II. LA POURSUITE ET LA CONSOLIDATION DE LA RÉNOVATION DE L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE
La rénovation pédagogique de l'enseignement technique agricole a largement atteint le stade de la consolidation, l'adaptation des structures se poursuivant, dans la limite des moyens budgétaires, selon les lignes tracées par le deuxième schéma prévisionnel national des formations de l'enseignement agricole.
La rénovation, moins avancée, de l'enseignement supérieur s'organise autour de la constitution des « pôles régionaux », à travers le développement de ses liens avec l'enseignement universitaire et la recherche, et selon les axes stratégiques dégagés l'an dernier par le « rapport Laffitte ».
A. L'ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL
La rénovation pédagogique, sur laquelle se sont appuyés la modernisation de l'enseignement agricole et l'élargissement des champs disciplinaires et professionnels aux métiers de la nature et du vivant et à l'ensemble des activités en milieu rural, arrive à son terme avec la rénovation du contenu des formations dispensées au niveau BTSA et la mise en place progressive des baccalauréats propres à l'enseignement agricole -celle du baccalauréat professionnel ayant été reportée à la rentrée 1996. La création annoncée de l'observatoire des formations agricoles devrait faciliter le « pilotage » de l'enseignement agricole rénové et l'adaptation des formations et des effectifs aux débouchés.
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La rénovation pédagogique et
l'évolution des structures
* Au niveau V (CAPA, BEPA) la rénovation des formations a été achevée en 1994, et ont été mises en place à la rentrée 1995 plusieurs options du nouveau CAPA en deux ans, accessibles à la sortie de troisième, dans des secteurs où existe une demande de main d'oeuvre qualifiée (productions horticoles, travaux paysagers). Plus de 60 classes ont été ouvertes, essentiellement dans l'enseignement privé, ces nouvelles formations remplaçant l'ancien CAPA en un an.
* Au niveau IV . la rénovation s'appuie sur la mise en place des nouveaux baccalauréats spécifiques à l'enseignement agricole : baccalauréats technologiques, baccalauréat général S et, à partir de la prochaine rentrée, baccalauréat professionnel.
En juin dernier, ont eu lieu les premières sessions des baccalauréats technologiques et du baccalauréat S, avec des taux de succès satisfaisants : 70 % pour les baccalauréats technologiques, plus de 70 %, et jusqu'à 80 % dans certaines régions -et 100% dans certains établissements- pour le baccalauréat S.
- Les baccalauréats technologiques STAE (sciences et technologies de l'agronomie et de l'environnement) et STPA (sciences et technologies des produits agro-alimentaires) ont connu un bon départ : 4.475 élèves étaient rentrés en première en 1994, et 27 nouvelles filières avaient été mises en place.
A la rentrée 1995, le nombre de filières conduisant au baccalauréat technologique devait augmenter de 21, dont 11 dans l'enseignement public : 14 de ces filières devaient être associées à la mise en place de la deuxième spécialité, « technologie-économie », de la série STPA, dont 8 par transformation de BTA commerce et services.
- Le baccalauréat général S, qui a remplacé, dans le cadre de la réforme du baccalauréat, l'ancien baccalauréat D', connaît un démarrage plus lent : 1.702 élèves étaient rentrés en première en 1994, contre 1.874 en 1993.Ce « tassement » tient sans doute à plusieurs causes : le succès des « bactechno », la « nouveauté » du bac S qui est sans doute, parmi les baccalauréats généraux mis en place à la suite de la réforme du baccalauréat, la moins« identifiée » des nouvelles séries. Un effort d'information sur la filière, qui met l'accent sur l'agronomie, l'écologie et la géologie et peut ouvrir sur des études supérieures diversifiées, devrait permettre de confirmer sa place parmi les formations de niveau IV.
- Enfin, le baccalauréat professionnel, dont les premières filières devaient ouvrir à la dernière rentrée, a été reporté à la rentrée 1996, cette année supplémentaire de préparation ayant été jugée nécessaire pour mettre en place cette nouvelle formation dans les meilleures conditions, et en particulier pour assurer, en accord avec les professionnels, l'organisation des périodes de stages (16 semaines) incluses dans la scolarité, la formation des maîtres de stages et l'adaptation des méthodes pédagogiques des établissements.
La mise en place du nouveau « bac pro agricole » qui se fera dans le cadre du décret interministériel du 9 mai 1995 relatif au règlement général du baccalauréat professionnel, doit en effet correspondre, pour le ministère comme pour les professionnels, à celle d'une nouvelle formation, et non à une nouvelle appellation de l'ancien BTA.
Les classes qui doivent ouvrir à la prochaine rentrée (250, qui se substitueront à des classes de BTA), permettront la mise en place de quatre spécialités :
- conduite et gestion de l'exploitation agricole ;
- productions horticoles ;
- travaux paysagers ;
- agro-équipements.
* Au niveau III la rénovation des BTSA se poursuit à la rentrée 1995avec les options « gestion forestière » et « industries agro-alimentaires ».Seules resteront donc à rénover, pour les rentrées 1996 et 1997, les options« machinisme agricole », « analyses agricoles, biologiques et biotechnologies » et « agronomie tropicale ».
La stagnation ou le léger recul, depuis deux rentrées, des filières BTSA -après, il est vrai, plusieurs années de croissance exponentielle des effectifs- a été à juste titre jugée préoccupante par le ministre de l'agriculture de la pêche et de l'alimentation : le BTSA est en effet un niveau de qualification répondant à des besoins importants, notamment dans le secteur agro-alimentaire. Il peut également constituer un lien entre l'enseignement du second degré et l'enseignement supérieur agricole. C'est pourquoi votre rapporteur se félicite que le ministre ait annoncé devant le Conseil national de l'enseignement agricole sa décision de mettre en place dans l'enseignement agricole des diplômes nationaux de technologie spécialisée (DNTS), qui constitueront, comme dans les autres filières de l'enseignement technologique supérieur, une nouvelle qualification de niveau bac + 3, un an après le BTSA. La mise en place des DNTS associera les établissements d'enseignement technique et les établissements d'enseignement supérieur, en concertation étroite avec les professionnels.
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La mise en place de l'observatoire des
formations
Le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation a confirmé son intention de créer très prochainement, conformément aux recommandations du Rapport Rémond, un « observatoire national de l'enseignement et de la formation professionnelle agricoles » qui aura pour mission de suivre l'insertion professionnelle et l'emploi : il est en effet important, en particulier pour l'avenir des nouvelles filières et pour accompagner le développement des « nouveaux métiers » dans le milieu rural, de disposer des moyens d'anticiper les mutations, d'évaluer les besoins et les débouchés.