AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

Face au deuxième budget que présente M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, votre commission a été sensible à l'augmentation des crédits annoncée : les crédits du ministre délégué, d'un montant de 1,415 milliard de francs, augmentent de 10,5 % à structure constante ; l'effort public consacré au développement social urbain connaît une progression à taux analogue et atteint le seuil symbolique des 35 milliards de francs.

Votre commission s'est félicitée que le Fonds d'intervention pour la ville (FIV) ait été significativement renforcé confirmant ainsi le choix fait en 1995 de doter la politique de la ville d'un instrument plus souple. En revanche, elle s'est interrogée sur la stagnation de la dotation relative aux opérations Ville-Vie-Vacances alors que le Gouvernement affiche des objectifs ambitieux pour élargir et améliorer le dispositif. Elle s'est étonnée également de la progression des dépenses de communication et d'animation relevant du ministère dont la rapidité n'est pas un garant de bonne gestion.

Concernant l'effort public global, la progression des crédits enregistre largement l'effet de la mise en place du nouveau cycle contractuel des contrats de ville sur les sept prochaines années. La présentation du jaune budgétaire appelle toujours quelques réserves en ce qui concerne la fiabilité des financements annoncés au titre des dépenses non contractualisées des ministères. On regrettera également de ne pas disposer d'éléments plus précis sur la réalité de l'effort des collectivités locales.

Au-delà des crédits budgétaires, la politique de la ville suivie depuis deux ans suscite une déception : même si le programme " de rénovation urbaine et de solidarité " annoncé le 26 septembre dernier par le Premier ministre entretient " l'espoir tardif d'une vraie politique de la ville ", pour reprendre le titre d'un journal du soir 1( * ) , on éprouve le sentiment que la politique suivie tâtonne toujours à la recherche d'une " ligne claire ".

Après les multiples colloques organisés sous l'égide de la délégation interministérielle à la ville (DIV), la préparation des contrats de ville semble innover avec le lancement de cinquante " grands projets de ville " (GPV) dont le contenu et les moyens demeurent assez flous. Ce n'est qu'après 2000 que l'on mesurera réellement les moyens et la volonté d'entreprendre du Gouvernement.

Pendant ce temps, l'impatience reste forte dans les quartiers sensibles où la violence urbaine semble s'enraciner.

En matière de sécurité, votre commission a constaté la prise de conscience que représentaient les mesures proposées, notamment en matière de délinquance des mineurs, lors du conseil de sécurité intérieure du 26 janvier 1999. Néanmoins, dans un contexte d'une nouvelle hausse de la délinquance constatée en 1998, il est encore trop tôt pour savoir si, au-delà de l'effet d'annonce pluriannuelle, le dispositif sera efficace.

Dans le domaine du développement économique, votre commission a constaté que le ministre délégué avait confirmé, au vu du rapport d'évaluation sur l'exercice 1997, ses réticences à l'encontre du dispositif d'incitation fiscale et sociale du pacte de relance pour la ville. Si la décision a été prise de ne pas reconduire le dispositif, le Gouvernement n'a pas dessiné d'alternative de nature à garantir le développement économique des quartiers.

Dans ces conditions, votre commission a émis un avis défavorable à l'adoption du projet de budget pour la ville pour 2000 tel que transmis par l'Assemblée nationale.

I. L'AUGMENTATION DES ENGAGEMENTS BUDGÉTAIRES TRADUIT L'EFFET DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION DES CONTRATS DE VILLE

A. LE BUDGET DU MINISTÈRE PREND APPUI PLUS FERMEMENT SUR LE FONDS D'INTERVENTION POUR LA VILLE

Les crédits relevant du " bleu budgétaire " du ministère délégué à la ville ne représentent qu'une partie de l'ensemble de l'effort public consacré à la politique des villes et du développement social urbain retracé dans un jaune budgétaire spécifique.

1. Les caractéristiques du budget 2000 du ministère de la ville

Le budget du ministre délégué à la ville, après avoir franchi le seuil symbolique du milliard de francs en 1999, atteindra en 2000 1,415 milliard de francs , soit une hausse apparente de près de 40 %. En réalité, cette hausse spectaculaire mérite d'être nuancée, comme le reconnaît le Gouvernement lui-même.

a) Les transferts

En effet, le budget ville pour 2000 fait l'objet de deux catégories de transfert .

