3. Chaînes Législatives

À partir de 1995, l'univers télévisuel brésilien commence à vivre de profondes modifications. Les services de télévision par satellite et par câble sont réglementés, ce qui permet à l'opinion publique disposer d'une nouvelle gamme de nouveaux produits et de chaînes. Les changements ne se sont pas limités au divertissement - la majorité des nouvelles offres de contenus étaient proposées par des chaînes étrangères de divertissement, du type MTV 893 ( * ) , HBO, Wanner Bros, Fox et Sony, entre autres, ou journalistiques, telles que la CNN, la TV E espagnole et la BBC anglaise. Les opérateurs des chaînes sur abonnement n'apportaient pas de contenus propres et la production nationale réalisée par des tiers, tels que les chaînes Globo News et GNT, appartenant à la Rede Globo de Televisão, était minime.

Le 6 janvier 1995, avec l'entrée en vigueur de la Loi 8.977/95, qui régit la diffusion par câble au Brésil, les opérateurs du câble se sont vus obligés de transmettre gratuitement une série de chaînes, nommées chaînes d'accès public. Les chaînes étaient destinées à divers secteurs de la société, telles que les universités, les entités culturelles, les associations communautaires et également le pouvoir législatif. Quelques années après, le même droit a également été octroyé au pouvoir judiciaire.

Avec cette législation, les Parlements municipaux, des états et les deux instances du Congrès National, le Sénat et la Chambre des Député, ont acquis le droit d'exploiter des chaînes de télévision législatives sur le Câble 894 ( * ) . L'Assemblée Législative de l'État du Minas Gerais - ALMG a été la pionnière dans ce secteur. Le 30 novembre 1995, la TV Legislativo - TVL a commencé à émettre sur le canal 40 du service de télévision par abonnement tout juste lancé dans l'État. La programmation était diffusée du lundi au samedi, de 18 à 24 heures, avec, pour contenu, les travaux des parlementaires d'état de Minas Gerais dans les commissions thématiques et en assemblée plénière. La presse traditionnelle n'a pas posé d'objection à l'initiative du pouvoir législatif de l'État, qui visait, selon les termes de RENAULT, à porter hors des murs de l'ALMG la transparence des décisions, mais qui serait capable d'avoir un effet connexe : valoriser et donner de la visibilité aux députés dignes de votes 895 ( * ) .

Le Senado Federal, qui disposait déjà d'une Centrale de Vidéo, créée spécialement pour fournir des images aux chaînes traditionnelles, a décidé de la transformer en chaîne législative. Un an après la promulgation de la loi instituant les chaînes de télévision pour le pouvoir législatif, le 5 février 1996, la TV Senado a commencé à transmettre pour la première fois, avec une équipe de dix journalistes seulement. L'image des 81 sénateurs est ainsi parvenue dans les foyers des 60 000 abonnés d'un service de diffusion par câble à Brasilia, la capitale de la République, et dans 45 autres villes brésiliennes.

La création de cette chaîne de télévision s'est faite dans un contexte similaire à celui des chaînes des Parlements d'autres pays. Le Canada (Cable Parliamentary Channel, 1977), les États-Unis (C-SPAN, 1979) et la Grande-Bretagne (The Parliamentary Channel, 1992) furent les premiers à introduire des stations spécialisées dans la couverture parlementaire. Des nations comme la Suisse (Chaîne de la Découverte, 05/1994), l'Inde (Chaîne de l'Agence Gouvernementale de Télévision, 08/1994) et la Corée du Sud (Chaîne Publique à Câble, 1995) avaient déjà aussi réalisé des expériences ponctuelles de transmission des sessions de leurs Parlements respectifs. Selon le Museum of Broadcast Communications, des Parlements de plus de cent nations ont déjà opéré des chaînes législatives de télévision.

Dans ces pays, certaines de ces chaînes se limitent à la transmission des sessions parlementaires. Elles travaillent uniquement avec une caméra fixe, sans aucun dispositif de montage, de trucage, ou même de commentaires de locuteurs. Lorsque la session est terminée, la chaîne cesse de transmettre, il n'y a pas de diffusion d'autres produits médiatiques 896 ( * ) . À la suite du Brésil, des pays comme l'Allemagne (Chaîne Phoenix, 04/1997) et le Mexique (Canal del Congresso, 02/2001) ont aussi créé leurs propres chaînes.

