CHAPITRE V -
LES PORTS MARITIMES
A. LES ORIENTATIONS
Les
crédits qu'il est prévu d'allouer aux ports maritimes en 2002
s'élèvent à 127,89 millions d'euros en moyens
d'engagement et à 104,25 millions d'euros en crédits de
paiement.
Le Gouvernement annonce que l'ensemble de ces moyens devrait permettre de
renforcer la sécurité portuaire et d'accélérer la
modernisation de nos ports maritimes au rythme de la croissance des
échanges mondiaux.
En ce qui concerne
le renforcement de la sécurité portuaire,
le projet de budget pour 2002 se contente de reconduire la dotation
consacrée, l'année dernière, à l'entretien des
infrastructures avec notamment les moyens consacrés aux dragages
d'entretien des accès maritimes.
On relèvera la poursuite du programme de réhabilitation des
infrastructures portuaires : réhabilitation de la digue de
calibrage du chenal d'accès au port de Rouen, réhabilitation
d'écluses à Dunkerque et à Saint-Malo, restauration de la
digue du large à Cherbourg.
Les effectifs des officiers de port et officiers de port adjoints,
chargés de la police et de la sécurité dans tous les
aspects de l'activité du port, devraient être renforcés de
sept postes supplémentaires, ce qui représentera une augmentation
de 14 % des effectifs pour l'ensemble des ports sur les deux exercices
2001 et 2002.
S'agissant de la
modernisation des ports,
on signalera encore une fois
que la dotation proposée pour 2001 (128 millions d euros) est,
elle aussi, simplement reconduite.
B. L'ACTIVITÉ GÉNÉRALE DES PORTS MARITIMES
Avec un
trafic global de 346,3 millions de tonnes, l'activité des ports de
commerce métropolitains a augmenté de 4 % au cours de
l'année 2000, retrouvant un rythme de croissance comparable à
celui observé en moyenne sur la période 1995-1998.
Hors produits pétroliers, le trafic a connu, en 2000, une progression de
2,2 %.
Les trafics embarqués, dont le volume atteint 100,9 millions de
tonnes en 2000, ont augmenté de 1 %, tandis que les marchandises
débarquées, avec 245,4 millions de tonnes, progressaient de
5,3 %.
La répartition du trafic total des entrées et sorties, et leurs
évolutions par catégorie de port, sont indiquées dans le
tableau ci-dessous :
Unité : Millions de tonnes |
Entrées |
% 2000/1999 |
Sorties |
% 2000/1999 |
Total |
% 2000/1999 |
Ensemble des ports métropolitains |
245,4 |
+5,3 % |
100,9 |
+1,0 % |
346,3 |
+4,0 % |
dont ports autonomes |
202,7 |
+7,0 % |
68,1 |
+5,1 % |
270,8 |
+6,5 % |
dont ports d'intérêt national |
39,5 |
-2,3 % |
31,3 |
-7,1 % |
70,6 |
-4,5 % |
dont ports décentralisés |
3,2 |
+0,6 % |
1,6 |
+8,0 % |
4,8 |
+2,9 % |
Ports d'Outre-mer |
8,3 |
+2,2 % |
2,0 |
+12,4 % |
10,3 |
+4,0 % |
Avec
270,8 millions de tonnes, le trafic des ports autonomes a augmenté
de 6,5 % en 2000, tandis que celui des ports d'intérêt
national, avec 70,7 millions de tonnes, diminuait de 4,5 % . Cette
baisse a résulté d'un recul des échanges à Calais
(- 9,7 %) qui représente, rappelons-le, 45 % du trafic
des ports d'intérêt national.
Hors Calais, le trafic des ports d'intérêt national s'est maintenu
au cours de l'année 2000 (+0,2 %).
Les vracs liquides ont représenté près de la moitié
du tonnage de marchandises traité par les ports métropolitains,
soit 169,9 millions de tonnes. ; ils ont augmenté de
6,2 % sous l'effet d'une reprise du trafic des produits pétroliers,
qui représentent 93 % des vracs liquides.
Les vracs solides, dont le tonnage s'est élevé à
87,6 millions de tonnes, ont progressé de 4,1 % soit à
un taux sensiblement supérieur à celui enregistré
l'année précédente (+ 1,4 %).
