C. RÉSEAU DES ALLIANCES FRANCAISES
Les Alliances Françaises de Corée sont
des associations de droit local, régies comme telles par la loi
coréenne et bénéficiant pour certaines d'un soutien
logistique de Paris.
Elles sont donc, de par leur nature, à la fois coréennes et
françaises : le président, qui est une personnalité
coréenne, choisit les membres du comité local. Ceux-ci, en
majorité coréens, jouent le rôle d'un conseil
d'administration mais, en principe, n'interviennent pas dans les domaines
didactiques et culturel. Le gouvernement français envoie un ou plusieurs
professeurs détachés de l'Education Nationale et
éventuellement des coopérants.
Le président offre le local et les matériels nécessaires
pour le fonctionnement du centre ; il assure la liaison entre les
autorités coréennes et le gouvernement français. La
plupart des présidents sont des hommes d'affaires francophiles : le
P.D.G. d'une société d'électroménager occupe la
présidence des trois centres principaux, le P.D.G. de Korea Silk, Consul
Honoraire de France, est le président de l'Alliance Française de
Pusan...
L'enseignement du français et les activités culturelles
dépendent du directeur des cours, Français détaché
à l'étranger. Ce dernier est placé sous l'autorité
du conseiller culturel qui alloue à l'ensemble du réseau une
subvention annuelle de l'ordre de 100 à 150 000 francs. Cette aide
permet au directeur des cours d'organiser des manifestations culturelles,
proposées chaque année par Paris, et parfois de financer des
travaux visant à améliorer le confort des étudiants.
En raison de la présence quotidienne du directeur, l'Alliance
Française est assimilée par les Coréens à une
institution française, ce qui la distingue des autres instituts de
langues privés.
Les activités principales sont souvent réalisées en
association avec des partenaires coréens : universités,
musées nationaux, chaînes de télévision.
Au terme de trente et une années d'existence en Corée, le
réseau des Alliances Françaises compte six centres, 4 500
étudiants en moyenne dans l'année, trente-cinq professeurs
détachés et recrutés localement, qui assurent
l'enseignement du français en suivant plusieurs méthodes, toutes
conçues en France, en plus des cours spécialisés. Cela est
appréciable dans un pays où le Français n'est pas
pratiqué.
1. Les différents centres
L'Alliance Française de Séoul
est la
plus importante en Corée et la deuxième en Asie après
celle de Hongkong. Malgré ses débuts difficiles -quota
fixé à 270 inscrits par les autorités coréennes, un
local exigu- elle a progressé de manière considérable pour
accueillir jusqu'à 6 000 étudiants en 1987.
En 1985, elle a ouvert
une annexe
de l'autre côté du
fleuve HAN, pour suivre le mouvement d'urbanisation au sud de la ville. Un an
après son ouverture, cette annexe recevait 300 étudiants en
période universitaire, 500 en période de vacances, et occupe
aujourd'hui la deuxième place dans l'ordre d'importance.
Ces deux centres bien placés possèdent les plus gros
moyens : deux locaux bâtis sur 983 m
2
, avec cinq bureaux,
vingt salles de classe, une bibliothèque (1 200 volumes), une galerie,
une salle de vidéo et une cafétéria.
Le corps professoral (trois enseignants détachés et vingt-quatre
recrutés localement) anime un cursus complet de cours de langues, depuis
le
Mauger
pour les vrais débutants, jusqu'au cours d'histoire de
l'art destiné aux étudiants avancés, en passant par des
cours de traduction, d'interprétation et de conversation.
Parmi ses activités culturelles, les concours de théâtre
et de chansons ainsi que les conférences s'adressent aux
étudiants d'université. Pour un public plus large, elle propose
des concerts de musique classique, des spectacles de danse...
