II. LES PRIORITES DU GOUVERNEMENT
Les priorités affichées par le Gouvernement pour 2002 sont globalement les mêmes que l'année dernière. Elles s'articulent autour de quatre grands axes.
A. LE RENFORCEMENT DE LA SÉCURITÉ ET DE LA QUALITÉ DES PRODUITS
Présentés dans l'agrégat 12
(« sécurité et qualité sanitaire de
l'alimentation »), les crédits allouées à cette
priorité s'établissent pour 2002 -hors dépenses
d'équarrissage- à
388,5 millions d'euros
, en
augmentation de 12,1 %.
Cette progression permet d'augmenter, de 18 % les dépenses
consacrées aux interventions économiques (146,19 millions
d'euros) et de 8,8% les dépenses de fonctionnement (241,31 millions
d'euros) dans des domaines tels que la protection des végétaux,
la lutte contre les maladies animales, en particulier l'ESB, ou encore la
promotion alimentaire.
Votre rapporteur pour avis ne s'étendra pas sur ces crédits,
retracés dans le tableau ci-dessous, qui font, pour la plupart, l'objet
d'une présentation détaillée par notre collègue
Bernard Dussaut dans son rapport pour avis sur les industries
agro-alimentaires.
CRÉDITS CONSACRÉS À LA
SÉCURITÉ
ET QUALITÉ SANITAIRE DE L'ALIMENTATION
(en millions d'euros)
|
Crédits en LFI 2001 |
Crédits dans le PLF 2002 |
Evolution |
Interventions économiques
Protection
et contrôle sanitaire des végétaux
|
123,94
|
146,19
|
18,0 %
|
Moyens
Système intégré d'identification permanente
et
de traçabilité animales
|
222,68
|
242,31
|
8,8 %
|
TOTAUX |
346,62 |
388,5 |
12,1 % |
Source
: ministère de l'agriculture et
de la
pêche
Il tient cependant à apporter quelques précisions. L'augmentation
des crédits alloués à l'identification animale servira
notamment à financer la mise en place du dispositif d'identification
permanente des animaux (IGP), destiné à fournir un suivi de
l'ensemble des mouvements d'animaux, ainsi qu'au renforcement du système
d'identification des ovins, dont l'épisode français de
fièvre aphteuse a souligné les lacunes.
Par ailleurs, les crédits en faveur de la sélection
végétale, en hausse de 14,3 %, sont destinés au
financement de la recherche publique et des actions, telles que la conservation
des variétés ou l'amélioration des caractéristiques
des semences et des plants, que celle-ci conduit en collaboration avec la
recherche privée.
Ils permettent également le versement d'une contribution au programme
français de génomique végétale, dit programme
Génoplante, qui entreprend l'analyse des génomes pour les
espèces d'intérêt agricole telles que le blé, le
maïs, le colza, mais également le pois, la luzerne.
B. LA PROMOTION DE LA MULTIFONCTIONNALITÉ DE L'AGRICULTURE
Le
montant des crédits destinés à
l'agriculture
multifonctionnelle
s'établit à
752,74 millions
d'euros,
en augmentation de 2,6 %.
Parmi ces crédits, qui sont présentés dans
l'agrégat 21 (« multifonctionnalité de
l'agriculture»), le Gouvernement a souhaité mettre l'accent
sur :
- les
contrats territoriaux d'exploitation
(CTE), dont les
crédits (76,22 millions d'euros) augmentent de 25 % ;
- les
moyens de fonctionnement du CNASEA
, en progression de
23,1 %, à 48,8 millions d'euros ;
- les
bâtiments d'élevage et la maîtrise des
pollutions agricoles
, dont les crédits atteignent 28,9 millions
d'euros (+18,8 %) ;
- les
aménagements fonciers, hydrauliques et les grands
aménagements régionaux
en progression
(+9,1 %)
à 20 millions d'euros ;
- le
Fonds national de garantie des calamités agricoles
,
dont la dotation (10,7 millions d'euros) augmente de 40 %.
LA RELANCE DE L'ASSURANCE-RÉCOLTE
Le Fonds
national de garantie des calamités agricoles indemnise les dommages non
assurables en l'état actuel des techniques d'assurance et des
possibilités de mutualisation des risques. La loi du 10 juillet 1964
instaurant le régime des calamités agricoles reconnaît
cependant la supériorité économique du système de
l'assurance-récolte, pour le développement de laquelle elle
prévoit une incitation financière.
La dotation supplémentaire attribuée au FNGCA doit servir, selon
le Gouvernement, à favoriser le développement de l'assurance des
risques climatiques, en soutenant, dans un premier temps,
l'expérimentation de contrats assurant contre le gel et la grêle
dans le domaine de la viticulture et de l'arboriculture, ainsi que de contrats
d'assurance contre les intempéries dans le secteur des grandes cultures.
Cette incitation à la mise en place d'un système d'assurance
contre les risques climatiques devrait prendre la forme d'une prise en charge
partielle des primes d'assurance pendant la montée en charge du
dispositif.
