CHAPITRE III - LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
L'évolution des
titres V et VI
de la Marine suit
globalement l'évolution du budget de la Défense, c'est à
dire une baisse par rapport à 1999. Les
crédits de
paiement
s'élèveront à
20,1 milliards de
francs
, soit une
diminution de 4,37% et le montant des autorisations de
programme s'élèvera à 18 ,83 milliards de francs,
soit une baisse de 21,22%.
La réduction des crédits de paiement a contraint la Marine
à recourir à
deux sources de financement
" temporaires ".
Les
crédits d'accompagnement social de
la Direction des constructions navales (DCN),
en excédent en 2000,
ont pu fournir
500 millions de francs
sans remise en cause de la
politique d'aide à la restructuration de cet organisme. Il a fallu
également, pour un total de
570 millions de francs, utiliser des
aménagements de calendriers de paiement
, des réductions de
besoin et un sous-financement du surcoût des munitions
aéronautiques commandées pour le Kosovo. Cet équilibre
serait remis en cause si la Marine n'était pas autorisée à
consommer en 2000 ses crédits de report de 1999.
La baisse des autorisations de programme constatée pour 2000 s'explique,
quant à elle, par le fait que les autorisations de programme
destinées, en 1999, à la frégate Horizon, dont le
lancement du programme a été retardé, viendront s'ajouter
aux autorisations de programme pour 2000 dont le niveau est comparable
à celui de 1998 mais inférieur de 21 % à celui de 1999.
Malgré l'utilisation de quelque 3,5 milliards de francs d'autorisations
de programme non engagées au sein de la Marine,
un
" prêt " de 2 milliards en provenance des crédits
destinés à l'Armée de l'air a été
nécessaire pour lancer le programme Horizon
dans de bonnes
conditions.
Il faut rappeler que les décisions prises lors de la revue des
programmes, qui se sont traduites par l'actualisation de la loi de
programmation, conduisent à une économie globale de
3 898 millions de francs sur le titre V alloué à la
Marine entre 1999 et 2002. Ces mesures préservent l'essentiel des
capacités navales de la Défense.
Il est ainsi utile de rappeler, après
les principaux
aménagements résultants de la revue des programmes,
le
niveau des commandes et des livraisons en 2000 :
- le programme des frégates antiaériennes Horizon est maintenu
avec prise de commande de la première unité en 2000 ; la
commande de la frégate n° 2 est repoussée à
2001 ;
- le quatrième sous-marin lanceur d'engins de nouvelle
génération (SNLE-NG) sera commandé en 2000 ;
- la deuxième tranche de " commande globale " du Rafale est
reportée à 2001, ce qui ne devrait en principe pas nuire au
premières livraisons de la version air-sol à la Marine, mais pose
d'ores et déjà la question d'un besoin d'autorisations de
programme supplémentaires en 2001 ;
- le programme d'hélicoptères NH 90 est maintenu avec une
allocation au niveau minimum assurant la phase de développement .
- l'admission au service actif du porte-avions Charles de Gaulle aura lieu en
2000 et non en 1999 ;
- la commande du premier NTCD (nouveau transport de chalands de
débarquement) est repoussée à 2001. Son coût
objectif sera fixé à l'issue d'une démarche comparative,
nationale et européenne.
- La commande du Bâtiment de Soutien Logistique Futur, prévue en
2000, est reportée ;
- La commande de 1 000 AASM (armement air-sol modulaire), repoussée de
1999 à 2000, a été réduite à 250.
Au total,
l'année 2000 verra une seule admission au service
actif
, celle du
Charles de Gaulle
mais
le retrait
,
anticipé pour plusieurs,
de dix bâtiments représentant
un tonnage équivalent,
dont
le Foch, trois avisos et un
sous-marin classique. Une seule commande de bâtiment de combat de
surface
devrait intervenir cette année, celle de la première
frégate Horizon, alors qu'aucune n'avait eu lieu en 1999.
Le montant
des ressources affectées aux constructions neuves est ainsi à un
niveau historiquement bas (8,7% du titre V).
