B. LES MILITAIRES PROFESSIONNELS
1. La situation des officiers et sous-officiers
La loi de programmation a prévu une diminution de près de 8 000 postes du nombre de cadres, officiers et sous-officiers, le taux d'encadrement passant dans le même temps de 31 % à 48 % du fait de la réduction du format et de la fin du service national. Cette réduction des effectifs de cadres s'opère à un rythme légèrement supérieur à celui qui avait été prévu, surtout pour les sous-officiers, dont le sureffectif, générateur de retards à l'avancement a été totalement résorbé dès le début de la période.
a) Le personnel officier
La déflation des effectifs d'officiers concernait près de 1 400 postes sur la période 1996-2002, soit une diminution moyenne de 230 postes par an, sans modification de la répartition interne entre groupes de grades. La nécessité de maintenir un déroulement équilibré des carrières et un flux suffisant de recrutements imposent néanmoins de parvenir à un flux de départs annuels moyen de plus d'un millier d'officiers.
Flux
de recrutements et de départs
des officiers de l'armée de
terre
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (prévisions) |
2002
|
Recrutements |
947 |
865 |
835 |
1 047 |
1 034 |
1 066 |
Départs |
1 251 |
1 309 |
1 341 |
1 168 |
1 047 |
1 032 |
En ce
qui concerne les départs, l'attribution des
pécules
d'incitation au départ
aura concerné 126 officiers en 1997,
115 en 1998 , 118 en 1999, 62 en 2000 et 35 en 2001. Leur nombre
s'élève, selon les prévisions, à 20 pour 2001.
Cette mesure n'aura donc eu, pour les officiers, qu'un rôle marginal dans
les départs, l'essentiel de ceux-ci intervenant soit par limite
d'âge, soit par départ en retraite après 25 ans de
service, soit par application des articles 5 et 6 de la loi n° 75-1000 du
30 octobre 1975 donnant le droit à pension avec l'indice du grade
supérieur à celui détenu au moment de la mise en retraite.
S'agissant du
recrutement
, après avoir atteint un point bas en
1999, il a été
significativement relevé en 2000 et en
2001
. Le nombre de recrutements sera également supérieur au
millier en
2002 pour atteindre les objectifs définis en
matière d'effectifs. Ce relèvement passe quasi-exclusivement par
une
augmentation très substantielle
des recrutements
d'officiers contractuels
, notamment d'officiers de réserve en
situation d'activité (ORSA) et, depuis juin 2000, d'
officiers sous
contrat (OSC),
les recrutements prévus par ces catégories
étant passées de 239 postes en 1999 à 427 en 2000,
l'objectif étant de 450 postes en 2001 et 400 en 2002.
Votre rapporteur rappelle qu'un amendement adopté au Sénat,
devenu l'article 26 de la loi n° 2000-242 du 14 mars 2000 relative
aux volontariats civils, a permis de créer la catégorie des
officiers sous contrat
qui se substitue à celle des ORSA et
permettra d'assurer leur remplacement, ainsi que celui des aspirants du
contingent et des scientifiques du contingent.
Une partie des officiers sous contrat recrutés (70 à 80 selon les
années), d'un niveau au moins égal à bac + 2, tiendront
des
fonctions d'encadrement
des forces. Ils serviront, s'ils le
souhaitent, jusqu'à 15 ans par contrats successifs et pourront
accéder au grade de commandant. Les autres (300 en 2000, 350 en 2001 et
300 en 2002), recrutés au moins à bac + 3, serviront comme
spécialistes
dans différentes filières
(renseignement-relations internationales, guerre électronique, gestion
des ressources humaines, systèmes d'information, infrastructures, droit,
finances..). Par contrats successifs, ils pourront aller jusqu'à 20 ans
de service et atteindre le grade de lieutenant-colonel.
Pour ces deux catégories d'officiers sous contrat, un type unique de
contrat de 2 à 5 ans a été mis en place. Le recrutement
s'effectue à partir des aspirants, les candidats civils devant d'abord
recevoir une formation d'officiers. Les premiers élèves officiers
sous contrat ont rejoint l'école de Coëtquidan le 1
er
juillet 2000. S'agissant d'officiers spécialistes, leur formation a
duré quelques semaines et ils ont rejoint depuis le 1
er
septembre comme sous-lieutenants l'affectation correspondant à leur
spécialité. La formation des officiers sous contrat
« encadrement » dure pour sa part 16 mois, dont 4 mois de
formation initiale à Coëtquidan pour l'apprentissage du
commandement et 1 an en école de spécialité.
Votre rapporteur tient à souligner l'importance de la réussite de
cette formule, compte tenu du besoin d'officiers contractuels pour maintenir
une moyenne d'âge raisonnable dans l'encadrement et répondre au
besoin de spécialistes.
