II. UN BUDGET NE RÉPONDANT PAS AUX ATTENTES
Le
projet de budget de la police nationale s'établit à
5,04 milliards d'euros
(soit 33,086 milliards de francs), en
progression de
3,42%
par rapport à 2001.
Le ministre de l'intérieur a affirmé devant votre commission que
cette évolution marquait la priorité accordée à la
sécurité, en particulier à la police de proximité.
Il a considéré que ce projet de budget se situait
«
dans de très hautes eaux pour le budget de la police
nationale, comparables uniquement au « Plan Joxe » de
1985
».
Cette augmentation sera cependant insuffisante pour permettre à la
police d'accomplir normalement ses missions et pour poursuivre dans de bonnes
conditions la généralisation de la police de proximité.
On peut observer en tout état de cause que
la part du budget de la
police dans le produit intérieur brut s'élève à
0,33% contre 0,34% en 1997
et que l'augmentation des crédits de
l'agrégat police nationale est moins forte que celle de l'ensemble des
crédits du ministère de l'intérieur.
A. UNE AUGMENTATION DES DÉPENSES DE PERSONNEL TRADUISANT UN EFFORT INSUFFISANT
En 2002,
les dépenses de personnels s'élèveront à
4,22 milliards d'euros (27,67 milliards de francs).
Représentant 84% des crédits, elles sont en
augmentation de
4,64%
par rapport à la loi de finances pour 2001.
Cette augmentation traduit en premier lieu la mise en oeuvre au sein de la
police nationale des
mesures intervenues au bénéfice de la
fonction publique
(relèvement du point d'indice de 0,5% au
1
er
mai 2001 et de 0,7% au 1
er
décembre, provision
pour les augmentations prévisibles devant intervenir en 2002,
attribution de points d'indice supplémentaires pour personnels
dotés d'indices les plus faibles).
Elle traduit également des
recrutements supplémentaires
et
des
mesures indemnitaires et catégorielles
.
1. Des recrutements supplémentaires en nombre insuffisant
En 2002,
les effectifs budgétaires de la police nationale
s'élèveront à
132 104 agents
(hors adjoints de
sécurité). Ils comprendront 3665 agents supplémentaires,
ce qui représente une augmentation de 2,85%. Les personnels actifs
s'élèveront ainsi à
115 652 agents
.
Compte tenu des 20 000 adjoints de sécurité, les effectifs
totaux s'élèveront à
152 104 agents
.
La situation est certes plus satisfaisante qu'en 2001 qui avait connu une
régression de 1% des effectifs budgétaires globaux et une
diminution de 39 du nombre de policiers actifs.
Effectifs budgétaires de la police
(2002)
Personnels actifs : |
115 652 |
Emplois de direction |
90 |
Commissaires |
2 032 |
Officiers |
15 283 |
Gardiens et gradés |
98 235 |
Agents de statut local |
12 |
Enquêteurs contractuels |
31 |
Personnels administratifs et techniques |
14 232 |
Contractuels (loi du 12 avril 2000 ) |
754 |
Ouvriers |
1 435 |
Adjoints de sécurité |
20 000 |
TOTAL |
152 104 |
a) Les créations et transformations d'emplois
Sont
donc prévues
3000 créations d'emplois
, à savoir
2700 emplois de gradés et gardiens de la paix et 300 emplois d'agents
administratifs et techniques.
S'agissant des gradés et gardiens de la paix,
1000 postes
correspondent à la
pérennisation des recrutements en
surnombre
opérés en 2001 à la suite du Conseil de
sécurité intérieure du 30 janvier 2001. Il est en outre
prévu la
création nette de
1700 postes
(50
brigadiers et 1650 gardiens). Au total, ces créations d'emplois de
personnels actifs représentent 53,36 millions d'euros (350 millions
de francs).
Le recrutement des
300 agents administratifs et techniques
correspond à une dépense supplémentaire de
7,47 millions d'euros (49 millions de francs).
Le
repyramidage des corps
actifs initié par la réforme des
corps et carrières intervenue en 1996 dans le droit fil de la loi
d'orientation du 21 janvier 1995 se poursuit à travers la
transformation
de
400 emplois d'officiers
et de
cinq emplois
de commissaires
en 375 emplois de gardiens et brigadiers majors et en
30 emplois d'attachés de police. 40 emplois de commandants
échelon fonctionnels seront créés au même titre que
les années précédentes. Cette mesure de repyramidage
permet de dégager une économie de 2,97 millions d'euros
(19,5 millions de francs).
