II. LES CRÉDITS CONSACRÉS AU THÉÂTRE PUBLIC
A. LES THÉÂTRES NATIONAUX
1. Les subventions de fonctionnement
Les
théâtres nationaux, aujourd'hui au nombre de cinq, sont
constitués, pour certains seulement depuis une date relativement
récente, en établissements publics à caractère
industriel et commercial.
Si ces établissements assument une même mission de service public,
chacun d'entre eux s'est vu attribuer une vocation artistique
particulière.
La Comédie française
, seule institution à disposer
d'une troupe permanente, présente des oeuvres du patrimoine mais
également des pièces contemporaines admises à son
répertoire par son comité de lecture. Au-delà, elle joue
un rôle essentiel de conservatoire vivant de tous les métiers
artistiques, artisanaux et techniques du spectacle.
Le théâtre national de Chaillot
a pour objet de rassembler
un très large public par une programmation diversifiée ; il
remplit ainsi une mission de grand théâtre populaire. Sa vocation
a été étendue avec succès à la danse en 2001.
Le théâtre national de la Colline
se consacre à la
création d'oeuvres du XXe siècle, et en particulier
d'auteurs vivants.
Le théâtre national de l'Odéon
, devenu
« théâtre de l'Europe » en 1990, produit,
coproduit ou diffuse de grands spectacles européens classiques ou
contemporains et accueille des artistes européens.
Le théâtre national de Strasbourg
, seul
théâtre national créé à ce jour en province,
a pour vocation la recherche théâtrale contemporaine. Il comprend
une école supérieure formant des comédiens, des
scénographes et des régisseurs.
Relevant de la responsabilité directe de l'Etat, ces
établissements jouent un rôle déterminant dans la politique
conduite par le ministère de la culture dans le domaine du
théâtre.
En 2002, les subventions de fonctionnement accordées aux cinq
théâtres nationaux s'élèvent à 57,91 millions
d'euros (379,89 millions de francs), en faible progression par rapport
à 2001 (+ 0,85 %). On rappellera qu'en 2001, ces subventions
avaient progressé de 5,4 %.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des subventions
d'exploitation des cinq théâtres nationaux :
Théâtres dramatiques nationaux |
|
Variations 1997-1998 (en %) |
|
Variations 1998-1999 (en %) |
|
Variations 1999-2000 (en %) |
|
Variations 2000-2001 (en %) |
2002
|
2002
|
Variations 2002-2001 (en %) |
Comédie Française (1) |
140,21 |
+ 2,6 |
142,55 |
+ 1,66 |
136,61
|
+ 3,16 |
139,77 (2) |
2,31 |
142,75 (2) |
21,76 (2) |
+ 2,1 |
Théâtre de Chaillot (1) |
61,16 |
+ 0,1 |
63,15 |
+ 3,23 |
66,151 |
+ 4,75 |
74,44 |
12,5 |
75,77 |
11,55 |
+ 1,7 |
Théâtre de l'Europe (1) |
54,81 |
- |
54,63 |
+ 4,8 |
57,193 |
+ 0,6 |
60,39 |
5,57 |
58,44 |
8,91 |
- 3,2 |
Théâtre de la Colline (1) |
39,66 |
+ 1,9 |
41,97 |
+ 5,7 |
45,37 |
+ 8,1 |
48,24 |
6,3 |
48,72 |
7,42 |
+ 0,9 |
Théâtre de Strasbourg (1) (3) |
50,25 |
+ 7,4 |
50,59 |
+ 0,67 |
51,58 |
+ 1,9 |
53,52 |
3,76 |
54,19 |
8,26 |
+ 1,2 |
TOTAL |
345,56 |
+ 4,7 |
352,89 |
+ 2,12 |
356,9 (2) |
+ 19,46 |
376,36 (2) |
+ 5,4 |
379,89 |
57,91 |
+ 0,85 |
(1)
Subventions d'exploitation des crédits du chapitre 36.60
(2) hors caisse de retraite
(3) Subventions du théâtre et de l'école nationale de
Strasbourg
En 2001,
les subventions versées par l'Etat aux théâtres nationaux
représentaient 76 % de leur budget total de fonctionnement.
Les mesures nouvelles salariales (0,73 million d'euros soit
4,79 millions de francs) incluent, outre les mesures nouvelles
d'actualisation, des ajustements destinés à prendre en compte
l'augmentation du taux de la prime de précarité inscrite dans le
projet de loi de modernisation sociale.
