Groupe interparlementaire d'amitié

France - Finlande

Inventer l'avenir : la Finlande en 2010

Compte rendu

du déplacement effectué par une délégation du groupe

en Finlande

du 23 au 26 mai 2010

La délégation était composée de :

M. Jean-François LE GRAND (Manche), Président du groupe

M. Philippe MADRELLE (Gironde)

M. Jean DESESSARD (Paris)

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N° GA 92 - novembre 2010

Mesdames, Messieurs,

Depuis l'entrée de la République de Finlande dans l'Union européenne, le 1 er janvier 1995, les rencontres entre les responsables politiques se sont multipliées, témoignant d'intérêts communs et de relations confiantes entre nos deux pays. Favorisés par la préparation d'échéances importantes - la présidence finlandaise de l'Union du 2ème semestre 2006 puis la présidence française du Conseil de l'Union au second semestre 2008 - des contacts ont eu lieu au plus haut niveau avec la visite officielle de la Présidente de la République de Finlande Mme Tarja HALONEN en 2005, et la rencontre du Premier ministre Matti VANHANEN avec le Président Nicolas SARKOZY en janvier 2008.

Sur le plan culturel, la Finlande a déployé en France une saison « 100 % Finlande » au printemps 2008, qui s'est traduite par l'organisation de 270 évènements sur l'ensemble du territoire.

Forte de ses cinq millions d'habitants, la Finlande fait souvent figure de modèle social, à l'instar de ses voisins nordiques. Elle est en outre reconnue pour la qualité de son enseignement fondamental et, sur le plan économique, pour ses technologies de pointe.

Ces dernières années, nos collègues sénateurs ont montré un intérêt grandissant pour les politiques publiques nordiques, et plus particulièrement finlandaises : mission en juillet 2008 pour examiner l'organisation du système scolaire (Commission de la Culture), et en mars 2010 pour étudier la commission du futur du Parlement finlandais (Délégation à la prospective).

A son tour, le groupe d'amitié, dont le dernier déplacement datait de l'hiver 2001, a souhaité prendre la mesure des divers enjeux auxquels la Finlande est aujourd'hui confrontée. S'agissant d'un pays doté d'un parlement monocaméral, ce projet a été mené conjointement avec le groupe d'amitié France-Finlande de l'Assemblée nationale, pour lequel la délégation conduite par le Président du groupe M. Alain Bocquet, député du Nord, était composée de M. Yves Durand, député du Nord, et M. Lionel Tardy, député de la Haute-Savoie.

La délégation, après diverses rencontres qui ont permis d'appréhender les équilibres politiques et l'organisation institutionnelle finlandais, s'est arrêtée plus spécifiquement sur les thématiques incontournables que sont la question énergétique et le système éducatif.

La délégation adresse ses plus vifs remerciements aux personnalités et aux responsables qui l'ont reçue au cours de cette mission, ainsi qu'à tous ceux qui ont apporté leur concours à l'organisation et au bon déroulement de ce déplacement. Elle souhaite plus particulièrement remercier Mme Élisabeth NAUCLÉR, présidente du groupe d'amitié Finlande-France, pour la richesse du programme et l'accueil chaleureux qui nous a été réservé.

I. UNE DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE CONSENSUELLE

A. UNE SOCIÉTÉ HOMOGÈNE ET CONSENSUELLE

La Finlande véhicule l'image d'une société fondée sur le consensus. Il est vrai qu'elle bénéficie avantageusement d'une structure uniforme, sans antagonisme majeur d'ordre culturel, linguistique, ou ethnique.

1. La quête de l'indépendance, ciment de la nation finlandaise

La Finlande a longtemps été sous la domination d'États étrangers, celle de la Suède depuis le XII ème siècle, puis celle de la Russie à partir de 1807. Pendant un siècle, la Finlande est alors un État autonome au sein de l'Empire russe. Grâce à un système de représentation et une administration centrale autonomes, les Finlandais parviennent toutefois à assurer la gestion de leurs affaires propres. Pendant la révolution Russe, et au terme d'une guerre civile, la Finlande accède à l'indépendance le 6 décembre 1917 .

Le territoire finlandais fut le théâtre de nombreux conflits au cours de son histoire. D'abord, avant son accession à l'indépendance, entre la Suède et la Russie. Puis, le 30 novembre 1939, pendant la « Guerre d'Hiver », l'Union soviétique attaqua la Finlande à la suite de désaccords territoriaux concernant des îles du golfe de Finlande. Les Finlandais ripostèrent par la guerre de Continuation aux côtés de l'Allemagne puis signèrent une paix séparée avec l'Union soviétique en 1944. L'armée allemande en retraite fit payer cher cet abandon et la Finlande sortit ruinée du second conflit mondial. Forcée par le traité de Paris de 1947 à payer de lourdes réparations à la Russie, et à céder la Carélie, la Finlande, contrairement à ses voisins baltes, parvint cependant à sauver son indépendance.

Très consciente de sa fragilité face au voisin russe, avec qui elle partage une frontière de 1.270 km, elle adopta par la suite une politique de neutralité stricte pendant la Guerre froide. En Occident, cette position sera appelée « la finlandisation ».

Pays neutre depuis 1955 , la Finlande applique une politique de non-alignement militaire. Sans adhérer à l'OTAN, elle développe avec elle un programme d'interopérabilité. Elle choisit également les domaines de coopération qui correspondent à ses objectifs. Devenue membre du Partenariat pour la paix (PPP) en 1994, elle participe dans ce cadre à des missions de sécurité et de maintien de la paix, à des missions de gestion de crises et à des plans civils d'urgence. Elle est actuellement présente au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan, où une centaine de personnes travaillent à la reconstruction d'une province dans le nord du pays. Au Kosovo, on dénombre 400 soldats finlandais mis à la disposition de la KFOR.

Le 1 er janvier 1995, la Finlande fait son entrée dans l'Union européenne et devient ainsi la frontière septentrionale de l'Europe. En 1999, elle adopte l'euro.

Les luttes pour accéder à l'indépendance, et par la suite, la préserver, restent ancrées dans les mémoires. Le traumatisme national qu'a constitué la guerre civile de 1918, encore présent dans les esprits, explique la volonté d'éviter les conflits sociaux. Toutefois, le souci de l'unité qui a forgé les mentalités n'a pas conduit à l'uniformisation de la population, loin de là. Tout d'abord, il existe en Finlande une importante population suédophone ; par ailleurs, le pays compte des minorités Rom et Sames, qui pour ce dernier groupe a toujours existé sur le territoire ; enfin, bien que l'immigration reste faible - la population d'origine étrangère représente moins de 3 % de la population totale - la Finlande accueille environ 155.000 immigrés.

La mentalité et le « sisu » finlandais

Pour Zacharias Topelius (1818-1898), professeur d'histoire et auteur finlandais, les Finlandais présentent des traits de caractère communs : crainte de Dieu ; résistance, endurance et force ; patience, abnégation et vigueur ; héroïsme et aptitude à la lutte ; ténacité et opiniâtreté.

Le « sisu » ne trouve pas d'équivalent dans d'autres langues. Il est généralement décrit comme un trait de caractère propre à la mentalité finlandaise. Il correspond à une force intérieure, une sorte de persévérance positive. Si les origines du mot remontent au XVIème siècle, c'est au XXème siècle que le concept sera considéré comme typiquement finlandais.

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