Dans son rapport sur la fonction publique en date du 10 janvier 2000,
la Cour des comptes avait souligné que les objectifs de repyramidage
fixés n'étaient pas tenus. En tout état de cause, il
importe que la déflation des corps de commissaires et d'officiers au
profit du corps des gardiens et gradés
reste compatible avec les
besoins en officiers de police judiciaire.
En application de la loi du 12 avril 2000 faisant suite à l'arrêt
Berkani du tribunal des conflits du 25 mars 1996, ont été
intégrés dans les effectifs budgétaires
754 agents
contractuels
de droit privé exerçant des tâches
d'entretien ou de gardiennage, qui deviennent des agents contractuels de droit
public.
b) Des effectifs restant insuffisants
Les chiffres budgétaires ne sont pas en adéquation avec la présence policière réelle sur le terrain, si bien que les créations d'emploi seront insuffisantes pour permettre à la police nationale d'assurer une présence effective sur le terrain .
(1) Les conséquences des départs à la retraite massifs
Du fait
des recrutements massifs intervenus à la fin des années 60 et au
début des années 70, la police doit faire face à un
afflux de départs à la retraite
, aggravé par le
phénomène des prises de
retraite anticipée
.
En application de la loi du 8 avril 1957, les agents peuvent en effet, s'ils
justifient de vingt-cinq ans de service, solliciter leur départ à
la retraite cinq ans avant la limite d'âge de leur corps. Les
gradés et gardiens peuvent donc, en application de cette règle
dite de la «
bonification du cinquième
»
partir à la retraite dès 50 ans.
Les années précédentes, plus des deux tiers des agents du
corps de maîtrise et d'application et près de la moitié des
commissaires partis à la retraite ont bénéficié de
ces dispositions.
Les flux de départ culmineront d'ailleurs au cours de cette année
2002.
Le
repyramidage des corps
crée en outre des besoins
supplémentaires de recrutement pour le corps des gradés et
gardiens de la paix qui voit ses effectifs augmenter au fur et à mesure
que diminue celui des commissaires et des officiers.
Entre 2001 et 2006, devront ainsi être recrutés plus de
29 000 policiers, dont 25 000 agents du corps de maîtrise
et d'application, soit le quart de ce corps.
Compte tenu de la durée de formation, il existe un décalage d'un
an entre le recrutement d'un agent et sa prise de poste. Pour éviter une
désorganisation totale des services, il est indispensable de
prévoir un lissage des recrutements. A ainsi été
autorisé, au mépris de la stricte orthodoxie budgétaire,
le recrutement en surnombre de 1190 gradés et gardiens en 1999, de 1000
pour l'année 2000 et de 1000 pour l'année 2001.
(2) La récupération des heures supplémentaires
Le phénomène de départ à la retraite est aggravé par le cumul en fin de carrière des heures supplémentaires non rémunérées qui permet à un agent de partir à la retraite avant que son poste budgétaire ne soit considéré comme vacant. A l'heure actuelle, plus de 9 millions et demi d'heures supplémentaires restent dues aux personnels, tous services confondus, ce qui, au taux horaire de 8,72 € (57,20 F) de l'heure prévu par le décret n° 2000-194 du 3 mars 2000 représenterait une dépense de 84,27 millions d'euros (552,80 millions de francs). En tout état de cause, les personnels restent attachés à la récupération des heures supplémentaires . Les expériences de paiement des heures supplémentaires des agents du corps de maîtrise et d'application menées dans des sites test sur une base volontaire n'ont ainsi pas eu de résultat probant faute de volontariat significatif parmi les personnels sollicités. Les personnels estiment, à juste titre, que le taux de rémunération qui leur est proposé est dérisoire.
(3) Les difficultés de recrutement des adjoints de sécurité
L'effectif de 20 000 adjoints de sécurité, successivement inscrit dans les lois de finances pour 2000 et pour 2001 n'a jamais été atteint. Au 1 er août 2001, seuls 16. 322 adjoints de sécurité étaient en fonction, ce qui représentait un effectif opérationnel de 12 805 agents sur le terrain. Malgré un effectif théorique budgétaire inchangé, ce déficit de recrutement a été pris en compte par une diminution de 5,2 millions d'euros (34,11 millions de francs) des crédits de rémunération de ces personnels inscrits au budget du ministère de l'intérieur 5( * ) .
