4. Perspective de la langue-culture américaine
Dans l'histoire récente des relations
américano-coréennes, il faut mentionner un épisode
fâcheux, survenu lors des Jeux Olympiques de Séoul en 1988,
épisode dont les conséquences sont encore perceptibles
aujourd'hui.
Les Coréens espéraient qu'en organisant ces jeux, les efforts
déployés par chacun et les nombreux sacrifices imposés
à tous seraient reconnus : la Corée comptait beaucoup sur
" son grand frère "
pour qu'il porte un jugement
favorable et l'aide ainsi à se faire admettre parmi les puissances
économiques et politiques mondiales.
Malheureusement, le résultat fut à l'opposé des espoirs
envisagés. Cela commença par une très mauvaise couverture
des reporters de la chaîne de télévision américaine
NBC, qui privilégièrent les aspects les plus négatifs de
la Corée : images de quartiers mal famés,
fréquentés par les militaires américains, restaurants
servant de la viande de chien (en fait très rares !)... Deirdre
DURRANCE, interprète de conférence, constata, à ce propos,
qu'il suffisait
" d'une poignée de représentants de la
presse omnipotente pour affaiblir les liens solides entre deux peuples
alliés "
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.
Les critiques américaines redoublèrent à la suite d'une
erreur flagrante d'un arbitre de boxe coréen, donnant la médaille
d'or à son compatriote, alors que l'adversaire américain avait,
de toute évidence, remporté le match. D'autres incidents
suivirent. Tout cela développa chez les Coréens,
déçus et blessés, une forte réaction
d'anti-américanisme, qui existait déjà dans le milieu
étudiant contestataire.
Cette vague d'anti-américanisme n'a cependant pas constitué un
frein pour le développement de la langue-culture américaine, tant
à l'école que dans la société. Ce
développement est constant, en raison de l'importance des Etats-Unis et
de l'adoption de l'anglais comme langue véhiculaire pour les
échanges internationaux.
La conséquence directe de ces événements s'est
plutôt située dans un changement psychologique des Coréens
à l'égard de leur puissant allié. Désormais, ils ne
réduisent plus leur vision du monde extérieur à la seule
Amérique, mais s'ouvrent davantage à d'autres horizons et
découvrent, en particulier, l'intérêt d'approfondir leurs
relations avec l'Europe. Dans ce contexte, la France se trouve bien
placée pour profiter de ces nouvelles orientations.