•  En premier lieu, deux chapitres du compte d'affectation spéciale du Fonds d'aménagement pour la région d'Ile-de-France (FARIF) seront désormais rattachés au budget : il convient de rappeler que le FARIF est un compte spécial du Trésor ( n° 902-22 ) créé en 1990 et alimenté, jusqu'à l'année dernière par le produit de la taxe sur les locaux à usage de bureau en Ile-de-France . L'assiette de cette taxe a été élargie par la loi de finances pour 1999 : elle porte désormais également sur les locaux commerciaux et les locaux de stockage. En outre, le tarif de la taxe doit être augmenté progressivement.

Au total, 225 millions de francs sont transférés du FARIF vers le budget général :

En fonctionnement, 100 millions de francs de crédits, inscrits sur le chapitre X du FARIF, sont transférés vers la section de fonctionnement du budget de la ville ( chapitre 46-60, article 29 ). Ces sommes seront consacrées au développement social urbain en Ile-de-France.

En investissement, les autorisations de programme du chapitre IX du FARIF, à hauteur de 125 millions de francs, sont désormais rattachées au budget de la ville ( chapitre 67-10, article 50 ).

•  En second lieu, 160 millions de francs sont transférés de divers ministères -Justice, Jeunesse et Sports, Emploi et Solidarité, Aménagement du territoire et Environnement- vers le Fonds d'intervention pour la ville (FIV), sous l'autorité du ministre délégué.

Compte tenu de ces deux mouvements de crédit, le budget de la ville augmente en réalité de 10,5 % à structure constante . Si l'on retire les mouvements liés aux transferts, on constate que le budget fait apparaître 75 millions de francs de mesures nouvelles nettes en fonctionnement (+ 9,74 %) et une quasi-stabilité des autorisations de programme.

b) La structure du budget

Le budget de la ville se décompose à 78 % de dépenses de fonctionnement et à 22 % de dépenses d'investissement.

1,1 milliard de francs est donc consacré aux dépenses de fonctionnement. Cette somme se décompose de la manière suivante.

La majeure partie, soit 990 millions de francs , est consacrée aux dépenses d'intervention pilotée par la DIV : 770 millions de francs sont gérés de manière globale dans le FIV tandis que le solde, soit 220 millions de francs, abonde les chapitres budgétaires spécifiques pour financer les opérations " Ville, vie, vacances " ou les dépenses courantes liées aux grands projets de réaménagement.

Les dépenses de fonctionnement de la DIV représentent 119 millions de francs , qu'il s'agisse des moyens de fonctionnement des services ou des dépenses de communication. Il est à noter que cette somme n'inclut pas les dépenses de personnel qui sont prises en charge sur les crédits du ministère de l'emploi et de la solidarité et qui s'élèvent selon le jaune budgétaire à 16,49 millions de francs pour 2000.

Structure du " bleu ville " pour 2000

S'agissant des dépenses d'investissement, les autorisations de programme passent de 414 à 537 millions de francs, soit une hausse de 30 % due au transfert de certaines dépenses d'investissement du FARIF. Les crédits de paiement s'élèvent à 309,5 millions de francs pour 2000.

Il est à noter que le ministère de la ville a en compte près de 4,4 milliards de francs d'autorisations de programme au 1 er janvier 1999. Dans la mesure où le montant des crédits de paiement en compte s'élève à 2,9 milliards de francs au 1 er janvier 1999, il existe donc un reliquat de 1,44 milliard de francs d'autorisations de programme non engagées.

c) Les mesures nouvelles

En dehors des transferts et des dépenses d'investissement, le budget comprend les mesures nouvelles suivantes :

- 70 millions de francs sont prévus en dépenses d'intervention : ces crédits sont principalement consacrés au financement des contrats de ville (+ 57,5 millions de francs) et aux communes engagées dans un grand projet urbain et en difficulté financière (+ 12 millions de francs) ;

- 5 millions de francs sont destinés à améliorer les moyens de fonctionnement, dont 4 millions de francs consacrés à l'animation du réseau des partenaires de la politique de la ville.

2. Les observations de votre commission

Le bleu budgétaire pour 2000 appelle trois observations de la part de votre commission.

a) Un renforcement utile du FIV

Le ministère de la ville est dotée, à travers le FIV, d'une enveloppe de crédits de plus en plus consistante .

