N° 69
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
RELATIONS CULTURELLES EXTÉRIEURES
ET FRANCOPHONIE
Par M. Guy PENNE,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
; MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy
Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano,
Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard
Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas,
André Rouvière.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
1
)
(1998-1999).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'action culturelle extérieure, la coopération scientifique et
technique, l'aide au développement qui constituent l'un des points
d'appui les plus visibles de notre présence dans le monde et de notre
diplomatie vont changer de cadre à partir de l'année prochaine.
Les personnels et les ressources budgétaires qui concourent à
cette action, jusqu'alors répartis entre le ministère des
Affaires étrangères -à la DGRCST- et le ministère
délégué à la coopération -à la
direction du développement- seront désormais réunis au
sein d'une entité administrative unique : la Direction
générale de la coopération internationale et du
développement, la DGCID.
Il sera désormais plus facile de coordonner les moyens et les actions au
profit d'une stratégie unique destinée à mettre en oeuvre
les priorités choisies, tant sectorielles que géographiques.
Cette année encore, il est toutefois possible, grâce aux
informations fournies par les services du ministère des affaires
étrangères, d'analyser les crédits de l'action culturelle
extérieure pour 1999 à structure inchangée.
Il en ressort une hausse globale de 2,46 % de la dotation de la Direction
générale des relations culturelles, scientifiques et techniques
(DGRCST), qui est le résultat d'une augmentation substantielle des
crédits de personnels et de fonctionnement (+ 6,81 %) mais aussi d'une
stagnation des crédits d'intervention (+ 0,29 %) et d'une diminution
importante des ressources destinées aux investissements (- 26,03 %).
Pour autant, avec des ressources finalement toujours trop chichement
mesurées, des priorités d'action sont mises en évidence
pour 1999, financées par prélèvement -ou par
"redéploiement"- sur des actions plus traditionnelles.
Plutôt que de continuer à reconduire chaque année les
mêmes objectifs avec des moyens réduits, cette méthode, de
l'avis de votre rapporteur, fondée sur des priorités
limitées en nombre mais soutenues par un financement adapté,
constitue une démarche cohérente, compatible avec l'effort
d'économies demandé au Département. Elle le sera d'autant
plus si 1999 reproduit la situation de 1998 qui a vu pour la première
fois depuis cinq années la DGRCST être épargnée de
toute régulation budgétaire.
I. UN NOUVEAU CADRE ADMINISTRATIF POUR L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE QUI VOIT SES CRÉDITS STABILISÉS
A. LA CRÉATION DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET DU DÉVELOPPEMENT
1. Un instrument de cohérence stratégique
La
Direction générale de la coopération internationale et du
développement (DGCID) regroupera deux entités administratives
principales : une
Direction de la stratégie de la programmation et de
l'évaluation
(DSPE), d'une part, qui aura pour rôle de
mettre en cohérence, tant dans les politiques suivies que dans les
moyens sollicités,
les capacités et savoir-faire
mobilisés, et, d'autre part,
quatre directions sectorielles ou
thématiques :
- la
Direction de la coopération culturelle et du
français
, chargée d'élaborer et de mettre en oeuvre
les programmes et des projets relevant de la culture, de l'art, de
l'enseignement et de la diffusion de la langue française.
Elle animera deux sous-directions : celle de la
coopération
culturelle et artistique
; celle du
français
.
- la
Direction de la Coopération scientifique, universitaire et de
recherche
, dotée de deux sous-directions (
coopération
universitaire
et scientifique ; recherche
). Elle sera en charge des
projets en coopération pour le développement de l'enseignement
supérieur, la recherche, les échanges entre universités et
établissements d'enseignement supérieur ;
- la
Direction de l'audiovisuel extérieur et des techniques de
communication
, responsable de l'action audiovisuelle extérieure,
animera une
sous-direction de la télévision et de la radio,
une sous-direction du cinéma et de la coopération audiovisuelle,
une mission pour les nouvelles technologies de l'information.
La quatrième direction, celle du
développement et de la
coopération technique,
ne relève pas, pour sa part, du
périmètre de l'action culturelle extérieure. Elle reprend
davantage les missions de coopération et d'aide au développement,
relevant précédemment de la Direction du développement.
Son action, ses moyens, ses objectifs sont décrits dans l'excellent
rapport de notre collègue Madame le sénateur Paulette Brisepierre.