(4) Les conséquences prévisibles de la réduction du temps de travail
La
mise en oeuvre des 35 heures
prévue par le décret du
25 août 2000
est difficile dans une administration
caractérisée par la diversité des rythmes de travail et
soumise à une véritable tension dans la gestion des effectifs. La
réduction du temps de travail devrait entrer en application au
1
er
janvier 2002. Elle fait pourtant encore l'objet de
négociations. En tout état de cause, il est à craindre que
le passage aux 35 heures n'
absorbe entièrement les effectifs
supplémentaires recrutés et réduise la capacité
opérationnelle sur le terrain
.
Les personnels soumis à un rythme de travail hebdomadaire travaillent en
effet actuellement 40 heures 30 par semaine et non 39 heures.
Ils bénéficient en compensation d'un congé
supplémentaire de dix jours pendant l'hiver. Un passage à
35 heures entraînerait une compensation supplémentaire de
26,5 jours.
Les solutions envisagées actuellement en cours de négociation
combineraient la récupération de jours et le paiement d'heures
supplémentaires.
(5) La sous-administration de la police et l'accomplissement de tâches indues
Les
créations de postes administratifs
ne suffiront pas à combler
la sous-administration de la police.
La loi d'orientation du
21 janvier 1995 avait prévu la création en 5 ans de
5 000 emplois administratifs et techniques, dont 4 300 emplois
administratifs. Entre le 1
er
janvier 1995 et le
1
er
janvier 2001, seuls 1 077 emplois de ce type ont
été créés, dont 466 emplois administratifs. Le
ratio des membres des forces de l'ordre en France, d'un pour 250 habitants, est
plus élevé que dans certains pays européens voisins,
notamment la Grande-Bretagne (un pour 380), les Pays-Bas (un pour 340) ou
l'Allemagne (un pour 300). Mais ce ratio ne tient pas compte du fait que de
nombreuses tâches administratives effectuées en France par les
policiers actifs le sont à l'étranger par du personnel
administratif. Ce ratio est en tout état de cause moins
élevé en Espagne (un pour 215) et en Italie (un pour 205).
De nombreuses tâches effectuées par les policiers sont en outre
considérées comme des «
tâches
indues
» ne devant pas leur revenir (transfèrement des
condamnés, gardes statiques).
2. Des mesures indemnitaires et catégorielles ne répondant pas aux aspirations des personnels
La police nationale obtient en 2002 une enveloppe catégorielle et indemnitaire de 361 millions de francs, plus importante que celle des années précédentes.
a) La réduction du temps de travail
Une enveloppe de 40,40 millions d'euros (265 millions de francs) est prévue dans le cadre de la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail. Il semble que pour maintenir la capacité opérationnelle des services, la réduction du temps de travail se concrétiserait partiellement par le paiement d'heures supplémentaires. Le taux horaire proposé aux personnels de 8,72 euros (57,20 F) semble cependant dérisoire.
b) La réforme du régime indemnitaire des agents du corps de maîtrise et d'application
Une
enveloppe de 8,42 millions d'euros (55,25 millions de francs) sera
consacrée à la
réforme du régime indemnitaire
des agents du corps de maîtrise et d'application
en complément
de celle déjà inscrite dans la loi de finances pour 2001. Le
coût total de la réforme serait ainsi de
27,44 millions d'euros (180 millions de francs) en année
pleine.
Après la création par le décret du 25 mars 1996 de
l'allocation de service des commissaires et la mise en oeuvre, en 1998, de la
prime de commandement au profit des officiers, est en effet actuellement en
cours une réforme du système indemnitaire des agents du corps de
maîtrise et d'application. Les principes retenus sont à la fois de
regrouper de multiples indemnités dans un souci de simplification, de
moduler le montant de la rémunération en fonction du lieu
d'affectation des personnels et de favoriser l'exercice des missions de police
de proximité. Le système serait organisé à trois
niveaux :
- une
allocation de maîtrise
attribuée à chaque
agent du corps de maîtrise et d'application, réunissant les primes
actuellement versées de façon forfaitaires (indemnité pour
service continu et l'indemnité d'agent de police judiciaire, dite APJ
20). Cette prime a été instituée par le décret
n° 2001-722 du 31 juillet 2001. Son montant annuel est de
1097,64 euros (7 200 F) ;
- une indemnité compensatoire pour
sujétions
spécifiques
en
Ile-de-France
, au profit des
agents exerçant dans les ressorts des secrétariats
généraux pour l'administration de la police (SGAP) de Paris et de
Versailles, y compris les fonctionnaires des services centraux. Cette prime,
instituée par le décret n° 2001-721 du 31 juillet
2001 regroupera les actuelles indemnités pour postes difficiles, pour
sujétions exceptionnelles et pour charge d'habitation. Il est
prévu de la verser annuellement selon trois taux
différents : 1739,76 euros (11 412 F) pour le SGAP
de Paris, 1156,86 euros (7 587 F) pour le SGAP de Versailles et
1383,60 euros (9 076 F) pour les services centraux ;
- une
prime de police de proximité
accordée aux
agents exerçant des missions de police de proximité.
