CONCLUSION :
LA COMMUNAUTÉ FRANCOPHONE ACTEUR
POLITIQUE
Comme le
présent rapport a tenté de l'expliquer, les priorités de
notre action culturelle extérieure portent essentiellement sur la
promotion de la langue française et sur celle d'une vision
française du monde, à travers une diffusion culturelle qui
recourt de plus en plus aux technologies modernes de communication.
Par delà les projets choisis et les techniques mises en oeuvre, l'action
culturelle extérieure constitue en quelque sorte, pour la francophonie,
le volet technique sans lequel elle ne saurait ni évoluer ni se
renforcer.
Cependant la francophonie a désormais acquis, clairement, une autre
dimension, qui dépasse la promotion linguistique.
La réforme institutionnelle a été l'un des
éléments importants du Sommet de Hanoï de novembre 1997.
Elle constitue désormais le soutien visible au rôle politique que
le Secrétaire général entend faire jouer à la
communauté des Etats francophones, constituée de quelque 50
Etats. La contribution financière globale de la France à la
francophonie est à la hauteur des enjeux. Elle avoisine 640 MF, en
provenance de plusieurs ministères, celui des affaires
étrangères y contribuant pour sa part, via le Service des
affaires francophones, à hauteur de 61,6 MF en 1999, soit le même
montant que l'an passé.
Le Sommet de Hanoï a été l'occasion d'entériner la
nouvelle charte de la francophonie. La principale innovation en a
été la création d'un poste de secrétaire
général de la francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali. Elu pour
quatre ans par les Chefs d'Etat et de gouvernement auxquels il rend compte, il
est le plus haut responsable de l'Agence, celle-ci étant dirigée
par un administrateur général.
Le secrétaire général est le porte-parole politique et le
représentant officiel de la francophonie sur la scène
internationale ; l'Agence, seule organisation internationale de la
francophonie, en est le principal opérateur.
La mise en oeuvre des principaux programmes décidés à
Hanoï est ainsi de la responsabilité de l'Agence, en particulier
celui des "inforoutes" auquel est associé un financement annuel de
quelque 40 MF, destiné à accroître la présence de
contenus en français sur les réseaux. De même a
été lancé le plan d'urgence pour le français dans
les organisations internationales, doté de 15 MF et dont l'Agence est
également chargée de la mise en oeuvre.
La réforme administrative définitive de l'Agence sera
adoptée par la conférence de Bucarest en décembre 1998.
A côté de cette mission générale de promotion de la
langue française, de l'Etat de droit ou du développement durable,
la fonction "politique" de la communauté francophone est
également mise en avant.
C'est ainsi que le secrétaire général a apporté son
soutien au gouvernement légitime de la Guinée-Bissau, a
envoyé une représentation spécifique chargée d'une
mission de bons offices auprès de M. Kabila en République
démocratique du Congo et de M. Eyadema au Togo. De même, le
Secrétaire général a-t-il reçu à Paris M.
Olympio, rival du Président togolais dont il conteste les conditions de
réélection.
La démarche politique est également parlementaire.
L'Assemblée parlementaire de la francophonie, nouvelle
dénomination de l'AIPLF, a, lors de sa 24e session ordinaire, à
Abidjan en juillet dernier, mis l'accent sur le respect de l'Etat de droit et
de la démocratie parlementaire en décidant de suspendre les
sections rwandaise et congolaise (Congo-Brazzaville), dont les Parlements,
a-t-elle estimé, ne correspondent plus aux "valeurs de liberté et
de l'Etat de droit".
Enfin la journée de la francophonie en mars 1998, a été
l'occasion de mobiliser une quinzaine de représentants d'organisations
internationales ou régionales dont la Ligue arabe, l'Organisation de la
conférence islamique, l'OSCE ou la CEI... Cet événement a
été l'occasion, comme l'indiquait M. Boutros Boutros-Ghali, pour
la francophonie,
"de mieux se faire connaître et voir comment on
pourra mieux collaborer en évitant le double emploi sur certains
projets".
Les prochains rendez-vous, le Conseil des ministres des affaires
étangères à Bucarest en décembre, et surtout la
Conférence des ministres des finances et de l'économie en avril
1999 à Monaco, seront les temps forts d'une prise en compte progressive
de la solidarité, politique mais aussi économique, de la
communauté francophone.
Ainsi notre diplomatie détient-elle, à travers tout ce qui
concourt au renforcement francophone, un levier d'action irremplaçable.
L'action culturelle extérieure doit continuer de se voir
reconnaître ce rôle politique prioritaire et donc
bénéficier des ressources nécessaires. Leur stabilisation
pour 1999 venant après une trop longue période d'érosion
conduit votre rapporteur à donner un avis favorable à l'adoption
des crédits de l'action culturelle extérieure pour 1999.