On ne peut que s'en féliciter car la création de ce fonds répondait à un objectif de simplification. Avant la création du FIV en 1995, les crédits des divers ministères concernés faisaient l'objet de délégations séparées dans les préfectures, soit 11 délégations au total, assorties de dispositions spécifiques sur les règles de financement, ce qui représentait près de 7 circulaires d'application.

Aujourd'hui les crédits du FIV sont délégués en une seule fois aux préfets de départements et ils constituent une dotation globale et fongible qui permet de financer notamment les actions inscrites au contrat de ville.

Le FIV, qui mobilisait 530 millions de francs l'année dernière, passe cette année à 771 millions de francs en dépenses de fonctionnement.

Votre rapporteur se félicite de cette dimension nouvelle ainsi conférée à un dispositif mis en place en 1995 pour limiter le nombre des opérations cofinancées par plusieurs ministères, assurer une certaine fongibilité des crédits au niveau déconcentré et accroître ainsi la lisibilité de la politique de la ville.

b) La stagnation décevante des crédits Ville-Vie-Vacances

L'évolution des crédits relatifs aux opérations " Ville, vie, vacances " est décevante. Ces derniers 2( * ) stagnent à 50 millions de francs

Dispositif de prévention de la délinquance juvénile et tentative d'insertion de jeunes en danger, l'opération Ville-vie-vacances s'est étalée en 1998 sur l'ensemble des congés scolaires. 900.000 jeunes de moins de 18 ans ont été concernés par 11.000 projets départementaux et une trentaine de projets nationaux. 85 millions de francs ont été engagés par l'Etat. Avec l'ensemble des partenaires -notamment les collectivités locales et les caisses d'allocations familiales- le budget global de l'opération se monte à 300 millions de francs .

Le Conseil des ministres du 17 février 1999 a fixé les nouvelles orientations pour 1999 avec une dépense du budget de l'Etat de 91,95 millions de francs. M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, a retenu " trois orientations fortes " pour la mise en oeuvre du dispositif pendant les vacances de 1999 :

- recentrer les actions et développer les réponses en direction des jeunes les plus fragilisés ou qui ne sont pas accueillis dans les structures traditionnelles ;

- mettre en oeuvre, sur l'ensemble du territoire, un plan d'accueil des jeunes afin de permettre une meilleure coordination entre les départements d'origine et les départements d'accueil et faciliter ainsi le déroulement des séjours des jeunes dans les zones touristiques ;

- répartir les financements entre les départements sur la base d'indicateurs sociaux et démographiques qui permettent, à la fois, une concentration de moyens supplémentaires dans les départements les plus en difficulté et des interventions plus significatives de l'Etat dans les départements moins urbanisés mais touchés par des difficultés liées au désoeuvrement des jeunes.

La réussite des opérations d'été dans les stations qui accueillent de nombreux touristes est souvent un défi . Pour que puissent cohabiter harmonieusement les familles d'estivants et les jeunes issus des quartiers sensibles, les collectivités locales et l'Etat engagent des moyens financiers et en personnels pour assurer un encadrement, une surveillance, voire une médiation, en cas de conflit.

La situation est compliquée par le fait que s'ajoutent aux jeunes qui font l'objet d'un accompagnement spécifique, ceux qui se déplacent par leurs propres moyens, en bénéficiant souvent des chèques-vacances subventionnés au titre de l'action sociale.

Sur ce point, il convient de regretter pour quelques opérations un certain manque de préparation qui peut être de nature à générer certains incidents. Une récente interview de M. Malek Boutih, Président de SOS Racisme, traduit le sentiment de certains gestionnaires d'association sur le terrain.

Votre rapporteur souligne que ces critiques ne concernent pas directement les jeunes partant dans le cadre des opérations Ville-Vie-Vacances qui bénéficient le plus souvent d'un accompagnement permettant d'assurer un minimum d'encadrement.

Les déclarations du président de SOS Racisme, Malek Boutih 3( * )

Malek Boutih : Je crois qu'il y a, petit à petit, une politique d'assistanat qui s'est mise sur pied. C'est-à-dire, on paie des vacances de temps en temps aux jeunes, en contrepartie du fait que tout le reste de l'année, ils sont dans leur galère, comme on dit. Résultat : tout le monde y est perdant : eux, parce qu'on les met dans une logique de consommation qui est gratuite, sans qu'ils fassent d'efforts, sans qu'ils imaginent pouvoir s'en sortir par eux-mêmes et puis le reste de la société qui, parfois, se retrouve dans des situations conflictuelles avec eux. (...)

