NOTE DE SYNTHESE
Dans la
perspective de l'instauration de la session unique en France, il a paru
intéressant de faire le point non seulement sur le régime des
sessions ordinaires chez nos principaux voisins, mais également sur la
répartition des séances publiques pendant les périodes de
session ainsi que sur leur durée.
Pour cela, on a examiné successivement les dispositions juridiques
régissant le rythme et la durée des séances publiques
ainsi que la pratique correspondante.
Cette analyse, qui porte sur huit pays européens (l'
Allemagne
, le
Danemark
, l'
Espagne
, la
Grèce
, l'
Italie
, le
Portugal
, le
Royaume-Uni
et la
Suède
), permet de
constater que :
-
seule l'Espagne dispose d'un cadre juridique précis sur la
durée des sessions et le rythme des séances publiques ;
-
tous les pays étudiés sauf l'Espagne ont opté pour la
session unique ;
-
les séances publiques se tiennent essentiellement en milieu de
semaine et pendant la journée.
I - LA QUASI-ABSENCE DE DISPOSITIONS JURIDIQUES SUR LA DUREE DES SESSIONS ET LE RYTHME DES SEANCES PUBLIQUES
1) Aucune des Constitutions des pays étudiés ne contient de dispositions aussi contraignantes que la Constitution française.
Les
Constitutions les plus précises à cet égard sont les
Constitutions espagnole et portugaise. La première énonce que :
"
Les Chambres se réuniront annuellement en deux sessions
ordinaires : la première de septembre à décembre et la
seconde de février à juin
" et la seconde prévoit
que : "
La période normale de fonctionnement de
l'Assemblée de la République s'étend du 15 octobre au 15
juin (...) ".
Dans les autres pays, la Constitution se borne le plus souvent à
indiquer la date du début de la session.
2) Seuls les règlements des Assemblées espagnoles et grecque ainsi que celui de la Chambre des Communes indiquent quels jours l'assemblée plénière se réunit.
Les
règlements des deux Assemblées espagnoles fixent les jours
réservés à la séance publique. Il s'agit des mardi,
mercredi, jeudi et vendredi au Congrès des députés et des
mardi, mercredi et jeudi au Sénat.
Le règlement du Parlement hellénique prévoit non seulement
le partage des 5 jours de la semaine entre la fonction législative
(lundi, mercredi et jeudi) et la fonction de contrôle (mardi et
vendredi), mais il indique également les heures auxquelles commencent
les séances plénières.
Quant au règlement de la Chambre des Communes, il précise les
jours de séance publique, les horaires de début et de fin de
séance et la nature des travaux auxquels sont consacrés les
différents jours de la semaine.
Dans les autres pays, lorsque les règlements des Assemblées ne
sont pas muets sur le rythme des séances publiques, comme en Italie et
au Danemark, ils donnent des indications très fragmentaires. Ainsi, le
règlement du Bundestag mentionne seulement la durée des
différentes séances réservées aux
questions.
II - LA PREDOMINANCE DE LA SESSION UNIQUE
1) Tous les pays étudiés sauf l'Espagne ont opté pour la session unique.
Dans
tous les pays étudiés, le Parlement siège selon un
régime de session unique, permanente ou non.
Ainsi, bien que la Constitution italienne énonce : "
Les
Chambres reprennent de droit leurs travaux le premier jour non
férié de février et d'octobre ",
en pratique, les
deux Chambres italiennes siègent toute l'année.
Dans le cas de l'Espagne, dont la Constitution prévoit explicitement la
tenue de 2 sessions ordinaires de 4 mois chacune, il faut souligner que 5
à 6 semaines seulement séparent la fin de la première
session du début de la seconde.
2) La session unique est toujours entrecoupée d'interruptions.
En
effet, le Parlement suit toujours plus ou moins le rythme des vacances
scolaires. De plus, dans certains pays, il y a des semaines sans séance
tout au long de l'année.
a) Les vacances
Dans les faits, il est difficile de faire la distinction entre les
régimes de session unique et de session permanente car la session est
entrecoupée d'interruptions parmi lesquelles l'interruption estivale est
la plus longue.
Les exemples portugais et danois se révèlent
particulièrement éclairants à cet égard. En effet,
la Constitution portugaise distingue la " session
législative ", qui débute le 15 octobre et dure un an,
de la " période normale de fonctionnement " de
l'Assemblée de la République, qui s'étend du 15 octobre au
15 juin. A l'opposé, la Constitution danoise prévoit que
"
l'année parlementaire commence le premier mardi d'octobre et
prend fin le même mardi de
l'année suivante "
. Or,
en réalité le Folketing siège entre le premier mardi du
mois d'octobre et le début du mois de juin.