Cette prime devrait conjuguer une prime forfaitaire de métier à
taux unique et une prime tenant compte des spécificités horaires
de la police de proximité.
Sa création fait cependant encore l'objet de négociations. Les
représentants du corps de maîtrise et d'application n'y sont pas
favorables. Ils craignent en effet que cette prime n'entraîne un
fractionnement du corps et ils font valoir que l'ensemble des personnels, et
non seulement ceux qui l'exercent sur le terrain, concourent à la
réussite de la police de proximité.
c) Les autres mesures catégorielles
Les
autres mesures catégorielles concernent :
- une provision de 1,043 millions d'euros (6,84 millions de francs) au
bénéfice du
corps de commandement et d'encadrement
.
A cet égard, votre rapporteur tient à souligner à nouveau
le
malaise profond qui semble actuellement régner dans le corps des
officiers
. Ces derniers sont appelés à exercer des
responsabilités de plus en plus lourdes du fait du repyramidage des
corps. Plusieurs circonscriptions de sécurité publique ont ainsi
actuellement à leur tête un commandant. Ce corps estime avoir
été lésé à plusieurs titres à travers
la réforme des corps et carrières, notamment du fait de
l'institution en février 1998 de la prime unifiée de
commandement.
Votre commission souhaite donc que la situation des
fonctionnaires de ce corps soit mieux prise en considération
;
- un repyramidage du corps de conception et de direction par la
création de 34 postes de commissaires divisionnaires pour maintenir
l'avancement à ce grade pour un coût de 0,402 millions
d'euros (2,64 millions de francs) ;
- une provision de 3,549 millions d'euros (23,28 millions de francs)
pour rapprocher le régime indemnitaire
des personnels
administratifs
de celui du personnel des préfectures. Dans le cadre
de la refonte de la catégorie C entamée en 2001, une mesure de
0,364 millions d'euros (2,39 millions de francs) permettra la transformation de
500 emplois d'agents administratifs de 1
ère
classe en
autant d'adjoints administratifs ;
- l'amélioration du régime indemnitaire des personnels de la
police technique et scientifique
à travers une augmentation de
leur indemnité de fonction pour un coût de 0,409 millions
d'euros (2,68 millions de francs). Cette mesure a pour but de
reconnaître l'activité de ces personnels, largement
sollicités ces dernières années dans le cadre des
enquêtes pénales par un recours croissant aux examens et analyses
techniques et scientifiques ;
- la poursuite de l'action entreprise depuis la loi de finances pour 2000
tendant à
diminuer le rythme des départs à la retraite
anticipée
grâce à la création de 200
échelons exceptionnels de gardiens de la paix supplémentaires
acquis automatiquement à 52 ans pour un coût de 0,16 million
d'euros (1,73 million de francs) ;
- la poursuite de
l'extension de la qualification d'officier de police
judiciaire aux agents du corps de maîtrise et d'application
. 1000
agents supplémentaires se verraient attribuer la qualité
d'officier de police judiciaire, en application de la loi du
18 novembre 1998, et donc percevoir la prime correspondante (dite
prime OPJ 16) pour un coût de 0,15 million d'euros
(1 million de francs) uniquement car la mesure n'interviendrait qu'en fin
d'année. On rappellera que ladite prime est d'un montant mensuel de
220 F.
B. DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT ET D'ÉQUIPEMENT ENCORE INSUFFISANTS
Les crédits de fonctionnement et d'équipement seront insuffisants pour répondre aux retards accumulés ces dernières années s'agissant notamment du parc de véhicules lourds et légers, du parc immobilier, du développement du réseau ACROPOL et du logement des policiers. Il sera en outre difficile de satisfaire des besoins de formation en considérable accroissement.
