D. UNE POLITIQUE PARFOIS AMBIGUË DE LUTTE CONTRE LE TRAFIC DE STUPÉFIANTS ET LA TOXICOMANIE

En 1999, on constate une augmentation de 5,34% des interpellations en matière de législation sur les stupéfiants, touchant principalement la consommation, et d'importantes saisies de produits.

Infractions à la législation sur les stupéfiants

Type d'infractions

Année 1998

Année 1999

Variation 99/98

Interpellations

91 048

95 910

+5,34%

- dont trafic

5 541

5 506

-0,64%

- usage-revente

10 874

10 367

-4,66%

- consommation

74 633

80 037

+7,24%

Données communiquées par le ministère de l'Intérieur

Saisies de produits stupéfiants

Substances

1998

1999

Évolution

Cannabis
(toutes formes confondues)

55,7 tonnes

67,5 tonnes

+21,15%

Héroïne

344 kg

203 Kg

-40,86%

Cocaïne

1,05 tonnes

3,69 tonnes

+250,84%

LSD

18 680 doses

9991 doses

-46,51%

Crack

25 kg

10,3kg

-58,74%

Ecstasy

1 142 226 doses

1 860 402 doses

+62,88%

Données communiquées par le ministère de l'Intérieur

Les saisies d'ecstasy et de cocaïne ont nettement augmenté, tandis que pour la troisième année consécutive, celles d'héroïne sont en diminution , confirmant la désaffection constatée à l'égard de ce produit, délaissé au profit des drogues de synthèse.

La combinaison de ces statistiques et d'enquêtes sur les populations permet de se faire une idée inquiétante des évolutions de la consommation des différentes drogues :

- l'usage de cannabis est ancré dans la vie d'une partie de la jeunesse : en 1997, 30 % des lycéens âgés de 15 à 19 ans déclaraient en avoir consommé au moins une fois au cours de l'année et 15 % plus de dix fois au cours de l'année. En 1998, 43 % des lycéens parisiens reconnaissaient avoir expérimenté le cannabis au moins une fois dans leur vie (en 1983, ce taux était de 19 %, en 1991, il était de 23 %). Or, certaines variétés de cannabis très concentrées en produit actif, tel le Nederwiet provenant des Pays-Bas, ne peuvent plus être considérées comme des drogues douces ;

-  le recours aux produits de synthèse paraît être également en augmentation et touche une population jeune. Cette consommation dont l'image est associée aux " rave parties " et à la musique " techno " touche désormais des jeunes issus d'une grande diversité de milieux sociaux : 5,5 % des lycéens âgés de 15 à 19 ans déclarent avoir consommé au cours de l'année de l'ecstasy, du LSD ou des amphétamines. Ces drogues proviennent en grande partie des Pays-Bas ;

- la consommation de cocaïne est en augmentation et se répand dans toutes les couches de la société, y compris dans des cités difficiles, le prix du gramme de cocaïne ayant fortement baissé ces dernières années (autour de 500 F au lieu de 1000 F au début des années 90). Les deux tiers de la cocaïne saisie en France proviennent de Colombie. Sous sa forme beaucoup plus destructrice et addictive, " le crack ", elle touche les personnes les plus désocialisées, principalement à Paris.

La lutte contre le trafic et l'usage de stupéfiants ainsi que les actions préventives sont coordonnées, au sein du ministère de l'intérieur, par la mission de Lutte anti-drogue (MILAD), placée directement sous l'autorité du directeur général de la police nationale.

Mais cette lutte passe, tant en ce qui concerne l'action interne que la coopération internationale, par une mobilisation permanente de tous les moyens. Ceci implique l'efficacité de l'action préventive et répressive de l'ensemble des services entreprise sous l'égide de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).

Ceci exige avant tout que la politique du Gouvernement en la matière soit ferme et sans ambiguïté . Or, la dernière campagne d'information financée par la MILDT à l'usage du public, tend à banaliser l'usage de la drogue , d'une part en mettant son usage sur le même pied que celui du tabac, de l'alcool et des tranquillisants , et, d'autre part, en fournissant un catalogue de conseils pratiques laissant croire que le gouvernement s'est, dans les faits, résigné à l'usage de la drogue . C'est du moins ce qui ressort de ces quelques citations extraites de documents distribués à l'appui de la campagne d'information : " Entourez-vous d'amis qui puissent vous accompagner sans forcément consommer et vous donner des conseils sur les usages, les produits et les risques . " " Dialoguez avec des personnes de confiance ayant déjà expérimenté, surtout pour un produit que vous ne connaissez pas, et prenez-le dans un contexte rassurant . " " .. espacez les prises, surtout la première fois de la prise d'un toxique ".

Votre commission estime que l'usage de la drogue ne doit pas être banalisé, sous peine de nuire à la mobilisation nécessaire de l'ensemble des services chargés de lutter contre ce fléau.

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