Les efforts pour diversifier et compléter les activités et les
cours, ainsi que sa capacité d'adaptation aux souhaits du public,
grâce à des sondages régulièrement effectués,
peuvent expliquer la raison du succès de cette institution. Elle
bénéficie d'une bonne image auprès des Coréens
francophiles et des étudiants des meilleures facultés de langues,
qui viennent y
" parler comme à Paris "
: c'est la
devise de l'Alliance Française.
Le premier centre en dehors de Séoul
est une
antenne à
Taegu
, ouverte en 1972. Ville universitaire (cinq universités
à l'époque), au niveau culturel appréciable, Taegu l'a
accueillie à bras ouverts. De dimension plus réduite, moins
confortable mais située au coeur de la ville, avec un professeur
détaché, cette antenne recevait des étudiants de section
française, 700 lors de la plus grande fréquentation. Le nombre
d'inscrits a aujourd'hui beaucoup diminué.
L'Alliance Française de Pusan
créée en 1980, a
connu un démarrage laborieux, en raison du manque d'étudiants et
d'une information insuffisante.
Pusan était à l'époque en pleine expansion grâce au
très fort développement du commerce extérieur, mais se
préoccupait peu de développement culturel. Elle a d'ailleurs
été longtemps considérée comme une ville
dénuée de vie culturelle et donc peu propice au succès de
l'Alliance Française. De plus,
" la clientèle
potentielle "
était limitée, du fait de l'existence
d'une seule faculté pourvue de section française. Enfin, sa
localisation excentrée à l'est de la ville ne favorisait pas sa
fréquentation.
En toute première session, elle a quand même accueilli environ
300 inscrits, venus de tous les coins de la ville, à la fois curieux et
amoureux de la langue-culture française. Mais la majorité des
inscrits ont rapidement disparu, après avoir constaté que
l'apprentissage du français demandait beaucoup d'efforts qui ne seraient
pas vite concrétisés.
La direction a compris qu'il fallait, d'une part, diversifier les programmes
de cours et, d'autre part, faire appel aux médias locaux pour
élargir cette petite communauté francophile. Ainsi, une
enseignante française, en poste à l'Alliance Française de
Nagoya au Japon, est venue rejoindre le corps professoral (au nombre de cinq).
En collaboration avec la radio MBC FM, une première émission
spécialisée dans la chanson française a été
lancée avec succès.
Au bout de trois ans, ces initiatives ont commencé à porter
leurs fruits. Mais depuis 1986, l'Alliance Française de Pusan est de
nouveau confrontée à des difficultés, malgré la
forte augmentation du nombre de sections françaises universitaires, dix
au total dont trois autour du centre. Le nombre d'inscrits ne dépasse
plus 300 personnes, même pendant les vacances, et l'Alliance
Française ne bénéficie plus d'une image à la
hauteur de l'Institution, en raison d'une qualité d'accueil
médiocre et d'un enseignement peu adapté aux besoins des
étudiants, dont la plupart poursuivent leurs études à
Séoul ou ont déjà visité la France.
Trois autres centres
ont été implantés
ultérieurement :
- celui de
Kwangju
, capitale du sud-ouest, en 1983 ;
- celui de
Suwon
, petite ville universitaire toute proche de
Séoul, en 1985, mis en sommeil dès l'année suivante ;
- celui de
Daejon
, le plus récent, à 200 km au sud
de la capitale, également en 1985.
Tous se situent en centre-ville, reçoivent chaque année 150
à 250 étudiants, principalement en provenance de sections
françaises d'université. Dans ces Alliances, des
coopérants de la délégation catholique remplacent les
professeurs détachés : depuis une dizaine d'années,
à la demande de l'Alliance Française de Séoul
auprès de l'Eglise catholique de France, des jeunes séminaristes
français occupent ces postes stratégiques. Cette contribution
permet de diminuer l'effort financier du gouvernement français. En
revanche, leur manque de formation adaptée à ce type de fonction
nuit à la qualité des prestations offertes par les Alliances
Françaises.