Dans la sphère latino-américaine, outre le Mexique, l'initiative brésilienne a inspiré d'autres pays, qui ont commencé eux aussi à opérer des chaînes législatives nationales. Entre 1998 et 2005, le Costa Rica, le Chili, l'Argentine, le Pérou et le Venezuela ont ainsi mis en place des chaînes législatives diffusées par câble et par satellite. En 2006, le Venezuela se préparait à lancer sa diffusion sur les ondes hertziennes 897 ( * ) .

Dans certaines nations, comme le Danemark (Folketingetdirektetv), la diffusion se limite à Internet. Dans d'autres, comme aux États-Unis et au Canada, elle est effectuée par câble, mais les chaînes parlementaires sont privées et maintenues par des instituts créés et financés par les opérateurs du câble. En France, Sénat Public et LCP/NA constituent des entreprises publiques dont les capitaux appartiennent à chacune des instances du pouvoir législatif, et dans une troisième situation, comme en Australie (ABC), elles s'insèrent dans les services de télé radiodiffusion publique préexistant. Dans les deux cas brésiliens, les chaînes sont publiques, mais elles n'ont pas de statut juridique propre, elles s'insèrent dans les structures internes du Parlement.

La Chambre des Députés, dans le sillage du Sénat, a implanté la TV Câmara le 20 janvier 1998. Au contraire d'autres pays, comme le Mexique et la France, où les deux instances du Parlement se partagent un même canal, un même support technique de diffusion, au Brésil, chaque instance a mise en place sa propre structure et bénéficie d'un canal spécifique, qu'elle soit sur le câble, par satellite ou sur le système ouvert en UHF.

a) Les chaînes de comptes rendus

La création de chaînes de télévision parlementaires au Brésil a impliqué, selon les termes de MATOS, un effort de construction d'une communication publique, qui impliquerait le citoyen d'une manière diverse, participative, en établissant un flux de relations de communication entre l'État et la société 898 ( * ) . Elles constitueraient des outils de glasnot 899 ( * ) permettant d'accroître l'action d'accountability, entendue comme un procédé de comptes-rendus aux citoyens par les autorités publiques parlementaires ; un instrument pour donner davantage de transparence aux faits législatifs. Deux facteurs - l'un d'ordre technologique et l'autre de caractère politique - seraient, selon la vision de JARDIM, responsables de l'expansion rapide de l'univers des télévisions législatives au Brésil et dans d'autres régions du globe.

Le premier, et le plus évident, est le développement technologique, comme la transmission en standard numérique, qui élargit beaucoup les possibilités d'accès et permet ainsi de dépasser une barrière jusque là infranchissable, celle de l'étroitesse du spectre électromagnétique. [...] Le deuxième facteur d'expansion des télévisions législatives, moins visible, mais cependant de plus grande importance pour l'approfondissement et le perfectionnement de la démocratie, est lié à l'augmentation de la demande des citoyens d'une plus grande transparence dans l'exercice du pouvoir public comme reflet, entre autres facteurs, des mouvements sociaux de lutte pour la citoyenneté 900 ( * ) .

L'initiative fédérale a rapidement eu des répercussions dans les états et les municipalités. En mai 2005, les conseils municipaux de huit des vingt-six capitales des états disposaient de chaînes législatives. Trente autres villes de taille moyenne disposaient également de ce type de média (voir tableau 2.5). Les chaînes législatives des états ont l'obligation de partager l'espace de programmation avec les chaînes législatives municipales. La mesure, prévue par la loi, induit, au moins de façon indirecte, la création d'un réseau de chaînes législatives dans les états, bien que chaque chaîne soit indépendante.

En 2006, au niveau national, 17 des 27 unités de la Fédération disposaient de chaînes législatives et elles étaient en phase d'implantation dans trois autres états. La population totale de tous les états disposant de chaînes législatives représentait 78 % de la population brésilienne 901 ( * ) En termes géographiques, plus de la moitié du territoire national était couvert par les signaux des chaînes des différents états et des chaînes fédérales (voir graphique 2.5). La même année, l'État du Ceará a innové en introduisant la première chaîne législative à transmission ouverte, sans utiliser le câble.

