A. UNE SITUATION DE SOUS-EFFECTIF PERMANENT QUI NE SERA PAS ENTIÈREMENT RÉSORBÉE FIN 2002
1.
L'amplification du sous-effectif à partir de 1998
Comme le montrent les tableaux ci-dessous, la situation de sous-effectif a pris
dans l'armée de terre une ampleur significative à partir de 1998.
Les effectifs militaires de l'armée de terre de
1997
à 2001 :
effectifs budgétaires et effectifs
réalisés
|
Officiers |
Sous-officiers |
Engagés |
Volontaires |
Appelés |
Total militaires |
Effectifs budgétaires 1997
|
17.242
|
55.608
|
36.077
|
-
|
111.039
|
218
966
|
Effectifs budgétaires 1998
|
17.013
|
54.455
|
41.956
|
-
|
89.790
|
203
214
|
Effectifs budgétaires 1999
|
16.783
|
53.235
|
47.835
|
1.361
|
67.530
|
186
744
|
Effectifs budgétaires 2000
|
16.477
|
52.103
|
53.707
|
2.858
|
44.197
|
169
342
|
Effectifs budgétaires 2001
|
16.245
|
51.170
|
59.586
|
4.877
|
17.111
|
148
989
|
*
Prévisions pour l'année 2001
Pour les effectifs militaires
, l'écart moyen entre les effectifs
réalisés et les effectifs budgétaires s'est creusé
dès 1998 et s'est maintenu autour de
8 000 postes
sur ces
deux dernières années.
Pour les
personnels civils
, les modes de calculs sont sensiblement
différents et les données ont été affectées
par de multiples changements de périmètre. Le tableau ci-dessous,
constitué à partir des informations assez
hétérogènes fournies par le ministère de la
défense à votre rapporteur, illustre néanmoins un
déficit plus stable, situé tantôt en-dessous tantôt
au-dessus de
3 000 postes
, soit en moyenne, depuis 5 ans, environ
10 % des effectifs budgétaires prévus.
Les
effectifs en personnels civils de l'armée de terre de 1997 à
2001 :
effectifs budgétaires et effectifs réalisés
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Effectifs budgétaires |
32 276 |
32 620 |
32 795 |
30 772 |
31 223 |
Effectifs réalisés |
29 660 |
29 759 |
29 228 |
27 172 * |
27 751 ** |
Ecart |
- 2 616 |
- 2 861 |
- 3 567 |
- 3 600 * |
- 3 472 ** |
*
donnée approximative au 31 décembre 2000 fournie par le
ministère de la défense
** au 1
er
août 2001
En 1998 et 1999, une large part du sous-effectif a été
provoquée par une
diminution beaucoup plus rapide que prévue
du nombre d'appelés
sous les drapeaux. Comme votre rapporteur
l'avait alors souligné, cette situation ne résultait en rien
d'une modification du comportement des jeunes Français, dont le civisme
est resté exemplaire durant toute la période de transition, comme
en témoigne le niveau très faible des insoumissions, mais
plutôt d'un fort accroissement du nombre de sursitaires, notamment sous
l'effet des nouvelles possibilités de report au profit des titulaires
d'un contrat de travail. Peu après la mise en oeuvre de cette mesure, le
« rendement » des incorporations s'est
détérioré tout en devenant assez irrégulier et le
sous-effectif moyen a dépassé 12.000 appelés au cours de
l'année 1999. Il est demeuré important en 2000 et en 2001,
année au titre de laquelle l'armée de terre avait pourtant
anticipé une forte réduction d'effectifs, près de 4.500
postes supplémentaires ayant été supprimés par
rapport à l'échéancier de la loi de programmation.
Le
sous-effectif en appelés
a donc pesé tout au long de la
période et cela restera le cas jusqu'à la mise en oeuvre du plan
de recrutement pour 2002. Il ne s'agit là cependant que d'un
phénomène conjoncturel
, qui disparaîtra avec
l'armée entièrement professionnalisée.