Il reviendra donc à chacune de ces directions de proposer, chacune dans
son domaine, des orientations à la Direction générale. Ces
stratégies conduiront à élaborer des programmes "mondiaux"
ou des actions "régionales ou bilatérales". Dans le premier cas,
les programmes proposés par chaque direction feront l'objet d'arbitrages
sur la base des travaux du service de la programmation, des moyens et de
l'évaluation de la DSPE ; dans le second cas, celui des programmes
régionaux ou bilatéraux, il reviendra au service de la
coordination géographique de la DSPE de faire un lien constant entre,
d'une part, les demandes des ambassades et, d'autre part, les propositions de
programmes formulées par chacune des trois directions sectorielles, afin
d'aboutir à des actions le mieux adaptées possible aux demandes
du "terrain".
Au-dessus de ces réservoirs d'initiatives et d'expertise que devrait
représenter chaque direction sectorielle, s'imposait un outil de
coordination et de mise en cohérence, tant des politiques que des
moyens. Notre action culturelle et de coopération scientifique avait
souffert, dans le passé, d'une première
étanchéité entre chaque spécialité et,
parfois, d'une autre étanchéité entre les services
responsables de ces spécialités -scientifique et technique,
coopération linguistique, etc... et les directions géographiques.
Ce rôle de "pilotage" reviendra donc à :
- la
Direction de la stratégie, de la programmation et de
l'évaluation
, subdivisée en deux services ;
- celui de la
programmation des moyens et évaluation, avec deux
sous-directions
; celui de la
coordination géographique
, avec
cinq "sous-directions" correspondant aux grandes régions du monde.
La fonction de
mise en cohérence et d'arbitrage
est
clairement précisée par le ministère des Affaires
étrangères dans la présentation qu'il a faite de l'esprit
de la réforme : la Direction de la stratégie doit
"faire de la
direction générale un ensemble dynamique et cohérent et
non la simple juxtaposition des structures agissant séparément et
s'ignorant les unes les autres".
2. Le budget de la DGCID
La
nouvelle entité bénéficiera d'une enveloppe
financière significative, regroupant des crédits de
fonctionnement et d'intervention répartis jusqu'alors au sein de chacun
des deux ministères, pour atteindre en 1999 un total d'un peu plus de 10
milliards de francs, soit 47 % du nouveau budget du ministère des
affaires étrangères.
La nouvelle nomenclature budgétaire intégrera cette
réforme et la DGCID assurera la gestion des nouveaux chapitres
budgétaires provenant de la réunion de chapitres autrefois
séparés, notamment de l'article 42-10 "Action culturelle et aide
au développement" de la DGRCST qui constituait le "fer de lance"
budgétaire du ministère des affaires étrangères
dans le domaine des relations culturelles extérieures.
Ainsi, le nouveau
chapitre 37-95
"Etablissements culturels, de
coopération et de recherche à l'étranger"
est
destiné à recueillir les crédits actuellement
imputés sur le chapitre 36-82 du ministère
délégué à la coopération et à la
francophonie
(établissements culturels)
et sur les articles 21
à 52 du chapitre 42-10 du ministère des affaires
étrangères
(action culturelle et aide au
développement),
à l'exception des 6 établissements
culturels binationaux qui demeurent sur titre IV. Ce regroupement sur le titre
III a pour but de mettre en cohérence la présentation de ces
crédits avec le statut de ces établissements, qui sont à
autonomie financière mais sans personnalité juridique distincte.
Les nouveaux
chapitres 42-11
"coopération culturelle et
scientifique"
et
42-12
"coopération technique au
développement"
ont vocation à recueillir l'essentiel des
crédits des chapitres 42-10 du ministère des affaires
étrangères
(action culturelle et aide au développement)
et 42-23 du ministère délégué à la
coopération et à la francophonie
(coopération
technique).
Le nouveau
chapitre 42-13
"appui à des initiatives
privées ou décentralisées"
reprend l'intitulé
du chapitre 42-24 du ministère délégué et reprend
également les crédits correspondant aux anciens articles 64, 66
et 68 du chapitre 42-10 du ministère des affaires
étrangères
(action culturelle et aide au
développement).
Le nouveau
chapitre 42-14
"subventions aux opérateurs de
l'action audiovisuelle"
est destiné à identifier clairement
les crédits de l'action audiovisuelle extérieure. Les dotations
de ce chapitre correspondent pour l'essentiel aux crédits de l'ancien
article 30 du chapitre 42-10 du ministère des affaires
étrangères, à l'exception des actions de
coopération.
