Compte rendu du déplacement effectué par une délégation du groupe interparlementaire
du 22 au 30 mai 20042. L'Érythrée gagnerait à améliorer son image sur la scène internationale
Un autre dossier contribue à altérer l'image de ce pays par ailleurs mal connu et surtout mal perçu dans l'opinion publique internationale : la situation des droits de l'Homme et des libertés fondamentales en Érythrée, objet de critiques constantes dans la presse occidentale.
Ainsi, selon le rapport 2003 d'Amnesty International, de nombreuses personnes auraient été arrêtées de manière irrégulière et seraient détenues sans jugement depuis plusieurs années, dont certaines seraient victimes de tortures et de violences diverses. Selon des informations communiquées sur place à la délégation, ces atteintes aux droits de l'Homme et aux libertés fondamentales viseraient plus particulièrement les membres de religions minoritaires comme les témoins de Jéhovah, des opposants politiques, des journalistes ou d'anciens parlementaires.
Une affaire, en particulier, retient l'attention : l'arrestation le 18 septembre 2001 et le maintien en détention depuis lors, de onze anciens députés auteurs d'un appel à des réformes démocratiques à conduire, selon eux, sur la base des décisions -restées sans effet- de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples. Le Conseil directeur de l'Union interparlementaire, pourtant peu suspect de parti pris, s'est saisi de cette affaire et a adopté à l'unanimité en avril 2004 à Mexico une résolution sur l'Érythrée, invitant ce pays à régulariser la situation des intéressés. Pour l'heure, l'Érythrée n'a pas donné suite à cet appel, considérant même qu'une mission internationale sur ce thème constituerait « une ingérence dans ses affaires intérieures ».
Un autre sujet d'inquiétude tient au statut des conscrits et aux recrutements forcés, puisqu'en pratique, l'armée érythréenne, exsangue après le conflit avec l'Éthiopie, userait de procédés tout à fait contestables pour regarnir ses effectifs : maintien illégal des conscrits sous les drapeaux, rafles en ville et enrôlements forcés des jeunes gens, etc. S'il n'appartient pas à la délégation sénatoriale de porter une appréciation sur des faits qu'elle n'a bien sûr pas pu tous vérifier, force est d'admettre qu'au moins sur plusieurs points avérés, la situation des droits de l'Homme en Érythrée soulève des interrogations.
Cela étant, l'objectivité amène aussi à reconnaître que l'image détériorée dont pâtit ce pays sur la scène internationale tient aussi, en large part, à la manifeste insuffisance de communication des autorités érythréennes.