2. Les moyens d'acquisition d'art contemporain
On rappellera que bien que quatre musées nationaux conservent des oeuvres ou des collections d'art moderne, la politique d'enrichissement des collections nationales d'art du XXe siècle dépend en fait principalement de deux organismes, le musée national d'art moderne, composante du centre d'art et de culture Georges-Pompidou, et le Fonds national d'art contemporain (FNAC).
• Le musée national d'art moderne (MNAM) : une politique autonome
En application du statut qui lui a été conféré dès sa création, le MNAM décide seul dans le cadre des orientations globales du Centre Georges-Pompidou de sa politique d'acquisition et des budgets qu'il entend lui consacrer.
Les acquisitions relèvent de la compétence du président du Centre après avis d'une commission au sein de laquelle il joue un rôle essentiel puisqu'il en nomme six des dix membres, les trois autres étant le directeur du MNAM, le directeur des musées de France et le délégué aux arts plastiques.
On voit là donc bien combien les procédures diffèrent de celles applicables aux musées nationaux qui ne disposent d'aucune réelle autonomie dans leur politique d'acquisition.
Bien que pouvant apparaître insuffisants au regard des objectifs ambitieux qu'il s'est fixé depuis 1992 de développer les collections dans le domaine de l'architecture, du stylisme et de la communication audiovisuelle, les crédits consacrés par le Centre à l'enrichissement des collections du MNAM sont importants et leurs montants sont à comparer à ceux dégagés sur la même période pour l'ensemble des musées nationaux.
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
||
Crédits d'acquisition CNAC-GP |
en euros |
2,71 |
3,30 |
3,84 |
3,69 |
4,23 |
3,61 |
4,29 |
2,91 |
4,29 |
en francs |
17,8 |
21,7 |
25,2 |
24,2 |
27,8 |
23,7 |
28,2 |
19 ,2 |
28,2 |
La politique d'acquisition du MNAM reste totalement indépendante de celle conduite par la DMF à l'égard des musées nationaux et des musées des collectivités territoriales, mais également de celle du fonds national d'art contemporain.
• Le fonds national d'art contemporain (FNAC)
Héritier du bureau des travaux d'art créé par Victor Duruy en 1878, le FNAC, service de la délégation aux arts plastiques dirigé par un administrateur général, a été créé par arrêté ministériel du 25 mai 1976 avec pour mission d'acquérir, conserver, gérer et utiliser pour le compte de l'Etat des oeuvres d'artistes contemporains. L'ouverture concomitante du MNAM, qui disposait d'un budget propre d'acquisition, a conduit le FNAC à s'orienter vers le développement des collections d'art contemporain dans les musées de province, terrain sur lequel il se trouve en concurrence avec la DMF.
En 2002 , la dotation initiale du FNAC s'établissait à 3,2 millions d'euros pour les acquisitions et à 4,2 millions d'euros pour le fonctionnement , somme à laquelle s'est ajoutée en cours d'année une contribution de 40 000 euros de la Caisse des dépôts et consignations, destinée à accompagner l'installation de nouvelles réserves à Antony.
RÉPARTITION BUDGÉTAIRE PAR TYPE DE
COMMISSION
|
||||
ANNÉE |
BUDGET |
ARTS
|
PHOTO |
ARTS
|
1999 |
3,2 M€
|
2,63 M€
|
0,343 M€
|
0,23 M€
|
2000 |
3,2 + 0,87 M€
(2)
|
3,51 M€
|
0,34 M€
|
0,23 M€
|
2001 |
3,13 M€
|
2,51 M€
|
0,36 M€
|
0,26 M€
|
2002 (3) |
3,2 M€
|
2,68 M€
|
0,26 M€
|
0,18 M€
|
(1)
dont 270 oeuvres du fonds Jean Clareboudt acquises
par préemption
(2)
dotation complémentaire
destinée à financer l'acquisition d'oeuvres destinées au
jardin des Tuileries
(3)
chiffres au 31 juillet
2002
(4)
dont 175 publications de Paul Armand Gette
Pour 2003, les crédits d'acquisition seront reconduits en euros courants à leur niveau de 2002 .
Le budget de fonctionnement sera majoré de 55 000 euros afin de financer la mise en conformité des installations et de 10 000 euros pour couvrir les frais de déplacement lors du récolement des postes diplomatiques. Cette mesure nouvelle apparaît nécessaire. En effet, à l'occasion du récolement des dépôts d'oeuvres d'art entrepris en 1996, sont apparues d'évidentes négligences dans la gestion des collections du FNAC. Ainsi, on constate que 30 % du total des oeuvres inventoriées relèvent du FNAC, mais seulement 24 % de oeuvres localisées. Ces chiffres sont d'autant plus préoccupants que les difficultés de localisation concernent essentiellement les services de l'Etat : en effet, jusqu'ici, 75 % des dépôts du FNAC intéressant les collectivités territoriales -de loin les plus nombreux- ont été localisés alors que le taux tombe à 60 % en ce qui concerne les services de l'Etat.