En ce qui concerne les crédits relatifs aux accords d'aménagement
et de réduction du temps de travail, les dotations 2001 avaient
été calculées sur la base des mandats de
négociation pour les établissements qui n'avaient pas encore
conclu leur accord. Le PLF 2002 procède donc à un ajustement de
ces dotations, ce qui se traduit par une mesure nouvelle de 0,06 million
d'euros (0,4 million de francs) pour la Comédie Française et
une économie de :
- 0,154 million d'euros (1,01 million de francs) pour le Théâtre
national de Chaillot ;
- 0,017 million d'euros (0,11 million de francs) pour le Théâtre
national de la Colline ;
- 0,018 million d'euros (0,118 millions de francs) pour le théâtre
national de Strasbourg.
En outre, plusieurs théâtre nationaux bénéficient de
mesures nouvelles destinées à accompagner le projet artistique de
l'établissement, notamment pour :
- la Comédie Française : 0,061 million d'euros (0,4 million
de francs) ;
- le Théâtre national de Chaillot : 0,508 million d'euros
(3,332 millions de francs) ;
- le Théâtre national de Strasbourg : 0,61 million d'euros (4
millions de francs).
Quant au Théâtre de la Colline, une mesure nouvelle de
0,13 million d'euros (0,85 millions de francs) est inscrite pour assurer
le financement de contrats artistiques.
En 2002, ne sera pas reconduite la mesure tarifaire du « jeudi
à 50 francs » qui avait été
lancée le 1
er
janvier 2000. Deux ans après , on
constate que l'objectif de cette mesure, qui était de favoriser la
découverte du théâtre par les personnes
découragées par son coût ou peu habituées à
s'y rendre, n'a pas été atteint.
En effet, les personnes ayant bénéficié de cette mesure,
qui n'ont représenté qu'entre 5 à 7 % de la
fréquentation annuelle des établissements n'appartiennent pas
à la catégorie de public qu'elle vise. Enfin, seul 1,5 %
d'entre elles n'était jamais allé au théâtre tandis
que 41 % déclaraient s'y rendre régulièrement.
Confirmant cet effet d'aubaine, l'étude du CREDOC réalisée
à la demande du ministère de la culture indique que le profil
sociologique des bénéficiaires de cette mesure n'est pas
différent de celui de l'ensemble du public des théâtres
nationaux. Il apparaît donc que l'existence de mesures tarifaires
attractives ne constitue pas un levier suffisant d'une politique
d'élargissement des publics.
Compte tenu de ces résultats décevants, quoique
prévisibles, l'opération du jeudi à 50 francs ne sera pas
reconduite pour la saison 2001-2002. Cela se traduira par une économie
de 673 000 euros (4,41 millions de francs pour l'ensemble des
théâtres nationaux. En revanche, et votre rapporteur ne pourra
qu'approuver cette initiative, le ministère de la culture a
demandé aux théâtres nationaux de recenser leurs programmes
de sensibilisation afin de les évaluer.
2. Les crédits d'équipement
En 2002,
les crédits d'investissement consacrés aux théâtres
nationaux s'élèveront à 8,85 millions d'euros
(58 millions de francs) en autorisations de programme, contre
13,11 millions d'euros (86 millions de francs) en 2002.
Cette enveloppe se répartit de la manière suivante :
- pour le titre V (chapitre 56-21), 6,41 millions d'euros
(42 millions de francs). Ces crédits seront consacrés pour
5,79 millions d'euros (38 millions de francs) à la
rénovation du théâtre national de l'Odéon et pour
1,07 million d'euros (7 millions de francs) aux travaux dans les
autres théâtres nationaux, dotation qui pour l'heure, n'a pas
encore été répartie entre les différents
établissements ;
- pour le titre VI, 2,44 millions d'euros (16 millions de francs)
dont la ventilation a été ainsi arrêtée :
Comédie française |
0,38 million d'euros |
(2,49 millions de francs) |
Théâtre national de Chaillot |
0,53 million d'euros |
(3,47 millions de francs) |
Théâtre national de la Colline |
0,46 million d'euros |
(3 millions de francs) |
Théâtre national de l'Odéon |
0,91 million d'euros |
(6 millions de francs) |
Théâtre national de Strasbourg |
0,16 million d'euros |
(1,05 million de francs) |
Comme au cours des exercices précédents, l'opération la plus importante concernera la réhabilitation des locaux de l'Odéon qui sera engagée au cours de l'exercice 2002. Durant les travaux, le théâtre national de l'Europe poursuivra sa programmation dans sa salle de répétition située dans le XVIIe arrondissement de Paris, grâce à son théâtre ambulant « La Cabane », mais également dans une salle spécifiquement aménagée à proximité des locaux de répétition, pour un coût estimé à 2,10 millions d'euros (13,75 millions de francs) qui sera disponible en janvier 2003.
