BUDGÉTAIRE À METTRE EN
PERSPECTIVE AVEC L'OBJECTIF D'UNE NOUVELLE GESTION PUBLIQUE
I. UN EFFORT DE SINCÉRITÉ BUDGÉTAIRE
Votre
rapporteur spécial se félicite qu'au terme de plusieurs
années d'efforts le ministère de l'économie et des
finances ait procédé aux ajustements nécessaires à
la présentation d'un budget plus sincère.
Votre rapporteur spécial constate que le rattachement des fonds de
concours et la réintégration des crédits « hors
budget » touche presque à sa fin et souligne que les remarques
qu'il a émises régulièrement pour inciter le
ministère à davantage d'orthodoxie budgétaire ont
été entendues.
A. LES RÉGULARISATIONS BUDGÉTAIRES
Les régularisations se sont étalées sur plusieurs années, depuis 1999 :
Les régularisations intervenues en 1999
La
régularisation entreprise dans le budget pour 1999 a comporté un
volet recettes et un volet dépenses.
S'agissant des recettes
, les évolutions notables suivantes ont
été enregistrées :
- une masse de «
crédits de
l'article 6
» a été intégrée
à la ligne 309 de recettes non fiscales de l'Etat pour
1.019 millions d'euros ;
- le compte de
rémunérations accessoires du cadastre
a été inscrit à la ligne 328 pour 9 millions
d'euros ;
- le compte de
rémunérations accessoires des
hypothèques
a été inscrit à la ligne 505 pour
12 millions d'euros.
En dépenses
, les « budgétisations » se
sont élevées à 1,7 milliards d'euros et ont
principalement porté sur les «
crédits de
l'article 6
» et les «
crédits de
l'article 5
».
Les régularisations intervenues dans la loi de finances pour 2000
L'essentiel des régularisations entreprises a
concerné
les moyens de l'industrie.
Toutefois, quelques mesures ont concerné les services traditionnels du
ministère de l'économie et des finances.
Il s'agissait principalement de la régularisation des
«
crédits de l'article 55
» pour
46 millions d'euros. Ces crédits représentaient la
contrepartie d'un prélèvement opéré sur les
salaires des conservateurs des hypothèques et étaient
destinés à financer certains frais de fonctionnement des
conservations des hypothèques.
Les régularisations intervenues dans la loi de finances pour 2001
Le
montant des régularisations budgétaires en 2001 s'élevait
à 270,6 millions de francs. Il s'est réparti comme
suit :
- 237,0 millions d'euros de crédits pour la DGCP dont
73,5 millions d'euros au titre du service de la redevance
audiovisuelle ;
- 34 millions d'euros pour la DGDDI.
La réduction du montant global des fonds de concours depuis 1996
constatée par la Cour des comptes dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 2000 est ainsi en grande partie
imputable au ministère de l'économie et des finances. Les fonds
de concours alimentant des chapitres de rémunérations du
ministère ont aujourd'hui quasiment disparu.
Pour 2002, le montant des budgétisations s'avèrera beaucoup plus
limité et concerne, pour 4,3 millions d'euros, les frais de
fonctionnement de la direction générale des impôts
précédemment supportés par les conservateurs des
hypothèques.
B. LA RÉDUCTION CORRESPONDANTE DES FONDS DE CONCOURS
Le
fascicule jaune « état récapitulatif des crédits
de fonds de concours (2000/2001/2002) illustre les efforts de réduction
des fonds de concours rattachés au ministère de l'économie
et des finances sans qu'il soit possible de distinguer ceux plus
spécialement rattachés aux services financiers. Le montant des
fonds de concours est passé de 221 millions d'euros en 2000 à 135
en 2001. Les prévisions pour 2002 s'établissent à 120
millions d'euros.
Le montant des fonds de concours destinés aux
moyens de fonctionnement a été divisé par quatre, passant
de 192 millions d'euros en 2000 à 54 millions en prévision
pour 2002.
Cette diminution des fonds de concours est en majeure partie imputable aux
services financiers.