GRAPHIQUE 2.5
ZONE D'INTERVENTION DES CHAÎNES LÉGISLATIVES AU BRÉSIL -2005

Obs. : En jaune les État de la République Fédérative du Brésil détenteurs en 2005 de chaînes législatives locaux et en bleu les états en train de mettre en opération leurs chaînes législatives.

Source : Élaboration personnelle à partir d'informations collectées auprès d'ASTRAL et in : FREITAS 902 ( * )

Dans le but d'élargir leur aire d'intervention et d'être présentes dans toutes les couches sociales, les TV Sénat et TV Câmara ont également commencé à transmettre en signal ouvert à Brasilia et dans diverses villes du pays. Dans ces localités, les stations de retransmission des préfectures, des conseils municipaux et des entités à but non lucratif sont responsables de la retransmission. L'objectif des deux chaînes législatives est de pouvoir également parvenir jusqu'aux foyers les plus défavorisés, ceux qui n'ont pas les moyens financiers de payer le prix des chaînes par abonnement sur le câble ou par satellite.

Dans le champ de la radiodiffusion, les deux Chambres du Congrès National disposent de stations de radio FM, OC et via Internet et satellite. Au sein des états, en 2004, une assemblée législative disposait d'un service de radioweb et six autres avaient sollicité des concessions et des fréquences radiophoniques auprès du gouvernement fédéral. En ce qui concerne le niveau municipal, le projet de loi n° 6.350/05, modifiant la Loi 9612 de 1998 qui a institué le Service de Radiodiffusion Communautaire, est en cours d'analyse au Congrès National depuis 2005. Si elle est approuvée, la modification va permettre aux conseils municipaux de posséder leurs propres radios législatives communautaires 903 ( * ) .

b) Transparence ou spectacularisation ?

Dans le cas du Senado Federal brésilien, les sénateurs ont démontré qu'ils étaient conscients de la visibilité dont ils bénéficient. Une enquête a indiqué qu'après l'apparition de la TV Senado, le volume de présentation de propositions de lois est passé de 652 en 1995, à 1 464 en 2003. Chaque projet de loi devient un nouveau thème dans la programmation du travail parlementaire et sera donc la cible des informations produites par les médias du Senado Federal.

De la même manière, le nombre de discours réalisés en session plénière du Sénat brésilien a augmenté de façon significative, passant d'une moyenne quotidienne de onze discours, en 1995, à dix-neuf en 2003 904 ( * ) . Et lors de leurs discours, les sénateurs se sont déjà habitués à rechercher une position qui privilégie le cadrage des caméras. Ils utilisent des comportements gestuels agressifs et certaines techniques oratoires plus proches de la dramatisation. L'objectif est de toucher le citoyen-spectateur, de susciter chez lui de l'émotion, de le sensibiliser, d'attirer sa sympathie.

TABLEAU 2.5

CONSEILS MUNICIPAUX DOTÉS DE CHAÎNES DE TV LEGISLATIVES - BRÉSIL - 2006

État

Ville

Bahia

1. Luis Eduardo Magalhãs

Ceará

2. Fortaleza*

Espirito Santo

3. Muqui

Minas Gerais

4. Belo Horizonte *

5. Juiz de Fora

6. Lavras

7. Uberlândia

Paraíba

8. João Pessoa*

Paraná

9. Apucarana

Pernambuco

10. Recife *

Rio de Janeiro

11. Nova Friburgo

Rio Grande do Norte

12. Assu

13. Natal*

Rio Grande do Sul

14. Passo Fundo

15. Porto Alegre*

16. Santa Maria

17. Taquari

Santa Catarina

18. Blumenau

19. Chapecó

20. Joivinle

São Paulo

21. Amparo

22. Araçatuba

23. Araraquara

24. Barueri

25. Bauru

26. Franca

27. Piracicaba

28. Ribeirao Preto

29. Santana de Parnaíba

30. Santo André

31. Santos

32. São Carlos

33. São Paulo*

34. Sorocaba

35. Votuporanga

Tocantins

36. Palmas*


Obs. : (*) = Capitales de l'État.
Source : Élaboration personnelle à partir des informations collectées auprès de l'ASTRAL et cf. FREITAS 905 ( * )

L'utilisation de ces techniques a pour but d'atteindre une dimension sensorielle cognitive du citoyen-spectateur, visant à la construction, auprès de l'audience, d'un sens souhaité par l'orateur. Cette technique vise également à sensibiliser les journalistes, autant ceux de la presse traditionnelle que ceux des médias du Parlement, afin d'être davantage mis à l'honneur dans les textes écrits par ces derniers 906 ( * ) .