L'insuffisance des engagements
en autorisation de programme des années passées, pour les
constructions neuves de la flotte, conduit à une situation qui ne peut
durer si on veut respecter le modèle 2015 et maintenir l'âge moyen
de la flotte.
La décision a été prise de réduire le format de la
marine d'environ 20 % sur la durée de la LPM. Toutefois les
missions qui lui sont confiées sont restées sensiblement les
mêmes ; il est à noter qu'elles s'inscrivent désormais
dans la perspective d'une coopération européenne accrue.
Le tableau suivant présente les crédits demandés pour 2000
et destinés aux forces classiques et à l'espace
.
Catégories de dépenses
|
PLF 2000 |
||
|
AP (MF 2000) |
CP (MF 2000) |
|
Etudes |
24 |
24 |
|
Développements |
2 262 |
2 647 |
|
Fabrications |
Flotte (hors FOST) |
2 359 |
1 761 |
|
Aéro |
1 267 |
2 963 |
|
Divers |
1 360 |
1 291 |
|
Total |
4 986 |
6 015 |
Munitions |
1 690 |
1 686 |
|
EPM |
Flotte (hors FOST) |
2 811 |
2 648 |
|
Aéro |
1 586 |
1 340 |
|
Total EPM |
4 397 |
3 988 |
EPP |
161 |
157 |
|
Infrastructure |
915 |
857 |
|
Restructurations |
869 |
869 |
|
|
|||
Total Titre V classique |
15 304 |
16 242 |
I. LES FORCES SOUS-MARINES ET LES FORCES DE GUERRE DES MINES
A. LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE (FOST)
L'année 2000 sera marquée par
la commande du
4
e
sous-marin nucléaire lanceur d'engin de nouvelle
génération (SNLE-NG)
qui doit entrer en service en 2008,
équipé du nouveau missile M 51. A ce titre, ce programme est
doté en 2000 de 1 485 millions de francs d'autorisations de
programmes et de 1 771 millions de francs de crédits de paiement.
La stratégie de dissuasion demeure une priorité nationale. En
dépit de la disparition du rapport de forces bipolaires fondateur de la
dissuasion, le rôle des armes nucléaires demeure essentiel.
Elément cardinal d'une stratégie qui reste défensive,
elles continuent à faire peser la menace de dommages inacceptables sur
tout agresseur qui menacerait les intérêts vitaux de la France.
Dans ce domaine, la marine, qui conserve à travers la force
océanique stratégique (FOST) la responsabilité de la mise
en oeuvre de la composante essentielle de la dissuasion, voit son rôle
majeur confirmé. Toutefois, cette mission s'exerce avec un
volume de
forces plus restreint
, correspondant à une
réévaluation du " seuil de suffisance ". La FOST doit
désormais être en mesure de déployer
deux SNLE en
patrouille à la mer en permanence
; cet objectif
impose de
disposer de trois bâtiments dans le cycle opérationnel
.
Le
format de la FOST
a en conséquence été
ramené à
quatre SNLE
(trois dans le cycle
opérationnel et un en entretien majeur). Ce format a été
rallié au début de l'année 1997, après l'admission
au service actif du Triomphant. En 2008, avec l'admission au service actif du
SNLE n°4 commandé en 2000, la marine disposera de quatre
sous-marins de nouvelle génération (SNG).
Le calendrier des admissions et retraits du service actif a
été remanié en 1998
à l'occasion de la revue
des programmes. Par rapport au calendrier précédent, les
évolutions sont les suivantes :
- les dates de retrait du service actif du "Tonnant" et de "L'Indomptable" ont
permuté, ce qui a permis de supprimer le grand carénage du
"Tonnant" programmé en 2000 ;
- les dates d'admission au service actif du "Vigilant" et du SNG n° 4 ont
été repoussées respectivement de 6 mois et d'un an, pour
des raisons techniques et financières, sans qu'il soit nécessaire
de prolonger la durée de vie des SNLE M4 ; au contraire, le retrait du
service actif de "L'Inflexible" a pu être avancé d'un an : la
permanence de disponibilité de trois SNLE a été
conservée par la modification de l'échéance des grands
carénages ;
- les dates de mise en service du SNLE-NG n° 4 et du M51 coïncident
désormais en 2008 ; cela permet à la fois de réduire le
coût du maintien en condition opérationnelle des missiles M45 par
l'avancée de deux ans de la mise en service du M51 et de limiter
l'adaptation M51 des SNLE aux trois premiers SNLE-NG.