Plus inquiétante est en revanche la
persistance,
et même
l'aggravation,
d'un sous-effectif de nature plus structurelle
dans la
catégorie des
volontaires
, et surtout dans le
personnel
civil
.
En ce qui concerne les
personnels civils
, l'écart entre les
effectifs budgétaires et les effectifs réalisés
s'accroît, en dépit des propos rassurants, lors de chaque
discussion budgétaire, annonçant une amélioration de la
situation l'année suivante. Ainsi, alors que l'an passé le
ministère de la défense précisait à votre
rapporteur que «
compte tenu d'un plan de recrutement d'environ 2
400 postes au cours de l'année 2000, le sous-effectif attendu en fin
d'année ne sera plus que de 2 100 postes
», il lui est
indiqué cette année que «
le déficit
s'élevait encore au 31 décembre 2000 à près de
3 600 postes
», soit 1 500 postes de plus que la
prévision.
Il y a donc plutôt aggravation, et ce alors
même que par rapport à la cible initiale, plusieurs centaines de
postes ont été supprimés.
S'agissant des
volontaires
, qui n'ont commencé à
être recrutés qu'en 1999, les effectifs ont augmenté
régulièrement, mais beaucoup moins vite que les effectifs
budgétaires.
L'écart prévu pour 2001 pourrait atteindre
2.200 postes,
soit un
déficit de 45%
par rapport aux postes
budgétaires.
Cette situation de sous-effectif conduira à la
« mise en
réserve » de 70 à 80 compagnies, escadrons ou batteries
en cette fin d'année
, c'est-à-dire que ces unités
élémentaires ne pourront fonctionner, faute de militaires du rang
en nombre suffisant, leur encadrement étant temporairement
réaffecté.
Il est aujourd'hui difficile de distinguer, dans cette « mise en
réserve », ce qui résulte de la cessation
anticipée du service national, et qui pourra donc être
rattrapé l'an prochain, et les difficultés plus durables
liées à la nécessité de prélever dans les
unités des personnels militaires affectés à des
tâches de soutien normalement dévolues à des personnels
civils.
2. Les effectifs 2002 seront inférieurs à ceux définis
par la loi de programmation
Au vu des mouvements de suppression et de création de postes
prévus au projet de budget pour 2002, qui sont examinés plus en
détail au chapitre II du présent rapport, on peut estimer qu'en
fin d'année 2002, c'est-à-dire au moment où la
professionnalisation sera achevée, l'armée de terre disposera
dans ses rangs d'un
effectif légèrement inférieur
à celui prévu par la loi de programmation.
En effet,
un certain nombre de postes budgétaires pourtant
prévus en programmation ont été supprimés
.
Marginaux s'agissant des effectifs militaires, ces abattements ont
été en revanche plus importants
pour les personnels
civils,
plus de 1.100 postes, soit environ 3,5% de la cible initiale
ayant été supprimés
. Environ 15% de ces suppressions
de postes ont été gagées par la mise à disposition
de crédits de sous-traitance, mais pour le restant, il s'agit d'une
« perte sèche » pour l'armée de terre,
même si ces postes supprimés étaient des postes vacants.
Par ailleurs, il est à craindre que par rapport à l'effectif
budgétaire prévu fin 2002, des déficits substantiels
perdurent dans la catégorie des volontaires et pour les personnels
civils.
En effet, près de 700 postes supplémentaires de volontaires
seront créés, alors qu'après une période de
« rodage » de trois ans, il a été
constaté que le vivier de recrutement, en partie constitué de
candidats à un engagement ultérieur, était limité.
Bien que l'effectif total prévu en 2002 soit modeste - 5.544 volontaires
- un déficit de l'ordre de 2.000 hommes, comme celui constaté
pour 2001, pèserait significativement sur les unités.
Quant aux personnels civils, il est clair que les mutations en provenance
d'établissements industriels de la défense demeureront
marginales. Les vacances ne pourront être comblées que par un
éventuel « dégel » de postes d'ouvriers
d'Etat et par des recrutements de fonctionnaires, dont le niveau n'a pour
l'instant pas été porté à la connaissance de votre
rapporteur.