III. FACE AU BESOIN URGENT DE RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS D'AGRICULTEURS, AGIR DÈS MAINTENANT POUR RENFORCER L'ATTRACTIVITÉ DE L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE
A. ENTRE RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS ET TRANSITION CLIMATIQUE, UN ENSEIGNEMENT AU CoeUR DES ENJEUX DE DEMAIN
La perte de souveraineté alimentaire française est concrète : les seuls besoins nationaux ne sont plus couverts en matière de viande et de fruits et légumes. De plus, les fragilités du système alimentaire ont été accentuées par la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine et sont ravivées par les évènements climatiques qui frappent notre agriculture. Consolider la souveraineté alimentaire de la France nécessite d'assurer un renouvellement considérable des générations d'actifs en agriculture et de les préparer au mieux aux transitions nécessaires pour affronter le défi climatique.
Le dernier recensement agricole opéré en 2020 dénombrait 496 000 exploitants agricoles pour 389 000 exploitations. La décrue de cette population a été très forte depuis 1970 : de 1,6 million à cette date, elle est passée à 1,1 million en 1988 et 764 000 en 2000.
Aujourd'hui, cette décroissance se poursuit et est source de nombreuses inquiétudes, puisque 166 000 exploitants agricoles seront partis à la retraite d'ici 10 ans en France, soit plus d'un tiers d'entre eux. Or, le taux de renouvellement actuel est de deux installations pour trois départs.
Pour mettre fin à cette hémorragie et répondre au défi du renouvellement des générations en agriculture à l'horizon 2040, l'enseignement agricole doit diplômer 30 % d'apprenants supplémentaires dans le domaine de la production agricole.
Le rapporteur alerte le Gouvernement sur l'urgence d'installer massivement des jeunes agriculteurs et agricultrices pour maintenir une production diversifiée et de qualité et préserver les terres agricoles.
Le pacte et la future loi d'orientation et d'avenir agricoles n'ont pas droit à l'erreur
Le renouvellement des générations en agriculture ne se réduit pas à des considérations démographiques mais engage l'évolution vers des modèles et des pratiques d'agriculture durable et résiliente sur un territoire bien aménagé.
Conscient de l'importance de ces enjeux, le Gouvernement avait annoncé en septembre 2022 la préparation d'un pacte et d'une future loi d'orientation et d'avenir agricoles très attendus, dont les contours en faveur de l'enseignement agricole commencent à se préciser.
Au cours de son audition devant la commission, le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a indiqué qu'il annoncerait très prochainement dans ce cadre des mesures :
- de découverte de l'agriculture et de l'alimentation dès la classe de primaire ;
- d'orientation au collège et au lycée, par un accès massifié aux stages en agriculture et agroalimentaire ;
- de création de contrats locaux autour des établissements pour relancer des formations par voie scolaire qui peinent à recruter alors que le territoire a besoin de professionnels pour produire ;
- de création d'un bachelor, bac+ 3 agro, pour attirer et permettre d'accompagner la montée en compétence ;
- de création d'un processus massif de formation continue des enseignants, formateurs et conseillers pour enrichir leurs compétences sur les leviers d'adaptation et d'atténuation du changement climatique de l'agriculture.