III. L'URGENCE D'AGIR POUR REDYNAMISER DURABLEMENT LE SECTEUR ASSOCIATIF

A. À COURT TERME, LE CONTEXTE INFLATIONNISTE FRAGILISE À NOUVEAU UN SECTEUR DÉJÀ SOUS TENSION DEPUIS LA CRISE SANITAIRE

Le contexte inflationniste inquiète fortement les acteurs du milieu associatif, alors même que les effets des vagues épidémiques successives sur le secteur se font encore ressentir en 2023.

En effet, les associations subissent de plein fouet les conséquences de l'inflation, qu'il s'agisse de la hausse des charges (augmentation des coûts de l'électricité, des équipements, de la masse salariale...), des effets sur les ressources humaines (désaffection des adhérents ou bénévoles ayant leurs propres difficultés financières) ou encore de l'impact sur leurs ressources financières (recettes d'activités menacées par la baisse du pouvoir d'achat, tensions sur les subventions et partenariats...).

D'après une étude réalisée en février 2023 par Le Mouvement associatif auprès de 2 789 responsables associatifs, les conséquences sur l'engagement des bénévoles se ressentent davantage au sein des petites associations, quand la hausse des coûts (énergie, équipement, prestations, ...) semble avant tout fragiliser les associations employeuses. Ces dernières font également état des difficultés liées à de nécessaires revalorisations salariales, dont la compensation en termes de ressources n'est pas toujours assurée.

Face à ces difficultés, de nombreuses associations s'inquiètent de devoir réduire leur volume d'activités ou augmenter le tarif des adhésions ou des services proposés, alors même que les besoins de leurs publics ne faiblissent pas.

Le rapporteur alerte sur la nécessité d'aider davantage le secteur associatif face aux effets de l'inflation, en renforçant les moyens à la disposition des associations. Il appelle également le Gouvernement à revaloriser le montant des postes Fonjep, qui n'a pas évolué depuis 2011, afin de porter la subvention annuelle octroyée à 10 000 €, comme cela a été fait pour les postes Fonjep relevant du ministère de l'Europe et des affaires étrangères pour la période 2024-2026.

B. UNE RECOMPOSITION DU BÉNÉVOLAT À ACCOMPAGNER SUR LE LONG TERME

Le secteur associatif dénombre 13 millions de bénévoles en 2023, pour faire vivre au quotidien les près de 1,5 million d'associations actives en France cette année. Si la tendance est à la hausse après une forte diminution du nombre de bénévoles suite aux effets de la crise sanitaire, les associations font désormais face à un nouveau défi : la mutation des profils et des formes d'engagements.

Cette évolution se traduit par deux constats, mis en lumière par la 21ème édition de l'étude de Recherches et solidarités, « La France associative en mouvement » :

ð L'engagement croissant des moins de 35 ans et le repli continu des 65 ans et plus, piliers traditionnels du bénévolat, au point que les deux tranches d'âge affichent désormais une proportion identique de 25 % de bénévoles ;

Source : La France associative en mouvement - 21ème édition. Recherches et Solidarités. Octobre 2023

Le rapporteur se réjouit de la hausse du nombre de jeunes engagés pour le secteur associatif, mais alerte sur la nécessité de remobiliser les bénévoles plus âgés, en s'appuyant sur les initiatives des employeurs comme des associations pour permettre aux salariés qui le souhaitent de concilier travail et engagement, et en encourageant les actifs en fin de carrière à s'engager durablement.

ð Un engagement moins fréquent, 9 % des bénévoles (pour 10 % en 2019) s'engageant encore à raison d'une fois par semaine, obligeant les associations à s'adapter à un engagement plus léger d'une majorité de bénévoles et à apprendre à accueillir un bénévolat plus ponctuel. Cette évolution est par ailleurs intimement liée à celle de la pyramide des âges puisque le bénévolat ponctuel est plus pratiqué par les moins de 35 ans, tandis que le bénévolat plus régulier est surtout le fait des plus de 65 ans.

Ces nouvelles formes d'engagement contraignent les associations à s'adapter en révisant leur mode d'organisation, et en prenant le temps d'accueillir les bénévoles, de bien les informer et d'accompagner leurs premiers pas pour qu'ils se sentent bien intégrés.

Face à ces constats, le rapporteur s'interroge sur la pertinence du renforcement des crédits en faveur du développement des plateformes numériques de mise en relation associations / bénévoles pour des missions très courtes qui encouragent un bénévolat plus ponctuel. Il semblerait plus pertinent de renforcer davantage le soutien aux associations sur le terrain pour donner les moyens aux acteurs du secteur de fidéliser les bénévoles et d'encourager les formes d'engagements qui s'inscrivent dans la durée.

Le développement depuis 2020 de la plateforme jeveuxaider.gouv.fr doit être salué de par l'objectif qu'il poursuit mais il suscite également des interrogations tant par le coût élevé qu'il engendre que par son fonctionnement même, entièrement conçu et piloté par l'État, et non par les associations qui en sont pourtant les destinataires à part entière.

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