III. PROGRAMME 115 : AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR

La mission « Médias » comprend pour la première fois un programme 115 consacré aux opérateurs de l'audiovisuel extérieur. Celui-ci est doté de 160,24 millions d'euros ainsi répartis :

- 65,27 millions d'euros pour TV5, en hausse de 4,5 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2006 ;

- 19,5 millions d'euros pour Canal France International (-2,2 %) ;

- 69,63 millions d'euros pour RFI (-3,2 %) ;

- 4,77 millions d'euros pour RMC Moyen-Orient (+11,7 %) ;

- 1,07 million d'euros pour Médi 1.

Votre rapporteur formulera trois observations s'agissant de l'introduction de ce programme dans la mission « Médias ».

Il considère qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction. En revenant peu ou prou au périmètre de l'ancien chapitre 42-14, le Gouvernement facilite la lecture et l'analyse de crédits l'an dernier répartis entre les programmes « Rayonnement culturel extérieur » de la mission « Action extérieure de l'Etat » 17 ( * ) et « Solidarité à l'égard des pays en développement » de la mission « Aide publique au développement » 18 ( * ) .

Ceci permet, en outre, de s'interroger sur la stratégie - ou plutôt l'absence de stratégie - de France Télévisions en matière d'audiovisuel extérieur . Le groupe public contribue en effet largement au financement du secteur par l'intermédiaire des participations majoritaires qu'il détient au capital de CFI (75 %) et de TV5 (51,4 %). Comme le faisait observer la Cour des comptes dans son rapport annuel pour 2004, « [s']il appartient aux autorités politiques et notamment au ministère des affaires étrangères de fixer des objectifs de présence et d'action extérieures et de s'assurer de la bonne allocation des moyens budgétaires consentis [aux organismes de l'audiovisuel extérieur, ces derniers] devraient être contrôlés par leur actionnaire principal » .

Votre rapporteur estime, toutefois, que par souci de cohérence, il aurait était plus approprié de regrouper les programmes « Chaîne d'information internationale » et « Audiovisuel extérieur » au sein de la mission « Action extérieure de l'Etat ». En effet, les enjeux et les modes de financement de l'audiovisuel « intérieur » et « extérieur » étant quelque peu différents, il y avait une certaine logique à laisser au ministère des affaires étrangères une vision d'ensemble en ce domaine.

A. DEUX OPÉRATEURS SOUMIS À UNE IMPORTANTE CONTRAINTE BUDGÉTAIRE

TV5 et RFI se sont lancés dans un travail de redéfinition de leur mission. Avec la signature d'un nouveau plan stratégique pour la première et les très lentes négociations relatives à la définition d'un contrat d'objectifs et de moyens pour la seconde, ces deux structures tentent de s'adapter à un environnement international de plus en plus concurrentiel.

Force est toutefois de constater que ces efforts, nécessaires au rayonnement de notre audiovisuel extérieur, se heurtent à une importante contrainte financière.

1. RFI : un operateur qui peine à se réformer

Le financement public accordé à RFI s'élève à 126,16 millions d'euros, en diminution de 1,26 % . Il se décompose de la manière suivante :

- 56,53 millions d'euros au titre de la redevance (+ 1,2%) ;

- 69,63 millions d'euros au titre des crédits du programme « audiovisuel extérieur » (- 3,1 %).

Votre rapporteur souligne par conséquent que la situation financière de RFI en 2007 risque d'être extrêmement tendue. Si, en 2006, RFI a bénéficié de deux facteurs positifs 19 ( * ) pour équilibrer son budget et compenser la diminution nette de 2,6 millions d'euros de la dotation du ministère des affaires étrangères résultant de l'absence de progression initiale et des effets plan banlieues, il n'en sera certainement pas de même en 2007.

L'entreprise se trouve par conséquent dans l'obligation de compter sur ses propres ressources et de mettre en oeuvre des réformes trop longtemps retardées.

a) Un média de référence en Afrique subsaharienne francophone

En dépit des difficultés rencontrées dans d'autres régions du globe, RFI reste un média de référence en Afrique subsaharienne francophone. Plus largement, sa notoriété et la qualité de sa rédaction « Afrique » devraient lui permettre de consolider cette position sur l'ensemble du continent africain (hors Afrique du Nord), où la radio reste le média le plus populaire. Il lui faudra cependant renforcer sa production d'émissions en anglais et portugais et proposer des émissions dans les grandes langues vernaculaires comme le swahili ou l'haoussa, qui font défaut dans une zone où RFI entend toucher des publics bien au delà des élites urbaines francophones ou anglophones. Ce sera le cas pour le haoussa, dont une rédaction légère sera mise en place à l'automne 2006 (6 personnes dont 2 techniciens) à Lagos, dans les locaux de la VON (Voice of Nigeria) mais sous contrôle éditorial de RFI.

Cette place de premier plan en Afrique confère à RFI une responsabilité particulière, assumée à travers une ligne éditoriale équilibrée qui contribue à consolider l'influence de la France et à favoriser un renforcement de l'état de droit partout où c'est nécessaire. Les récentes difficultés éprouvées par RFI en République démocratique du Congo démontrent le caractère très sensible du travail des journalistes de RFI et la nécessité d'une vigilance particulière de la part de la direction de la rédaction.

En 2006, RFI continue de renforcer ses positions en Afrique, particulièrement en FM 20 ( * ) , sans pour autant abandonner la diffusion en ondes courtes qui reste utile pour toucher les zones rurales et, périodiquement, pour contrer l'interdiction par certains régimes de ses relais terrestres en FM (Togo et Côte d'Ivoire en 2005, et Mauritanie et Djibouti précédemment).

* 17 Action n° 3 « Audiovisuel extérieur ».

* 18 Action n° 2 « Affirmation de la dimension culturelle du développement ».

* 19 Il s'agit de la réévaluation de la redevance de 4 % et de l'économie réalisée par la renégociation des contrats de diffusion avec TDF en ondes courtes.

* 20 Les nouvelles stations sont situées à : Sal, Fogo et Santo Antao au Cap Vert, Koudougou, Banfora et Ouahigouya au Burkina, Monbasa au Kenya et Gabu en Guinée Bissau.

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