On trouve aussi des exemples de merchandising électoral déguisé. Durant les années 2005 et 2006, une sénatrice qui organisait un nouveau parti de gauche, le Parti Socialisme et Liberté - PSOL, avait l'habitude de vêtir, lors de la réalisation de ses discours en plénière transmis par la TV Senado, un tee-shirt avec un grand logo du PSOL. À partir d'avril 2006, avec l'ouverture du processus électoral pour la présidence de la République, cette même sénatrice est apparue en troisième place dans les sondages électoraux, juste derrière les candidats des partis traditionnels, tels que le Parti des Travailleurs - PT et le Parti de la Social Démocratie Brésilienne - PSDB, les principaux acteurs de la scène politique nationale. Pour certains analystes, au delà du discours critique, voir même agressif de la sénatrice, cette dernière aurait profité de son exposition par les caméras de la chaîne législative.

Des preuves en ce sens ont été pointées par les analystes d'études d'opinion publique et par les médias spécialisés afin d'expliquer l'accroissement significatif des intentions de vote pour la candidate à la présidence du Brésil, la sénatrice Heloiza Helena dans la dispute électorale actuelle d'octobre 2006 - affirme JARDIM 907 ( * ) .

Pour l'auteur, il est inévitable que les parlementaires soient plus visibles sur le petit écran législatif, s'ils sont présents aux sessions plénières, s'ils participent aux réunions des commissions, aux votes, et s'ils prennent la parole. Il n'y a pas non plus moyen d'empêcher, selon elle, que ceux qui possèdent une plus grande intimité vis-à-vis des caméras et des micros soient favorisés par la présence des médias du pouvoir législatif 908 ( * ) .

Pour JARDIM et RENAULT, l'existence de ces médias législatifs constitue, davantage que des outils de marketing politique et/ou personnel des parlementaires, des instruments de consolidation de la démocratie, qui dans le cas brésilien, a été absente à diverses périodes de l'histoire nationale. Ils permettent aussi une pluralité de l'information qui échappe au regard et à l'esthétique traditionnels, et parfois homogénéisés, de la presse traditionnelle.

Les débats, les votes, les discours sont présentés au téléspectateur sans passer par les questions traditionnelles posées par les reporters, sans la sélection préalable des images et des paroles lors du montage, sans texte écrit pour `coller' parfaitement avec les images - règle spartienne des reportages des journaux télévisuels. Cela permet parfois que des paroles inédites `échappent' au point de vue de ce qui est conventionnel dans la production du journalisme ou des programmes télévisuels. [...] À mesure que la chaîne législative expose à la société la scène interne du Parlement et attire l'attention de citoyens et/ou de groupes sociaux et des médias, elle garantit aux parlementaires un espace dans la sphère de visibilité publique, tout en fournissant à la société de nouvelles bases d'information et de suivi des activités législatives. - souligne RENAULT 909 ( * ) .

Dans un pays où le système de télévision est essentiellement privé et dépend donc des recettes publicitaires, les chaînes législatives attirent l'attention par l'absence d'intervalles rigides. La transmission d'une session de travaux du Parlement, ou même d'une commission sectorielle, peut occuper une après-midi entière et même se poursuivre dans la soirée, sans intervalle ou interruption quelconque dans la diffusion. Même lorsqu'elles transmettent des programmes préenregistrés, bien qu'elles cherchent à leur donner un format de durée conventionnelle, les chaînes législatives peuvent diffuser pendant longtemps sans aucun intervalle. Et lorsque intervalle il y a, au contraire de la télévision traditionnelle, elles ne diffusent pas de publicité commerciale. Dans la majorité des cas, elles diffusent des appels de programmation et des produits de très courte durée, nommés interprogrammes ou sous-programmes.

