II. LES PERSPECTIVES POUR 1999 ET 2000
Le
retournement de la conjoncture internationale devrait conduire le solde du
commerce extérieur français à se maintenir à un
niveau élevé, mais inférieur à celui des
années précédentes.
Au premier semestre 1999, l'excédent du commerce extérieur a
atteint 51,2 milliards de francs. Ce montant est inférieur de
25 % à celui enregistré pour la même période
1998.
Le recul du solde est particulièrement notable au sein de quatre
branches qui constituent les points forts traditionnels du commerce
extérieur français : les biens d'équipement, les
produits de l'industrie automobile, l'industrie agro-alimentaire et le
matériel militaire. Le net recul de l'excédent au sein de cette
dernière branche est la conséquence directe de la chute sensible
enregistrée par les exportations. Sous l'effet de la variation des cours
du pétrole, la facture énergétique augmente
également. A l'opposé, trois branches échappent à
cette dégradation de la balance commerciale. En effet, d'une part,
l'excédent des produits agricoles se stabilise à un haut niveau,
tandis que d'autre part, les biens intermédiaires renouent avec
l'excédent et que le déficit des biens de consommation
s'allège sensiblement. Cette dernière branche est d'ailleurs la
seule qui connaisse une progression des exportations.
Notre commerce extérieur pâtit au premier semestre 1999 d'un
environnement international peu porteur, aussi bien dans les pays
européens que dans les pays tiers. A l'importation, la forte
réduction des achats originaires de l'Union européenne, notamment
de la zone euro, s'oppose toutefois à la légère hausse de
ceux effectués auprès des pays d'Amérique, d'Asie et, dans
une moindre mesure, du Proche et Moyen-Orient. A l'exportation, le recul touche
les ventes vers l'ensemble des marchés extérieurs à
l'exception du Proche et Moyen-Orient : les exportations vers l'Asie
chutent de 13,5 %, celles vers l'Afrique de 10,9 %.
L'évolution est moins marquée vers l'Amérique et vers
l'Europe : au sein de cette dernière néanmoins, la zone euro
se distingue à nouveau avec un repli des ventes françaises de
- 3 %. En terme de solde commercial, la hausse importante de
l'excédent avec l'Europe est insuffisante pour compenser la
détérioration de la balance commerciale avec l'Afrique,
l'Amérique et surtout l'Asie avec laquelle le déficit atteint un
record.
Dans ce contexte, l'excédent du commerce extérieur de la France
devrait se situer à un niveau proche d'une centaine de milliards de
francs selon les hypothèses du projet de loi de finances, soit un niveau
nettement inférieur à celui des années
précédentes (1998 : 160 milliards de francs).
D'après les prévisions de la Direction des relations
économiques extérieures (DREE), le solde industriel civil devrait
se réduire malgré un bon comportement du secteur
aéronautique. Ainsi, le total des livraisons aéronautiques ne
devrait pas diminuer en 1999 par rapport à l'année
précédente, en dépit de la baisse anticipée de nos
livraisons à l'Asie. La diminution du solde industriel proviendrait
essentiellement du recul du solde des biens d'équipement et du solde
automobile.
Le solde agro-alimentaire pourrait également se réduire en 1999
si les tendances observées se poursuivaient. Toutefois, cette baisse est
à relativiser : le solde enregistré en 1998
était en effet exceptionnel. En outre, les fêtes de fin
d'année liées au passage à l'an 2000 pourraient
inverser la tendance des premiers mois.
En 1998, la réduction de la facture énergétique sous
l'effet de la baisse du prix du pétrole avait en grande partie
compensé la réduction de l'excédent industriel. La hausse
récente du prix du pétrole et plus généralement
celle du prix des matières premières importées auraient au
contraire un impact négatif sur le solde si elle devait se confirmer au
cours de l'année.
La baisse du solde industriel et l'alourdissement probable de la facture
énergétique vont donc cette année se conjuguer, ce qui
devrait entraîner un ajustement à la baisse de l'excédent
commercial nettement plus sévère que l'an dernier. Si le recul du
solde en 1999 semble être acquis, la reprise des échanges
commerciaux amorcée depuis mai pourrait progressivement se confirmer au
second semestre, comme le suggère l'amélioration des
enquêtes de conjoncture depuis avril, en France et dans la zone euro.
Les perspectives pour l'année 2000, plus incertaines, s'annoncent
meilleures. En 2000, les exportations françaises pourraient selon la
DREE s'accélérer (+ 5 % en 2000) pour plusieurs
raisons :
- l'accélération de l'activité dans la zone euro et
la sortie de crise des pays émergents ;
- la fin de la baisse des livraisons de grands contrats asiatiques ;
cette baisse était intervenue avec un effet retard en 1999 en raison des
délais existant entre la signature des grands contrats et leur livraison.
Nos importations pourraient progresser de 6 % en lien avec la vigueur de
la demande intérieure.
Globalement, la contribution de l'extérieur à la croissance
devrait rester négative en 1999 et se rapprocher de zéro en 2000
en lien avec la résorption du décalage de conjoncture entre la
France et ses partenaires européens.