B. LE RÉSEAU DE LA DÉCENTRALISATION DRAMATIQUE
En 2002,
comme lors de l'exercice précédent, le réseau de la
décentralisation dramatique bénéficiera de l'accroissement
des moyens d'intervention prévu par le projet de budget en faveur du
spectacle vivant. L'effort en faveur de la restauration des marges artistiques
des structures aidées sera poursuivi.
• Les centres dramatiques
On rappellera que ce réseau regroupe 27 centres dramatiques nationaux, 6
centres dramatiques nationaux pour l'enfance et la jeunesse et 11 centres
dramatiques régionaux.
L'activité de ces établissements pour les saisons 1998-1999 et
1999-2000 est retracée dans le tableau suivant :
|
Nombre
de
|
Nombre de créations |
Fréquentation payante |
|||
|
1998-1999 |
1999-2000 |
1998-1999 |
1999-2000 |
1998-1999 |
1999-2000 |
CDN |
6 641 |
6 393 |
106 |
95 |
1 489 563 |
1 352 686 |
CDR |
1 115 |
952 |
28 |
33 |
172 737 |
127 713 |
CDNES |
643 |
697 |
10 |
17 |
179 384 |
171 955 |
Total |
5 393 |
5 382 |
144 |
145 |
1 716 342 |
1 516 032 |
Ces
chiffres attestent du maintien à un niveau élevé de
l'activité de création de ces établissements et de leur
fréquentation, en dépit d'un tassement du nombre des
représentations.
En ce qui concerne les moyens accordés par l'Etat, les centres
dramatiques ont bénéficié,
en 2001
,
de
52,9 millions d'euros
(347 millions de francs) de subventions,
contre 52,2 millions d'euros
(342 millions de francs)
en
2000
,
soit une faible progression (1,4 %)
comparable avec celle
enregistrée en 2000.
Les mesures nouvelles dégagées en 2002
s'élèvent à environ 1,52 million d'euros
(10 millions de francs), soit une progression de 9 %. Ces moyens
permettront de poursuivre l'effort engagé pour restaurer leurs marges
artistiques et d'accompagner la réforme des contrats de
décentralisation qui lient ces structures aux collectivités
publiques concourant à leur financement.
• Les scènes nationales
Anciennement maisons de la culture, devenus centres d'action culturelle puis
centres de développement culturel, ces structures sont unifiées
sous l'appellation « scènes nationales depuis 1992.
Les scènes nationales, au nombre de 70, bénéficiaient
en 2001
de
subventions de fonctionnement
de
42,79 millions d'euros
(280,7 millions de francs), contre
40,87 millions d'euros (268,12 millions de francs), soit une progression de
4,6 %
.
Les subventions de fonctionnement de l'Etat représentent environ
25 % du budget global de ces établissements.
En 2002, les mesures nouvelles d'un montant de 1,07 million d'euros
(7 millions de francs) permettront de conforter un certain nombre
d'établissements encore insuffisamment aidés car devenus
récemment « scènes nationales » mais
également de soutenir de nouveaux projets mis en oeuvre dans des
établissements plus anciens mais qui demeurent encore fragiles.
S'agissant du premier objectif, on rappellera qu'avait été
affichée dans le cadre de la loi de finances pour 2001 la volonté
de porter l'aide minimale apportée par l'Etat à ces structures
à 230 000 euros (1,5 million de francs).
Les scènes nationales sont gérées dans leur grande
majorité par des associations, les collectivités publiques
partenaires étant représentées au conseil d'administration
en tant que membres de droit. Ces dernières sont donc
théoriquement en mesure de se prononcer sur les choix importants pour
l'activité de ces structures.
Afin d'encadrer et de préciser les relations entre les scènes
nationales et les collectivités publiques qui les soutiennent, a
été engagé la négociation de contrats d'objectifs
conformément aux circulaires du 30 avril 1997 et du 8 janvier 1998.