Comme le note RENAULT, le timing, la vitesse donnée aux produits médiatiques, tels que le temps d'interview, la taille des reportages, entre autres, s'éloigne aussi du schéma traditionnel. Il existe un désengagement vis-à-vis de la rapidité de la vidéo, puisque les chaînes ne sont pas soumises à une logique commerciale, déjà courante sur les chaînes nationales. Elles constituent donc des supports qui sont parvenus à exercer en s'affranchissant de ce que HABERMAS a nommé la logique du capital.

La comparaison entre les deux langages, celui de la télévision (commerciale) et celui du Pouvoir législatif, est immédiate. C'est exactement dans les différences identifiées dans le schéma de couverture du Pouvoir législatif que réside le différentiel de la télévision législative et ses limites et ses potentialités pour stimuler le mécanisme d'accountability - affirme JARDIM 910 ( * ) .

Pour RENAULT, les chaînes législatives peuvent être considérées comme une avancée vers la consolidation démocratique. Elles instaurent, à partir des années 1990, un accès électronique au Parlement.

En dépit du fait qu'il constitue une initiative des [pouvoirs] législatifs et qu'il est sous leur contrôle, cet accès [électronique] a promu une ouverture pour la circulation d'informations et d'images jamais vues jusqu'alors. Avec la présence de la caméra dans les plénières, émettant vers la société la routine des travaux internes, le Parlement s'est lui-même imposé une accessibilité télévisuelle. Les transmissions ont rompu les limites de l'information auparavant restreinte à la couverture de la presse, faite par les professionnels des diverses entreprises de communication autorisées par le législatif. Dès lors, les reporters professionnels n'ont plus été les seuls à pouvoir accompagner les réunions et à construire les informations destinées à sortir des Parlements. Le quotidien des entités législatives a dès lors été également communiqué à la société par la télévision - souligne-t-elle 911 ( * ) .

Ces chaînes, selon l'auteur, jouent un rôle de liaison entre le Brésil Officiel et le Brésil Réel, avec la mission principale d'alimenter le citoyen en informations et non en divertissement. Elles assureraient un véritable flux d'informations dirigé vers la société dans ses diverses sphères publiques, sans distinction sociale, en contribuant ainsi à former la citoyenneté 912 ( * ) . Cette capacité à stimuler la citoyenneté est, selon SOUSA, une caractéristique de base des médias journalistiques, un instrument vital, où le journaliste assume un rôle essentiel de médiateur 913 ( * ) .

c) Le Réseau National de Télévision Législative

Malgré l'existence de dizaines de chaînes législatives dans tout le Brésil, il n'existe pas de réseau de chaînes législatives, comme c'est le cas, par exemple, entre les chaînes éducatives 914 ( * ) . Chaque chaîne, municipale, d'État ou fédérale, est indépendante, elle possède sa propre grille de programmes. Toutefois, des conventions et des accords permettent l'échange de produits et de contenus télévisuels. En 2006, la TV Senado a entrepris une expérience pionnière en lançant un programme nommé Parlamento Brasil. L'idée est de réunir toutes les semaines les meilleurs reportages ou les meilleures initiatives de chaque chaîne législative des différents États ou municipale. Cela peut constituer le germe d'un futur réseau de chaînes législatives. Le Senado Federal souhaite ardemment créer un Réseau National des Télévisions Législatives, réunissant principalement les Conseils Municipaux. Ceux-ci installeraient dans leur municipalité les équipements nécessaires à la retransmission du signal émis à Brasilia. En contrepartie, les municipalités auraient le droit d'insérer leur production propre, locale, dans un espace de la grille de programmation nationale et elles auraient accès à un financement fédéral pour l'achat des équipements et des transmetteurs.