Olivier Mazerolle : Pour les vacances, c'est-à-dire que vous pensez qu'il faudrait arrêter cela ?

Malek Boutih : J'ai mené une expérience qu'on appelle " les chantiers d'été " ; les chantiers d'été c'est quoi ? Les jeunes participent eux-mêmes à des chantiers, en Afrique, où ils construisent des terrains de sport, des centres de santé, en contrepartie de leurs vacances. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas un rapport de consommation, qu'ils se rendent utiles, qu'ils ont l'impression d'avoir une richesse, eux, aussi qu'ils amènent aux autres. Tandis que les chèques vacances, c'est quoi ? Vous prenez un jeune qui est dans son quartier toute l'année, qui galère -comme il le dit lui-même-, vous lui payez des vacances sur la Côte d'Azur pendant trois semaines, il ne comprend plus rien. Il ne comprend pas, alors, pourquoi cela ne dure pas toute l'année, pourquoi est-ce que cela ne dure que trois semaines et puis, il a l'impression de facilité ; il ne sait plus exactement quelle est sa place dans la société. (...)

En revanche, il est clair que certaines interrogations peuvent peser dans le cas de jeunes, souvent plus âgés que ceux des opérations Ville-Vie-Vacances, qui partent de leur propre initiative en bénéficiant d'aides diverses. Il est à noter que les destinations choisies par ces jeunes sont souvent liées à celles qu'ils ont précédemment connues dans le cadre des opérations Ville-Vie-Vacances ou qu'elles peuvent être choisies en fonction des opérations préparées pour les jeunes de la commune d'origine.

En tout cas, s'agissant du public cible de l'opération, c'est-à-dire les jeunes âgés de 13 à 18 ans, les jeunes filles et les jeunes gens issus de l'immigration, les opérations Ville-Vie-Vacances ne se résument pas seulement à une démarche de loisirs.

Profitant de l'attrait des sports mécaniques, la police nationale met à disposition dans les centres de loisirs jeunesse (CLJ), sur des quartiers sensibles ou dans une opération " piste itinérante ", des personnels de la police et des compagnies républicaines de sécurité ainsi que des structures et du matériel. Les activités développées (activités sportives, éducatives, apprentissage de la conduite, du comportement sur la route...) permettent également à des jeunes, souvent en attitude de rupture, d'intégrer les règles et de mieux comprendre la loi. D'autres stages à caractère sportif sont également proposés par le ministère de la défense.

Les opérations à caractère humanitaire sont prises en charge par le ministère de la coopération dans un programme intégré nationalement aux opérations Ville-Vie-Vacances - Solidarité Internationale (VVV-SI). Ces actions, outre leur caractère humanitaire, permettent aussi aux jeunes en difficulté de relativiser leurs problèmes et leurs attentes en prenant en considération la situation précaire de certaines populations rencontrées dans les pays en développement. L'impact de l'accueil des pays étrangers crée souvent une motivation en faveur de la solidarité et favorise l'autonomie des jeunes.

Par ailleurs, deux actions spécifiques ont été conduits en 1999 pour responsabiliser les jeunes.

Tout d'abord, l'opération " La violence parlons-en " a mobilisé deux éducateurs spécialisés diplômés dans les centres de vacances du littoral aquitain.

Ensuite, une charte visant à favoriser l'accueil des jeunes sur les lieux touristiques a été préparée entre le ministère de la ville, les associations des maires des communes dont sont issus les jeunes et celles des communes qui les accueillent. Le but est de coordonner et d'organiser le départ des jeunes, qu'ils soient intégrés ou non au dispositif Ville-Vie-Vacances.

Cette action devrait compléter la mise en place des plans d'accueil des jeunes dans les communes touristiques (PAJECOT). Ceux-ci ont été mis en oeuvre dans les départements de la Gironde et des Landes et prennent le relais des plans littoraux expérimentés de 1995 à 1998.

Votre rapporteur considère qu'il est important que les collectivités locales d'origine " responsabilisent " les jeunes qu'elles envoient , en veillant à ce qu'ils se comportent correctement là où ils sont reçus.

