2. Diffusion de la langue-culture allemande
L'enseignement de l'allemand, comme la plupart des
secondes langues, demeure purement académique et incapable de
dégager une vue panoramique des aspects langagiers et culturels, car il
s'agit d'un enseignement livresque et théorique, fondé sur une
progression grammaticale, sans grand contenu culturel. En outre, avec une ou
deux heures de cours par semaine au lycée, on ne peut guère
aboutir à un résultat concret, d'autant que le contact avec la
langue-culture s'arrête à la classe.
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Cf. Marc ORANGE, L'ouverture de la Corée vers
l'Occident, Que sais-je ? PUF, 1991, pp. 66-72.
Mais en faculté, pour permettre l'accès aux ouvrages originaux
allemands et français, couramment utilisés durant les
études universitaires, quelle que soit la spécialité,
l'enseignement/apprentissage des secondes langues est obligatoire et
renforcé, et c'est là aussi l'allemand qui est le plus
enseigné. En effet, la vocation de l'enseignement supérieur est
de former des esprits cultivés et d'offrir des connaissances dans des
domaines spécialisés. Ainsi, les deux premières
années sont consacrées à la culture générale
dont fait partie l'enseignement/apprentissage du français ou de
l'allemand. De plus, pour passer en maîtrise ou en doctorat, les
étudiants doivent se présenter au concours d'entrée dans
lequel non seulement le français ou l'allemand est obligatoire, mais en
plus représente le tiers des points. Ceci explique la floraison de leurs
études dans le cadre universitaire.
Un certain nombre d'étudiants prolonge également leurs
études en Allemagne, notamment dans les branches littéraire et
artistique. Au sein de cette dernière, la musique et les arts plastiques
sont les plus recherchés.
Dans la vie active, l'allemand présente encore moins d'utilité
que le français, bien que l'Allemagne soit le premier partenaire
commercial européen et qu'un certain nombre d'Allemands travaillent dans
une zone industrielle du sud-est de la Corée. Mais ils communiquent tous
en anglais et ne cherchent pas à recruter du personnel maîtrisant
leur langue.
L'image de l'Allemagne demeure également assez floue. C'est
principalement à travers sa culture que ce pays est perçu :
GOETHE et ses oeuvres traduites en coréen pour la littérature,
BEETHOVEN, SCHUBERT, WAGNER, pour la musique, Heildelberg pour son
université, Munich pour sa tradition culinaire.
C'est aussi un pays réputé pour sa technologie :
l'électroménager et les appareils sophistiqués venant
d'Allemagne sont considérés comme les meilleurs. Les
Coréens pensent ainsi à LEICA pour la photographie, à
MERCEDES pour la voiture, à MIELE pour l'électroménager.
Quant aux Allemands, les Coréens les imaginent costauds, gros
consommateurs de bière, mais surtout économes et sérieux.
Ils sont reconnus comme les artisans du
" Miracle du
Rhin "
,
un modèle de développement économique
particulièrement étudié et apprécié en
Corée. Le rapatriement des infirmières et des mineurs
coréens, embauchés en Allemagne dans les années soixante,
a contribué à former cette image d'un peuple travailleur, solide
et sérieux.
C'est l'Institut GOETHE, implanté dans les quatre villes principales,
qui joue un rôle essentiel pour la diffusion de la langue-culture
allemande. Le premier a été créé à
Séoul en 1969 et, dix ans après, a été
édifié au centre ville le bâtiment actuel avec
bibliothèque, auditorium et salles de classe. L'Institut GOETHE
s'occupe, à la différence du Centre Culturel Français,
à la fois des cours et des manifestations culturelles.
Son rôle consiste à offrir un enseignement/apprentissage de la
langue-culture allemande vivant et adapté aux attentes du public
coréen. Les premiers niveaux de cours sont centrés sur la
compréhension et l'expression orales, sans oublier pour autant la
lecture et l'expression écrite fondées sur des textes simples.
Pour les niveaux moyens, les aspects culturels sont davantage pris en compte :
leur enseignement/apprentissage aide à mieux connaître le pays
à travers l'étude de sa culture et l'analyse de la
société allemande.
En plus de ces programmes, l'Institut GOETHE organise des stages
réguliers pour les enseignants du secondaire. Le but principal du stage
est le perfectionnement linguistique et l'amélioration de la
méthode d'enseignement. Pour cela, les responsables allemands
travaillent en étroite collaboration avec le Ministère de
l'Education et vingt enseignants, entièrement pris en charge, partent
chaque année en Allemagne. Cette organisation rigoureuse et efficace
rencontre un grand succès auprès des Coréens germanistes.
Parallèlement à cette activité didactique, des
manifestations culturelles se déroulent dans les locaux de Séoul.
Les programmes sont variés mais, dans le domaine
cinématographique, les Coréens préfèrent les films
français, plus nombreux et de meilleure qualité,
présentés au ciné-club de nos Centres Culturels.
Par ailleurs, la bibliothèque de l'Institut est accessible à
" tous ceux qui s'intéressent à la langue-culture
allemande "
. Elle prête des livres, des vidéocassettes et
des disques compacts, dispose aussi de tous types de renseignements sur
l'Allemagne, y compris touristiques : les brochures traduites en coréen
sont à la disposition des visiteurs et l'Allemagne y est
présentée à la fois prospère et romantique.
En dépit des efforts des autorités allemandes en faveur de la
diffusion de leur langue-culture et malgré l'importance des
échanges commerciaux entre l'Allemagne et la Corée, l'allemand
reste une langue très peu parlée.