Etat
récapitulatif des crédits de fonds de concours
du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
(montant en crédits de paiement, en euros)
|
2000 |
2001 |
Dépenses ordinaires |
||
Titre III - Moyens des services |
Prévisions |
Prévisions |
Personnel |
|
|
31-94 |
3.325.371 |
- |
31-97 |
331.729 |
327.613 |
33-90 |
111.318 |
110.024 |
Sous-total personnel |
3.768.418 |
437.637 |
Fonctionnement |
|
|
34-97 |
1.300.000 |
2.300.000 |
34-98 |
42.127.401 |
38.547.524 |
36-10 |
2.291.378 |
2.342.214 |
37-06 |
52.651 |
15.245 |
37-07 |
- |
- |
37-50 |
1.524.490 |
1.524.490 |
37-53 |
- |
15.245 |
37-61 |
- |
- |
37-75 |
7.747.459 |
7.500.492 |
37-90 |
1.646.449 |
1.646.449 |
37-98 |
- |
- |
Sous-total fonctionnement |
56.689.828 |
53.891.659 |
Sous-total Titre III |
60.458.246 |
54.329.296 |
Titre IV - Interventions |
|
|
44-03 |
- |
- |
44-95 |
7.886.188 |
- |
44-97 |
1.500.000 |
1.500.000 |
Sous-Total Titre IV |
9.386.188 |
1.500.000 |
Total Dépenses ordinaires |
69.844.434 |
55.829.296 |
Dépenses en capital |
||
Titre V - Investissements |
|
|
52-61 |
46.496.950 |
46.878.073 |
54-93 |
- |
- |
57-90 |
14.704.453 |
14.766.957 |
57-91 |
267.853 |
- |
Sous-total Titre V |
61.469.256 |
61.645.030 |
Titre VI - Subventions d'investissement |
|
|
64-92 |
4.573.471 |
3.048.980 |
Total Dépenses en capital |
66.042.727 |
64.694.010 |
Total budget |
135.887.161 |
120.523.306 |
C. LES EFFORTS ENCORE À ACCOMPLIR
L'exercice de sincérité budgétaire paraît presque achevé. Votre rapporteur spécial souhaite cependant formuler un certain nombre de remarques.
1. La ligne souple
La
« ligne souple » intitulée « ajustement
pour tenir compte de la situation réelle des personnels »,
est, théoriquement, destinée à permettre de pallier les
imprécisions tenant aux modes traditionnels d'évaluation des
crédits nécessaires au paiement des rémunérations
principales.
Les crédits de rémunérations principales sont en effet
évalués sur la base d'un indice moyen affecté à
chaque emploi autorisé en loi de finances. La dépense
réelle peut être différente pour plusieurs raisons :
influence des temps partiels, écart des agents avec l'indice moyen,
changements de situation statutaire, départs en retraite, etc.
Les surnombres ont provoqué une hausse importante de cette ligne souple,
qui a aussi partiellement été causée par le
développement du temps partiel.
L'on ne peut dès lors que s'associer à l'observation de la Cour
des comptes selon laquelle :
« Le montant des lignes souples des services financiers a atteint
un niveau tout à fait excessif qui met en cause la transparence de
l'autorisation parlementaire et déplorer la persistance d'importants
écarts entre la présentation budgétaire et la
réalité des coûts qui constitue une anomalie
budgétaire qu'il convient de corriger au plus vite ».
Agrégat DGI
Le montant de la ligne souple inscrite au budget de la DGI
s'élève à 102 millions d'euros en 2000 et 118 millions
d'euros pour 2001. Les composantes de la ligne souple sont
détaillées dans le tableau ci-après :
|
2000 |
2001 |
ANNEES |
M Euros |
M Euros |
Mesures
ministérielles antérieures
|
5,69 |
5,69 |
Ecart
entre indice moyen
|
78,90 |
94,54 |
Surcoût du temps partiel |
18,16 |
18,16 |
Ligne souple inscrite au vert budgétaire |
102,75 |
118,39 |
Agrégat DGCP
Le montant de la ligne souple inscrite au budget de la DGCP
s'élève à 67 millions d'euros en 2000 et 59 millions
d'euros pour 2001.