Il est à souhaiter que le creusement du déficit en officiers soit
résorbé comme prévu dans les mois à venir,
grâce au ralentissement des départs et à la montée
en puissance du recrutement des officiers sous contrat. Il s'agit en effet de
renforcer le taux d'encadrement pour atteindre en 2002 un ratio comparable
à celui de l'armée britannique, nécessité par la
professionnalisation des forces, les conditions de leur engagement et le
développement de matériels plus sophistiqués.
b) Le personnel sous-officiers
La
période couverte par la programmation doit se traduire par une
réduction de 6 461 postes de sous-officiers en 6 ans, soit plus d'un
millier de postes par an. La population des sous-officiers sera
constituée pour près de la moitié par d'anciens
engagés et continuera à pourvoir celle des officiers à
hauteur de près de 50 %.
Depuis 1997 ont été menées de pair une augmentation du
flux de départs, notamment grâce aux pécules d'incitation
au départ (981 pécules accordés en 1999, 1 012 en 2000,
381 en 2001 et 350 prévus en 2002), et une augmentation du recrutement
(2 930 recrutements prévus en 2002 contre 1 760 en 1997).
Flux
de recrutements et de départs (hors pécules)
des
sous-officiers de l'armée de terre
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (prévisions) |
2002
|
Recrutements |
1.760 |
2.293 |
2.368 |
2.548 |
2.900 |
2.930 |
Départs |
1.599 |
1.652 |
1.967 |
2.204 |
2.461 |
|
En dépit de la diminution du nombre de postes, le sureffectif des sous-officiers a pu être résorbé dès 1998 . Cette évolution a eu une incidence positive sur l'avancement qui, après une période difficile ayant culminé en 1997, s'est grandement amélioré. Au rétablissement d'un flux externe plus équilibré entre recrutements et départs s'est ajoutée une forte augmentation des volumes d'avancement (1 600 postes d'adjudants chefs en 2000 et 1 400 en 2001 contre 950 en 1997, 1 904 postes d'adjudants en 2000 et 1 900 en 2001 contre 1 350 en 1997, et 2 200 postes de sergents-chefs en 2000 et 1 900 en 2001 contre 1 420 en 1997). Les taux de sélection au choix qui s'établissaient, en 1997, à 1 sur 10 pour l'avancement aux grades d'adjudants-chefs et de sergents-chefs et à 1 sur 8 pour les adjudants sont remontés, en 2001, à 1 sur 4,5 pour les adjudants-chefs, 1 sur 4,2 pour les adjudants et 1 sur 5,3 pour les sergents-chefs.
2. Le recrutement des engagés : un bilan pleinement satisfaisant
Pilier de la professionnalisation, le recrutement des engagés volontaires de l'armée de terre (EVAT) doit s'opérer au rythme soutenu de près de 5 900 nouveaux postes chaque année. Mais, compte tenu des départs, c'est en réalité un recrutement actuellement supérieur à 11 000 EVAT par an qui est nécessaire.
Evolution des recrutements et des départs des
engagés
volontaires de l'armée de terre
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Départs en fin de contrat |
3 855 |
4 302 |
4 982 |
4 068 |
5.505 |
Recrutements
|
8
946
|
11
744
|
11
671
|
10
647
|
12.250
|
Le
tableau ci-dessus illustre la part prépondérante désormais
prise par le recrutement dit « initial », effectué
directement dans le secteur civil, par rapport au recrutement dit
« ultérieur », provenant d'appelés,
éventuellement volontaires « service long».
L'accroissement annuel des effectifs d'EVAT sera obtenu par un allongement de
la durée moyenne des services (de 5 à 8 ans) et par
l'augmentation des flux de recrutements portés à près de
10 000 chaque année à partir de 2002.
L'effort de recrutement suppose une implication et un intéressement des
régiments, le renforcement des centres d'information et de recrutement
de l'armée de terre (CIRAT), le recrutement d'appelés du
contingent jusqu'à l'extinction légale de cette population, la
féminisation des effectifs jusqu'à hauteur d'au moins 10 %, ainsi
que des actions de promotion de l'image de l'armée de terre. En 2001, le
coût budgétaire de la mise en oeuvre de cette politique de soutien
au recrutement s'est établi à 8,5 millions d'euros.
Deux types de parcours
sont désormais proposés aux
EVAT :
- les
parcours courts
, dont la limite est portée à
11
ans de service
, concernant les EVAT destinés à assurer en
priorité des tâches d'exécution dans un cadre
opérationnel,
- les
parcours longs
,
entre 11 et 22 ans
, seulement ouverts aux
caporaux-chefs détenteurs de certificats les destinant à occuper
des emplois de spécialistes.