Aux sommes consacrées aux acquisitions du FRAC, doit être rajouté le montant de la contribution versée par l'Etat aux fonds régionaux d'art contemporain qui s'élevait en 2002 à 2,38 millions d'euros.
On indiquera pour mémoire que la subvention versée par l'Etat destinée à financer leurs dépenses de fonctionnement et de diffusion s'élevait à 3,2 millions d'euros.
Le tableau ci-dessous indique le montant des crédits consacrés par l'Etat et les régions aux acquisitions des FRAC par région.
FRAC
|
ACQUISITION |
TOTAL GENERAL |
||||
DAP |
Région |
Autres |
TOTAL |
DAP |
REGION |
|
Alsace |
103 660 |
68 610 |
- |
172 270 |
271 360 |
251 560 |
Aquitaine |
136 747 |
- |
84 045 |
220 792 |
194 745 |
274 408 |
Auvergne |
95 740 |
65 250 |
91 670 |
252 660 |
160 990 |
160 990 |
Bourgogne |
140 337 |
68 593 |
- |
182 930 |
230 198 |
253 266 |
Bretagne |
148 035 |
152 450 |
- |
300 485 |
258 035 |
389 051 |
Centre |
129 582 |
91 470 |
- |
221 052 |
298 801 |
350 633 |
Champagne-Ardenne |
126 533 |
- |
- |
126 533 |
272 122 |
228 674 |
Franche-Comté |
83 848 |
53 357 |
- |
137 205 |
121 958 |
137 204 |
Languedoc-Roussillon |
86 896 |
73 176 |
264 648 |
424 720 |
242 394 |
239 579 |
Limousin |
99 091 |
50 155 |
- |
149 246 |
237 585 |
238 771 |
Lorraine |
152 449 |
30 490 |
- |
182 939 |
228 674 |
274 408 |
Martinique |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
Les Abattoirs |
91 469 |
- |
114 337 |
205 806 |
91 469 |
- |
Nord-Pas-de-Calais |
152 450 |
152 450 |
- |
304 900 |
319 500 |
503 450 |
Basse-Normandie |
137 204 |
30 490 |
76 224 |
243 918 |
189 037 |
286 604 |
Haute-Normandie |
137 204 |
15 245 |
- |
152 449 |
259 163 |
274 408 |
Pays de la Loire |
125 008 |
129 582 |
56 911 |
311 501 |
466 494 |
464 970 |
Picardie |
129 580 |
83 870 |
- |
213 450 |
316 330 |
356 815 |
Poitou-Charentes |
106 714 |
- |
- |
106 714 |
221 432 |
150 000 |
Prov.-Alpes-Côte-d'Azur |
114 380 |
87 000 |
26 230 |
227 610 |
320 265 |
465 000 |
Réunion |
- |
- |
101 000 |
101 000 |
174 200 |
174 200 |
Rhône Alpes - IAC |
114 337 |
91 469 |
- |
205 806 |
91 469 |
45 735 |
TOTAUX |
2 385 264 |
1 243 657 |
3 628 921 |
4 967 221 |
5 519 726 |
(source : ministère de la culture)
Depuis leur création il y a 20 ans, ce sont près de 16 000 oeuvres qui ont été acquises par ces organismes. Environ 3 500 artistes sont représentés dans ces collections qui témoignent de la diversité de la création contemporaine.
Les relations entre l'Etat et les FRAC s'établissement dorénavant dans un cadre contractuel dont les principes ont été fixés par la charte de missions du service public des institutions d'art contemporain. Compte tenu du caractère très général de ces principes, votre rapporteur se félicitera qu'une circulaire ait été adressée aux préfets de région le 28 février 2002 afin de préciser les règles qui doivent guider l'action de ces institutions et la position des services de l'Etat à leur égard.
En 2003, dans le cadre de l'année des FRAC destinée à célébrer le vingtième anniversaire de ces institutions, 1,05 million d'euros de mesures nouvelles sur le chapitre 43-20 (interventions d'intérêt national) sera consacré à une série de manifestations destinée à mettre en valeur leur singularité et la richesse de leurs collections.
Le montant des mesures nouvelles qui bénéficieront aux FRAC sur le chapitre 43-30 (interventions déconcentrées) ne sera connu qu'une fois opérée la répartition décidée à l'issue des conférences budgétaires avec les DRAC. Votre rapporteur ne peut que souligner une nouvelle fois que la déconcentration ne facilite guère le contrôle du Parlement sur les crédits qu'il doit voter. Certes, les crédits d'intervention consacrés aux arts plastiques progressent en 2003 de 2,85 % passant de 58,25 millions d'euros à 59,91 millions d'euros mais la diversité des actions financées sur crédits (soutien aux FRAC, aux centres d'art, bourses de l'enseignement supérieur, soutien aux écoles territoriales...) ne permet guère d'apprécier la portée de l'effort budgétaire.