(2) Vers quel équilibre territorial ?
Certes, la capitale doit être culturellement attractive mais force est de constater que la concentration des crédits de l'État sur ses grands opérateurs nationaux risque de renforcer les difficultés enregistrées en région, compte tenu, en outre, des contraintes budgétaires qui s'imposent aux collectivités territoriales.
Or, le présent projet de loi de finances accentue cette tendance.
En effet, comme indiqué précédemment, votre rapporteure regrette la diminution de crédits alloués à des actions artistiques et culturelles ayant un fort pouvoir d'irrigation des territoires, tels les festivals.
f) Un focus sur les musiques actuelles
Le réseau des Scènes de musiques actuelles (SMAC) et autres lieux de musiques actuelles relève prioritairement des collectivités territoriales, l'État les soutenant à concurrence de 15 à 20 % des aides publiques dont ils bénéficient. Ces équipements s'autofinancent (par le biais de recettes directes et de bar) à hauteur de 30 % de leur budget global.
Le 22 avril 2011, M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, a annoncé sa volonté de porter de 70 à 100 le nombre de Scènes de musiques actuelles (labellisées SMAC ), soit au moins une par département d'ici 2015 , qu'il s'agisse d'une scène généraliste (ouverte à l'ensemble du champ des musiques actuelles) ou d'un projet en réseau.
2,4 millions d'euros sur trois ans seront consacrés au « plan SMAC » et le plancher minimal de subvention de l'État pour chaque SMAC sera de 75 000 euros .
Ce plan introduit une plus grande rationalisation dans les critères d'attribution des aides et dans la répartition géographique des établissements retenus, à partir de 130 lieux divers existants. En outre, dix nouveaux établissements sont aujourd'hui en construction ou en préfiguration.
On peut se réjouir de l'intérêt croissant des pouvoirs publics pour les musiques actuelles : l'attribution d'un label et l'assurance d'un soutien financier minimal participent d'une meilleure reconnaissance de ce segment très dynamique du secteur musical à la fois en termes de fréquentation des lieux et de pratiques artistiques par nos concitoyens. Ces lieux sont essentiels pour assurer l'émergence et la carrière des jeunes artistes, et assurer la diversité de la diffusion de la musique sur nos territoires.
Cependant de nombreux professionnels craignent que la labellisation SMAC n'assèche, en les concentrant, les financements publics, alors que les réseaux territoriaux de structures (diffusion, production, enseignement) de musiques actuelles sont complexes et diversifiés.
Votre rapporteure insiste sur la nécessité de répondre aux réels besoins des territoires . Afin d'atteindre l'objectif consistant à améliorer la diffusion des musiques actuelles, il conviendra de prendre en compte la densité de la population et les spécificités territoriales, notamment dans le cadre des Schémas d'orientation des lieux musicaux (SOLIMA) .
En effet, sans relever formellement du dispositif SMAC, d'autres lieux seront appelés à s'associer à la politique de développement des musiques actuelles dans le cadre de ces schémas. Ils constituent de nouveaux outils de concertation et d'élaboration des politiques publiques en direction des musiques actuelles et de politique d'aménagement du territoire en y associant étroitement les collectivités territoriales et les acteurs du secteur. Une dizaine de SOLIMA sont ainsi en cours d'élaboration ou en prévision.