C. LA DIPLOMATIE SCIENTIFIQUE : DES AMBITIONS AUX MOYENS LIMITÉS
1. Les principaux axes
La recherche de partenariats scientifiques de haut niveau et les échanges d'expertise dans ce domaine constituent un axe stratégique de la politique d'attractivité. L'objectif est d'intégrer les laboratoires français dans les réseaux en pointe dans certains domaines : sciences du vivant, sciences et technologies de l'information et de la communication, nanotechnologies, sciences de la terre et de l'environnement. L'association des entreprises et des pôles de compétitivité aux actions conduites, sur le modèle des partenariats noués aux États-Unis et en Inde, est incluse dans cette politique.
Les échanges comprennent à la fois des missions d'experts intervenant dans les pays étrangers et des invitations dans le cadre de conférences et de séminaires. Ils comprennent également des outils comme des bourses , et des programmes d'échanges scientifiques notamment à travers les partenariats Hubert Curien (PHC) destinés à faciliter la mobilité des jeunes chercheurs, bénéficiant de cofinancements à hauteur de 50 % par le pays partenaire. Au nombre d'une soixantaine, les PHC et programme assimilés sont des programmes conjoints de recherche destinés à faciliter la mobilité des jeunes chercheurs et l'amorçage de coopérations de recherche. Chaque année, plusieurs centaines de projets sont déposés, dont environ 25 % sont retenus pour un financement.
Cette politique soutient également par des dotations pour opérations 27 centres de recherche qui conduisent des projets de recherche correspondant à des thématiques et enjeux d'actualité dans le domaine des sciences humaines et sociales. Ces établissements, les Instituts français de recherche à l'étranger (IFRE) sont placés sous la double tutelle des Affaires étrangères et du CNRS.
Parmi les autres actions notables de promotion de la recherche française figurent : le soutien à la coopération archéologique française à l'étranger, des actions de veille et de valorisation de la science et de la technologie française, la présence de la France dans les grandes enceintes scientifiques, dont l'Institut polaire, et les programmes mondiaux de recherche, en particulier sur le climat.
2. Les crédits de la diplomatie scientifique
Une enveloppe de 39,7 millions d'euros est prévue en 2017 pour le soutien à la recherche (hors bourses et hors crédits de Campus France). Cette enveloppe est en forte augmentation (+21 %).
Cette hausse s'explique par l'imputation sur cette enveloppe de la contribution du MEAE à l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (6,57 M€) .
Les instruments traditionnels de la diplomatie scientifique que sont les partenariats Hubert Curien (PHC) sont, quant à eux, en recul (-5%).
Ces crédits se répartissent de la façon suivante :
- Dotation de fonctionnement aux Instituts français de recherche à l'étranger (IFRE) : 4,86 M€ (stable).
- Échanges d'expertise : 4,53 M€ ;
- Dotations pour opérations aux EAF et aux UMIFRE (unités mixtes des Instituts français de recherche à l'étranger) : 4,85 M€ (-5,2 %)
- Partenariats Hubert Curien et assimilés : 5,53 M€ (-5,4 %) ;
- Autres crédits d'intervention : 19,9 M€. Ces crédits incluent une partie de la contribution française à l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflits. Cette fondation, créée fin 2016 lors de la conférence internationale d'Abou Dhabi, a pour objectif de réunir 100 M$ d'ici 2019. La part de la France est de 30 M$, versés en 2017 et 2018. Le MEAE contribue à la constitution de ce fonds à hauteur de 6,575 M$ en 2018.
3. Une initiative politique forte
À la suite de l'annonce du retrait des États-Unis de l'accord de Paris, l'initiative dite « Make our planet great again » 38 ( * ) (MOPGA) a été lancée le 8 juin 2017 par le Président de la République pour attirer en France des chercheurs, enseignants, étudiants, entrepreneurs et ONG qui souhaiteraient y développer des projets en lien avec la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors de leur audition par vos rapporteurs, les représentants de Campus France ont fait état de premiers retours très positifs . Ainsi, au 31 août 2017 :
- 11 000 personnes (étudiants, chercheurs, entrepreneurs, ONG) se sont signalées sur le site internet de l'initiative ;
- 1822 candidats étudiants ou chercheurs ont fait parvenir un projet détaillé à Campus France, dont 500 candidats à des études en France, 484 candidats à un doctorat, 400 candidats à un long séjour de recherche en France, 237 candidats à un post-doctorat. Les deux tiers des étudiants et chercheurs candidats sont américains, dont 100 issus d'universités prestigieuses.
Le financement de ce programme sera fondé sur le principe de 1 euro par institution (en crédits ou en nature) pour 1 euro de moyens additionnels, dans le cadre de l'action « Programmes prioritaires de Recherche » du programme d'investissements d'avenir (PIA 3), qui apportera 30 millions d'euros de moyens additionnels. L'effort global de financement sera ainsi d'un montant de 60 millions d'euros pour l'accueil d'une cinquantaine de chercheurs sur une durée de 5 ans .
Les établissements doivent donc consacrer 30 millions d'euros au dispositif et ouvrir à des chercheurs étrangers des postes très concurrentiels. Pour ces établissements, les difficultés sont loin d'être levées.
Or vos rapporteurs soulignent la nécessité de donner aux premiers retours encourageants de l'initiative « Make our planet great again » des suites à la hauteur de ses ambitions . En raison de son audience internationale, cette initiative est en effet devenue un test de crédibilité pour la France .
De même que le contexte politique aux États-Unis, la perspective du Brexit pourrait offrir des opportunités d'accueil de chercheurs étrangers , à condition toutefois que les établissements d'enseignement supérieur et de recherche français disposent de moyens suffisants.
* 38 « Rendre sa grandeur à notre planète » (en écho au slogan « Make America great again »).