Elle est nécessaire pour accélérer l'adhésion des
producteurs et permettre d'atteindre une échelle de mutualisation des
risques suffisante pour garantir l'autonomie financière de ces
assurances à un coût acceptable pour les exploitants agricoles.
Prenant acte de cette volonté de développer une
assurance-récolte fondée sur l'extension des garanties contre les
risques climatiques, votre rapporteur pour avis plaide plus largement en faveur
d'une réforme tendant à la mise en place d'une véritable
assurance-revenu, qui liserait les revenus des bonnes et des mauvaises
années.
Il convient de souligner qu'au delà de l'effet d'affichage, le
Gouvernement ne confère pas un traitement prioritaire à
l'ensemble des politiques qu'il a rassemblées, de manière au
demeurant assez arbitraire, dans l'agrégat
« multifonctionnalité de l'agriculture ».
Les dotations destinées aux agriculteurs en difficulté et
endettés, les crédits des indemnités compensatoires de
handicaps naturels (ICHN), sont par exemple simplement reconduites. Les
crédits consacrés aux préretraites et ceux en faveur de
l'installation connaissent, quant à eux, une franche diminution.
CRÉDITS CONSACRÉS À LA
MULTIFONCTIONNALITÉ DE L'AGRICULTURE
(HORS CHARGES DE
BONIFICATION)
(en millions d'euros)
|
Crédits en LFI 2001 |
Crédits dans le PLF 2002 |
Evolution |
Dépenses ordinaires
Contrats
territoriaux d'exploitation agricoles
|
688,71
|
694,14
|
0,8
%
|
Dépenses en capital
Bâtiments d'élevage et maîtrise des pollutions
agricoles
|
44,84
|
58,60
|
30,7 %
NS |
TOTAUX |
733,55 |
752,74 |
2,6 % |
Source : ministère de l'agriculture et de la pêche
C. LE SOUTIEN AUX FILIÈRES ET A LA RÉGULATION DES MARCHÉS
Correspondant à l'agrégat 23,
les
dépenses
de soutien aux filières et de régulation des marchés
s'élèvent pour 2002 à 818,09 millions d'euros
, en
progression de 4 % par rapport à l'année
précédente.
Les actions réellement prioritaires dans cette enveloppe sont :
-
les primes au maintien du troupeau de vaches allaitantes
, dont
les crédits s'élèvent à 794 millions d'euros,
soit une progression de 29,3 %. Cette augmentation traduit l'attribution
des aides directes versées aux éleveurs bovins ;
-
la politique de la qualité
, qui vous est
présentée dans le cadre de l'avis sur les crédits des
industries agro-alimentaires : crédits destinés
à l'Institut national des appellations d'origine (INAO), en hausse de
4 % à 12,9 millions d'euros, crédits en faveur des
signes de qualité et de l'agriculture biologique (+14,5 %) ;
-
les primes d'orientation agricole
, en augmentation de près
de 15%, à 18,5 millions d'euros ;
-
la gestion des aides versées dans le cadre de la politique
agricole commune (PAC)
, dotée de 10,7 millions d'euros (+6 %).
Il convient de souligner que ces majorations se font notamment au
détriment de l'aide alimentaire dont les crédits diminuent de
31,7 %, passant de 32 à 22 millions d'euros.
CRÉDITS CONSACRÉS AUX AIDES AUX PRODUITS
ET
À LA RÉGULATION DES MARCHÉS
(en millions d'euros)
|
Crédits en LFI 2001 |
Crédits dans le PLF 2002 |
|
Dépenses ordinaires
Primes au
maintien du troupeau des vaches allaitantes
|
763,10
|
794,01
|
4,0 %
|
Dépenses en capital (crédits de paiement)
POA
|
23,61
|
24,09
|
2,0 %
|
TOTAUX |
786,71 |
818,09 |
4,0 % |
Source : ministère de l'agriculture et de la pêche
D. L'EFFORT EN FAVEUR DE L'ENSEIGNEMENT ET DE LA RECHERCHE
D'un
montant total de 1173,02 millions d'euros, les crédits alloués
à la formation, à l'enseignement et à la recherche
connaissent une progression de 2,2 %, nettement inférieure à
celle constatée pour 2001, qui était de 5,5 %.
Un soutien est particulièrement accordé :
- à
l'enseignement technique agricole
, dont l'augmentation
de crédits (896,8 millions d'euros en tout) devrait permettre la
création de 50 emplois et l'augmentation des dépenses
à caractère pédagogique ;
- à
l'enseignement supérieur public
, doté de 4
millions d'euros supplémentaires, en vue du recrutement de
20 nouveaux enseignants et ingénieurs.
A cet égard, votre rapporteur pour avis note que l'enseignement
supérieur privé n'est une fois de plus pas à parité
avec l'enseignement public, sa dotation n'augmentant que de 1,2 million
d'euros.
Il s'en remet à la commission des affaires culturelles pour une analyse
approfondie des crédits du secteur de l'enseignement agricole.