Dans ce projet, la TV Senado se mettrait à fonctionner selon la même logique organisationnelle que les réseaux privés de télévision. Elle serait la tête de réseau, responsable de la production et de la diffusion de la plus grande partie des contenus et de la définition d'une esthétique médiatique commune à toutes les chaînes associées. En 2005, à la demande du Congrès National, le Ministère des Communications a promulgué un décret créant la catégorie de chaîne Répétitrice de Télévision Institutionnelle - RTVI. Les municipalités souhaitant installer une RTVI auraient accès automatiquement et sans autres exigences à une fréquence hertzienne gratuite en UHF. La norme légale autorise aussi la transmission de jusqu'à 20 % de programmation locale. La concession d'une RTVI serait exclusivement destinée à la rediffusion de la programmation des chaînes du pouvoir législatif Fédéral, du Pouvoir judiciaire, ou de la Radiobrás, une station publique liée au Pouvoir Exécutif.

Le patronat du secteur des télécommunications s'oppose aux facilités concédées aux RTVIs. Il a considéré le décret comme discriminatoire pour le secteur privé. Le Code Brésilien des Télécommunications, datant de 1964, prévoit l'existence de stations Retransmettrices de Télévision - RTV. Elles sont destinées à retransmettre, sur tout le territoire national, les chaînes nationales privées - normalement avec des têtes de réseaux localisées dans l'axe Rio de Janeiro, São Paulo et Brasilia -, mais sans avoir le droit de diffuser de production locale. En réalité, les RTV sont constituées d'une antenne et d'un transmetteur. Elles n'ont pas de structure normale de télévision. La période où le décret a été en vigueur fut courte, puisque quelques semaines plus tard, le gouvernement a partiellement reculé et limité l'autorisation de diffuser une programmation locale aux RTVI localisées dans les régions frontalières et en Amazonie. Dans ces deux régions, l'initiative privée est absente et la présence de transmissions étrangères est plus forte. Le gouvernement cherche de cette manière à stimuler la radiodiffusion de contenus nationaux.

Des sondages réalisés auprès des Conseils Municipaux, principalement ceux des municipalités de l'État de São Paulo, ont indiqué qu'en dépit de ces limitations, le projet d'implanter un Réseau National de Télévision Législative reste attractif, en raison des possibilités d'obtention de ressources financières pour l'installation de chaînes de télévision législatives municipales 915 ( * ) et de la croyance que l'interdiction d'insertion de contenus produits localement sera révoquée, soit en raison de l'impossibilité pratique de contrôler tout le territoire national, soit en conséquence d'une position gouvernementale moins soumise aux intérêts des entrepreneurs de la télé radiodiffusion.

En réalité, le segment des chaînes législatives s'organise déjà en tant que catégorie corporative. Une association visant à défendre les intérêts de ces chaînes a même été créée : l'ASTRAL - Association des Télévisions et Radios Législatives. L'une des missions pionnières de l'entité a été de participer aux accords relatifs au choix du standard numérique de télévision qui sera mis en oeuvre au Brésil

Le fort élargissement de ce marché du travail a également provoqué, chez les professionnels, le désir d'intervenir de façon plus corporative et, en juillet 2006, les études et négociations ont été entamées pour la création de l'Association Brésilienne des Journalistes législatifs - Abrajol, qui devrait aussi réunir à partir de 2007 les journalistes qui exercent dans la presse écrite et la webpresse des pouvoirs législatifs municipaux, des États fédérés et de l'État fédéral. L'entité, dans le but de préserver la pratique d'un journalisme éthique, se propose de ne représenter que les journalistes recrutés au travers des concours publics réalisés par les entités législatives. Les journalistes recrutés au moyen de processus d'externalisation, par indication politique ou par nomination libre, n'auraient pas le droit de s'associer à l'Abrajol. Elle estime en effet que ces formes de recrutement menacent l'indépendance et les engagements de la profession.

* 893 MTV disposait de deux chaînes, MTV-Latino, produite à l'étranger et diffusée dans toute l'Amérique Latine, et MTV- Brésil, produite par le groupe journalistique Abril, mais selon un format prédéfini par la MTV nord-américaine.

* 894 Une autorisation identique a été accordée aux Assemblées Législatives des États, qui devaient partager leurs chaînes avec les conseils municipaux.

* 895 Levar para fora dos muros da ALMG a transparência das decisões, mas que seria capaz de operar um efeito agregado: valorizar e dar visibilidade aos deputados merecedores de votos. RENAULT, Letícia, 2004, p. 56.

* 896 MATHUS, Didier, 2007.

* 897 JARDIM, Márcia de A., 2006, p. 6.