1. Une progression insuffisante des crédits de fonctionnement
Les
crédits de fonctionnement s'établissent à
667,99 millions d'euros (4, 38 milliards de francs) soit une
augmentation de 0,89% par rapport à la loi de finances pour 2001 (cette
augmentation est cependant de 3,32% à structure constante). Les
crédits, que votre commission avait jugés insuffisants
l'année dernière, le restent donc à maints égards.
Le ministère indique que la priorité sera donnée à
la
poursuite de la généralisation de la police de
proximité
. Il est cependant difficile, comme l'a souligné la
Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances
pour 2000, de cerner les dépenses réellement consacrées au
développement de la police de proximité.
Il est à craindre que les
crédits de formation
ne soient
pas suffisants pour répondre à l'accroissement des besoins.
Les prévisions de recrutement, tous corps confondus, pour 2002
s'élevant à 7421 agents contre 6111 en 2001, la poursuite de la
généralisation de la police de proximité, la formation des
adjoints de sécurité aux fonctions d'agent de police judiciaire
adjoint et le développement des nouvelles technologies devraient
conduire à un fort accroissement des crédits de formation
initiale et continue.
Il est à craindre également que les sommes consacrées au
renouvellement du parc automobile léger
ne soit insuffisantes.
Elles sont en effet des variables d'ajustement de crédits de
fonctionnement globalisés fortement mis à contribution par
ailleurs.
L'âge moyen des véhicules s'est régulièrement
élevé générant des immobilisations pour
réparation beaucoup trop fréquentes. La loi de finances
rectificative pour 2000 avait certes accordé des moyens
supplémentaires pour la rénovation du parc léger, soit
59,61 millions d'euros (391 millions de francs).
Le retard cumulé
évalué par le ministère de l'intérieur
s'établit cependant encore à
297 millions de
francs
On rappellera que la même loi de finances rectificative avait en outre
consacré 10,67 millions d'euros (70 millions de francs)
à l'achat de moyens d'enregistrement audiovisuels pour les
gardes
à vue des mineurs
de manière à assurer l'application
de l'article 14 de la loi du 15 juin 2000. Dans ce cadre, chaque
circonscription de sécurité publique a été
dotée de deux configurations numériques fixes composées
d'un micro-ordinateur, d'une webcam, d'un micro, de graveurs CD et
d'imprimantes laser, ces matériels pouvant être utilisées
pour d'autres usages. Au total, au 16 juin 2001, avaient été
mises en place 2704 configurations fixes et 428 configurations portables.
La loi de finances rectificative pour 2001 comporte une mesure de
450 millions de francs
pour renforcer les moyens de la police
nationale pour lutter contre le terrorisme. Le ministre a indiqué
à votre commission que ces crédits supplémentaires
permettraient de doter chaque policier d'un
gilet pare-balles
. Il
importe également d'améliorer les moyens de
communication
mis à la disposition des fonctionnaires.
Il convient également de prendre en compte les dépenses
supplémentaires liées à la mise
en oeuvre du plan
vigipirate renforcé dont aucun chiffrage n'a été
effectué.
Doit également être financée la contribution de la police
au plan de surveillance des transferts de fonds liés au passage à
l'euro fiduciaire.
Les forces de l'ordre seront fortement mobilisées
à la fin de l'année 2001 et au début de l'année
2002 par cette opération d'envergure.
2. La poursuite des opérations informatiques et de transmissions
Les
crédits consacrés aux dépenses d'informatique et de
télématique s'établissent à
37,26 millions
d'euros
(244,41 millions de francs) au titre des dépenses de
fonctionnement et à
66,16 millions d'euros
(433,98 millions de francs) en crédits de paiement et en
autorisations de programme au titre des dépenses en capital.
Ces crédits permettront la poursuite des grands projets informatiques en
cours et d'en démarrer de nouveaux.
a) La poursuite et le démarrage de projets informatiques
Conformément aux orientations données dans le
schéma directeur informatique et télécommunications et
réaffirmées dans le plan de modernisation de la police nationale
2001-2003, la priorité sera donnée au développement du
programme d'architecture de réseau (CHEOPS) ainsi qu'à celui du
système de traitement des infractions constatées (STIC) et du
fichier automatisé des empreintes digitales (FAED). Sera
également développé le fichier national des empreintes
génétiques (FNAEG). Sera poursuivie la modernisation des salles
d'information et de commandement (SIC).
