2. Un accroissement des dépenses en capital
Après une progression de 20 % en 1998, les autorisations de programme , comme nous le soulignions plus haut, diminuent de 4,9 % pour s'établir à 3 522,36 millions de francs tandis que les crédits de paiement s'élèvent à 3 543,32 millions de francs en progression de 3,5 %.
a) Les crédits du patrimoine
Après l'effort consenti en 1998 destiné à restaurer les dotations comparables à celles prévues par la loi de programme de 1993, le projet de loi de finances pour 1999 propose une augmentation de 3,4 % des crédits de paiement (1 443,35 millions de francs) et de 2,2 % des autorisations de programme (1 655,27 millions de francs) .
ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'INVESTISSEMENTS
CONSACRÉS AUX MONUMENTS HISTORIQUES
(en millions de francs)
Chapitre |
Interventions |
|
LFI 1998 |
PLF 1999 |
1999/1998 (en %) |
Titre V |
Maîtrise d'ouvrage par l'État |
|
|
|
|
56-20/50 |
Monuments historiques appartenant à l'État |
CP |
574,9 |
707,35 |
+ 23 |
|
|
AP |
645 |
877 |
+ 36 |
56-20/60 |
Monuments historiques n'appartenant pas à l'État |
CP |
346,5 |
350,46 |
+ 1,1 |
|
|
AP |
377 |
380 |
+ 0,7 |
56-20/70 |
Archéologie |
CP |
17,34 |
18,24 |
+ 5,1 |
|
|
AP |
20 |
21 |
+ 5 |
56-20/90 |
Etudes |
CP |
7,1 |
6,7 |
- 5,6 |
|
|
AP |
7,52 |
5,87 |
- 21,9 |
Titre VI |
Maîtrise d'ouvrage propriétaires |
|
|
|
|
66-20/90 et |
Monuments historiques non État |
CP |
365,96 |
276,1 |
- 24,5 |
66-20/60 |
|
AP |
481,7 |
274,4 |
- 43 |
66-20/20 |
Travaux sur monuments non protégés |
CP |
34,3 |
34,1 |
- 0,5 |
|
|
AP |
35 |
35 |
- |
66-20/50 |
Archéologie |
CP |
49,8 |
50,4 |
+ 1,2 |
|
|
AP |
53,1 |
62 |
+ 16 |
Total CP |
|
|
1 395,9 |
1 443,35 |
+ 3,4 |
Total AP |
|
|
1 619,32 |
1 655,27 |
+ 2,2 |
L'analyse des crédits du patrimoine figurant au projet
de loi
de finances pour 1999 fait apparaître des
évolutions
contrastées
.
Si l'augmentation des crédits de paiement et des autorisations de
programme permet de consolider les dotations prévues par la loi de
finances pour 1998, votre rapporteur relève que
la progression
globale bénéficie essentiellement aux travaux effectués
par l'État sur ses monuments
, les crédits finançant
les travaux sur des monuments historiques n'appartenant pas à
l'État ne bénéficiant que d'une progression modeste en
crédits de paiement (1,1 %) pour ceux exécutés sous
maîtrise d'ouvrage de l'État et diminuant pour ceux
exécutés sous la maîtrise d'ouvrage des
propriétaires (-24,5 %). Cette évolution s'explique
essentiellement par le fait que les crédits concernant les travaux
effectués sur le Palais de Chaillot et le Grand Palais (soit
212 millions de francs d'autorisations de programme) ont été
transférés du chapitre 66-20 (subventions d'investissement
accordées par l'Etat) au chapitre 56-20 (investissements
exécutés par l'Etat).
Parmi les actions annoncées comme prioritaires dans l'affectation des
crédits du patrimoine, on retiendra les travaux de restauration des
cathédrales (Amiens, Chartres, Rouen, Strasbourg, Paris et Saint-Denis
de La Réunion), la poursuite des travaux sur les bâtiments du
Parlement de Bretagne,
l'accent mis sur la préservation et la
valorisation du patrimoine du XXe siècle
(restauration de la
villa Noailles de Mallet-Stevens par exemple),
le renforcement de la
politique d'inventaire et de protection du patrimoine industriel
ainsi que
l'ouverture des tranches de travaux pour la consolidation des fondations et des
structures du Grand Palais et la restauration de la façade et de la
statuaire de l'Opéra Garnier.
b) Les dépenses d'investissement hors patrimoine
Les
dépenses d'investissement hors crédits du patrimoine progressent
de 3,7 % en crédits de paiement (2 099,97 millions de francs)
et diminuent de 10,44 % en autorisations de programme (1
867,09 millions de francs).
Cette évolution contrastée résulte, d'une part, de la
volonté d'apurer la dette de l'Etat vis-à-vis des
collectivités locales grâce à un rattrapage en
crédits de paiement et, d'autre part, de la nécessité de
dégager les moyens nécessaires à la maintenance et
à la rénovation des grandes institutions culturelles.
• Depuis 1993, les délais de versement des subventions
d'investissement de l'Etat aux maîtres d'ouvrages locaux n'ont
cessé de s'allonger, conduisant en pratique les collectivités
locales à consentir à l'Etat des avances de trésorerie.
Ces difficultés ont par ailleurs été accrues du fait des
annulations de crédits de paiement intervenant en cours d'exercice
budgétaire.
A la fin 1997, la dette de l'Etat était estimée en crédits
de paiement à 267 millions de francs. Cette situation, qui avait
conduit les services du ministère des finances à bloquer les
nouveaux engagements dans l'attente du règlement des engagements plus
anciens, avait eu pour conséquence de retarder la réalisation de
nombreuses opérations de construction et de rénovation.