Le trafic maritime de marchandises diverses est demeuré stable en 2000
et s'est maintenu à un niveau élevé (88,8 millions de
tonnes) pour la quatrième année consécutive ; les
deux composantes principales constituant ce trafic sont les trafics routiers et
les trafics conteneurisés.
Représentant désormais plus du quart du tonnage des marchandises
diverses, les trafics conteneurisés, avec 25,6 millions de tonnes
en 1999, ont enregistré une progression de 7,3 % confirmant ainsi
les taux de croissance des années précédentes.
A titre de comparaison, les trafics de conteneurs ont progressé de
6 % à Singapour, de +13,2 %, à Hambourg, de
+12,9 % à Anvers et de +26,6 % à Brême, mais
diminué de 1,7 % à Rotterdam.
C. LA SITUATION ÉCONOMIQUE DES PORTS
a) Les ports autonomes
Le
chiffre d'affaires des ports autonomes métropolitains, qui regroupe les
prestations de services des ports (droits de port, taxes d'outillage, recettes
des domaines et concessions, autres prestations de services), s'est
établi à 505,2 millions d'euros en 2000.
Il est composé, à hauteur de 52,5 %, par les droits de port,
à hauteur de 28,7 % par les taxes d'outillage, à hauteur de
14,3 % par les redevances du domaine et des concessions et à
hauteur de 4,5 % par les autres recettes.
En 2000, le résultat net global (17,3 millions d'euros) a
confirmé son redressement avec une hausse de 4 %.
Dunkerque
En 2000, le chiffre d'affaires du port de Dunkerque s'est redressé
à hauteur de 63,5 millions d'euros, enregistrant ainsi un
fléchissement de 1,7 % par rapport à l'année
précédente grâce à la forte progression dans le
domaine des trafics conteneurisés ; sa situation
géographique, qui l'expose à une vive concurrence, le contraint
à une politique de réduction tarifaire pour rester
compétitif. Toutefois, le redressement de sa situation financière
se confirme.
En 2000, le chiffre d'affaires du port du Havre a atteint 148,9 millions
d'euros, en légère progression de 5,4 % par rapport à
l'année précédente. A la veille d'engager de très
importants investissements avec « Port 2000 », qui
nécessiteront d'importants volumes d'emprunt, le port a réduit
son endettement.
Rouen
En 2000, le chiffre d'affaires du port de Rouen a atteint 53,7 millions
d'euros, en diminution de 6,3 % par rapport à l'année
précédente. Cette baisse est notamment imputable aux mauvais
résultats de la campagne céréalière de 2000.
En 2000, le chiffre d'affaires du port de Nantes -Saint-Nazaire a atteint
60,9 millions d'euros, en progression de 2,5 % par rapport à
l'année précédente. Le port a enregistré un trafic
de 31,8 millions de tonnes, dépassant ainsi le niveau de 1998
(31,6 millions de tonnes) après la baisse enregistrée en
1999 (28,8 millions de tonnes).
Bordeaux
En 2000, le chiffre d'affaires du port de Bordeaux a été de
29,6 millions d'euros, en progression de 3 % par rapport à
l'année précédente.
Bien que la marge brute d'autofinancement ait retrouvé le niveau atteint
en 1998, les résultats ne peuvent toutefois masquer les
difficultés financières du port liées au poids des charges
d'exploitation par rapport au trafic, malgré les efforts
déployés par le port pour faire progresser les trafics sur
certains créneaux.
Marseille
En 2000, le chiffre d'affaires du port de Marseille a atteint
148,6 millions d'euros, en progression de 3,2 % par rapport à
l'année précédente. La marge brute d'autofinancement a
progressé de 32,7 % par rapport à 1999.
Le redressement significatif de la situation financière du port de
Marseille est la conséquence des efforts d'économies de gestion
et de réduction des charges d'exploitation, de ses efforts commerciaux
pour reconquérir des trafics et d'un mode de financement plus
équilibré de ses investissements.
