B. L'ANGLE MORT DE CONTINUITÉ TERRITORIALE INTERNE PERSISTE

Si les crédits dédiés à la continuité territoriale augmentent, la rapporteure pour avis regrette toutefois que la question de la continuité territoriale interne demeure inabordée. Le rapport sénatorial sur la continuité territoriale souligne les difficultés que pose la non-prise en compte par l'ACT des coûts de transport, du domicile vers l'aéroport international.

Dans certaines situations, ces coûts peuvent s'avérer particulièrement élevés, à l'instar des mobilités depuis la Guyane, où les Guyanais doivent parfois venir du fleuve par avion ou par pirogue pour se rendre à l'aéroport de Cayenne. Dans cette région marquée par le manque historique d'investissement de l'État en faveur du désenclavement, bien qu'étant propriétaire de 90 % du foncier, la collectivité a récemment mis en place une délégation de service public (DSP) pour six liaisons intérieures. L'État ne contribue au financement que de deux liaisons. Au total, le coût de la DSP s'élève à 10 M€, dont seulement 1,5 M€ pris en charge par l'État. Avec la reprise des activités d'Air Guyane, une nouvelle DSP devrait voir le jour début décembre, visant à assurer, dans l'urgence, des liaisons indispensables. L'État se doit être au rendez-vous de la mobilité du désenclavement en soutenant financièrement cette DSP.

La problématique de la continuité interne se pose aussi en Polynésie française, pays plus vaste que l'Europe aux 78 îles habitées, depuis les îles les plus en périphéries vers l'aéroport de Tahiti. C'est d'ailleurs pour maintenir une continuité territoriale effective que le pays a également mis en place durant la crise sanitaire une DSP permettant de maintenir 34 lignes déficitaires mais indispensables pour les Polynésiens. Elle est alimentée par un fonds de continuité territoriale doté de 10 M€. Si ce fond est vital pour éviter l'isolement de certaines îles, il ne bénéficie actuellement d'aucun soutien de l'État, ce qui revient à faire peser sur les épaules du pays l'entièreté des dépenses nécessaires pour préserver les lignes non rentables.

Considérant la situation particulière de ces deux territoires, la rapporteure appelle l'État à prendre ses responsabilités en participant véritablement au financement de ces lignes intérieures, premier maillon d'une continuité territoriale vers l'Hexagone qui ne débute pas à l'aéroport international de Tahiti ou de Cayenne. Elle proposera donc, en son nom propre, un amendement visant à augmenter de 5 M€ les crédits du programme 203 « Infrastructures et services de transport » de la mission « Écologie, développement et mobilités durables », dont l'action 52 porte sur le financement de certaines liaisons aériennes nécessaires au désenclavement des territoires.

Recommandation 6 : Accompagner la Guyane et la Polynésie française dans le financement de certaines lignes internes indispensables à la continuité territoriale vers l'Hexagone.

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