II. UN MOUVEMENT DE RÉNOVATION À POURSUIVRE
La
rénovation pédagogique de l'enseignement technique agricole
semble arrivée à maturité. La
décélération des effectifs constatée au cours des
rentrées 1997 et 1998 fait passer au second plan les
préoccupations liées à la maîtrise des effectifs
pour permettre une réflexion prospective sur l'avenir de l'enseignement
agricole en terme de débouchés et de métiers, cette
réflexion apparaissant à votre rapporteur comme une condition
nécessaire pour pérenniser son succès.
Cet effort d'adaptation s'impose également pour l'enseignement
supérieur. En effet, en ce domaine, le mouvement de rénovation
entrepris est loin d'être parvenu à son terme et doit être
impérativement poursuivi.
A. L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
•
L'arrivée à maturité de la rénovation
pédagogique
* L'achèvement de la
rénovation pédagogique des
filières BTSA
se poursuit avec la mise en place, à la
rentrée 1998, du nouveau BTSA technico-commercial, qui avait
été reportée d'un an afin de permettre aux
établissements de s'adapter à la modification des
spécialités.
Par ailleurs, un BTSA du secteur des services a été
expérimenté à la rentrée 1998 dans 8
établissements publics et privés afin de compléter la
filière des services. Il serait souhaitable que cette
expérimentation puisse concerner l'ensemble des composantes de
l'enseignement agricole : enseignement public, enseignement privé
à temps plein et enseignement privé à rythme
approprié.
* La première session des
nouvelles filières du
baccalauréat professionnel
s'est déroulée en juin
1998. A la rentrée 1998, 402 classes accueillent
7 411 élèves en classe de première, soit une
augmentation de 34 % par rapport à 1996, année de leur mise
en place.
*
Les baccalauréats technologiques
STAE et STPA
créés en 1993 poursuivent leur développement rapide. Ils
accueillent près de 7 000 élèves à la
rentrée 1998, le nombre de classes de première étant
passé de 160 en 1993 à 253 en 1998.
* La diversification de
l'offre de formation après le BTSA
n'est
pas engagée. En particulier, le projet de création d'un
diplôme national de technologie spécialisé (DNTS),
annoncé en 1995 et qui devrait constituer une nouvelle qualification de
niveau bac+3, un an après le BTSA, n'a toujours pas abouti.
Les classes post-BTSA sont au nombre de 33 à la rentrée 1998.
•
La mise en place d'une réflexion prospective sur
l'enseignement agricole et ses champs professionnels
La politique de croissance maîtrisée des effectifs s'était
accompagnée d'une volonté de " recentrer " les
formations dispensées au sein de l'enseignement agricole sur celles
conduisant à des métiers dans la production et la transformation,
et surtout à l'installation de jeunes agriculteurs.
Votre rapporteur avait souligné les risques d'une telle proposition qui
résultait d'une lecture -trop hâtive selon lui- de la croissance
soutenue des effectifs de l'enseignement agricole et qui risquait de sacrifier
la réussite de cet enseignement au nom d'une rigueur budgétaire
mal comprise.
Les évolutions constatées au cours des deux dernières
années soulignent la pertinence de son analyse.
Le ralentissement du taux de progression des effectifs observé à
la rentrée 1997 a été confirmé à la
rentrée 1998, la croissance des effectifs ayant été
inférieure à celle que prévoyait le protocole de 1997 sur
la croissance maîtrisée des effectifs. Il traduit une
évolution spontanée des effectifs qui ne résulte pas
uniquement de la politique des quotas, même si celle-ci l'a, à
l'évidence, accélérée.
Cette évolution ne rend pas moins nécessaire la réflexion
prospective sur les débouchés de l'enseignement agricole. A
défaut de celle-ci, ce sont les capacités d'accueil des
établissements et non les perspectives d'insertion professionnelle qui
réguleront les flux d'entrées dans l'enseignement agricole. A
terme, l'inadéquation entre l'offre de formation et les
débouchés qui en résulterait inéluctablement
compromettrait la réussite de l'enseignement agricole et nuirait
à son attractivité auprès des jeunes.
Les conclusions du premier rapport de l'Observatoire national des formations
remis au ministre de l'agriculture et de la pêche vont dans ce
sens : "
Rien ne permet actuellement de prévoir
l'application d'un taux uniforme de croissance des effectifs. En effet, sans
préjuger des conséquences budgétaires qui
nécessitent un arbitrage clair, l'Observatoire ne peut que constater,
d'une part, que le système s'est complexifié dans ses modes de
recrutement et que toute mesure de gestion quantitative des flux ne peut
répondre au problème posé, d'autre part, que la croissance
des effectifs doit être constamment corrélée avec la
situation du marché de l'emploi.
" Par ailleurs, elles
soulignent que "
la taille limitée de l'enseignement agricole
doit lui permettre d'être gérée avec souplesse : il est
impératif d'intégrer ses spécificités et sa
diversité, de même que les attentes multiples qu'il suscite, dans
la gestion de l'offre et de la demande de formation
. " Votre
rapporteur ne peut qu'approuver ces analyses qui rejoignent largement celles
qu'il avait faites lors de l'instauration des " quotas " de
croissance des effectifs.
Le troisième schéma prévisionnel national des formations,
qui définit les orientations pour les années 1998-2002, a pour
ambition de contribuer à cette démarche prospective. On
relèvera qu'il fixe comme un objectif la répartition suivante des
effectifs de l'enseignement technique :
- production : de 40 à 42 % ;
- aménagement : de 16 à 18 % ;
- tertiaire, service : de 32 à 34 %.
Ces objectifs s'accompagnent par ailleurs d'une redéfinition des champs
professionnels couverts par l'enseignement agricole. L'article 51 du projet de
loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale le
14 octobre 1998, précise, en effet, que l'enseignement et la
formation professionnelle agricoles "
ont pour objet d'assurer une
formation (...) dans les métiers de l'agriculture, de la forêt, de
l'aquaculture et de la filière agro-alimentaire ainsi que dans d'autres
métiers concourant au développement de ceux-ci, notamment dans
les domaines des services et de l'aménagement de l'espace agricole,
rural et forestier, de la gestion de l'eau et de l'environnement
. "
Votre rapporteur refusant pour l'heure d'anticiper les débats sur le
projet de loi d'orientation de l'enseignement agricole, se contentera de
souligner que la diversification de l'enseignement agricole, loin d'être
synonyme d'une perte de spécificité, est la condition de son
efficacité au service du développement de l'économie
agricole et de la revitalisation rurale, ce qui n'exclut pas que cette
diversification soit conduite avec prudence et prenne en compte les
possibilités de débouchés professionnels offerts aux
jeunes diplômés.
Pour cette raison, votre rapporteur partage les propositions formulées
par l'Observatoire destinées à améliorer le suivi des
diplômés et à réduire le décalage entre le
traitement des informations et l'évolution de l'offre de formation,
notamment grâce à une amélioration des outils statistiques.