Le calendrier des retraits du service actif des SNLE M4 et des admissions au
service actif des SNLE M45 type " Le Triomphant " est le suivant
:
|
RETRAIT DU SERVICE ACTIF |
ADMISSION AU SERVICE ACTIF |
mars 1997 |
|
LE TRIOMPHANT |
septembre 1999 |
LE TONNANT |
|
décembre 1999 |
|
LE TEMERAIRE |
décembre 2003 |
L'INDOMPTABLE |
|
juillet 2004 |
|
LE VIGILANT |
juillet 2006 |
L'INFLEXIBLE |
|
juillet 2008 |
|
n° 4 (en version M51) |
Le coût de possession de 4 SNLE a été évalué de l'ordre de 8 millions de francs par jour par le CPRA (Comité des prix de revient des fabrications d'armement) , soit pratiquement 100 milliards de francs en 35 ans. Etant donné le poids financier du coût de possession d'un programme comme celui des SNLE qui sera vraisemblablement supérieur au double du coût d'acquisition, il serait de la plus grande importance, souligne le CPRA, de disposer au moment des choix initiaux de données prévisionnelles les moins approximatives possible. Les objectifs de coûts qui résultent en grande partie des travaux ayant accompagné la revue des programmes de 1998 font actuellement ressortir que le devis prévisionnel du développement a été réduit de 23% par rapport à ce qu'il était à l'origine en 1992.
B. LES SOUS-MARINS D'ATTAQUE ET LE PROGRAMME " SMAF "
Lorsque
les deux derniers sous-marins diesel seront retirés du service, le LA
PRAYA en 2000 et le OUESSANT en 2001, seuls resteront en service les six
sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) type " RUBIS ". Leur
remplacement sera à prévoir à partir de 2010.
Le programme du sous-marin d'attaque futur (SMAF),
baptisé
programme " BARRACUDA ", est destiné à assurer ce
remplacement. Ce programme comprendra six sous-marins nucléaires,
construits au rythme d'un tous les 18 à 24 mois. Les principales
missions du SMAF resteront le soutien de la force océanique
stratégique (FOST) et le soutien du groupe aéronaval (GAN). Une
capacité de frappe anti-terre est actuellement à l'étude.
L'importance du rôle joué par les SNA dans le conflit du Kosovo
confirme encore le bien fondé du programme " BARACCUDA ".
Le programme " BARRACUDA " est aujourd'hui au
stade de la
conception
. Cette phase de faisabilité, qui a débuté
en octobre 1998, permettra d'évaluer au plus juste le coût de ce
programme et de vérifier si l'objectif financier fixé par le DGA
est accessible.
Il est prévu, dans le projet de loi de finances 2000, d'affecter au
développement du sous-marin d'attaque futur
134 millions de francs
d'autorisations de programme et 65 millions de francs de crédits de
paiement.
C. LA FORCE DE GUERRE DES MINES
Le
besoin opérationnel principal "Guerre des mines" est d'assurer en
permanence la
sûreté du déploiement de la FOST
. Un
programme d'armement a été lancé
en octobre 1999
portant sur la
modernisation des 13 CMT
(chasseurs de mines
tripartites). Cette modernisation porte principalement sur leur système
d'armes.
Le premier CMT modernisé devrait être opérationnel au
premier semestre 2002. La modernisation des autres CMT est prévue au
rythme de 4 par an à partir de fin 2002. Toutes les modernisations ont
lieu à Brest.
Le coût prévisionnel total
(conception +
développement + réalisation et logistique + MCO initial) est de
818 millions de francs, soit un coût unitaire de modernisation d'un
CMT de l'ordre de 47,4 millions de francs hors frais fixes.
En 2000
, aucune autorisation de programme supplémentaire n'est
prévue, en revanche,
78 millions de francs
de crédits de
paiement seront inscrits.