|
2000 |
2001 |
ANNEES |
M Euros |
M Euros |
Mesures
ministérielles antérieures
|
1,48 |
1,48 |
Ecart
entre indice moyen
|
54,94 |
45,90 |
Surcoût du temps partiel |
11,44 |
11,84 |
Ligne souple inscrite au vert budgétaire |
67,86 |
59,22 |
Agrégat DGDDI
Le montant de la ligne souple inscrite au budget de la direction
générale des douanes et des droits indirects
s'élève à 29 millions d'euros en 2000 et 27 millions
d'euros pour 2001.
ANNEES |
2000
|
2001
|
Ecart
entre indice moyen
|
27,87 |
26,02 |
Surcoût du temps partiel |
1,45 |
1,46 |
Ligne souple inscrite au vert budgétaire |
29,32 |
27,48 |
Agrégat INSEE
Le montant de la ligne souple inscrite au budget de l'INSEE
s'élève à 11,26 millions d'euros en 2000 et à
10,05 millions d'euros en 2001.
Agrégat DGCCRF
La ligne souple de la DGCCRF était de 8,32 millions d'euros en 2000
et de 7,29 millions d'euros en 2001. La part correspondant au
surcoût du temps partiel peut être estimée à environ
9 % du total.
Agrégat Juridictions financières
La ligne souple inscrite sur le budget des juridictions financières
s'élève à 4,22 millions d'euros en 2000 et à
4,21 millions d'euros en 2001.
Le montant de cette ligne correspond au besoin de financement résultant:
-de la rémunération des magistrats maintenus en surnombre en
application de la loi n° 86-1304 du 23 décembre 1986, aucun emploi
n'étant ouvert en emploi budgétaire,
-des surnombres de grade des magistrats de chambres régionales des
comptes, ceux ci devant être en partie résorbés lors de la
mise en oeuvre de la réforme statutaire des magistrats des chambres
régionales des comptes, en cours d'examen par le Parlement ;
-de la situation des agents dont l'indice de rémunération est
supérieur à l'indice moyen majoré retenu lors de
l'élaboration du budget.
Agrégat DREE
Le montant de la ligne souple inscrite au budget de la DREE
s'élève à 640.000 euros en 2000 et 330.000 euros en 2001.
Agrégat « Administration
générale »
La ligne souple inscrite sur l'agrégat « administration
générale » s'élève à 21,12
millions d'euros en 2000 et à 19,14 millions d'euros en 2001 dont
9 % environ au titre du surcoût du temps partiel.
2. Les remarques de la Cour des comptes
Votre
rapporteur spécial souhaite souligner les observations faites par la
Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances
pour 2000 qui relève :
- le nombre important de fonds de concours inactifs ou modestes du
ministère de l'économie et des finances qui représentent
plus de la moitié des fonds qu'il gère,
- la nécessité de budgétiser la totalité des
dépenses et des recettes des hypothèques,
Extrait du Rapport de la Cour des Comptes sur l'exécution des lois de
finances
« La réintégration au budget général
des dépenses et des recettes extrabudgétaires des
hypothèques, réalisée en 1999, apparaît toujours
incomplète. En effet, d'une part, les recettes liées aux
formalités accomplies et renseignements délivrés en
matière de publicité foncière, appelées «
salaires bruts », sont perçues par les conservateurs des
hypothèques, pour un montant de 2 144 MF (326,85 M€) en 2000, et
enregistrées sur le compte 477-21. D'autre part, la part
représentative de la rémunération principale des
conservateurs, dite « salaires demi nets » est toujours
prélevée sur la masse des salaires bruts directement au profit
des intéressés, pour un montant de 245 MF (37,35 M€) en
2000. Ces emplois demeurent donc hors loi de finances initiale, sans
perspective proche d'intégration au budget général, ce qui
ne peut être considéré comme satisfaisant. »
Ce dernier point constitue un des derniers grands chantiers de
rebudgétisation pour Bercy.