Les
chapitres 42-26
"transport et dépenses diverses au titre
de l'aide alimentaire"
et
68-91
"fonds d'aide et de
coopération, équipement économique et social"
sont
repris de l'ancienne nomenclature du ministère
délégué à la coopération et à la
francophonie. Le
chapitre 68-80
"action culturelle extérieure
et aide au développement - subvention d'investissement"
est quant
à lui repris de l'ancienne nomenclature du ministère des affaires
étrangères.
Au total, le budget de la future DGCID atteindra un peu plus de 10 milliards de
francs.
Titre III |
2 902 568 800 |
Titre IV |
5 256 299 211 |
Titre V |
59 614 0000 |
Titre VI |
1 814 905 000 |
Total général |
10 033 387 011 |
Par
cette réforme opportune, il s'agit de préserver, dans un cadre
budgétaire contraint, nos capacités d'action culturelle,
linguistique et de coopération, leurs évolutions
nécessaires, tant dans leur objet que dans les zones
géographiques d'application.
Mais cette réforme, pour bienvenue qu'elle soit, reste une
réforme "parisienne". L'impulsion qu'elle donnera, les stratégies
qu'elle définira seront traduites et mises en oeuvre, demain comme
aujourd'hui, par un réseau dont le périmètre, comme les
structures et les modalités d'action, ont commencé à
évoluer depuis plusieurs années.
B. LES DONNÉES BUDGÉTAIRES : LA PRISE EN COMPTE D'UN COÛT DE FONCTIONNEMENT ACCRU, DES MOYENS D'INTERVENTION RECONDUITS
La part
des relations culturelles extérieures
1(
*
)
sera dotée en 1999 de 5 287 MF,
contre 5 160 MF dans le cadre du projet de loi de finances initial pour 1998.
L'augmentation, en francs courants, d'une année sur l'autre,
s'élève donc à 2,46 %.
L'analyse de chacun des titres budgétaires et des actions qu'ils
recouvrent -fonctionnement (III), crédits d'intervention (IV) et
investissements (V et VI) conduit à porter une appréciation plus
nuancée sur cette hausse apparente de crédits : ainsi la dotation
en crédits d'intervention -titre IV- est inchangée d'une
année sur l'autre. Les ressources destinées aux investissements
sont amputées pour 1999 de quelque 25 % de la dotation 1998, alors
même qu'ils sont censés préparer l'avenir.
En réalité, si l'essentiel de l'effort porte sur les
crédits du titre III (+ 6,81 %), c'est essentiellement lié
à la conséquences mécanique, sur les dépenses de
rémunération des personnels des établissements culturels
et sur les coûts de fonctionnement, de l'effet change-prix et de
l'augmentation du point d'indice de rémunération.
Globalement, les ressources financières affectées, à
structure constante, à l'action culturelle extérieure se
présentent comme suit :
|
Titre III (Personnel et fonctionnement) |
Titre IV (crédits d'interventions) |
Titres V et VI (en crédits de paiement) |
TOTAL DGRCST |
||||
1994 |
1 836 |
|
3 158 |
|
146 |
|
5 140 |
|
1995 |
1 917 |
4,41 % |
3 331 |
5,48 % |
108 |
- 26,03 % |
5 357 |
4,22 % |
1996 |
1 954 |
1,93 % |
3 161 |
- 5,10 % |
147 |
36,11 % |
5 262 |
- 1,77 % |
1997 |
1 945 |
- 0,46 % |
3 082 |
- 2,50 % |
73 |
- 50,34 % |
5 100 |
- 3,08 % |
1998 |
2 012 |
3,44 % |
3 075 |
- 0,23 % |
73 |
0,00 % |
5 160 |
1,18 % |
PLF 1999 |
2 149 |
6,81 % |
3 084 |
0,29 % |
54 |
-26,03 % |
5 287 |
2,46 % |
Pour
sa dernière année d'existence, la DGRCST aura été
épargnée de l'épreuve de régulation
budgétaire qui lui était infligée chaque année
depuis 5 ans.
Votre rapporteur s'est suffisamment élevé, avec
d'autres, contre le procédé pour ne pas s'en réjouir. Les
perspectives de gels conduisaient les postes à programmer
a
minima
pour ne pas avoir à remettre en cause un projet en cours
d'année et présentaient une image brouillonne de notre action
à l'égard de nos partenaires locaux.