De nouveaux projets plus récents seront également
développés, tels le projet SINBAD de la direction centrale de la
police de l'air et des frontières pour lutter contre les faux documents,
ou le projet du fichier national de faux monnayage lié à la mise
en place de l'euro.
Enfin, des dotations seront dédiées au développement et
à la mise en oeuvre du programme DIALOGUE de gestion des personnels et
à l'application au ministère de l'intérieur du programme
gouvernemental PAGSI (programme d'action préparant l'entrée de la
France dans la société de l'information).
S'agissant des applications de police résultant des engagements
européens de la France, les systèmes EUROPOL et EURODAC vont
entrer dans leur première phase opérationnelle de
réalisation et de déploiement. Des
incertitudes pèsent
sur la gestion future du projet SIS
(système d'information Schengen)
dont la prise en charge communautaire est envisagée. A l'heure actuelle
le fichier central est géré par la France. Il contient plus de
10 millions de signalements de personnes recherchées ou d'objets.
Les frais de fonctionnement et d'investissement sont avancés par la
France et récupérés auprès des partenaires. La
capacité de connexion au système a été
portée à 18 pays.
Votre commission rappelle que
le fichier de traitement des infractions
constatées (STIC)
a enfin fait l'objet d'une autorisation par le
décret n° 2001-583 du 5 juillet 2001, après
les observations émises en fin 1998 et au début 1999
respectivement par la Commission nationale de l'informatique et des
libertés et le Conseil d'État. L'article 28 de la loi
n° 2001-1062 du 15 novembre 2001 relative à la
sécurité quotidienne, adopté dans le cadre des mesures
antiterroristes, a autorisé la consultation de ce fichier à des
fins de police administrative, y compris s'agissant des affaires judiciaires en
cours.
Le
fichier national des empreintes génétiques
(FNAEG)
créé, en application de la loi du 17 juin 1998,
par le décret n° 2000-413 du 18 mai 2000 et dont le
contenu, au départ réservé aux infractions sexuelles, a
été étendu à d'autres infractions graves contre les
personnes par l'article 56 de la loi relative à la
sécurité quotidienne, devrait devenir opérationnel
à la fin 2001 dans une version provisoire au sein de la sous-direction
de la police scientifique et technique. Une équipe s'est rendue aux
Etats-Unis pour expertiser le système employé par le FBI (CODIS)
qui devrait être utilisé sous réserve d'adaptations et de
compléments.
b) Le lent développement du réseau ACROPOL
Malgré une importante sous-utilisation des
crédits
ouverts en 2001, les dotations liées au développement du
programme ACROPOL de réseau de communications cryptées
numérique sont reconduites à leur niveau de 2001,
soit 60,98
millions d'euros (400 millions de francs) en autorisations de programme
comme en crédits de paiement.
Ce programme
devrait arriver à son terme en 2007
, selon le
scénario médian retenu en 2000, sachant qu'une hypothèse
de développement plus rapide aurait permis l'achèvement du
réseau en 2004. En attendant, priorité est donnée au
développement du réseau dans les zones les plus
criminogènes.
Sont à ce jour déployés les réseaux de base des
départements suivants :
- Région Picardie (palier A3) : Aisne, Somme et Oise ;
- Région Rhône-Alpes (palier A2) : Rhône, Loire et
Isère ;
- Région Ile-de-France (palier A3) : Seine Saint Denis, Hauts de
Seine, Val de Marne, Paris. La mise en service opérationnelle sur Paris
a commencé pour les premiers services de police au mois d'octobre 2001.
- Corse (palier A3): circonscriptions de Bastia et Ajaccio.
Parmi les prochains développements devant intervenir en 2002 figurent
quatre départements de la grande couronne parisienne, la mise à
niveau de la région Rhône-Alpes, la région Nord
Pas-de-Calais, l'Eure et Loire, l'Yonne et la Corse.
Des essais d'interopérabilité avec le réseau RUBIS de la
gendarmerie sont menés en Corse. Votre commission tient à
souligner à nouveau la
nécessité de la
compatibilité des réseaux employés par les forces de
sécurité
.
Votre commission rappelle qu'elle est très attachée à la
réalisation du réseau ACROPOL.
