II. LES OPÉRATIONS DE DÉMOLITION-RECONSTRUCTION
Deux types d'opérations de reconstructions seront évoquée par votre rapporteur. Les premières concernent la démolition, puis la reconstruction de logements . Les secondes intéressent l'activité de l'établissement public de restructuration et d'aménagement des espaces commerciaux et artisanaux .
A. LE SECTEUR DU LOGEMENT
Ces opération consistent, d'une part, en des démolitions pures et simples de logements et, d'autre part, en des modifications substantielles de l'habitat existant.
1. La démolition
Entre
1999 et 2000, le nombre de logements démolis enregistre une progression
de + 11,4%
(soit 632 logements), qui s'avère, cependant,
nettement inférieure à celle constatée de 1998 à
1999 (+56%).
Parmi les 22 régions française, l'
Île-de-France
arrive en tête avec 1.543 logements démolis, suivie par la
Bourgogne (747) et de la région
Provence-Alpes-Côte-d'Azur
(673). Un tassement du nombre de logements financés est observé
en
Rhône-Alpes
(367 logements).
Les opérations les plus importantes concernent
:
-
PACA
(432 logements de la Cité G. Apollinaire à
Avignon) ;
-
l'Île-de-France
(312 logements de l'immeuble
« grand L » à Antony, (Hauts de seine) et 265
logements du bâtiment « Capucine » à la Pierre
Collinet (Meaux) ;
- la
Bourgogne
(296 logements de l'immeuble les Lochères aux
«Grésilles » à Dijon ;
-
l'Alsace
(228 logements aux « Côteaux » à
Mulhouse).
Le nombre de logements dont la démolition est financée
s'élève à 6.107 pour l'année 2000
. Selon les
informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
l'objectif consistant à assurer la démolition de
10.000 logements à démolir financés en 2001 serait
susceptible d'être atteint. Pour l'année 2002, une enveloppe de
500 millions de francs de crédits serait ouverte afin d'atteindre
15.000 logements démolis.
Votre commission serait désireuse que le Gouvernement rende public un
échéancier des démolitions envisagées dans les
années à venir ainsi qu'une évaluation du coût de
ces opérations.
Entre 1996 et 2000, on observe un quadruplement du nombre de logements
démolis chaque année, ainsi qu'il ressort du tableau
ci-après :
NOMBRE
DE DÉMOLITIONS DE LOGEMENTS SOCIAUX
FINANCÉES DE 1996 À
2000
|
|
|
|
|
|
Dont
|
Alsace |
70 |
|
40 |
120 |
333 |
75 |
Aquitaine |
360 |
441 |
10 |
50 |
192 |
|
Auvergne |
132 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
Bourgogne |
0 |
104 |
368 |
43 |
747 |
|
Bretagne |
12 |
0 |
0 |
40 |
66 |
|
Centre |
0 |
60 |
273 |
258 |
514 |
98 |
Champagne-Ardenne |
12 |
0 |
0 |
84 |
121 |
100 |
Franche-Comté |
108 |
369 |
70 |
64 |
0 |
|
Ile de France |
180 |
545 |
648 |
1418 |
1543 |
427 |
Languedoc Roussillon |
0 |
0 |
10 |
165 |
222 |
|
Limousin |
0 |
16 |
0 |
48 |
0 |
|
Lorraine |
80 |
272 |
206 |
559 |
136 |
66 |
Midi-Pyrénées |
0 |
0 |
128 |
265 |
104 |
14 |
Nord pas de Calais |
441 |
56 |
51 |
310 |
410 |
133 |
Basse Normandie |
0 |
0 |
320 |
0 |
127 |
|
Haute Normandie |
0 |
48 |
18 |
567 |
286 |
127 |
Pays de la Loire |
0 |
318 |
94 |
211 |
266 |
100 |
Poitou-Charentes |
0 |
0 |
0 |
140 |
0 |
|
PACA |
98 |
360 |
292 |
272 |
673 |
|
Corse |
0 |
65 |
0 |
0 |
0 |
|
Picardie |
0 |
0 |
52 |
248 |
0 |
|
Rhône Alpes |
250 |
657 |
768 |
640 |
367 |
|
France métropolitaine |
1743 |
3311 |
3518 |
5502 |
6107 |
1140 |
Source : DIV
Votre
Commission des Affaires économiques prend acte de l'accroissement du
nombre de démolitions de logements.
A côté des opérations de démolition pure et simple
sont parfois menées des opérations plus limitées tendant
à requalifier les logements existants.
2. La requalification des logements existants
En 2000,
16 opérations ont été financées. Elles sont, pour
l'essentiel, de petites tailles (1 à 10 logements transformés en
rez-de-chaussée). La plus importante concerne l'implantation
d'activités dans le bâtiment « Bergson » sur
le site de la « Grande Résidence » à Lens.
Elle touche 32 logements.
Par rapport aux années antérieures, le coût de
transformation par mètre carré de logement passe de 4.676 francs
à 5.282 franc. Ce coût se rapproche donc du coût moyen d'une
construction neuve qui tourne autour de 6.000 francs le mètre
carré.