Le tableau ci-après rappelle les mesures de régulation
intervenues à la DGRCST depuis les derniers exercices (en millions de
francs).
|
Annulations MAE |
Annulations DGRCST |
Part DG/MAE |
1994 |
422 |
281 |
66 % |
1995 |
762 |
306 |
40 % |
1996 |
325 |
112 |
34 % |
1997 |
475 |
209 |
44 % |
1. L'augmentation des crédits de fonctionnement
Si le
titre III bénéficie de 136,6 MF supplémentaires par
rapport à 1998, c'est essentiellement la conséquence
d'ajustements comptables liés à la prise en compte
d'aménagements divers portant sur les rémunérations des
personnels des centres et instituts culturels et de l'Agence pour
l'enseignement français à l'étranger : bonification du
point d'indice, compensation de la CSG, glissement vieillesse
technicité, transformation de postes de chargé de mission
culturelle : ces mesures totalisent ainsi 73,6 MF.
L'effet change-prix sur les coûts de fonctionnement et les
dépenses de rémunérations représente pour sa part
59,4 MF.
Par ailleurs, l'AEFE bénéficie également d'une mesure
nouvelle de 20 MF destinés aux bourses scolaires pour les enfants
français.
Parallèlement à ces dépenses nouvelles, diverses
économies sont réalisées. Elles concernent les frais de
changement de résidence ou de voyages de congés (- 0,9 MF),
l'extension en année pleine des mesures d'adaptation des effectifs (-
5,1 MF), surtout, les économies réalisées par la
transformation, à l'AEFE, de postes d'expatriés en postes de
résidents (6,9 MF). Enfin, 2,9 MF sont transférés du titre
III au titre IV, au titre de la subvention par la DGRCST-DGCID de deux
établissements scolaires au Pakistan et aux Etats-Unis.
S'agissant des personnels, le projet de budget prévoit la suppression de
25 emplois de chargés de mission culturelle de 3e catégorie pour
permettre la création de 11 emplois de 1ère catégorie et 7
de 2e catégorie, afin de permettre le recrutement nécessaire de
personnels très qualifiés pour assurer les fonctions de
conseiller culturel et scientifique.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des principaux postes du
titre III depuis les cinq dernières années.
Evolution des crédits de la DGRCST sur le Titre III (ancienne nomenclature)
|
Dotation 1993 en LFI |
Dotation 1994 en LFI |
Dotation 1995 en LFI |
Dotation 1996 en LFI |
Dotation 1997 en LFI |
Dotation 1998 en LFI |
Dotation 1999 en PLF |
Variation 1999/1998 |
Indemnités |
4 093 624 |
4 229 059 |
4 607 649 |
4 630 277 |
4 603 277 |
4 944 813 |
5 355 340 |
410527 |
Rémunérations |
427 132 475 |
398 693 772 |
445 917 729 |
469 920 119 |
460 487 198 |
473 269 304 |
511 721 114 |
38 451 810 |
Cotisations sociales |
13 742 475 |
9 993 118 |
9 094 942 |
8 862 783 |
8 014 264 |
7 246 993 |
7 562 655 |
315 662 |
Prestations sociales |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
0 |
Déplacements |
22 295 777 |
22 798 777 |
23 741 777 |
23 611 777 |
21 709 777 |
22 388 777 |
22 388 777 |
0 |
AEFE |
1 304 431 905 |
1 332 646 985 |
1 366 640 081 |
1 416 917 894 |
1 442 699 490 |
1 496 739 968 |
1 594129 886 |
97 389 918 |
OUCFA |
67 671 743 |
65 591 856 |
65 591 856 |
30 221 856 |
7 721 856 |
7 721 856 |
7 721 856 |
0 |
Total Titre III |
1 839 467 999 |
1 834 053 567 |
1 915 694 034 |
1 954 264 706 |
1 945 335 862 |
2 012 411 711 |
2 148 979 628 |
136 567 917 |
2. Les crédits d'intervention inchangés impliquent la mise en oeuvre des priorités par redéploiement des ressources
Dotés de 3 084 MF pour 1999, les crédits
d'intervention sont en réalité identique, voire
légèrement inférieurs en francs constants, à
l'année passée (+ 0,29 % en francs courants).
