H. UN EFFORT CERTAIN EN FAVEUR DE LA RÉHABILITATION DU PARC PRIVÉ
Le projet de budget pour 2000 témoigne de la poursuite de l'effort en faveur de la réhabilitation du parc privé. Les interventions budgétaires traditionnelles sont en légère hausse alors que de nouvelles incitations fiscales sont mises en place.
1. Un soutien budgétaire conséquent
Les dotations budgétaires atteindront 3 milliards de francs en 2000 contre 2,9 milliards en 1999, soit une hausse de 3,3 %.
a) La réhabilitation par les propriétaires occupants
La prime
à l'amélioration de l'habitat (PAH) est une subvention
réservée aux propriétaires occupants dont les ressources
ne dépassent pas 70 % des plafonds de ressources des anciens PAP.
Le taux de base de la subvention est de 20 % (25 % dans les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat). Le
taux est majoré à 35 % lorsque les ressources sont
inférieures à 50 % des plafonds PAP, le tout dans la limite
d'une dépense subventionnable de 70.000 francs par logement.
Mais ce régime général comporte de nombreuses exceptions :
le taux de la subvention et le plafond des dépenses subventionnables
peuvent être majorés en fonction des caractéristiques du
ménage (personnes handicapées par exemple) et du cadre de
réalisation de la PAH (opération programmée
d'amélioration de l'habitat par exemple).
Les travaux susceptibles d'être financés à l'aide d'une PAH
sont les suivants :
- les travaux destinés à l'amélioration de la
sécurité, de la salubrité et de l'équipement du
logement ;
- les travaux destinés à économiser l'énergie
dans les logements ;
- les travaux d'accessibilité des logements aux personnes
handicapées physiques et les travaux d'adaptation des logements aux
besoins des travailleurs de nuit.
Bilan des PAH depuis 1990
|
Nombre de primes accordées |
Montant total des primes
|
Montant moyen unitaire
|
1990 |
49.663 |
505,5 |
10.179 |
1991 |
47.234 |
507,9 |
10.755 |
1992 |
52.276 |
559,0 |
10.694 |
1993 |
60.802 |
646,8 |
10.638 |
1994 |
68.771 |
728,9 |
10.599 |
1995 |
55.909 |
591,4 |
10.578 |
1996 |
72.510 |
767,0 |
10.578 |
1997 |
66.623 |
718,9 |
10.791 |
1998 |
69.419 |
761,8 |
10.974 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Le projet de budget pour 2000 conforte cette politique en prévoyant une
hausse de 4,5 % des crédits qui s'élèveront à
800 millions de francs. Il est d'ailleurs à noter que le taux de
consommation des crédits augmente régulièrement.
b) La réhabilitation par les propriétaires bailleurs
L'ANAH a
pour objet d'aider à l'amélioration des logements locatifs
appartenant à des propriétaires privés.
A cet effet, l'ANAH reçoit une dotation du budget de l'Etat et attribue
des subventions aux propriétaires privés qui réalisent des
travaux d'amélioration dans les logements locatifs de plus de quinze ans
et qui s'engagent à les louer pendant dix ans à titre de
résidence principale.
Après travaux, les logements doivent être loués à
titre de résidence principale pendant dix ans et être assujettis
au versement de la taxe additionnelle au droit de bail, mais ils peuvent
être exonérés de celle-ci en raison du faible montant des
loyers.
En règle générale, le taux de subvention est égal
à 25 % d'un montant plafonné de travaux subventionnables. Il
peut être porté à 35 % lorsque le logement
situé dans une opération programmée d'amélioration
de l'habitat (OPAH) fait l'objet d'une convention passée entre l'Etat et
le bailleur rendant obligatoire un plafond de ressources pour les locataires,
ainsi qu'un plafond de loyer. Dans le cadre d'un Programme social
thématique (PST) destiné au logement des personnes
défavorisées, le taux de subvention peut alors atteindre
70 % moyennant certaines conditions. De plus, dans les OPAH, le taux de
subvention peut être porté de 35 à 40 % sous
réserve qu'une collectivité locale accorde une subvention
complémentaire au taux de 5 %.
L'article 54 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier a étendu le champ d'intervention de
l'ANAH aux zones de revitalisation rurale (ZRR) pour financer la transformation
en logements locatifs d'immeubles non initialement affectés à
l'habitation.
Activité et financement de l'ANAH depuis 1994
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Subventions engagées (en millions de francs) |
2.724 |
2.731 |
2.595 |
2.338 |
2.308 |
Nombre de logements subventionnés |
143.600 |
126.500 |
111.800 |
107.600 |
111.200 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Les crédits budgétaires, inscrits en loi de finance initiale, de
l'ANAH sont en progression de 2,8 % pour atteindre 2,2 milliards de
francs.
2. Vers une refonte des aides à la réhabilitation ?
a) Des mesures nouvelles dans le projet de loi de finances pour 2000
Le
projet de loi de finances pour 2000 prévoit, dans son article 3, que les
travaux portant sur les locaux à usage d'habitation achevés
depuis plus de deux ans supporteront un taux réduit de TVA de
5,5 %. Cette mesure prolonge la mesure adoptée en loi de finances
initiale pour 1999 qui appliquait ce taux réduit de TVA aux travaux
subventionnés par l'ANAH.
