BELGIQUE
La
proposition de loi concernant le contrat de vie commune
,
déposée à la Chambre des représentants au cours de
l'année parlementaire 1995-1996, a été
définitivement adoptée le 29 octobre 1998
sous le
titre "
loi instaurant la cohabitation légale
".
|
I. LES CONDITIONS
Deux
personnes capables de contracter et qui ne sont pas liées par un mariage
ou par une autre déclaration de cohabitation peuvent faire une
déclaration de " cohabitation légale ".
Selon les termes de l'exposé des motifs de la proposition de loi
initiale, la loi concerne "
deux personnes physiques qui
désirent établir entre elles une communauté de
vie
". Elle ne tient pas compte de l'existence d'une relation
sentimentale entre les deux personnes et ne s'applique donc pas seulement aux
couples
stricto sensu
, homosexuels ou hétérosexuels.
La déclaration de cohabitation est remise à l'officier
d'état civil
du domicile commun. Elle est
enregistrée.
II. LES EFFETS
La loi crée un cadre juridique réduit, car les intéressés règlent les modalités de leur cohabitation par convention . Elle leur permet, selon l'exposé des motifs de la proposition initiale de " s'assurer réciproquement une sécurité matérielle ".
1) Les dispositions légales
La
cohabitation légale crée essentiellement des
obligations
d'assistance et de secours
.
En effet, les deux partenaires doivent, dans la mesure de leurs
possibilités, participer aux charges qu'implique la vie en commun. Les
dettes que l'un contracte pour les besoins communs ou pour ceux de leurs
enfants engage l'autre. De plus, leur logement principal ne peut être
vendu, légué ou hypothéqué sans l'accord des deux.
En revanche, la
cohabitation ne crée pas de communauté de
biens
. Chacun reste propriétaire de ses biens et de ses revenus.
Cependant, les biens dont la propriété exclusive ne peut pas
être prouvée sont réputés être en
indivision.
2) Les dispositions conventionnelles
Si l'on
excepte les obligations légales engendrées par la
déclaration de cohabitation, "
les cohabitants règlent
les modalités de leur cohabitation légale par convention comme
ils le jugent à propos
".
Malgré ce principe de liberté contractuelle, la convention ne
peut pas :
- empêcher la cohabitation de produire les effets que la loi lui
confère ;
- déroger aux règles déterminant l'ordre légal de
succession ;
- comporter des dispositions contraires aux règles relatives à
l'autorité parentale.
La convention de cohabitation doit être passée en la forme
authentique devant notaire
et
enregistrée
.
La proposition de loi initiale prévoyait de donner à la
cohabitation légale des effets juridiques plus importants que ceux que
la loi a finalement retenus.
Elle prévoyait en effet :
- d'achever l'assimilation de la cohabitation hors mariage au mariage en
matière sociale ;
- d'accorder au survivant l'usufruit du logement commun et des meubles.
III. LA RUPTURE
La
cohabitation légale cesse, soit d'un commun accord, soit à
l'initiative de l'une seule des deux parties.
Dans les deux cas, une
déclaration de cessation
est remise
à l'officier de l'état civil.
Après cessation de la cohabitation, le
juge de paix
peut,
à la demande de l'une des parties, ordonner "
les mesures
urgentes et provisoires justifiées par cette cessation
".
Ainsi, le juge de paix peut ordonner le versement d'une pension alimentaire
à celui des partenaires que la rupture de la cohabitation met dans le
besoin. Le juge ne peut ordonner des mesures pour une durée
supérieure à un an.
Le dernier article du texte adopté par le Parlement précise que
la loi entrera en vigueur à une date arrêtée par le pouvoir
exécutif. Interrogé à ce sujet par plusieurs
députés le 30 novembre 1998, le ministre de la Justice,
arguant de la nécessité, d'une part, d'éliminer les
discriminations fiscales entre couples mariés et couples non
mariés et, d'autre part, de préparer les administrations locales
à la mention de la cohabitation légale sur les registres
d'état civil, a indiqué : "
Les conditions à
l'entrée en vigueur de la nouvelle loi ne sont pas encore
remplies
". Comme les élections législatives ont lieu en
juin 1999, il est peu probable que la loi entre en vigueur avant la formation
du nouveau gouvernement.