Les priorités d'action dégagées par le ministère
des Affaires étrangères pour l'action culturelle
extérieure nécessiteront, pour leur mise en oeuvre, de trouver,
par voie d'économies ou de redéploiements, quelque 250 MF.
Cela étant, une partie des interventions bilatérales, notamment
au titre de la coopération éducative ou scientifique est
progressivement transférée dans le cadre des nouvelles
procédures de jumelage mis en place dans le cadre du Programme
P.H.A.R.E
2(
*
)
, entre
opérateurs français et correspondants des pays
bénéficiaires de programmes à financement communautaire
(pays d'Europe centrale et orientale)
Les priorités pour 1999 sont les suivantes :
-
l'action audiovisuelle extérieure.
Elle bénéficie
de 130 MF en mesures nouvelles, affectées en particulier
. à l'exportation de programmes audiovisuels (10 MF),
. au transport satellitaire de chaînes françaises et à la
constitution de bouquets numériques (40 MF),
. à la régionalisation et à l'amélioration des
programmes de TV5 : 80 MF (après approbation du plan de
développement stratégique proposé par la nouvelle
présidence).
- Le renforcement de l'offre française de formation
supérieure
55 MF seront affectés au lancement d'une ambitieuse réorientation
de nos bourses d'excellence vers les spécialités politique,
économique, industrielle et administrative, jusqu'à
présent peu présentes dans l'offre française.
-
la promotion de la langue française
Cette action, à laquelle seront consacrés 12 MF, devra permettre
la promotion de notre langue
- dans les organisations internationales à travers des formations
linguistiques et de perfectionnement dans la connaissance de notre
système administratif au profit des fonctionnaires des cinq PECO
appelés à adhérer prochainement à l'Union
européenne ;
- par les nouvelles technologies de l'information (enseignement assisté
par ordinateur, Internet ...).
- Le développement de l'offre française de coopération
administrative
6 MF seront dégagés afin de lancer un
organisme ad hoc
destiné dès 1999 à asseoir notre offre de
coopération institutionnelle et de restructuration des administrations
publiques, dans le cadre notamment des programmes PHARE et TACIS
rénovés.
-
La mise
en réseau des acteurs français de la
coopération internationale (10 MF)
Il s'agira, d'une part, de fournir aux utilisateurs étrangers d'Internet
des accès aux ressources françaises et, d'autre part,
d'encourager les opérateurs français à intégrer
l'international dans leurs offres.
- Le développement du fonds cinématographique pour la
diffusion du film français à l'étranger
La stagnation durable de la dotation affectée à ce poste n'a pas
permis le renouvellement de droits expirés et a réduit à
due concurrence la disponibilité de films pour des diffusions à
l'étranger. Les 1O MF dégagés permettront, en 1999 :
- le tirage de nouvelles copies de films dont le ministère des Affaires
étrangères détient les droits sans toutefois pouvoir les
exploiter suffisamment,
- le renouvellement des droits expirés ou venant à expiration en
1999,
- l'acquisition et le tirage de 40 nouveaux titres récents et 10 titres
"patrimoniaux".
3. La baisse des capacités d'investissements est un mauvais signal pour l'avenir
Les
crédits d'investissements destinés aux instituts et centres
culturels s'élèveront en crédits de paiement à 20
MF ; pour les établissements d'enseignement propriété de
l'Etat à 25 MF.
Les subventions d'investissements (Titre VI) atteindront pour leur part 3,8 MF
(crédits de paiement) destinés à des projets de
développement divers et 5,2 MF pour les alliances françaises.
Ainsi, globalement, l'enveloppe est réduite de 26 % par rapport à
la dotation initiale 1998 -- 19 MF).
Pour les établissements d'enseignement français
propriété de l'Etat, dont la dotation pour investissement est
inscrite au titre V, cette réduction pose des problèmes.
L'extension de certains projets s'en trouvera ralentie alors même que
leur urgence n'est pas contestable, qu'il s'agisse par exemple de la
construction du lycée de Francfort, du transfert de celui de Moscou ou
encore de celui du lycée Chateaubriand à Rome. Dans ces deux
derniers cas, un immeuble ou un terrain a été mis à
disposition mais leurs aménagements risquent d'être encore
durablement différés.
