3. La francophonie : un réseau d'échanges à développer
La communauté de langue n'est jamais une entité abstraite, ni un assemblage né de la contrainte, ou fondé sur un calcul intéressé. La francophonie est d'abord une communauté humaine, fondée sur une relation aussi solide qu'immatérielle, qui est présente sur les cinq continents. Que le français soit langue maternelle, langue officielle ou langue d'enseignement, ceux qui parlent, travaillent, échangent, consomment, lisent ou regardent des émissions en français, forment ainsi un ensemble qui atteindra bientôt 500 millions d'êtres humains, même si le nombre des locuteurs est sensiblement inférieur à ce chiffre.
Ainsi le Haut Conseil de la francophonie recensait avec les précautions d'usage, compte tenu de la diversité des services statistiques, 104 millions de francophones réels et 54 millions de francophones occasionnels dans le monde. En 1994, à la suite d'une enquête menée auprès de l'ensemble des postes diplomatiques français à l'étranger, le nombre d'élèves et d'étudiants apprenant le français a été estimé à 57 millions.
C'est dire que la francophonie offre pour l'économie française des perspectives d'échanges variées puisque la communauté francophone relie des pays qui connaissent des degrés très divers de développement, et dans certains cas une croissance démographique très rapide et des besoins économiques importants.
4. Le développement des industries de l'information : un enjeu économique et culturel
L'internationalisation des échanges d'informations grâce au développement de nouvelles technologies de communication modifie de façon radicale le paysage culturel et linguistique. Ces technologies de mémorisation, de traitement, de transfert ou de traduction des informations connaissent une expansion sans précédent. Elles constituent sans nul doute un des enjeux économiques et culturels majeur de cette fin de siècle. Or, de ce point de vue, la vitalité de la présence du français comme langue de communication internationale et le dynamisme des industries francophones de l'information sont intimement liés.
Le maintien de la place du français comme langue de communication dépendra, en effet, de la capacité des pays francophones à favoriser le développement des industries francophones de l'information afin de disposer d'une offre de contenus et de services attractifs. Les nouvelles technologies de l'information sont une nouvelle opportunité pour la francophonie. Elles offrent la possibilité à l'espace géographique francophone réparti sur les cinq continents de trouver dans les réseaux informatiques modernes un lieu cohérent de communication. En outre, les outils informatiques de gestion documentaire, de traduction assistée par ordinateur, trouvent dans les réseaux de communication des modes d'utilisation nouveaux qui sont susceptibles de réduire considérablement, les difficultés pratiques que rencontrent au quotidien les organismes internationaux plurilingues.
La société de l'information ne sera cependant une chance nouvelle pour le français et le plurilinguisme que si les pays francophones rattrapent leur retard par rapport au dynamisme des industries informatiques anglo-saxonnes, qui par leur pénétration des marchés internationaux ont pour l'instant assuré la prépondérance de contenus en anglais.
Dans cette perspective, les entreprises françaises d'ingénierie linguistique disposent par rapport à leurs concurrents non anglo-saxon de l'ensemble des nombreuses opportunités qu'offre l'espace francophone Les entreprises françaises gagneront à exploiter les synergies possibles avec nos partenaires francophones. Elles peuvent bénéficier pour cela des nombreuses initiatives prises, tant au niveau national qu'au niveau des opérateurs francophones, ces dernières années pour promouvoir des réseaux francophones d'ingénierie de la langue.