L'archaïsme du mode de rémunération des conservateurs des
hypothèques
Selon les dispositions de l'article 879 du code général des
impôts (loi du 21 ventôse an II), les
« salaires » des conservateurs des hypothèques sont
versés par les usagers de la publicité foncière selon les
tarifs fixés par les articles 285 à 299 de l'annexe III du code
général des impôts et constituent leur
rémunération sous déduction d'un prélèvement
opéré par le Trésor (article 884) destiné à
couvrir les frais de fonctionnement du service de la publicité
foncière.
Sur les sommes leur restant acquises, les conservateurs sont tenus de
rembourser à l'administration, sous forme de contribution pour frais de
régie, les dépenses afférentes aux locaux dans lesquels
sont installées les conservations. Répondant personnellement et
pécuniairement de tout préjudice causé à un usager
en raison d'une faute ou d'une négligence, les conservateurs doivent,
à ce titre, constituer une caution en immeubles ou en titres ou couvrir
cette responsabilité par une assurance collective souscrite pour un
montant minimum par sinistre.
Ce mode de rémunération évoque en majeure partie
l'ancien régime. Votre rapporteur spécial s'interroge sur la
transparence de ces rémunérations et sur leur
compatibilité avec le statut général de la fonction
publique.
Le ministère de l'économie et de des finances a sans doute
perçu le caractère injustifiable du statut des conservateurs des
hypothèques puisqu'il vient de le réformer sur deux points :
-Les divers frais de fonctionnement, notamment les dépenses de reliures
de documents, dont les conservateurs avaient la charge, seront payés
à partir du premier janvier 2002 sur les crédits du
ministère pour
compenser la fiscalisation intégrale de leur
rémunération.
-De plus, les conservateurs de hypothèques ne seront autorisés
à compter du 1
er
janvier 2002 à prélever leur
rémunération qu'après inscription au fichier immobilier ou
renvoi des demandes de renseignements à l'usager, et non plus avant.
Cette mesure qui constitue en fait un dispositif d'incitation et de sanction
doit permettre d'améliorer la productivité des services.
3. Les interrogations de votre rapporteur spécial
Votre
rapporteur spécial s'interroge :
- sur la
pertinence de l'inscription de dépenses informatiques
correspondant à des projets pluriannuels, très lourds
financièrement, en fonctionnement plutôt qu'en investissement
.
Le plan comptable général considère que ces projets
constituent des immobilisations. Ces projets paraissent donc, au sens de la
comptabilité publique, pouvoir relever d'un régime
d'autorisations de programme et de crédits de paiement.
L'absence d'autorisation de programme conduit en gestion à engager la
totalité du marché passé pour mener à bien le
projet informatique et à ensuite pratiquer autant de reports que
nécessaires. Cette solution est critiquable et votre rapporteur
spécial conseille le ministère d'adapter sa présentation
comptable aux logiques de gestion des projets informatiques correspondant
à des investissements.
- sur la pertinence de l'inscription de frais de poursuites et de
contentieux des directions fiscales (155 millions d'euros) sur le budget des
charges communes plutôt que sur le budget du ministère. Cette
imputation paraît d'autant plus contestable que les frais d'huissiers (86
millions d'euros), qui étaient imputés jusqu'en 2001 sur le
même chapitre, ont été transférés dans le
projet de loi de finances pour 2002 sur le budget du ministère. S'il
s'agit simplement de dégrèvements, d'annulations, de
remboursements qui viennent en atténuation de recettes liés au
contentieux, l'imputation au budget des charges communes peut se justifier. Si
en revanche ces crédits permettraient de mieux prendre en compte le
coût du contrôle fiscal, qui pourrait devenir à terme un
programme au sens de la loi organique du 1
er
août 2001, leur
inscription au budget du ministère s'impose.
- sur la
fusion des crédits de fonctionnement d'un certain nombre de
directions du ministère
au sein de l'article 12 des chapitres du
titre III « administrations centrales », qui ne lui
paraît pas aller dans le sens d'une réelle individualisation
budgétaire des missions du ministère.