Il reste que les communes d'accueil auront inévitablement des dépenses supplémentaires à engager , ne serait-ce qu'en raison du manque de formation des personnels d'encadrement souvent souligné par les évaluations faites au niveau local.

La stagnation des crédits destinés aux opérations Ville-Vie-Vacances, qui avaient été augmentés de 6 millions de francs en 1999, est d'autant plus paradoxale que le Gouvernement se donne des objectifs ambitieux pour 2000 :

- ramener de 13 à 11 ans l'âge minimum des bénéficiaires de l'opération ;

- ne plus circonscrire le programme exclusivement à des quartiers spécifiques en dotant de moyens plus conséquents les départements dans lesquels les problèmes sont les plus aigus ;

- financer de manière plus importante les 42 départements qui ont intégré le dispositif en 1997, en utilisant des indicateurs identiques sur l'ensemble du territoire (ces départements ont reçu en effet une dotation forfaitaire). En 1999, la dotation départementale minimale est de 50.000 francs, ce qui est nettement insuffisant. Le seuil minimum préconisé dans un rapport de l'IGAS est de 100.000 francs ;

- accroître la dotation des départements prioritaires, sur la base des besoins de lutte contre les exclusions, de prévention de la délinquance, etc. ;

- travailler sur un véritable plan de formation des personnels d'encadrement, soit localement, soit nationalement. Un rapprochement avec les ministères chargés de ces formations pourrait permettre de mettre en place un programme, cofinancé par l'Union européenne.

Votre commission souhaite que l'Etat au-delà des objectifs qu'il se donne, continue à assumer ses responsabilités en matière d'encadrement et de responsabilisation des jeunes. De ce point de vue, les objectifs annoncés, dès lors que le financement d'Etat reste inchangé, ne pourront être tenus sans un recours accru aux financeurs locaux.

c) L'importance croissante des dépenses de communication

La troisième observation de votre commission porte sur l'importance croissante des dépenses de communication.

Déjà amorcé l'année dernière, le mouvement se confirme avec la création d'une ligne budgétaire spécifique dotée de 5 millions de francs pour les expertises et les colloques (chapitre 37-60, ligne 50) qui vient s'ajouter aux 4 millions de francs déjà prévus pour la communication.

Il est révélateur également que la ligne budgétaire des " dépenses locales d'animation ", qui financent des réunions locales d'évaluation et des séminaires de réflexion, soit fusionnée avec la ligne budgétaire destinée à l'élaboration des projets publics de quartier, elle-même toujours dotée de 73,5 millions de francs. L'ensemble des crédits de cette ligne pourront désormais être mobilisés dans la plus grande souplesse au titre de " l'animation ".

Il y a lieu de se demander si, en pratique, les dépenses d'animation ne vont pas totalement " phagocyter " les fonds destinés au service public de quartiers. Ces derniers, conformément au CIV du 30 juin 1998, ont pour objet de permettre la réalisation par les préfets de diagnostics locaux sur la situation des services publics à partir de consultation des habitants et de débats, diagnostics qui ont dû être présentés et débattus au début de 1999 en commission départementale d'organisation et de modernisation des services publics . La DIV a précisé qu'elle avait reçu 66 diagnostics " de qualité très inégale " qui doivent encore être synthétisés par l'Inspection générale de l'administration.

Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que l'augmentation des crédits de fonctionnement, déjà constatée en 1999, était justifiée alors par la création de l'Institut pour la ville qui tarde encore à se mettre en place. Votre commission avait émis des réserves lors de l'examen du précédent budget sur l'utilité réelle de cet organisme ayant, selon ses promoteurs, " pour vocation essentielle de capitaliser, de valoriser et de diffuser les connaissances et les pratiques dans le domaine des savoirs urbains ". Le ministère indique que les premiers travaux qui ont permis de préciser les missions et les modalités d'intervention de cet organisme seront rassemblés dans un projet de " charte partenariale fondatrice de l'Institut pour la ville " qui sera très prochainement diffusé auprès du réseau des parties prenantes.

Au total, ce sont désormais près de 97 millions de francs qui peuvent être utilisés par le ministère pour développer le " faire savoir " plutôt que le savoir faire.

Il ne s'agit pas de nier l'utilité de toute communication : ce qui peut paraître inquiétant en revanche, c'est ce soudain afflux de crédits, depuis deux ans sur des catégories de dépenses dont le contenu reste relativement flou.

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