Il faut espérer que le récent conflit du travail -qui vient de
s'achever- ne pénalisera pas les résultats 2001 du port
autonome.
b) Les ports d'intérêt national
En 2000,
pour l'ensemble des concessions portuaires métropolitaines, le chiffre
d'affaires a atteint 214,6 millions d'euros en baisse de 3,7 % par
rapport à l'année précédente, la marge
d'autofinancement s'étant établie à 73,6 millions
d'euros en diminution de 4,6 % tandis que la dette continuait à
décroître (-8,8 %).
Il faut noter la part très importante du
port de Calais
dans
l'ensemble de ces résultats : malgré la concurrence du tunnel
sous la Manche, il a conservé sa position de premier port
français transmanche, son chiffre d'affaires représentant
35,5 % du chiffre d'affaires global des ports d'intérêt
national.
La taille des autres ports d'intérêt national est plus modeste,
leurs situations financières étant très variables :
Certaines concessions ont enregistré une amélioration notable de
leur activité et de leur situation financière : c'est, en
particulier, le cas de la concession du port de commerce de La Rochelle, qui
s'est affirmé sur la filière « bois » ainsi
que du port de Nice, qui a vu son activité
« passagers » se développer au titre des liaisons
avec la Corse.
D'autres concessions (Caen, Sète) paraissent, après une
période difficile, s'engager dans la voie d'une diversification de leurs
activités.
D. LES INVESTISSEMENTS RÉALISÉS DANS LES PORTS
a) Les ports autonomes
En 2001,
plus de 98 % des crédits d'investissements (50 millions
d'euros dont 20 millions d'euros de part « Etat » et
30 millions d'euros financés par les ports autonomes
eux-mêmes et les collectivités territoriales) affectés aux
ports autonomes ont été consacrés aux opérations
inscrites aux contrats de plan Etat-régions.
Les principales opérations financées en 2000 et prévues en
2001 sont les suivantes :
•
Dunkerque
:
- adaptation du site destiné à l'accueil du nouveau dock
flottant ;
- réparation de l'écluse Watier ;
- réhabilitation de l'écluse Trystam ;
- réhabilitation de l'écluse Charles de Gaulle ;
- réparation de la jetée des huttes ;
- première phase du prolongement du quai de Flandre ;
•
Le Havre
:
- réparation de la Porte P4 de l'écluse François 1er
;
•
Rouen
:
- réhabilitation des digues de calibrage du chenal maritime ;
- construction du troisième quai en Seine à Honfleur ;
- modernisation du système de trafic maritime.
•
Nantes Saint-Nazaire
:
- réhabilitation de l'écluse est de Saint-Nazaire ;
- extension du terminal agroalimentaire de 110 m ;
•
Bordeaux
:
- réparation des dégâts dus aux tempêtes ;
- remplacement des vedettes de sondage ;
•
Marseille
:
- rétablissement des profondeurs des bassins de Marseille ;
- adaptation de postes au terminal pétrochimique de
Lavéra ;
- construction d'un poste au terminal roulier de Marseille ;
- approfondissement des tirants d'eau du bassin de la Grande Joliette et
création d'une zone de stockage pour les déblais de dragage ;
- aménagement d'un poste polyvalent sur le môle Léon
Gourret pour la croisière.
L'Etat participe, en principe, à hauteur de 80 % aux
dépenses suivantes :
- creusement et création des bassins,
- création et extension des chenaux d'accès maritimes et des
plans d'eau des avant-ports,
- construction et extension d'ouvrages de protection contre la mer et
d'écluses d'accès.
Il contribue, en principe, à hauteur de 60 % aux travaux de
création, d'extension ou de renouvellement des autres ouvrages
d'infrastructures et engins de radoub.
Une enveloppe d'emprunts pour la couverture des dépenses
d'infrastructures et de superstructures est fixée, chaque année,
dans le cadre de la programmation retenue par le comité des
investissements à caractère économique et social (ex-FDES).
En 2000, les ports autonomes ont financé leurs investissements (total de
150 M€) à hauteur de 57 % par autofinancement. L'Etat, qui ne
finance que les infrastructures, a contribué au financement de 8 %
de l'ensemble des investissements, les collectivités locales intervenant
à hauteur de 35 %.