Elle constate avec regrets
l'important accroissement des dépenses liées à la
maintenance du réseau analogique
qui doit être entretenu tant
que le réseau numérique n'aura pas été
étendu à tout le territoire.
Il est d'autant plus regrettable
que n'ait pas été retenu un scénario plus rapide de
développement d'ACROPOL.
3. Des crédits d'investissement en stagnation
Les
crédits d'équipement de la police nationale s'établissent
à 156,87 millions d'euros en
crédits de paiement
(1,03 milliards de francs), soit une
baisse de 14,21%.
Les
autorisations de programme s'élèvent à
216,58 millions d'euros (1,42 milliard de francs), ce qui
représente en revanche une progression de
3,93%.
Les crédits d'équipement consacrés au
parc de
véhicules lourds
se situent à un niveau équivalent
à celui de 2001, soit 9,90 millions d'euros (64,94 millions de
francs) en autorisations de programme et en crédits de paiement. La
durée d'utilisation opérationnelle des véhicules est
comprise entre huit et douze ans. Au delà, les charges de maintenance de
véhicules s'accroissent corrélativement à une baisse
d'efficacité de matériels connaissant des problèmes
mécaniques récurrents. Or,
il apparaît que les
crédits ouverts ne permettront pas de rattraper un retard cumulé
de 220 millions de francs dans le renouvellement des matériels
.
Les crédits
immobiliers
s'établissent à 106,71
millions d'euros (700 millions de francs) en autorisations de programme et
à 67,08 millions d'euros (440 millions de francs) en
crédits de paiement ce qui correspond à une
stagnation des
autorisations de programme et à une baisse importante des crédits
de paiement (-16,7%)
par rapport au budget 2001
.
Cette diminution des crédits de paiement s'explique par le
retard
pris dans les opérations en cours
. De nombreux appels d'offres ont
ainsi été déclarés infructueux et certaines
opérations foncières n'ont pu être réalisées
conformément aux prévisions.
La poursuite de la généralisation de la police de
proximité se traduira par l'affectation de
12,16 millions d'euros
(80 millions de francs) à l'équipement immobilier. A ce jour, 223
postes de police ont été créés. Compte tenu de
l'objectif fixé visant à créer ou réaménager
320 bureaux en 3 ans, il reste à équiper environ 100 locaux
supplémentaires, dont 75 le seront en 2002.
Devraient être livrés en 2002, 44 600 m² de locaux,
notamment :
- les hôtels de police d'Agen, d'Auxerre de Saint Maur ;
- les commissariats de Saint-Claude, Bron, Paris-Bercy et Savigny le
temple ;
- le casernement de CRS de Furiani et la structure de restauration du
casernement de Joigny.
L'année 2002 verra en outre, au mois de janvier, la livraison du premier
« grand projet immobilier » (GPI), à savoir de
l'hôtel de police de Strasbourg. La livraison des hôtels de police
de Montpellier et de Bordeaux devrait intervenir en fin d'année 2002.
Les besoins de rénovation et de construction de locaux resteront
cependant très importants
, compte tenu, là encore, des
retards accumulés en la matière.
Les dotations consacrées au
logement des policiers
sont en
augmentation. La contribution aux dépenses de construction de logement
pour les fonctionnaires s'établira en 2002 à 12,2 millions
d'euros (80,03 millions de francs) en autorisations de programme et à
13,72 millions d'euros (90 millions de francs) en crédits de
paiement, soit une augmentation de 4,57 millions d'euros (30 millions
de francs) en autorisations de programme et de 6,1 millions d'euros (40
millions de francs) en crédits de paiement par rapport aux dotations
2001. Ces dotations supplémentaires, qui étaient rendues
indispensables par le non report des crédits 2001, seront
affectées principalement dans les zones où l'offre du
marché est insuffisante (région parisienne, agglomération
lyonnaise et Nice). Elles devraient permettre la réservation de
400 logements par an au bénéfice des personnels de la police
national.
Mais les mesures en faveur du logement des policiers restent
notoirement
insuffisantes
, si l'on considère que la politique du logement est un
élément essentiel de
fidélisation des agents
à leur poste, notamment en région parisienne.
Votre commission constate donc encore une fois que l'effort en
matière de fonctionnement et d'équipement des services est
insuffisant pour permettre à la police d'accomplir normalement ses
missions.
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* *
Ces observations ont conduit la commission des Lois à donner un avis de rejet du budget de la section police-sécurité du projet de loi de finances pour 2002.