* 898 MATOS, H., Brasília, 2003.

* 899 Politique de transparence et de divulgation de l'information, menée en Union Soviétique dans le cadre de la perestroïka.

* 900 O primeiro, e mais evidente deles, é o desenvolvimento tecnológico, como a transmissão em padrão digital, que amplia, e muito, as possibilidades de acesso e, assim, supera uma barreira até então intransponível, a da `escassez' do espectro eletromagnético. [...] O segundo fator de expansão das televisões legislativas, menos visível, porém de maior importância para o aprofundamento e aperfeiçoamento da democracia, está relacionado com o aumento da demanda dos cidadãos por maior transparência no exercício do poder público como reflexo, entre outros fatores, dos movimentos sociais de luta pela cidadania. JARDIM, Márcia de A., 2006, p. 2.

* 901 Informations obtenues auprès de l'ASTRAL - Associação das Televisões e Rádios Legislativas et in: FREITAS, Luiz Carlos S. de, 2004, p. 18.

* 902 FREITAS, Luiz Carlos S. de, Op. cit.

* 903 Agert, 2006.

* 904 Op. cit., p. 50.

* 905 FREITAS, Luiz Carlos S. de, Op. cit.

* 906 SANT'ANNA, Francisco, 2006-A, p. 7.

* 907 Evidências neste sentido têm sido apontadas pelos analistas de pesquisas de opinião pública e pela mídia especializada para explicar o significativo crescimento nas intenções de voto da candidata à presidência do Brasil, a senadora Heloiza Helena no atual pleito de outubro de 2006. JARDIM, Márcia de A., 2006, p. 14.

* 908 Idem.

* 909 Debates, votações, discursos são exibidos ao telespectador sem passar pelas tradicionais perguntas dirigidas pelos repórteres, sem a seleção prévia de imagens e falas da edição, sem texto escrito para `casar' perfeitamente com as imagens - regra espartana das reportagens de telejornal. Isso, às vezes, permite que falas inéditas, `escapem' do ponto de vista do que é convencional na produção do telejornalismo ou dos programas televisivos. [...] À medida que o canal legislativo expõe para a sociedade a cena interna do parlamento e atrai a atenção de cidadãos e/ou grupos sociais e da mídia, ele garante aos parlamentares espaço na esfera de visibilidade pública, ao mesmo tempo em que proporciona à sociedade novas bases de informação e de acompanhamento das atividades legislativas. - RENAULT, Letícia, 2004, p. 49/105.

* 910 A comparação entre as duas linguagens, a da televisão (comercial) e a do Poder Legislativo, é imediata. É exatamente nas diferenças identificadas no padrão de cobertura do Poder Legislativo que reside o diferencial da televisão legislativa e os seus limites e potencialidades para estimular o mecanismo de accountability. JARDIM, Márcia de A., 2006, p. 12.

* 911 A despeito de ser uma iniciativa dos legislativos e de estar sob seu controle, esse acesso [eletrônico] promoveu uma abertura para a circulação de informações e de imagens até então nunca vista. Com a câmera presente nos plenários, emitindo para a sociedade a rotina dos trabalhos internos, o Parlamento impôs a si mesmo uma acessibilidade televisual. As transmissões romperam os limites da informação antes restrita à cobertura da imprensa, feita por profissionais das diversas empresas de comunicação autorizados pelo Legislativo. A partir de então, não apenas os repórteres profissionais podiam acompanhar as reuniões e construir as informações a serem levadas para fora dos parlamentos. O dia-a-dia das casas legislativas passou a ser comunicado também a sociedade pela televisão. RENAULT, Letícia, 2004, p. 86.

* 912 Idem. pp. 134-136.

* 913 SOUSA, Jorge Pedro, 2000, p. 22.

* 914 Le Code Brésilien des Télécommunications prévoit la catégorie de chaîne éducative. Ce sont des chaînes à but non lucratif, opérées normalement par des universités publiques, des secrétariats d'État de la culture ou par des fondations à but non lucratif. Ce sont des chaînes autonomes, mais elles opèrent au sein d'un réseau, le Sinred - Sistema Nacional de Rede Educativas.

* 915 JARDIM, Márcia de A., 2006, p.10.

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