L'augmentation pour 1999 des crédits de paiement doit permettre de
contribuer à
apurer la dette de l'Etat vis-à-vis des
collectivités locales
et permettre, pour l'avenir, un flux plus
régulier d'engagements.
• Par ailleurs, l'accroissement des crédits de paiement
correspond à
la poursuite de l'effort engagé en faveur de la
remise en état du patrimoine des grandes institutions culturelles
.
Le programme de réaménagement des espaces intérieurs du
centre Georges Pompidou, rendu nécessaire pour des raisons tenant
à la fois à l'usure du bâtiment et au souci
d'améliorer le fonctionnement du centre, sera poursuivi. Le projet de
loi de finances pour 1999 prévoit de consacrer à ces travaux
139,5 millions de francs en crédits de paiement (soit +31 %
par rapport à 1998) et 75,5 millions de francs en autorisations de
programme.
Le domaine national de Versailles bénéficiera de mesures
nouvelles à hauteur de 34 millions de francs en crédits de
paiement afin d'entamer la mise en oeuvre d'un plan pluriannuel de
sécurité et d'accueil du public.
L'établissement public du Grand Louvre dont l'achèvement est
prévu pour l'année prochaine bénéficiera d'une
dotation, désormais affectée à l'établissement
public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels, s'élevant
à 35,92 millions de francs en crédits de paiement et
à 146,2 millions de francs en autorisations de programme. Par
ailleurs, il bénéficiera de 25,4 millions de francs en
autorisations de programme au titre de l'équipement
muséographique.
En ce qui concerne la Bibliothèque nationale de France, qui
connaîtra en 1999 sa première année de pleine
activité, elle bénéficiera de crédits
d'équipements s'élevant à 62 millions de francs (+
32 %) destinés notamment au catalogue collectif et à la mise
en place des pôles associés.
Par ailleurs, le chantier du musée des arts et des civilisations, dont
le coût est estimé à 1 milliard de francs, sera
entamé en 1999 ; 15,5 millions de francs en crédits de
paiement et 62 millions de francs en autorisations de programme lui seront
consacrés.
Cette politique d'investissement est en grande partie conduite par
l'établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux
culturels
(EPMOTC) créé par le décret n° 98-387
du 19 mai 1998. Ce nouvel établissement public, issu de la fusion de la
mission interministérielle des grands travaux et de
l'établissement public du Grand Louvre, a pour mission d'assurer
à la demande et pour le compte de l'Etat, "
la maîtrise
d'ouvrage des opérations de construction, d'aménagement, de
réhabilitation, de restauration, de gros entretien ou de
réutilisation d'immeubles appartenant à l'Etat et
présentant un intérêt culturel
". En outre, il
peut également assurer des missions identiques auprès des
collectivités locales et de leurs établissements publics.
En 1999, le montant des crédits consacrés à des
opérations susceptibles de lui être confiées
s'élève à 456,52 millions de francs en autorisations
de programme et sont retracés dans le tableau suivant :
DE MAÎTRISE D'OUVRAGE DES TRAVAUX CULTURELS (1998-1999)
Opérations |
Chapitre
|
LFI
|
Chapitre
|
PLF
|
Restructuration du Grand Palais |
66-20-90 |
150 |
56-20-50 |
217 |
Centre de la mémoire contemporaine à Reims |
66-91-69 |
144 |
|
- |
Grand Louvre |
66-91-69 |
200 |
66-91-69 |
35,92 |
Conventions Établissement public du Grand Louvre |
66-91-69 |
13,6 |
66-91-69 |
- |
Restauration de l'Orangerie |
66-91-69 |
7 |
66-91-69 |
28 |
Restructuration du Musée d'Orsay |
66-91-69 |
0 |
56-91-30 |
19 |
Travaux dans les autres musées nationaux |
66-91-69 |
10 |
56-91-30 |
4 |
Installation d'un accès-décors dans le Théâtre national de Chaillot |
|
|
56-91-40 |
11 |
Restructuration de l'Odéon |
66-91-69 |
121 |
|
|
Regroupement des services centraux |
66-91-69 |
167,7 |
56-91-60 |
84,6 |
Construction du centre national de la danse |
66-91-69 |
20 |
56-91-60 |
17 |
Institut national d'histoire et de l'art |
66-91-69 |
20 |
56-91-60 |
40 |
TOTAL |
|
853,3 |
|
456,52 |
Source : ministère de la culture
La seule lecture du " bleu " ne permet pas l'identification des
opérations relevant de l'EPMOTC. En effet, les opérations qu'il
conduit sont de trois ordres : d'une part, des opérations faisant
l'objet d'une convention entre l'Etat et l'EPMOTC financées sur les
chapitres 56-20 ou 56-91, des opérations encadrées par une
convention entre l'EPMOTC et un autre établissement public et des
opérations dont l'EPMOTC assure seul la maîtrise d'ouvrage
financées sur les crédits du chapitre 66-91, article 68. Pour ces
derniers, la globalisation au sein de cet article ne permet guère de
suivre les sommes consacrées aux différentes opérations
dont l'EPMOTC assure la maîtrise d'ouvrage.
L'augmentation des dotations en capital profite également à
des projets en région
. Les crédits destinés à
des opérations d'intérêt régional dont la
maîtrise d'ouvrage est confiée à des collectivités
locales s'élèveront en 1999 à 359,35 millions de
francs, en progression de 41 % par rapport à 1998. Les principales
augmentations concerneront les musées des collectivités locales
(+ 26,35 millions de francs), la restructuration du Cargo à
Grenoble (+ 45 millions de francs) et l'aménagement des
centres dramatiques nationaux et régionaux, des scènes nationales
et des salles municipales (+ 8,2 millions de francs).