II. DES REMÈDES DRASTIQUES
Bien évidemment, la Lettonie n'a pas été le seul pays de l'Union européenne à subir les contrecoups négatifs de la crise financière internationale, mais ses effets s'y sont révélés plus rapides et plus radicaux , notamment si on les compare à ceux -moins amples- constatés sur la même période dans les deux autres Etats baltes (ainsi, en Lituanie, le PIB s'est d'abord simplement tassé 9 ( * ) ; en Estonie, le PIB a lui aussi régressé, mais selon une pente négative moins accentuée).
De ce fait, le Gouvernement a dû mettre en place très rapidement un train de mesures de redressement qui, depuis le début de l'année, imposent aux Lettons des contraintes pénibles qu'ils supportent stoïquement , pour le moment du moins 10 ( * ) . L'objectif de ces mesures, dans le discours officiel, est double : parer au plus pressé en sauvant l'économie lettone de la faillite (objectif à très court terme) mais, également, assainir suffisamment les fondamentaux pour qu'en 2012, la Lettonie soit prête à entrer dans l'Union économique et monétaire (objectif un peu plus éloigné et qui, pour l'heure, paraît encore assez loin d'être atteint).
A. L'APPEL INÉVITABLE À DES EMPRUNTS INTERNATIONAUX
Pour parer au plus pressé, la Lettonie a fait appel aux bailleurs internationaux -le FMI et l'Union européenne via la BERD, principalement, ainsi que quelques uns de ses voisins scandinaves- l'urgence immédiate étant, en particulier, de prévenir l'effondrement d'un des principaux établissements bancaires du pays, la PAREX, dont la faillite aurait pu entraîner celle d'autres banques voisines et, peut-être, de proche en proche, provoquer des répercussions en chaîne catastrophiques sur l'ensemble du système économique européen (le fameux « risque systémique », pour reprendre une expression en vogue actuellement).
En pratique, la Lettonie a sollicité un volume d'aide extérieure s'élevant à 7,5 milliards d'euros, soit approximativement plus du quart de son PIB annuel .
Mais cette aide a été consentie à des conditions draconiennes sur l'assainissement de l'économie du pays, et il a été prévu que les fonds accordés soient débloqués seulement par tranches, le versement de chaque tranche suivante restant suspendu au respect des engagements pris par les autorités lettones. En d'autres termes, craignant que la Lettonie ne puisse pas honorer ses engagements, les bailleurs internationaux se réservent la possibilité de ne pas honorer les leurs.
Le principe du versement sous conditions -qu'il faut bien considérer comme un instrument de pression sur les autorités lettones- a été évoqué avec une certaine inquiétude dans plusieurs des auditions auxquelles la délégation sénatoriale a participé (lors de la rencontre avec la direction de l'Ecole supérieure d'économie de Riga - cf. infra ) car visiblement, la dérive des finances publiques est telle, qu'elle risque à son tour de figer la poursuite de l'aide internationale 11 ( * ) au moment où le pays en aura le plus besoin.
C'est peut-être pour échapper à cette logique qu'au cours de ces entretiens, plusieurs des personnalités rencontrées ont également exprimé sans ambages leur souhait que d'autres institutions financières nationales d'États de l'Union européenne -telle ou telle grande banque française ou hongroise, par exemple- se joignent au tour de table. La délégation sénatoriale estime de son devoir de solidarité de relayer cet appel, en dépit du fait qu'en France aussi, les banques ont connu de grosses difficultés du fait de la crise.
* 9 Cela étant, la Lituanie subit à son tour le contrecoup de la crise, puisque selon les statistiques du second semestre 2009, son PIB aurait reculé de plus de 22 % par rapport à l'année précédente, avec toutes les conséquences préjudiciables que cette baisse peut induire sur l'emploi, les revenus, etc...
* 10 On notera cependant qu'en janvier 2009, une importante manifestation (plus de 10 000 personnes, ce qui représente un chiffre considérable au regard des habitudes lettones) a défilé pour protesté contre la politique du Gouvernement et, selon les manifestants, contre son absence de communication ; quoique pacifique, ce cortège a été émaillé d'incidents violents lors de sa dispersion.
* 11 En avril 2009, le FMI avait déjà versé à la Lettonie 591 millions d'euros, et la Commission européenne 1 million.