L'interruption estivale dure généralement entre 2 et 4 mois. Seul
le Parlement hellénique a mis en place un système qui lui permet
de continuer à fonctionner normalement pendant les vacances. La
" section de vacances ", à laquelle participe par roulement le
tiers du nombre total des députés, assure une partie du travail
législatif pendant les 3 mois d'été.
Les autres interruptions ont lieu essentiellement pour Noël (3 à 5
semaines) et Pâques (1 à 3 semaines).
b) Les semaines sans séance publique
Indépendamment des vacances, certaines Assemblées
prévoient des semaines sans séance publique tout au long de
l'année. Ainsi, le Bundestag, dont les travaux en séance
plénière font l'objet d'une programmation annuelle, siège
en général 22 à 23 semaines : il siège une à
deux semaines puis s'interrompt une à deux semaines.
De même, en Espagne, le Congrès des députés
réserve la première semaine de chaque mois aux réunions de
commissions et le Sénat prévoit chaque mois deux semaines
exemptes de séance publique pour que ses membres puissent participer non
seulement aux réunions des commissions mais aussi à d'autres
assemblées (Parlements des communautés autonomes,
Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe...).
Le Folketing s'interrompt également pendant les 2 semaines où le
Conseil nordique siège.
De plus, pendant les événements politiques importants comme les
élections locales ou les congrès des partis, il n'y a
généralement pas de séance publique.
Compte tenu de ces diverses interruptions, si l'on excepte le cas particulier
du Parlement hellénique avec sa " section de vacances ", la
plupart des Assemblées siègent entre 22 et 30 semaines par an. La
Chambre des Communes a siégé en moyenne 35 semaines au cours des
dernières années.
III - LA REPARTITION HEBDOMADAIRE DES SEANCES PUBLIQUES
1) Les séances publiques ont surtout lieu en milieu de semaine.
Si l'on
excepte la Chambre des Communes qui, traditionnellement, siège cinq
jours
(1(
*
))
par semaine, ainsi que
le Parlement hellénique, les autres Assemblées ne siègent
en principe pas le lundi. En outre, dans tous les pays étudiés,
lorsque l'assemblée plénière se réunit le vendredi,
la séance est limitée à la matinée.
En l'absence d'événements particuliers, la plupart des
Assemblées siègent donc les mardi, mercredi et jeudi.
Le Bundestag fournit l'exemple extrême de la concentration des
séances publiques en milieu de semaine. L'assemblée
plénière se réunit en effet le jeudi toute la
journée et, en cas de besoin, le vendredi matin, le début de
l'après-midi du mercredi étant réservé aux
questions.
2) Partout sauf au Royaume-Uni, les séances de nuit ont un caractère exceptionnel.
Les
séances de nuit ne sont pas inconnues, mais elles sont plutôt
rares. Dans la plupart des Assemblées, la séance publique se
prolonge rarement au-delà de 20 heures sauf, le cas
échéant, pendant la discussion du projet de loi de finances.
A la Chambre des Communes cependant, les séances de nuit sont
fréquentes. En effet, la disposition du règlement selon laquelle
l'heure limite de fin de séance est fixée à
22 heures 30 est rarement respectée ; d'une part parce qu'elle
ne s'applique pas à tous les débats, et d'autre part parce que,
même lorsqu'elle est applicable, les ministres demandent
fréquemment la poursuite de la discussion. Il en résulte que,
dans la pratique, les deux tiers des séances publiques se prolongent
au-delà de 22 heures 30 et plus du quart au-delà de minuit.
Toutefois, de nouvelles dispositions relatives aux séances, mises en
vigueur à titre expérimental pour 1995, devraient se traduire par
une limitation du nombre des séances de nuit.
*
* *
Il est
difficile de comparer le rythme des travaux de la séance publique sans
se pencher sur le rôle dévolu au Parlement et sur la place des
travaux en séance plénière dans le processus
d'élaboration de la loi.
A cet égard, le Bundestag et la Chambre des Communes fournissent deux
exemples totalement opposés. Le premier siège environ 450 heures
par an. L'essentiel des travaux législatifs se déroule le jeudi
et l'assemblée plénière a un rôle limité
puisqu'elle adopte les textes après que les problèmes ont
été réglés en commission.
En revanche, la Chambre des Communes siège au moins trois fois plus
longtemps chaque année. L'assemblée plénière se
réunit chaque jour de la semaine en période de session parce
qu'une partie importante des travaux législatifs a effectivement lieu en
séance plénière. Par ailleurs, le Parlement britannique
consacre beaucoup de temps à sa fonction de contrôle.