Les autorisations d'investissements, retenues pour 2001 par le comité
des investissements à caractère économique et social,
s'établissent à 314 millions d'euros pour l'ensemble
des ports autonomes métropolitains.
b) Les ports d'intérêt national
Le
tableau ci-dessous retrace le montant des investissements (autorisations de
programmes) réalisés dans les ports d'intérêt
national ainsi que leurs modalités de financement sur la période
1995-2000.
En millions d'euros
|
Etat
|
Fonds de concours |
Ensemble |
1995 |
6,590 |
5,857 |
12,447 |
1996 |
11,341 |
45,002 |
56,343 |
1997 |
12,667 |
41,614 |
54,281 |
1998 |
13,195 |
26,384 |
39,580 |
1999 |
12,375 |
24,412 |
36,787 |
2000 |
10,550 |
12,436 |
22,986 |
Pour 2001, les prévisions d'investissements s'établissent ainsi que l'indique le tableau ci-dessous : (en autorisations de programme)
En millions d'euros
|
Etat (A.P) |
Fonds de concours |
Ensemble |
2001 |
6,64 |
14,71 |
21,35 |
On
rappellera que les ports d'intérêt national, où la
maîtrise d'ouvrage de l'infrastructure appartient à l'Etat, ont
tous fait l'objet d'une concession d'outillage public,
généralement à une chambre de commerce et d'industrie.
En règle générale, la participation financière de
l'Etat aux travaux d'infrastructures, s'agissant d'investissements d'un
coût inférieur à celui des ports autonomes maritimes, est
de l'ordre d'un tiers du montant de la dépense.
Une enveloppe annuelle d'emprunts pour la couverture des dépenses
d'infrastructures et de superstructures est fixée dans le cadre de la
programmation retenue par le Comité spécialisé
« Transports » du comité des investissements
à caractère économique et social (C.I.E.S.).
L'évolution de cette enveloppe est indiquée dans le tableau
ci-dessous :
AUTORISATIONS D'EMPRUNT ACCORDEES PAR LE CIES
En millions d'euros
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Ports d'intérêt national |
23 |
15,7 |
12,6 |
15,2 |
12 |
5,9 |
6,8 |
0 |
0 |
9,9 |
*
* *
En
conclusion, votre rapporteur pour avis insistera sur le fait que la subvention
à l'ENIM représente quelque 81 % du budget de la Mer.
Hors ENIM, le budget « actif » réservé aux
ports, au littoral et aux services maritimes ne s'établit qu'à un
peu plus de 150 millions d'euros !
Ces dotations « minuscules » montrent -quelle que soit la bonne
volonté des ministres successifs en charge du dossier- l'ampleur des
efforts à accomplir pour redresser la situation de la France dans le
domaine portuaire et maritime.
En fait, l'effort financier de l'Etat en direction du secteur maritime
apparaît bien comme une « goutte d'eau dans la mer ».
Si l'Etat manque d'argent, pourquoi ne pas favoriser les initiatives
privées et leur effet multiplicateur ?
Nos voisins italiens ont mis au point, il y a moins de cinq ans, un dispositif
fiscal et social audacieux de soutien à leur flotte sous registre
international. Pour résumer, il se compose de quatre volets :
- la suppression « de facto » des charges patronales
et sociales ;
- le remboursement à l'armateur du montant, prélevé
à la source, de l'impôt sur le revenu acquitté par chaque
marin ;
- un abattement d'assiette de 80 % au titre de l'impôt sur les
bénéfices acquitté par les employeurs ;
- une libre négociation entre armateurs et organisations syndicales
sur la composition des équipages.
Certes, l'effort consenti par l'Etat italien est significatif mais en quelques
années, 200 bateaux qui naviguaient sous pavillon « de
complaisance » ont été « rapatriés » sous
pavillon italien.
La flotte italienne représente aujourd'hui 10 % de la flotte de
l'Union européenne (la France, 1,7 %) et 25.000 marins (6.000 en
France).
Il y a peut-être là de quoi réfléchir !
*
* *
Sur proposition de son rapporteur pour avis, la Commission des Affaires économiques a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à la mer inscrits dans le projet de loi de finances pour 2002.