La prolongation de la durée des services répond à une
réelle attente de la part des engagés et la proportion de
parcours longs devrait constituer à terme 20 % de la catégorie.
L'évolution des effectifs réalisés traduit une mise en
oeuvre satisfaisante des recrutements, en dépit d'un léger
déficit. Le nombre de candidatures s'avère suffisant, mais
le
taux de sélection demeure faible
(1 candidat retenu pour 1,3
dossier déposé en 2000), ce qui illustre la
relative
étroitesse du vivier
et sa vraisemblable sensibilité aux
évolutions conjoncturelles du marché du travail. Cela souligne
d'autant la nécessité d'accorder une attention soutenue à
la condition matérielle des engagés, qu'il s'agisse de la
rémunération, de l'hébergement, des conditions de travail
ou de la préparation du retour à la vie civile et à la
reconversion.
Le
taux d'attrition
au cours de la formation a diminué ces
dernières années et
s'établit désormais à
14 %
, niveau jugé satisfaisant. Le
taux de
réengagement était quant à lui de 79,5 % en 2000
.
La formation des EVAT est réalisée au sein des unités et
il n'est pas envisagé de la regrouper au sein de centres
spécialisés qui nécessiteraient des moyens de soutien
propres et sont jugés moins efficaces pour l'acclimatation des jeunes
engagés au monde du corps de troupe.
S'agissant du
dispositif de reconversion
, qui constitue un
élément important du statut de l'engagé compte tenu de la
durée limitée de la carrière, tous les engagés
ayant servi durant quatre années au moins peuvent
bénéficier d'un
congé de reconversion
d'une
durée pouvant aller jusqu'à 12 mois en fonction du projet
personnel de l'intéressé.
Les engagés quittant l'armée de terre entre 8 ans et
11 ans de service bénéficient d'une
indemnité de
départ
revalorisée et non imposable, représentant
24 mois de solde brute.
Les engagés justifiant de 4 années de service peuvent en
outre bénéficier des diverses aides prévues dans le
dispositif de reconversion telles que la préparation à des
examens et l'admission à des stages de formation professionnelle.
3. Les volontaires : une formule à parfaire, une « cible » trop ambitieuse
Créée par la loi du 28 octobre 1997 portant
réforme du service national, la catégorie des volontaires est
destinée à jouer un rôle non négligeable dans
l'armée de terre professionnelle puisqu'en 2002, elle devrait comporter
5 544 postes, soit 4 % des effectifs militaires. Votre rapporteur souhaiterait
insister sur le fait qu'il ne s'agit pas, pour l'armée de terre, d'un
quelconque « bonus », mais que
ces volontaires
occuperont une place à part entière, au même titre que les
autres personnels militaires
, la réalisation des effectifs
étant indispensable au bon fonctionnement des formations.
Rappelons que des postes de volontaires ont été ouverts tant dans
les effectifs de militaires du rang que dans ceux de sous-officiers (sergents)
et d'officiers (aspirants). La solde mensuelle s'échelonne entre 673,78
euros (soldat) et 811,20 euros (aspirant). Souvent s'y ajoutent, selon les
fonctions exercées et les risques encourus, des indemnités
particulières ainsi que des prestations en nature. Le volontariat est
conclu pour une durée de douze mois, renouvelable chaque année,
dans la limite de 5 ans.
L
'effectif moyen réalisé, pour les volontaires, reste
très inférieur au nombre de postes budgétaires, le
déficit
(521 postes en 1999, 702 postes en 2000, 2 203 postes
prévus sur 2001)
n'ayant cessé de s'accroître
.
Sans doute une meilleure information sur ce statut encore peu connu est-elle
souhaitable, afin d'améliorer un recrutement aujourd'hui
inférieur aux objectifs. Votre rapporteur avait souligné, l'an
passé, la proximité entre la condition matérielle des
volontaires et celle des engagés. Il semblerait qu'une proportion
significative des volontaires représente des candidats à
l'engagement en attente de recrutement. Pour autant, l'accès à
des postes d'encadrement constitue une particularité du volontariat,
caractérisée de surcroît par une durée de service
beaucoup plus brève que celle des engagés.
Il est hautement souhaitable que, dans la perspective de la prochaine loi de
programmation militaire, une
évaluation approfondie du
volontariat
soit menée, afin de mesurer la pertinence des choix
effectués en termes d'effectifs et de profils de postes. Sans remettre
en cause l'existence de ce statut,
votre rapporteur souhaite notamment
qu'une partie des postes
destinés aux volontaires
,
manifestement difficiles à pourvoir,
soient transformés en
postes d'engagés
.