IV. OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
A. L'EMPLOI DES JEUNES DOCTEURS
1. Une insertion professionnelle difficile
Selon les résultats, pour 1997, de l'enquête annuelle effectuée auprès des responsables des formations doctorales, 18 mois après la soutenance :
- 28,1 % (contre 15,9 % en 1991) des 8.335 nouveaux docteurs (sur 11.081) 9 ( * ) pour lesquels des informations sont disponibles effectuent un stage post-doctoral.
- 5,1 % sont sans emploi (contre 8,2 % en 1995, ce qui constitue une amélioration)
- mais, 2,9 % occupent, cependant, un emploi précaire
- 63,9 % seulement ont donc trouvé une situation dans un organisme de recherche, dans l'enseignement supérieur, dans une administration ou dans une entreprise.
Cela n'est pas satisfaisant.
2. Les séjours à l'étranger
Des données plus récentes (mars 2000) font état d'un pourcentage de séjours post-doctoraux qui atteint dorénavant 25 %. Près de 70 % de ces séjours ont lieu à l'étranger, dont près de la moitié (49,6 %) en Europe et plus de 40 % (43,3 %) aux Etats-Unis.
Même si 7 % seulement des jeunes docteurs concernés ne reviennent pas en France au-delà de trois ans, cela représente pour notre pays un gaspillage financier (eu égard au coût de la formation qui leur a été donnée) et un gâchis de matière grise.
Par ailleurs, l'âge moyen de recrutement s'est nettement décalé au-delà de trente ans.
3. Les mesures prises au bénéfice surtout d'un recrutement en entreprise
Aussi, un certain nombre de mesures ont-elles été prises pour favoriser le retour de l'étranger et l'emploi de nos " post doctorants ".
Tous n'ont certes pas nécessairement vocation à occuper un emploi dans le secteur public et les efforts du gouvernement tendent d'ailleurs plutôt à favoriser l'insertion en entreprise (dès la préparation de la thèse dans le cadre de " doctoriales " ou par les actions de l'association Bernard-Grégory, ou encore en application de nouveaux dispositifs d'aides au recrutement de post-doctorants dans les entreprises telles que les conventions CIFRE ou les nouvelles procédures ARI de l'ANVAR de soutien à l'embauche par les PME).
Cette politique a, du reste, porté ses fruits puisque, d'après une récente enquête du CEREQ, la part des docteurs en entreprise est passée de 35 à 40 % de 1997 à 1999.
Mais, il serait dommage, à l'heure où elle doit renouveler massivement ses effectifs, que la recherche publique ne puise pas, elle aussi, dans ce vivier, d'autant qu'il risque de se réduire pour des raisons démographiques ou du fait d'une moindre attractivité des filières scientifiques.
Encore faudrait-il que le secteur public offre des perspectives de rémunérations et de carrière avantageuses.
Or, d'après l'enquête précitée du CEREQ, les docteurs qui travaillent en entreprise ont des salaires nettement plus élevés que ceux qui entrent dans l'enseignement supérieur ou la recherche publique.
4. Une moindre attractivité de la filière doctorale
Outre les problèmes de débouchés évoqués ci-dessus, le niveau de l'allocation ministérielle de recherche de 7.400 francs bruts mensuels (n'ayant pas été revalorisé depuis 1991 !) est de nature, lui aussi à décourager les vocations.
Sans doute, ce fait contribue-t-il à donner une explication à l'une des principales conclusions de l'enquête précitée du CEREQ, selon laquelle, en 1999-2000, le nombre de thèses stagne alors que les effectifs des autres formations supérieures explosent : les étudiants semblent se diriger de plus en plus vers les écoles d'ingénieurs et les DESS.
En effet, l'offre de postes d'ingénieurs se développe rapidement dans le secteur privé alors que le marché des emplois d'enseignants et de chercheurs stagne ou progresse peu.
* 9 On estime que les 2/3 environ des jeunes docteurs pour lesquels aucune donnée n'a pu être recueillie sont des étrangers rentrés dans leur pays.