4. L'institut Pasteur de Phnom Penh
La délégation du groupe d'amitié a pu visiter l'institut Pasteur de Phnom Penh, avec son directeur, le docteur Jean-Louis Sarthou, afin notamment de voir le laboratoire « P 3 » nouvellement construit. Il s'agit d'un laboratoire de « haute sécurité » qui permet une sécurité renforcée tant pour le manipulateur que pour l'environnement. Le laboratoire de haute sécurité (P3) a pour vocation de répondre aux exigences légales et techniques de manipulation d'organismes génétiquement modifiés ou de pathogènes dangereux pour l'environnement ou la santé publique. L'installation d'un tel laboratoire à Phnom Penh est particulièrement utile dans une région qui a vécu la crise du syndrome respiratoire aigu sévère ou SRAS en 2003 et qui est aujourd'hui touchée par le virus de la grippe aviaire 29 ( * ) .
L'institut Pasteur de Phnom Penh a une longue histoire, à la fois exceptionnelle et tragique . Dès 1946, l'institut Pasteur de Nha Trang, au Vietnam, crée une annexe vétérinaire à Phnom Penh. En décembre 1953, l'Institut Pasteur de Phnom Penh est officiellement créé, et il s'oriente rapidement vers la biologie et la pathologie humaines. En 1961, le Dr. Claude Chastel crée ainsi le service de virologie humaine et d'entomologie médicale, et il isole les virus chikungunya (1961), les sérotypes du virus de la dengue (1962) et le virus de l'encéphalite japonaise (1965). Ensuite il découvre le virus «Phnom Penh bat » et travaille sur le virus de la poliomyélite et sur la rage humaine.
Les heures sombres interviennent en 1975-1979 lorsque, après la prise de Phnom Penh par les khmers rouges, les bâtiments sont détruits et la quasi totalité du personnel cambodgien porté disparu . L'institut Pasteur ne renaîtra qu'en 1986 à Toul Kork, avant l'inauguration en février 1995 du nouvel Institut Pasteur du Cambodge, boulevard Monivong en centre ville, près de l'Hôpital Calmette, et non loin de la Faculté de Médecine.
Depuis cette « renaissance », les activités de l'institut Pasteur ne cessent de se développer . L'Unité de Virologie a été inaugurée en décembre 1996, puis celle d'Epidémiologie Moléculaire en janvier 2001.
Les missions de l'institut Pasteur sont la surveillance des maladies transmissibles et des maladies émergentes, de la résistance aux anti-infectieux, la veille microbiologique ; la participation au programme national de lutte contre le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles, avec le Centre de dépistage anonyme et gratuit du SIDA ; la participation aux programmes nationaux de lutte contre la tuberculose, la dengue hémorragique, l'encéphalite japonaise, la rougeole, la rage avec le Centre de vaccination antirabique et de diagnostic biologique, le paludisme; et la participation au programme national de sécurité alimentaire.
L'institut assure aussi la formation continue des scientifiques nationaux et l'encadrement de stagiaires ; la participation à l'enseignement universitaire en second et troisième cycle ; colloques, et séminaires post-universitaires. Il dispose de laboratoires pour les analyses biologiques et histopathologiques, la microbiologie alimentaire et les analyses d'eaux et les vaccinations.
Il mène enfin des programmes de recherche dans les domaines suivants : infections par le VIH / SIDA (épidémiologie et recherche clinique, virologie et immunologie) ; arboviroses (dengue, encéphalite japonaise); hépatites virales ; rage ; maladies diarrhéiques ; paludisme (épidémiologie moléculaire, étude des gènes parasitaires associés à la résistance aux antipaludiques).
Environ 87 personnes travaillent à l'institut pasteur du Cambodge, dont de nombreux médecins et chercheurs cambodgiens.
* 29 Un cas humain mortel de grippe aviaire a d'ailleurs pu être avéré grâce aux analyses de l'Institut Pasteur lors du déplacement de la délégation.