4. L'impact considérable du cofinancement
Il
convient également dans ce constat budgétaire fort contraint, de
rappeler
l'importance des possibilités offertes par les
cofinancements et les financements extérieurs
au profit de notre
action culturelle, scientifique et technique dans le monde. Une enquête,
menée auprès des postes diplomatiques, a permis de faire
apparaître
l'importance de ces concours extérieurs
évalués à 4,3 milliards de francs en 1997
-hors
programmes multilatéraux
, soit 58 % du budget mis en oeuvre par nos
ambassades.
Plus précisément, qu'il s'agisse de recettes
grand public, de concours en espèces ou en nature de la part
d'entreprises ou de partenaires institutionnels, il ressort que
pour 1 franc
programmé et mis en oeuvre par les ambassades, c'est un total de 2,39 F
qui est consacré à notre action culturelle, scientifique et
technique dans le monde
.
Ce rapport varie selon les régions : de 4,38 en Amérique du Nord,
il n'est que de 1,49 dans les pays d'Europe centrale et orientale, comme
l'indique le tableau ci-après :
Amérique du Nord |
Amérique Latine |
Europe occidentale |
Extrême Orient |
PMO |
Asie du sud et du sud-est |
PECO |
Maghreb |
Afrique subsaharienne hors champ |
4,38 |
3,58 |
3,03 |
2,89 |
2,21 |
2,10 |
1,49 |
1,50 |
1,57 |
Il nous appartient d'encourager cette tendance, cohérente avec l'évolution des modes d'action culturelle et des demandes de nos partenaires. Il s'appuie sur une diversification des acteurs culturels et de leurs supports qu'il convient d'utiliser au mieux.
C. L'ÉVOLUTION DU RÉSEAU DES CENTRES ET INSTITUTS CULTURELS
1. Le développement des "autonomies financières"
La
réforme de certaines implantations du réseau visant, par
regroupements, à créer un type d'établissement nouveau, a
été engagée en 1994, et avait un triple objectif :
- mieux coordonner l'action culturelle sur place en regroupant les
différents éléments du réseau culturel à
l'étranger ;
- attirer les cofinancements -en provenance du budget communautaire via les
programmes PHARE-TACIS- ou des budgets des collectivités locales ;
- donner une plus grande souplesse à la gestion des crédits en
supprimant les crédits délégués par l'ambassade et
en les intégrant à l'autonomie financière.
Ainsi sont nés depuis lors 73 centres culturels et de coopération
linguistique (CCCL), par fusion des BCLE et des centres culturels, et 7 centres
culturels et de coopération (CCC) qui regroupent également, dans
une même autonomie financière, toutes les activités
relevant auparavant du service culturel : coopération scientifique et
technique, artistique, audiovisuelle, linguistique et éducative.
En 1999, 4 nouveaux CCCL seront créés à Budapest, Madrid,
Varsovie et Jakarta ainsi que 3 nouveaux CCC à Séoul, Phnom Penh
et San José.
Ces nouvelles "autonomies financières" ont l'avantage de la souplesse de
gestion et de la cohérence dans l'action conduite par le conseiller
culturel qui les dirige, sans pour autant priver le Département,
à Paris, de sa capacité à suivre, dans la transparence,
l'activité de ces établissements. En 1998, ces
établissements ont reçu plus de 328 millions de francs de
subventions.
Cette réforme, au quotidien, ne va pas sans quelques difficultés.
La gestion, dans le cadre d'une autonomie financière, de crédits
auparavant délégués par l'ambassade, leur globalisation,
constituent une charge comptable considérable. Le suivi quotidien des
règles de gestion requiert une formation solide pour les agents
comptables. Surtout, leurs effectifs ou leurs équipes n'ont pas
été renforcés à concurrence des nouvelles
charges.
2. Le délicat redimensionnement du réseau
A
compter de 1999, le ministère des Affaires étrangères
gérera, à travers la DGCID, en plus des 127 établissements
relevant depuis longtemps de la DGRCST, quelque 30 centres culturels
dépendant auparavant du ministère de la Coopération.
En 1996, un plan triennal de restructuration a été
approuvé par le ministère des affaires étrangères
qui prévoyait la fermeture de certains établissements afin, d'une
part, de prendre en compte les impératifs budgétaires et, d'autre
part, de rééquilibrer les implantations au profit de zones
géographiques considérées comme prioritaires.
En application de ce plan, trois établissements avaient
été fermés en 1997 (La Haye, deux annexes de l'Institut
d'Athènes et le centre culturel d'Aden) ; un en 1998 à Koweit.