La généralisation de ces conventions destinées à
préciser les engagements réciproques de l'Etat, des
collectivités territoriales et des établissements
subventionnés s'avère longue à mettre en oeuvre, d'autant
que le ministère a eu le souci, afin de garantir la cohérence
d'ensemble du dispositif, de formuler des exigences dans la conception des
documents, qui n'ont pas toujours été bien perçus par les
différents partenaires. Par ailleurs, les questions budgétaires
constituent souvent une pierre d'achoppement dans les négociations et
peuvent ralentir considérablement le processus. Enfin, les nombreux
changements de directions intervenus en 2001 ont également
perturbé les négociations. Votre rapporteur ne peut que souligner
la nécessité d'accélérer ce processus afin de
permettre au gouvernement de mieux suivre la gestion des crédits
déconcentrés.
S'agissant de l'activité des scènes nationales, qui concerne la
saison 1998-1999, faute de pouvoir disposer d'informations plus
récentes, ce que votre rapporteur regrettera, on notera que, si le
théâtre demeure le genre artistique le plus
représenté, sa place ne cesse de s'éroder, passant de
52 % des représentations lors de la saison 1997-1998 à
49,8 % pour la saison 1998-1999.
Le rééquilibrage entre les différents secteurs de
création s'effectue au profit du cirque, dont la part en pourcentage de
représentations est multipliée par deux, les scènes
nationales ayant largement contribué au développement des
nouvelles formes de cirque et au soutien des jeunes compagnies qui y
participent. La part des autres disciplines artistiques demeure stable, la
danse et la musique notamment confirmant leur position.
En 2002, le ministère de la culture souhaite renforcer
l'activité musicale de ces structures. A cet égard, il a
été amené à privilégier, dans le cadre du
recrutement des nouveaux directeurs, les candidats en mesure de mener des
projets artistiques prenant en compte cette discipline.
Les
crédits d'investissement
consacrés aux scènes
nationales s'élèveraient
en 2001
à
1,89 million d'euros
(12,4 millions de francs)
contre 7,22 millions d'euros (47,36 millions de francs) en 2000.
Le montant des crédits pour 2002 n'est pas encore connu et ne le
sera pas avant le début de l'exercice dans la mesure où il s'agit
de crédits déconcentrés.
• Les scènes conventionnées
Au-delà des réseaux nationaux constitués
par
les centres dramatiques et les scènes nationales, existent
également de nombreux lieux de production et de diffusion, soutenus par
les collectivités territoriales, notamment par les communes, qui jouent
un rôle essentiel en termes d'animation théâtrale locale ou
régionale.
Afin de soutenir leur action, la circulaire du 5 mai 1999 a
créé un nouvel instrument, les « scènes
conventionnées », destiné à des structures
existantes, qui oeuvrent dans toutes les disciplines du spectacle vivant, et
dont l'Etat souhaite soutenir l'action . Cette appellation se substitue
aux dispositifs relatifs aux théâtres missionnés, aux
plateaux pour la danse et contrats « musique nouvelle ».
A travers ce label, le ministère de la culture vise à encourager
la diversification des esthétiques proposées, la création
contemporaine et l'élargissement des publics.
Les engagements de l'Etat et de la structure figurent dans une convention d'une
durée maximale de trois ans, reconductible. Les critères
d'éligibilité à cette aide concernent la qualité de
la programmation et du travail artistiques, l'ancrage local, l'ouverture au
public, le professionnalisme de la gestion et l'indépendance des choix
artistiques de la direction.
Ayant pour objet de financer ces structures sur un programme précis, la
subvention versée par l'Etat à chaque structure s'établit
entre 38 112 euros (250 000 francs) et 228 674 euros (1,5
millions de francs).
Cette politique n'a commencé à être mise en oeuvre
qu'à compter du début de l'année 2000. La plupart des
structures concernées étaient déjà soutenues par
l'Etat, la contractualisation permettant de relancer le partenariat. A ce jour,
36 conventions ont été signées et, au-delà, 85
structures sont susceptibles de recevoir à ce titre l'aide de l'Etat
dans les deux à trois ans à venir. Sur ces 85 projets, 50 ont
déjà fait l'objet de négociations et devraient aboutir au
cours du prochain exercice.
En 2001, le soutien apporté à l'ensemble de ces
structures
-au nombre de 120- y compris celles qui n'ont pas encore
bénéficié de l'appellation de « scène
conventionnée »
s'élevait à
6,37 millions d'euros
(41,78 millions de francs). En 2002,
aucune mesure nouvelle n'est prévue.