I. UNE PRIORITÉ POLITIQUE CONSTANTE : L'ADHÉSION À L'UNION EUROPÉENNE
A. LA TRANSITION POLITIQUE : ALTERNANCE ET STABILITÉ
1. La pratique institutionnelle a permis une évolution dans la stabilité
La
Hongrie a largement amendé la constitution de 1949 et dispose, depuis le
23 octobre 1989, d'un régime parlementaire monocaméral. Le
Parlement est élu pour quatre ans, par un mode d'élection mixte -
majoritaire et proportionnel - mêlant circonscriptions uninominales et
listes nationales et régionales. Ce mode de scrutin fixe à 5 % le
seuil à atteindre pour être représenté dans le cadre
du scrutin proportionnel. Évitant l'émiettement de la
représentation politique, il a permis de dégager des
majorités nettes. La pratique institutionnelle a fait évoluer ce
régime vers un système marqué par la
prépondérance du Premier ministre (qui ne peut être
renversé que si son successeur est désigné
simultanément) face à un Président cantonné
à un rôle d'arbitre et à une Assemblée unique
(depuis 1945), contrainte de partager certaines de ses prérogatives avec
l'exécutif.
Quatre élections ont rythmé la vie politique hongroise depuis
1990, caractérisée par :
- la
stabilité
: chacun des gouvernements élus est
jusqu'ici allé au terme de son mandat, ce qui a rarement
été le cas dans les pays voisins ;
- l'
alternance
gouvernementale :
-
-
§ 1990
: les premières élections libres voient la
victoire du Forum démocratique, parti de centre-droit ;
§ 1994 : une équipe de gauche conduite par M. HORN s'installe au pouvoir ;
§ 1998 : voit l'installation d'une coalition de droite et de centre-droit (avec 55 % des sièges au Parlement), dirigée par M. Victor ORBAN. Ce dernier a créé le parti issu de la jeune génération de la dissidence : le FIDESZ-MPP (Alliance des jeunes démocrates - parti civique hongrois). S'y sont alliés le FKgP (parti des petits propriétaires indépendants) et le MDF (Forum démocratique). Le premier incarnait la droite libérale, devenue conservatrice ; le second, la droite plus nationaliste, qui s'est singulièrement réduite ;
§ 2002 : aux dernières élections législatives, d'avril 2002, l'opposition de gauche a emporté la victoire avec une courte majorité, le parti socialiste hongrois (M.Sz.P) s'étant allié avec le Sz.D.Sz (Alliance des démocrates libres, qui incarne la gauche libérale). M. Peter MEDGYESSY, ancien ministre des Finances, occupe depuis cette date les fonctions de Premier ministre.
Si 60 formations politiques ont présenté des candidats aux élections, seules 21 avaient encore des candidats au premier tour, le MIEP (parti de la justice et de la vie hongroise), parti d'extrême droite nationaliste, n'ayant recueilli que 4,27 % des voix.
Le tableau ci-dessous retrace les résultats de ces élections des 7 et 21 avril 2002 :
Parti politique |
Mandats obtenus dans des circonscriptions individuelles |
Sur les listes départementales |
Sur les listes nationales |
Au total |
% |
MSZP (Parti socialiste hongrois) |
78 |
69 |
31 |
178 |
46,11 |
FIDESZ-MPP
(Alliance des jeunes démocrates - Parti civique hongrois) -
|
95 |
67 |
26 |
188 |
48,70 |
SZDSZ (Alliance des démocrates libres) |
2 |
4 |
13 |
19 |
4,92 |
MSZP-SZDSZ |
1 |
- |
- |
1 |
0,26 |
TOTAL |
176 |
140 |
70 |
386 |
100,00 |
(les 12
sièges non attribués sur les listes régionales ont
été reportés sur les listes nationales)
La campagne électorale a été intense et les médias
en ont largement rendu compte, ce qui peut expliquer la forte mobilisation des
électeurs.
Le taux de
participation
s'est
élevé à
72 %
, contre 56 % en 1998, 69 % en 1994 et
65 % en 1990.
Après une relative déstabilisation en juin - liée à
la révélation de l'appartenance du Premier ministre aux services
secrets hongrois dans le passé
((
*
)1)
-, la coalition gouvernementale a
conforté sa position en octobre 2002, en emportant les élections
départementales et municipales, soit 45 % des suffrages et les
trois-quarts des départements. L'ancienne majorité a vu lui
échapper, à cette occasion, plusieurs grandes villes du pays.
2. Les gouvernements successifs ont suivi le cap du rapprochement avec l'Occident
Depuis
1990, les autorités hongroises n'ont eu de cesse de focaliser leur
politique extérieure sur le rapprochement avec l'Occident, avec
deux
objectifs
en ligne de mire :
- l'adhésion à l'OTAN
, concrétisée en
mars 1999
, date à laquelle la Hongrie en est devenue membre actif
; elle a d'ailleurs depuis prouvé sa solidarité atlantique, en
particulier à l'occasion de la guerre avec la République
fédérale de Yougoslavie (ouverture de son espace aérien,
mise à disposition d'une base aérienne, interruption des
livraisons d'hydrocarbures) ;
- l'intégration à l'Union européenne
, qui devrait
être effective à compter du
1
er
mai 2004
.
Parallèlement et progressivement, les autorités hongroises ont
cherché à redynamiser leur coopération avec les pays
voisins, en particulier :
- avec l'Allemagne au premier chef mais aussi l'Autriche, pour des raisons
historiques (leurs relations n'ont d'ailleurs pas cessé pendant la
guerre froide), de proximité géographique et économiques ;
- avec les pays du groupe de Visegrad (République tchèque et
Pologne) ;
- ainsi qu'avec ses autres voisins (Roumanie, Slovaquie...).