Cette même année, trois fermetures avaient été
programmées à Gênes, à Stavanger et à
Salzbourg, elles n'ont pas été réalisées compte
tenu des réactions très négatives rencontrées
auprès des responsables politiques des pays concernés. C'est
là un obstacle majeur et difficilement contournable à toute
tentative de rationalisation du réseau.
Pour 1999, deux fermetures ont été programmées,
exclusivement en RFA, à Essen et à Aix-la-Chapelle.
L'adaptation du réseau concerne également les personnels. De 1996
à 1998, l'effectif global est passé de 1882 à 1694 (-
188), soit une déflation supérieure à ce que le
schéma d'adaptation des réseaux avait prévu pour la DGRCST.
La répartition géographique des effectifs est la suivante pour
les établissements dépendant de la Direction
générale :
Zone géographique |
Titre III |
Titre IV |
Total par zone |
Afrique |
68 |
19 |
87 |
Amérique du Nord |
55 |
37 |
92 |
Amérique du Sud |
180 |
18 |
198 |
Asie |
179 |
38 |
217 |
CEI |
46 |
36 |
82 |
Europe (hors U.E.) |
140 |
155 |
295 |
Monde arabe |
195 |
241 |
436 |
Océanie |
22 |
27 |
49 |
Union européenne |
262 |
14 |
276 |
Total général |
1 147 |
547 |
1 694 |
Enfin,
le défi majeur des années à venir pour notre réseau
culturel à l'étranger concernera le remplacement des postes de
coopérants du service national dont la suppression programmée
dans le cadre de la réforme du servie national.
A l'horizon 2002, la DGCID ne pourra plus compter sur le concours, pourtant
indispensable des quelque 1 200 CSN qui sont répartis dans les services
culturels de nos ambassades, les centres et instituts, les universités
étrangères etc. auxquels il convient d'ailleurs d'ajouter les
450 CSN enseignants employés par l'Agence pour l'Enseignement
français à l'étranger.
L'élaboration par le gouvernement d'un projet de loi sur le volontariat
international constitue donc une urgence, sa discussion et son adoption
à délai rapproché permettant de préparer au mieux
la transition de 2002.
3. La diversification des modes d'action des établissements culturels
Outre
ces aménagements de structures, d'autres initiatives concourent à
la modernisation du réseau.
L'information et la documentation sur la France
en premier lieu. Le
programme d'équipement de centres de ressources sur la France
contemporaine est en cours. Il vise à renforcer les services
d'information et de documentation, en recourant aux technologies modernes. La
plupart des centres sont équipés de salles de lecture et de
bibliothèque.
L'enseignement du français
ensuite, qui concerne quelque 400 000
inscrits, répartis essentiellement en "actifs" (39 %), étudiants
(33 %) et scolaires (21 %). Certains instituts développent leur
enseignement du français en direction de publics-cibles : fonctionnaires
internationaux, décideurs économiques, administratifs et
politiques, formateurs et futurs étudiants des universités
françaises ou francophones. Ces enseignements peuvent faire l'objet de
contrats ou de conventions avec des administrations ou des entreprises locales.
S'agissant par ailleurs de la
diffusion et de la coopération
culturelle et artistique
, les manifestations sont pour la plupart
organisées en partenariat avec des institutions locales, qu'il s'agisse
de théâtre, de musique, de conférences, expositions,
cinéma etc. Il revient par ailleurs à l'Association
française d'action artistique (AFAA), de coordonner, dans un cadre
régional élargi, les projets culturels (tournées ou
expositions).
De plus en plus, une convergence est recherchée entre action culturelle
et coopération linguistique pour favoriser la réalisation de
projets culturels venant appuyer la promotion de la langue française. A
cet égard, l'événement
"lire en français et en
musique"
organisé à Beyrouth sous l'égide de la
Mission culturelle française au Liban, associant la promotion conjointe
de la littérature et de la chanson francophones, est exemplaire. Comme
l'est, toute chose égale par ailleurs, la semaine francophone de
Pécs (Hongrie) qui est l'occasion d'un festival de théâtre
lycéen, regroupant des troupes venues de plusieurs pays d'Europe
centrale et orientale.
Enfin, les centres de coopération culturelle et linguistique sont
invités à proposer des services liés aux besoins de la
coopération et des échanges : formation de boursiers, recyclage
d'enseignants de français, cours de français de
spécialité, coordination des certifications linguistiques etc.