On notera que compte tenu des difficultés tenant au
« montage » de ces opérations et au caractère
parfois aléatoire de leur équilibre financier, le nombre de
logements transformés a baissé de 67% entre 1999 et 2000.
3. L'échec des associations foncières urbaines
La loi
du 14 novembre 1996 a autorisé la constitution d'office d'associations
foncières et urbaines (AFU), personnes privées investies de
prérogatives de puissance publique telles que l'expropriation, afin de
permettre des interventions sur des immeubles dégradés ou en voie
de dégradation qui appartiennent à des copropriétés
dont les membres ne parviennent pas à s'entendre pour y remédier.
Afin de créer une telle AFU, il est nécessaire que la disposition
des parcelles intéressées compromette la mise en oeuvre d'un
programme de restructuration urbaine d'un grand ensemble ou d'un quartier
d'habitat dégradé.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
ces dispositions sont peu utilisées parce que l'exercice du droit de
délaissement par les propriétaires opposés au remembrement
oblige les collectivités concernées à des acquisitions
coûteuses.
Votre commission s'interroge sur la possibilité de mobiliser certains
crédits affectés au programme de renouvellement urbain afin
d'utiliser le mécanisme des AFU.
B. LE CAS SPÉCIFIQUE DU COMMERCE
La loi
du 14 novembre 1996 a prévu la création d'un établissement
public spécifique destiné à restructurer les espaces
commerciaux des quartiers en difficulté. Régi par le
décret n° 97-130 du 12 février 1997 l'
Etablissement
national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et
artisanaux
(EPARECA)
a pour principale mission de
faciliter les
opérations de remembrement des espaces commerciaux et artisanaux
implantés dans les quartiers urbains en difficulté
en
procédant à la création, l'extension, la transformation ou
la reconversion de surfaces commerciales et artisanales.
L'article 90 de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000
relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) a
étendu le champ d'intervention de l'EPARECA, initialement limité
aux seules zones urbaines sensibles, à l'ensemble des quartiers reconnus
comme prioritaires par les contrats de ville conclus pour la période
2000-2006, qu'ils soient ou non classés en ZUS.
Comme l'avait souligné votre rapporteur pour avis devant votre
commission à l'occasion de l'examen des projets de loi de finances pour
2000 puis pour 2001, la mise en oeuvre de l'EPARECA connu quelques
vicissitudes. Bien qu'il ait été organisé par le
décret précité du 12 février 1997, son
premier conseil d'administration ne s'est réuni que le 2 septembre
1998. Il n'a pas effectué d'opération d'investissements en 1999.
Essentiellement consacré à des dépenses de personnel, le
budget 1999 s'est élevé à 5,2 millions de francs. En 2000,
le budget le budget prévisionnel était de 93,8 millions de
francs. Les dépenses d'investissement se sont montées à
9,8 millions de francs et les charges de personnel à 4,5 millions
de francs.
Ainsi, le total cumulé des charges de personnel des deux
premières années était équivalent aux
investissements !
Pour 2001, le budget prévisionnel
s'établit à 91,4 millions de francs, les charges de
personnel étant estimées à 5,2 millions de francs.
En 2000, l'EPARECA a pris des participations dans des sociétés
destinées à réaliser des investissements à des fins
de restructuration. Le nombre des demandes de participation qui lui ont
été adressées s'élevait à 127 à
la date du 2 mai 2001. Selon les informations communiquées à
votre rapporteur pour avis, 56 de ces dossiers ont été
traités parmi notamment lesquels :
- un (Créteil) correspond à une opération qui est
réalisée ;
- 5 sont au stade de l'appel d'offres ou à celui des travaux
(Argenteuil, Châlon-en-Champagne, Clichy-sous-Bois, Floirac et
Hérouville-Saint-Clair) ;
- 7 sont en phase opérationnelle (Bron, Cenon, Mulhouse, Pantin,
Reims, Saint-Ouen-L'Aumône et Roubaix) ;
- et 41 sont à l'étude.
Trente neuf autres demandes n'ont pas pu être prises en compte,
étant inéligibles ou ayant été abandonnées
par les villes concernées. Le reste, des dossiers est en attente.
Votre commission s'interroge sur les raisons pour lesquelles 73 % des
demandes « traitées » étaient encore à
l'étude le 2 mai 2001.
Elle
souhaite également connaître les raisons pour
lesquelles l'EPARECA ne parvient pas encore à répondre à
la mission qui lui est confiée par la loi. Elle souhaiterait savoir si
c'est réellement faute de moyens humains, ou plutôt à
défaut d'une réelle volonté politique qu'une proportion
conséquente des demandes adressées à cet
établissement public industriel et commercial reste en attente. Elle
désire enfin connaître les mesures que le gouvernement, qui
assure, au nom de l'Etat, sa tutelle entend prendre pour remédier
à une situation inacceptable que le Parlement critique depuis plusieurs
années.