Cette mesure, d'un coût budgétaire évalué à
19,7 milliards de francs, serait applicable dès le 15 septembre
1999.
Votre commission ne peut qu'être en accord avec le principe d'une telle
disposition.
Elle observe toutefois que son impact réel ne doit pas être
surévalué. Elle considère en effet que cette mesure
souffre de certaines imperfections :
- les textes d'application risquent de se révéler
extrêmement complexes ;
- son impact sur le travail illégal, mis en avant par le
Gouvernement, est incertain ;
- elle bénéficiera surtout aux ménages les plus
aisés, ayant les moyens de se lancer dans des opérations de
réhabilitation ;
- le coût fiscal est très élevé ;
- on peut douter qu'elle intervienne au moment propice. En effet la
situation du secteur du bâtiment est actuellement très
satisfaisante. Une telle mesure aurait alors été plus
adaptée il y a deux ans, au creux de la conjoncture. Aujourd'hui, il
n'est pas exclu qu'elle provoque une " surchauffe " du secteur.
b) L'annonce d'une prochaine réforme
Le
Gouvernement a annoncé son intention de réformer les aides
à la réhabilitation, notamment dans le cadre du prochain projet
de loi " Urbanisme, habitat et déplacements ".
Cette réforme pourrait prendre trois formes :
•
L'unification des interventions financières
Cette réforme d'ensemble serait justifiée, selon le Gouvernement,
non seulement par les insuffisances des actuelles procédures comptables
de gestion de l'ANAH et de la prime à l'amélioration de l'habitat
(PAH), notamment au regard des observations de la Cour des comptes, mais aussi
par le souci de promouvoir une politique de réhabilitation globale et
cordonnée sur l'ensemble du parc privé.
Cette réforme devrait permettre de regrouper auprès d'un seul
organisme public dont la vocation serait élargie à l'ensemble du
parc privé, les outils et moyens financiers existants : l'ANAH
deviendrait ainsi compétente pour délivrer la PAH, en lieu et
place du préfet de département.
•
La simplification de la procédure d'instruction des
demandes de subvention de l'ANAH
L'ANAH envisage de mettre en place deux séries de mesures concomitantes
visant à approfondir l'instruction et les contrôles des dossiers
sensibles, notamment du point de vue de leur montant élevé et,
parallèlement, à simplifier l'instruction des
" petits " dossiers qui, en 1998, représentaient plus de
40 % des demandes pour moins de 10 % du montant total des subventions.
Les demandes portant sur un montant de travaux inférieurs à
70.000 francs pourraient ainsi bénéficier d'une instruction
simplifiée au regard de l'application des plafonds de travaux et d'une
autorisation anticipée de commencement des travaux. Le
propriétaire concerné souscrirait un engagement locatif
réduit à 6 ans, au lieu de 10 ans.
•
La réforme des OPAH
Depuis sa création en 1977, la procédure des OPAH a fait l'objet
d'un intérêt constant de la part des collectivités locales
et de l'Etat.
Depuis 1977, plus de 3.3000 OPAH ont été engagées,
notamment en milieu rural où elles constituent l'instrument
privilégié de mise en oeuvre des politiques locales de l'habitat.
Elle a démontré sa réelle efficacité et s'est
adaptée à la diversité des situations locales. Elle est en
effet utilisée pour la mise en oeuvre de projets de requalification de
territoires, tant urbains que ruraux.
Néanmoins, le Gouvernement estime que la nécessité d'une
amélioration apparaît sur plusieurs champs : les
finalités globales de la procédure, sa gestion (pilotage, suivi,
sa mise en oeuvre pratique (étude, conventionnement). Il juge ainsi
indispensable que l'opportunité du lancement d'une OPAH s'inscrive dans
un projet global d'aménagement ou de développement qui permette
de la positionner comme le volet habitat de ce projet global et de l'articuler
avec d'autres actions et outils (aménagement urbain, dispositifs de
lutte contre l'insalubrité...).
Votre commission restera vigilante sur ces projets de réforme afin
qu'ils ne déstabilisent pas des dispositifs qui ont fait la preuve de
leur efficacité.
*
* *
En
conclusion, votre commission prend acte de l'évolution satisfaisante des
crédits pour le logement social, leur diminution ne remettant pas en
cause la réalisation des programmes. Elle observe que le projet de loi
de finances propose quelques mesures nouvelles positives, notamment en faveur
du parc privé.
En revanche, elle estime que ce projet de loi de finances comporte plusieurs
lacunes ou imperfections :
- l'impact incertain des mesures en faveur du logement social dont la
situation est toujours très préoccupante ;
- les retard pris dans la politique en faveur du logement des plus
défavorisés ;
- l'absence de réformes des aides personnelles au logement ;
- le manque d'ambition pour l'accession sociale à la
propriété.
Elle ne peut alors que souhaiter que ces questions soient abordées au
moment de l'examen par le Parlement du prochain projet de loi relatif à
l'urbanisme, à l'habitat et aux déplacements.
En conséquence, votre commission
a décidé de
s'en remettre à la sagesse de la Haute assemblée quant à
l'adoption des crédits consacrés au logement social par le projet
de loi de finances pour 2000.